Chapitre 7.
Entre les parfaites petites maisons endormies, la brise du soir, légère et fraîche, faisait voleter les branches des buissons bordant les jardins bien entretenus. La Lune à son quart éclairait la marche du vagabond, comme si elle voulait l'envelopper de sa douce chaleur froide.
Aucun sac sur le dos, comme à son habitude, le garçon marchait, encore et encore, tout en changeant parfois la musique qui résonnait à ses oreilles. L'écran de son smartphone affichait un nombre considérable d'appels manqués, mais il n'y faisait pas attention.
Le faible vent soulevait quelques-unes de ses mèches brunes couvrant son front. Le vide qui l'entourait, le silence et la douceur de la nuit lui donnaient un agréable sentiment de calme et de sérénité. S'il le pouvait, il resterait sous la Lune encore des heures et des heures jusqu'à ce que le jour fasse son apparition.
Mais une voiture, la même que chaque soir, vint briser son instant de liberté, rattrapant sa marche.
« Tadashi ! »
Il l'ignora, encore.
« Tadashi, monte ! »
Cela ne servait à rien de lutter, il le savait. L'adolescent s'arrêta avant de se laisser tomber sur la banquette arrière, se plongeant dans la lumière criarde des petites LED ornant le plafond du véhicule.
Alors qu'il attachait sa ceinture, la femme, dont les cernes devaient atteindre leur taille maximale, se pencha, comme d'habitude, par la vitre de sa portière, brandissant prestement sa carte aux caméras de surveillance. Refermant sa fenêtre, elle fit un rapide demi-tour et disparut entre les rues dénudées d'éclairage.
Tadashi vint coller son front sur sa propre vitre, observant les sombres silhouettes des maisons qui défilaient devant ses yeux, habituel ballet d'un paysage si bien connu. Eternellement pensif, il augmenta le son de sa musique venue d'un autre temps.
Le voyage s'arrêta lorsque le véhicule se stoppa devant un garage gris et uniforme aux autres. Le garçon détachait sa ceinture, se préparant à sortir, comme chaque soir, quand il entendit le bruit sourd du verrouillage des portières.
Intrigué, il leva les yeux sur sa mère, à la place conductrice, qui ne bougea pas de son siège, droite et immobile.
« Consigne numéro 6 : ne pas sortir après le couvre-feu. »
Le garçon ne réagit pas, restant silencieux et ne sachant que dire.
« J'ai reçu seize appels, Tadashi... Seize appels pour me dire qu'ils ne pouvaient plus tolérer de voir ma voiture sur les routes après vingt-deux heures ! ... Si je ne travaillais pas à la mairie, ça ferait très longtemps qu'ils nous auraient envoyé les militaires ! Tadashi... Je ne sais pas si tu te rends compte du danger que je prends pour te ramener, chaque soir, à la maison !
-Je n'ai pas demandé que tu viennes me chercher. »
La femme se retourna brusquement sur son siège, le faisant presque sursauter.
« Arrête de me tenir tête, Tadashi ! Arrête avec ton insolence ! »
Il ne répondit pas. Sentant le sujet de leur discorde revenir dans la discussion, Tadashi se mit à respirer calmement, gardant sa même expression neutre et impassible, se préparant à entendre ces quelques paroles.
« Ça t'amuse, c'est ça ? De te foutre du monde ? De te foutre de moi ? »
Elle se retourna mollement sur son siège, soupirant de son extrême fatigue. Ses mains s'étalèrent sur son visage, massant sa pauvre peau trop crispée. Sa voix se fit moins forte, moins éreintée :
« Aller à Yuei... Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre...
-Je veux vraiment aller à Yuei, tenta le garçon en la sentant légèrement calmée. »
Il attendit quelques secondes, espérant une quelconque remarque positive de la part de la femme qui se faisait appeler « sa mère », sans même le connaitre. Aussi loin qu'il s'en souvienne, elle ne l'avait jamais compris, elle n'avait jamais cherché à le comprendre.
La femme soupira, une énième fois, d'un ton perdu et résigné, tandis que le garçon restait neutre et froid :
« Tes frères ont peut-être raison... t'es peut-être juste con... comme ton père.
-C'est pas moi qui ai brisé mes vœux de mariage pour me faire engrosser par un homme de passage.
-Tadashi, tu sors de cette putain de voiture !! »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro