Depuis le début [ Onewe ]
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Pairing : dongmyeong x yonghoon
Genre : fantasy - drame - romance
Avertissement : ce one-shot contient une scène à caractère sexuel et un rapport non protégé. Il y aura également mention de guerre et de morts.
Ce one-shot est écrit dans le cadre d'un échange 404projects et j'espère qu'il plaira à la personne à laquelle il est destiné 💜
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Northbell était en alerte. Les soldats des pays de l'Est étaient à quelques kilomètres de la frontière et ils ne tarderaient pas à arriver à Reinau, la capitale. Le château de la famille royale était en ébullition ; les domestiques se préparaient au pire, l'armée était prête à partir sur le champ de bataille afin d'éviter que l'ennemi ne puisse s'en prendre à des civils. La guerre n'avait jamais été aussi proche et pourtant, Northbell avait toujours été un pays prospère et qui n'embetait personne. Il vivait des récoltes de blés et de maïs, des farines qui y étaient fabriquées, et aussi de l'exportation de meubles en chêne. Mais depuis quelques mois, les tensions entre l'alliance de l'Ouest et les autres royaumes d'Asketrae étaient à leur paroxysme. Dongmyeong, l'un des deux princes héritiers s'occupaient intensivement des affaires du royaume tandis que son jumeau, Dongju, apprenait encore à devenir un futur roi digne de ce nom. Ils étaient nés le même jour, à quelques minutes d'intervalles et pourtant, ils étaient bien différents. Dongmyeong était celui qui dirigeait leur duo depuis leur plus tendre enfance. Il était le plus dominant des deux alors que Dongju avait tendance à se renfermer sur lui-même et à avoir besoin qu'on le protège. Et c'était ce que son jumeau avait toujours fait. Il le protégéait et le protègerait de tous les dangers.
Mais dans le fond, même s'il se montrait sous une apparence fière, hautaine et forte, Dongmyeong avait lui aussi besoin d'un peu de tendresse. D'un peu de légèreté. Il avait besoin d'amour, d'être rassuré, d'être choyé. Dongju pouvait parfois le réconforter, mais il avait aussi ses limites. Il n'était pas assez sûr de lui pour apporter un véritable soutien émotionnel à son jumeau. Dongmyeong ne lui en voulait pas, il comprenait parfaitement, et c'était pour cela qu'il avait trouvé ce qu'il lui manquait ailleurs.
Yonghoon avait six ans de plus que lui et faisait partie des gardes royaux. Il servait la famille royale depuis ses seize ans, mais il n'était arrivé au château que deux ans auparavant. Le prince l'avait aussitôt repéré au loin. Il était grand, mince, un sourire qui se faisait rare mais qui, lorsqu'il s'étirait, faisait battre son cœur. Avec ses longs cheveux noirs attachés en une queue haute et ses yeux perçant, il attirait les regards des dames de cour et ne les laissait pas indifférentes. Il prenait son rôle de garde au sérieux, mais il se montrait toujours très poli et cela lui valait d'être très apprécié et populaire. Et même s'il avait pu avoir n'importe quelle belle noble à ses pieds, il n'avait d'yeux que pour une seule et unique personne. Son Dongmyeong, le prince de Northbell.
Devant la grande porte qui menait à la chambre de ce dernier, Yonghoon prit une grande inspiration. Il y toqua et la voix fluette - bien qu'un peu tremblante - de Dongmyeong retentit de l'autre côté pour lui demander d'entrer. Il poussa la porte et pénétra dans la pièce. Elle était presque plongée dans l'obscurité ; la nuit était tombée, les rideaux occultaient les fenêtres et seulement quelques bougies venaient apporter un peu de convivialité.
— Vous m'avez fait demander ?
Dongmyeong était assis sur son gros fauteuil en velour rouge, les jambes croisées et les bras reposant sur les accoudoirs. Il leva une main et adressa un signe à Yonghoon pour l'inciter à s'approcher.
— La porte, indiqua-t-il.
Le garde s'empressa de la fermer derrière lui avant de rejoindre le prince. Planté au beau milieu de la chambre, debout face à lui, il planta le regard dans le sien. Les lueurs des bougies venaient légèrement éclairer leurs visages.
— Qu'y a-t-il mon prince ?
— Est-il vrai que tu pars demain au front ?
Yonghoon déglutit bruyamment. Dongmyeong haussa un sourcil et ses lèvres se pincèrent vers l'avant. Constatant que la réponse se faisait attendre, il passa une main dans ses mèches châtains et lâcha un soupir d'agacement.
— Les dames de cour se plaignent de ton départ, disant que la vue allait leur manquer et qu'elles espèraiennt que tu reviendrais en un seul morceau.
Le noiraud papillonna des cils et chercha à fuir le regard insistant du prince.
— Oui, j'ai été tout aussi surpris que toi d'entendre ça. Mais visiblement, certaines personnes méritent plus que moi d'être mises au courant de ton départ. Quand comptais-tu me l'apprendre ?
— Je pensais que cela ne vous intéresserait pas.
Dongmyeong pouffa de rire.
— Nous passons de nombreuses nuits ensemble, et tu crois que je n'en aurais que faire de te savoir sur le champ de bataille ? Pourquoi y vas-tu ? Il y a d'autres soldats qui peuvent te remplacer.
— Je suis un excellent guerrier. L'armée à besoin de moi.
— Oh… Je vois. Et moi dans cette histoire, n'ai-je pas besoin de toi ?
Yonghoon ne répondit pas. Il se contenta de passer la langue sur ses lèvres sèches tandis que le prince le dévisageait. Son expression s'était faite plus froide, plus fermée, beaucoup moins joueuse. Il était on ne peut plus vexé, Yonghoon l'aurait abandonné sans même s'en soucier, sans même juger utile de le prévenir. Leur relation était certes un peu spéciale, mais Dongmyeong ne pouvait pas tolérer un tel comportement. Il était en colère, mais il était aussi blessé. Oui, Yonghoon et lui couchaient ensemble depuis des mois et même si ce qu'ils partageaient au départ n'était que sexuel, le prince s'était attaché au garde. Il pensait qu'il en était de même pour lui, à croire qu'il s'était trompé.
— Vous trouverez quelqu'un d'autre pendant cette période, je ne me fais aucun souci pour vous. Mais le devoir m'appelle, et je suis honoré de servir le royaume.
Dongmyeong quitta son siège et d'un pas lent, presque nonchalant, il arriva au niveau du noiraud. Il leva les yeux vers lui, la tête légèrement penchée sur le côté, le visage impassible. Il passa son index sur la veste de Yonghoon, de bas en haut, à plusieurs reprises. Il savait qu'il ne pourrait rien y changer, il était excellent au combat, il savait manier les armes et avait une endurance à toute épreuve. Il pouvait en témoigner de leurs longues nuits dans les bras l'un de l'autre.
— Alors… m'accorderais-tu une dernière fois avant ton départ ?
La voix du prince s'était adoucie. Elle était plus basse, plus incertaine, comme s'il craignait que Yonghoon lui refuse cette dernière nuit.
— Tout ce que vous désirez.
Dongmyeong se leva sur la pointe des pieds. Il s'accrocha à la veste du garde pour trouver un soutien et il lui frôla les lèvres. Elles étaient pleines, rebondies, agréables. Il ne s'en lassait jamais, quand elles venaient se coller dans son cou, sur chaque parcelle de son corps nu et transpirant. Yonghoon le rendait fébrile, mais jamais il ne l'avouerait. Il était bien trop fier pour cela, et même s'il avait mal au cœur de savoir qu'il allait se rendre sur le champ de bataille, il n'oserait jamais lui faire de longues tirades. Il ne voulait rien laisser paraître, il était un prince après tout.
Les grandes mains de Yonghoon encerclèrent sa fine taille pour le tirer vers lui, afin que leurs corps soient plus proches. Dongmyeong passa les bras autour de son cou et leurs bouches se pressèrent davantage l'une contre l'autre. Elles se caressèrent avec fougue, comme s'ils s'étaient retenus trop longtemps. L'échange se fit désespéré et maladroit, ils s'embrassèrent à en perdre haleine, leurs lèvres ne se quittant jamais mais se glissant parfaitement les unes sur les autres. Ce fut Dongmyeong qui chercha le premier à approfondir ce qu'ils partageaient. Il administra un petit coup de langue à son partenaire pour lui faire savoir ce qu'il désirait et, machinalement, Yonghoon entrouvrit la bouche. Leurs langues se lièrent aussitôt, elles se caressèrent dessus, dessous, puis se firent plus joueuses et aventureuses. Dongmyeong ne put s'empêcher de sourire dans le baiser alors que Yonghoon râlait de son soudain manque de sérieux. Il aimait beaucoup jouer avec le plus vieux, se montrer taquin, et le faire tourner bourrique. Puis tout redevint plus solennel et leurs corps se rapprochèrent davantage. Naturellement attirés, ils voulaient seulement ne faire plus qu'un, et vite.
— J'ai très envie de toi… souffla désespérement le prince.
Yonghoon le maintint plus fermement et Dongmyeong lâcha un léger rire quand il se sentit soulevé. Le garde l'emmena jusqu'au lit sur lequel il le jeta sans autre forme de procés. Il aurait pu le poser délicatement, mais ce soir, il n'avait pas le temps. Assis sur le matelas, au dessus l'épais couvre-lit, le châtain se mordit la lèvre quand il constata que Yonghoon se déshabillait. Il ôta son épaisse veste pour la laisser tomber au sol, puis s'attela à sa chemise dont il fit sauter les boutons un par un d'un geste fort habile. Il se débarrassa de ses bottes de cuir et s'attaqua à son pantalon. Son ceinturon rejoignit les autres vêtements éparpillés autour de lui.
— Approche-toi, lui indiqua Dongmyeong à l'aide de son index.
Yonghoon ne fit que deux pas en avant pour se retrouver face au prince, juste à quelques centimètres. Ce dernier se positionna à genoux sur le lit et lui agrippa les hanches. Il déposa quelques baisers sur son ventre bien dessiné avant de venir y goûter de sa langue. Yonghoon frissonna des pieds à la tête. Le prince était toujours très entreprenant, il n'avait honte de rien avec lui, et cela lui plaisait énormément. En public, il était d'un naturel plutôt calme et posé, même s'il avait une prestance hors du commun. Mais dans l'intimité, il était totalement lui-même, sans retenue, sans pudeur. Avec Yonghoon, il pouvait se laisser aller à tous ses fantasmes.
Il se recula un peu et leva les yeux vers lui.
— Qu'est-ce que ce corps magnifique va me manquer, dit-il en lui caressant les abdominaux. Tu es particulièrement musclé en ce moment, tu as dû beaucoup travailler.
— Je me suis appliqué avant mon départ.
— J'imagine qu'il te faudra des forces une fois au front.
Yonghoon hocha la tête. Dongmyeong se détacha totalement de lui et à son tour, il entreprit de défaire ses vêtements.
— J'aurais aimé en profiter davantage… Et ce n'est pas à ton retour que cela arrivera, tu seras sans doute trop épuisé pour t'amuser avec moi.
Le garde afficha un mince sourire. Il s'efforçait de faire bonne figure devant le prince, il ne voulait pas lui dire de vive voix qu'il devait se préparer à l'éventualité qu'il pourrait ne jamais revenir vivant au château. Lui-même ne voulait pas y penser, cela le terrifiait dans le fond. Il ne pouvait pas se dire que ce soir était peut-être le dernier soir qu'il passerait en compagnie de son amant.
