Aujourd'hui est le grand jour, celui de la bataille. Tout est près, nos corps comme nos esprits. Dans quelques heures, nous nous battrons pour notre liberté. Comme vous pouvez vous en douter, je n'ai toujours pas eu le courage d'aller parler à Liam...

Cette lâcheté qui m'emplit me désole. Mais c'est ainsi. Et puis il faut dire que je n'en ai pas vraiment eu l'occasion. Cette dernière semaine à était chargé de préparatifs de dernières minutes.

J'enfile ma combinaison et remonte la fermeture avant. Comme d'habitude, elle me sied à merveille. J'enfonce mes pieds dans les grosses bottes qui se referment avec un claquement grave. Ça y est, je suis fin prête.

Nos affiches stipulaient bien la date d'aujourd'hui et je ne serai pas surprise de trouver tous les SMA à l'école. J'espère qu'on en finira vite... !

Nous marchons sous notre forme humaine sur les sentiers menant chez nous. J'ai le bonheur de retrouver ma forêt luxuriante ainsi que le chemin de terre qui serpente à travers les arbres. Heureusement, la vielle ville est plus proche de notre école que la nouvelle ville, cela ne devrait pas nous prendre trop de temps pour arriver sur les lieux.

L'excitation des premières années était perceptible. Ils ne savaient pas ce qui les attendaient, ils ne voyaient en ce combat qu'on moyen de reprendre ce qui nous revenaient de droits.

...

Le grand mur se dressait devant nous. Nous étions arrivés. Comme prévu, le comité d'accueil était là. Les SMA présents se tenaient tout droit, nous attendant de pieds ferme. Ils avaient beau n'être qu'une cinquantaine, ils avaient tous des airs menacent et déterminés.

Dès qu'ils nous virent, ils s'avancèrent pour s'aligner. Leurs pas sont ordonnés et synchronisés. On dirait une petite armée. Que pensent-ils de nous ? Paraissons-nous ridicules ? Après tout, nous ne sommes que des adolescents. Ce n'est pas le moment de penser à ça, on ne doit pas ce déconcentré. On a évolué depuis la dernière fois. Cette fois, nous gagnerons. Quand ce sera fait, on s'expliquera avec Liam. C'est vrai quoi, il me doit un cappuccino après tout...

Lorsque nous retrouverons notre lieu d'enseignement, j'espère qu'on continuera les jeux avec les foulards, c'était vraiment cool !

Nous nous transformons presque tous, et ceux qui ne peuvent pas vont se placer, armes en mains, dans divers endroits cachés. Ils ont tous des micros et sont chargés de nous communiquer des informations à l'aide de minuscule microrobots qui se fixent sur nous et nos pelages.

Ça y est, les premières détonations d'arme se font entendre. Les antidotes que j'avais subtilisés des labos des SMA nous sont utiles dès la première heure. J'ai ainsi sauvé cinq ou six personnes aujourd'hui.

Je recroise la femme aux longs ongles et n'hésite pas à lui mordre d'un grand coup de mâchoire dans les côtes. Elle riposte rageusement, mais je ne me laisse pas faire et évite chacun de ses coups.

Je plante de nouveaux mes crocs dans ces mêmes cotes en serrant cette fois bien fort. Une longue plainte déchirante émane d'elle puis elle s'effondre.

C'est après quelques minutes seulement que je comprends que je l'ai tué. Ma première victime. Je suis une assassine, une tueuse. Je peux dire adieu au paradis. C'est ainsi que j'ai transgressé ma plus grande règle. Je ne serais plus jamais comme avant, pas après ce que j'ai fait.

C'est un sentiment vraiment horrible que de porter la culpabilité d'un meurtre ! Je ne vous le souhaite pas, je ne souhaiterai même pas ça à ma pire ennemi... Quoique que pour Mia...

Comme si un mode automatique avait pris possession de mon corps, je n'étais plus pleinement consciente de mes faits et gestes. Je crois qu'après ça, j'ai tué de nouveau deux ou trois personnes, je ne saurais plus vous dire combien exactement.

Ce n'était pas moi, comment j'ai pu faire une chose pareille ?! Pourtant, ces meurtres ont bel et bien été causé par moi.

Je me ressaisi. Je fais ça pour l'école. Si nous échouons, alors on aura fait tout ça pour rien. Si on réussit, plus personne ne devra plus jamais tuer qui que ce soit.

Le combat vient seulement de commencer et pourtant cette nuit, j'ai l'impression qu'on se querelle depuis des jours déjà... Et on se battra des dizaines de jours encore...