Dongmyeong était désormais complètement nu et il remonta sur le haut du lit pour s'allonger contre l'amas de coussins.
— Enlève donc le reste et viens me rejoindre.
Yonghoon ne se fit pas prier. Nu à son tour, il grimpa sur le lit et surplomba le prince. Il observa son visage éclairé par la faible lueur d'une bougie qui se mourrait. Il était beau, il n'avait jamais vu de plus beaux traits que ceux de Dongmyeong. Et quand il souriait, de cette manière à la fois tendre et malicieuse, il ne pouvait pas lui résister. Il fonça sur sa bouche pour s'en emparer et la martyriser. Il savait qu'une fois au lit, il appréciait quand les choses se faisaient plus sauvages. Il n'avait pas froid aux yeux, il voulait de l'action, et Yonghoon n'avait qu'une idée en tête, celle de le satisfaire.
Après de longues minutes rythmées par de nombreux baisers et caresses, leurs corps nus et transpirants se mêlèrent l'un à l'autre pour entamer une danse sensuelle et secrète. Dans cette chambre, la porte close, ils se donnaient corps et âmes pour se soulager mutuellement. Ce n'était pas qu'une histoire à sens unique, les deux jeunes hommes y trouvaient leur compte. Dans ces draps, c'était une connexion forte qui se créait. Soupirs, gémissements, encouragements, leurs voix ne cessaient d'extérioriser tout le plaisir qu'ils ressentaient. Leurs mains se perdaient partout sur leurs corps, cherchant parfois des points d'accroche, ou juste des endroits sensibles qui pouvaient rendre l'autre complètement fébrile.
Dongmyeong se laissait aller dans les bras forts de son amant, peu importe dans quelle position ils se trouvaient, il se sentait bien. Il se sentait inébranlable. Il se sentait aimé. Il n'avait jamais laissé personne d'autre que Yonghoon se glisser sous ses draps, le prendre contre lui, le serrer de toutes ses forces. Il était le seul et unique, il l'avait toujours été.
Et ce soir, quand ils atteignirent le point culminant de leur bonheur, Dongmyeong ne put s'empêcher de laisser couler quelques larmes. Des larmes d'euphorie, mais aussi des larmes d'amertume. Ils n'allaient plus se revoir avant un moment. Combien de temps ? Il l'ignorait. Même s'il se comportait parfois comme un rustre avec Yonghoon en lui faisant croire qu'il n'était qu'un jouet, dans le fond il l'aimait bien plus que ce qu'il laissait paraître. Et s'il lui arrivait quoi que ce soit, il serait anéanti.
Yonghoon le quitta et se laissa tomber à ses côtés, sur le dos. Sa respiration était forte, courte, et son torse se soulevait de manière régulière et rapide. Dongmyeong pivota pour venir se blottir contre lui, un bras autour de sa taille.
— Merci… murmura-t-il.
— C'était un véritable plaisir mon prince.
Un silence s'installa, lourd, horriblement étouffant. Dongmyeong ne pensait qu'au départ de son amant, à son absence, au fait qu'il allait avoir beaucoup de mal à vivre sans lui. Il se mit à tracer des cercles imprécis sur son ventre alors que les larmes revenaient de plus belle.
— J'espère que…
Il renifla et Yonghoon baissa la tête, surpris par sa voix étranglée par les sanglots.
— Prince Dongmyeong, qu'y a-t-il ?
— Rien. Rien d'important.
Il vint lui caresser les cheveux et le prince se colla davantage à lui, comme s'il craignait de le perdre.
— Vous pleurez, c'est donc important.
— Non, je ne pleure pas.
Il se retourna sur le côté, quittant la chaleur du corps de son amant afin qu'il ne puisse voir ses larmes. Jamais il ne lui arrivait de perdre la face ainsi et sûrement pas avec Yonghoon. Ce dernier se glissa vers lui et l'attrapa d'un bras autour de sa taille fine. Il le tira afin que son dos s'appuie contre son torse, et il cala le visage dans son cou. De son nez, il lui caressa la nuque et remonta dans ses cheveux châtains. Si son prince ne voulait pas avouer la vérité, il allait le respecter, mais il n'était pas dupe. Lui aussi était triste de partir, de quitter les bras du jeune homme, de quitter le château, mais il le faisait pour l'honneur du royaume. Jamais il n'aurait refusé de servir l'armée sur le champ de bataille.
— Dormez bien, prince Dongmyeong…
Son murmure se glissa sur sa peau et ils fermèrent les yeux pour s'endormir.
***
La guerre avait été déclarée et la frontière de Northbell était devenue le témoin de nombreuses batailles sanglantes. Les combats s'étaient enchaînés des semaines durant, et Dongmyeong commençait à perdre espoir de revoir Yonghoon rentrer au château. Il n'avait pas de nouvelles de lui depuis son départ, les rapports qui parvenaient à Reinau exliquaient simplement la situation semaine après semaine, sans entrer dans les détails. Et lui, de son côté, n'avait pas osé demander si Yonghoon était sain et sauf. Repousser l'échéance ne servait pas à grand chose, s'il n'était plus en vie il le saurait tôt ou tard, mais il avait vraiment peur de découvrir qu'un drame était arrivé. S'il ne savait rien, il gardait espoir jusqu'à la fin. Le savoir vivant un jour ne signifiait pas qu'il le serait les prochains.
Installé dans la bibliothèque, il entendit les cors retentirent sur les remparts du château, annonçant l'arrivée de quelqu'un. Il savait que les troupes devaient revenir d'ici peu, mais il n'imaginait pas que ce soit si proche. Il se leva et se précipita vers la grande fenêtre qui donnait une vue imprenable sur l'entrée principale du château. Les lourdes portes s'ouvrirent et la herse fut levée, dévoilant ainsi les cavaliers et soldats qui revenaient du front. Dongmyeong balayait la foule en espérant apercevoir Yonghoon, mais il n'arrivait pas à se concentrer avec tous ces visages fermés. Ils avaient dû voir des horreurs, assister à des massacres, perdre des compagnons…
Le prince quitta la grande pièce d'un pas décidé, le bruit de ses talons foulant le sol résonnait dans les couloirs de la bâtisse. Il se précipita sur le seuil de la grande porte qui menait au hall du château et il continua à inspecter chaque homme, chaque faciès, perdant peu à peu espoir au fur et à mesure qu'ils se dispersaient. Certains étaient emmenés aux infirmeries, d'autres rejoignaient les quartiers de l'armée. Et toujours aucune trace de Yonghoon. Le géneral se présenta face au prince qui venait tout juste d'être rejoint par son frère jumeau. Ce dernier lui lança un regard compatissant, puis un mince sourire en guise de soutien. Il avait été là, à ses côté pendant toutes ces semaines de solitude et Dongmyeong lui en était extrêmement reconnaissant. Il n'avait peut-être pas su trouver les mots justes, mais sa présence lui avait fait beaucoup de bien.
— Prince Dongmyeong, Prince Dongju…
L'homme s'inclina devant eux.
— Nous nous chargeons d'emmener les blessés avant tout, quant à nos défunts…
Dongmyeong déglutit. Il ne voulait pas se laisser envahir par la peur et la tristesse, ce n'était pas le moment de craquer après tout ce temps.
— Qu'y a-t-il ?
— Nous les avons enterrés sur place, ils étaient trop nombreux et nous craignions qu'en les ramenant, d'autres épidémies se propagent à Reinau.
Il battit des cils. Si Yonghoon faisait partie des victimes, il n'avait donc aucune chance de retrouver son corps et de lui offrir la sépulture digne de ce nom. Pourtant, il l'aurait mérité, amplement. Il avait toujours été précieux à ses yeux, et s'il lui était arrivé quelque chose, s'il était mort au combat, alors il ne pourrait jamais lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Cette seule pensée lui retourna l'estomac. Il ne pouvait pas voir cette éventualité. Il ne pouvait pas imaginer sa vie sans Yonghoon, sans leurs rendez-vous nocturnes, sans leurs baisers, leurs caresses… Il se devait de poser la question au général, il avait besoin de savoir ce qu'il était advenu de son amant. Et même s'il redoutait le pire, il saurait tôt ou tard la vérité.
— Excusez-moi mais… aviez vous un certain Jin Yonghoon dans vos rangs ?
— Jin Yonghoon ? L'homme qui servait au château comme garde royal ?
Dongmyeong déglutit et hocha la tête. Pourquoi parlait-il de lui au passé ? Est-ce que quelque chose lui était donc vraiment arrivé ? Il sentit les larmes lui monter, il ne pouvait pas y croire.
— Oui, il était bien dans mes rangs, un homme d'une force et d'une tenacité impressionnante. Malheureusement…
— Non ! cria le prince. Ne me dites pas que…
— Il a été gravement blessé, il doit être à l'infirmerie à l'heure qu'il est.
Les yeux de Dongmyeong s'écarquillèrent et il laissa couler les larmes le long de ses joues. Il plaqua une main devant son visage dans le but de dissimuler ses pleurs, mais il n'y parvenait pas. Il était tiraillé entre deux sentiments, la joie de savoir que son amant était en vie, et la tristesse d'avoir appris qu'il était mal en point.
— Ses jours sont comptés ? balbutia-t-il difficilement.
— Non, plus maintenant. Il a reçu des soins sur place, mais il gardera sans doute des séquelles.
— Je dois aller le voir.
Il fit virevolter sa longue cape en tournant les talons et il se dirigea vers l'aile de l'église qui s'était transformée en hopital improvisé. Le long couloir accueillait les blessés, et Dongmyeong eut parfois des hauts le coeur en appercevant dans quel états certains se trouvaient. La guerre et ses horreurs dans toute leur splendeur.
Il avança d'un pas ferme jusqu'au bout de l'immense pièce où s'étaient regroupées quelques bonnes soeurs. Elles s'inclinèrent devant le prince et il fit un petit mouvement de tête pour les saluer.
— Pouvons-nous vous aider ? demanda l'une d'elles.
— Je cherche un blessé, Jin Yonghoon.
Elles se lancèrent quelques regards.
— Le garde royal, c'est bien ça ?
Dongmyeong acquiesça.
— Suivez-moi.
Une bonne soeur souleva un épais rideau qui menait à un autre couloir, un peu plus étroit. Il desservait une deuxième pièce, mais moins espacée, plus sombre, où des paravents et des rideaux étaient disposés pour séparer les blessés. Ces derniers devaient avoir un traitement de faveur tout particulier, sans doute étaient-ils plus importants.
Elle s'arrêta devant une tenture de velours bleu nuit et indiqua au prince qu'il était là. Dongmyeong en eut le coeur fou, les mains tremblantes. Il ignorait ce qui avait pu lui arriver, il ignorait l'ampleur de ses blessures, et ça le terrifiait. Il avait si peur de ne plus le reconnaître, ou que ce dernier ne le reconnaisse pas. Après tout, avec tout ce qu'il avait dû voir et subir sur le champ de bataille, il pouvait très bien perdre la tête. Une guerre, ça n'avait rien d'annodin.
Après avoir pris une grande inspiration, il se décida à entrer. Il releva l'épais tissu et posa les yeux sur la silhouette allongée sur le lit. Yonghoon était sur le dos, les mains jointes sur son ventre, et ses jambes étaient bandées des pieds aux genoux. Son torse se soulevait lentement, il semblait dormir paisiblement.
— Yonghoon… murmura le prince. Je suis tellement désolé…
Il s'approcha du lit et il tomba à genoux à côté. Une de ses mains rejoignit celles du garde tandis que de l'autre, il tentait vainement d'essuyer ses pleurs. Ceux-ci s'épenchèrent sur le draps et, quand il sentit une main se serrer sur la sienne, il releva brutalement la tête. Son regard se planta dans celui de Yonghoon et ils restèrent ainsi, à s'observer pendant de longues secondes.
— Mon prince…
Dongmyeong sanglota de plus belle, il ne parvenait pas à tout contenir au fond de lui. Il pleurait pour la deuxième fois devant son amant, et il pleurait encore plus de l'avoir retrouvé plutôt que d'avoir dû le laisser partir. Yonghoon essaya de poser une main sur ses cheveux, mais Dongmyeong lui saisit le poignet pour l'en empêcher.
— Ne bouge pas, repose-toi.
— Je suis heureux d'être de retour. Même si je ne pourrai plus être d'une grande utilité au château…
— Qu'est-il arrivé à tes jambes ?
— J'ai été projeté de cheval dans la bataille, et elles ont été piétinnées. Je n'en retrouverai sans doute plus jamais l'usage.
Dongmyeong serra sa main dans la sienne et jeta un coup d'oeil inquiet vers les jambes de son amant. S'il ne pouvait plus jamais s'en servir… Non, il ne pouvait pas accepter l'éventualité qu'il soit congédié du château. Il ne pouvait pas accepter de ne plus jamais le voir, de ne plus jamais le toucher, l'enlacer, l'embrasser. Impossible.
— Je ne serai plus en mesure de vous satisfaire mon prince, j'en suis navré.
— Yonghoon… Ne dis pas ça.
— Vous trouverez quelqu'un d'autre, quelqu'un de valide. Qu'allez vous faire d'un estropié ?
— Je refuse de te laisser partir. Et je refuse que tu m'abandonnnes.
Yonghoon haussa un sourcil.
— Je vous l'assure, vous serez mieux sans moi.
— Je suis le prince ici, jamais je ne laisserai quiconque te mettre dehors. J'y veillerai personnellement.
— Et pourquoi feriez-vous une chose pareil ?
Dongmyeong entrelaça leurs doigts. Il n'avait pas pu lui dire tout ce qu'il avait sur le coeur, il n'avait peut-être pas osé surtout, car sa fierté l'empêchait de se dévoiler. Mais là, aujourd'hui, le destin lui avait laissé une nouvelle chance, et s'il ne la saisissait pas, il perdrait Yonghoon à jamais.
— Je t'aime, lâche-t-il. Je t'aime et je veux que tu restes près de moi.
Le garde battit des cils à maintes reprises. Avec le caractère du prince, jamais il n'aurait pu imaginer qu'un jour, il lui parle de sentiments, qu'il lui dise qu'il l'aimait.
— Vous…
— Oui, je t'aime. Je t'aime de tout mon coeur.
— Prince Dongmyeong… Vous avez tellement de choses à faire, vous pourriez encore rencontrer tellement de gens… Vous ne méritez pas d'avoir un blessé à vos côtés.
— Yonghoon, tu es l'homme que j'aime, blessé ou non. Et je t'aime depuis le début.
Il se redressa pour déposer un baiser sur son front et, sous se geste, Yonghoon ferma les yeux. C'était doux, plein d'amour, réconfortant. Il n'avait jamais vu le prince aussi attentionné envers lui, alors il n'allait certainement pas s'en plaindre. Seulement, il refusait d'être un poids pour lui.
— Je m'en veux d'être de retour dans cet état. Vraiment, qu'allez vous faire de moi ?
— Je te veux à mes côtés, à mon service le plus proche. Je te veux avec moi chaque jour qui passe, chaque minute. Peu m'importe si tu ne remarches jamais, je le sais depuis notre rencontre, depuis notre premier baiser, depuis nos premières caresses. Je le sais depuis le début, et je te veux jusqu'à la fin.
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