Un peu plus de deux heures plus tard, une fois seul, Toshinori s'assit sur un des canapés d'une des salle de repos du lycée. Il dégaina son téléphone et rappela Inko.

-Allô ?
-Oui...
-Comme promis, je vous rappelle. Et d'ailleurs, je suis content de voir que vous ayez répondu.
-Comme je viens de finir de faire le ménage, je dirais que je m'autorise un temps pour souffler.
-Je vois...

Un petit blanc gênant s'installa parce que ni l'un ni l'autre, ne savaient vraiment quoi se dire.

-Vous aimez les chats ?

Toshinori pouffa de rire, tandis qu'Inko se trouvait totalement idiote d'avoir posée cette question. Son visage devint cramoisi.

-Qu'est-ce que c'est que cette drôle de question ?
-Je ne sais pas...

Elle finit par éclater de rire, elle aussi. Après tout, le ridicule ne tue pas. All Might sentit un grand sourire se dessiner sur son visage.

-Vous avez un rire magnifique.
-Vous allez me rendre mal à l'aise monsieur Yagi, lâcha Inko qui se ventilait à la force de sa main qui ne tenait pas le téléphone.
-Désolé, je parle souvent trop vite, c'est un de mes défauts.
-Ça n'est parfois pas plus mal...
-Je vous ai coupé tout à l'heure quand vous étiez en train de vous présenter. Vous m'avez bien dit que vous vous appelez Inko ?
-Oui, Inko Midoriya, plus exactement.

Toshinori faillit s'étouffer avec sa propre salive. « Midoriya ? Midoriya ! Elle s'appelle comme Izuku... », pensa All Might qui se sentit soudain mal à l'aise. « Je suis au téléphone avec la mère de Midoriya ? Ça expliquerait pourquoi son visage me disait quelque chose... Mais oui, ça parait évident, pourquoi je n'ai pas compris plus tôt ? », se dit-il en se frottant le menton.

-Monsieur Yagi ? Vous êtes toujours là ?
-Oui...oui, excusez-moi, j'étais perdu dans mes pensées.
-Si je vous dérange, dites-moi, je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps...
-Pas du tout !, s'écria Toshinori. C'est agréable de recevoir un coup de fil de temps en temps.
-C'est vrai. Personnellement, il n'y a que mon fils qui m'appelle alors, vous avoir au téléphone me donne un semblant de vie sociale.
-Je vous comprends madame Mid... madame.

Il se rendit compte qu'il serait sans doute incapable de l'appeler « Midoriya » pour le moment.

-Je me demande la dernière fois où j'ai pris réellement un peu de temps pour faire quelque chose qui me plaisait. D'habitude tout est réglé comme une horloge... Je suis désolée de vous raconter ça, vous devez trouver ça ennuyant d'écouter une mère célibataire se plaindre de son quotidien.
-Non, moi aussi, je n'ai pas l'habitude d'avoir cinq minutes tranquille. Je suis souvent très pris. Être au téléphone avec vous, me donne une excuse pour ne pas être dérangé et je dois avouer que ça fait du bien..., rit-il. Continuez de parler autant que vous le voulez, ça prolongera mon quart d'heure de paresse.
-Malheureusement, je vais devoir écourter notre conversation, du linge m'attends dans la machine et mon fils va rentrer d'une minute à l'autre du lycée.
-Vous avez déjà un fils au lycée ?, demanda Toshinori comme pour s'assurer de son mal être monumentale d'être au téléphone avec,-vraisemblablement-, la mère du garçon à qui, il avait passé le One For All.
-À UA, le lycée qui forme les grands héros. C'est loin de la maison alors quand il rentre, je profite de sa présence tant que je peux.
-Je comprends... En tout cas, sachez que vous ne faites pas l'âge qu'on donnerait à une mère d'un garçon de lycée.

Inko rougit à ce compliment, puis eut un petit rire. Et bizarrement, Toshinori n'eut pas l'air plus stressé que ça. Il ne faisait rien de mal, il passait juste un coup de fil.

-Les rondeurs conservent bien, lâcha-t-elle avec un sourire attendrit. Bon, ça m'a fait plaisir de recevoir votre appel et merci de m'avoir écoutée.
-Aucun problème. Ça m'a fait plaisir aussi, passez une bonne soirée avec votre garçon.
-Merci, souffla Inko avant de raccrocher.

Elle entendit la clé s'enfoncer dans la serrure. Elle se dépêcha du mieux qu'elle put pour aller à l'entrée accueillir son fils.

-Mon ange !, cria-t-elle en sautant au cou d'Izuku. Tu as passé une bonne journée ?
-Oui, aujourd'hui on a eut un entraînement avec All Might !
-Oh ! Tu devais être comme un dingue !

Inko n'était pas sans ignorer qu'Izuku vouait une admiration sans faille à ce héros. Il fallait avouer qu'elle aussi, comme quasiment tout le monde, elle admirait All Might. Elle se détacha complètement de son fils pour filer ouvrir la machine et l'étendre.

-Tu veux de l'aide, maman ?
-Non, non, non ! Je m'en occupe !
-Tu es sure ? Ça va être compliqué avec ton plâtre.
-Mais non ! Avec mon Alter, je peux le faire sans soucis.
-Mais ton Alter ne te permet pas de soulever les draps pour les poser sur les cordes à linge...
-Mais il me permet de ne pas me déplacer autant que si je ne l'avais pas. Ne t'en fais pas, va plutôt étudier.

Elle sortit les draps et se dirigea vers le petit balcon. Bien sûr, étendre les draps, toute seule et avec un pied dans le plâtre, n'était pas une partie de plaisir mais si elle ne le faisait pas, qui s'en occuperait à sa place ?
Pour le dîner, Inko n'avait rien prévu d'extraordinaire mais comme d'habitude, Izuku finit son assiette en entier et remercia sa mère pour l'excellent repas qu'elle avait préparé. Après avoir débarrassé la table, fait la vaisselle et essuyé la table, Inko s'installa sur le canapé et alluma la télévision.
Quant à Toshinori, il venait de rentrer chez lui: « son trou à rat » comme il aimait l'appeler. Pour ne pas se faire remarquer, All Might vivait dans un petit appartement, dans la banlieue de la grande ville. C'était plus sûr pour lui que s'il possédait un pavillon hors de prix en plein centre ville. Jamais personne n'était entré chez lui: pas un parent, pas un ami, pas même une jolie femme. Il n'avait pas beaucoup d'effets personnels. Mais il tenait particulièrement à une photo de lui et Nana Shimura qui était suspendu dans un cadre au dessus de sa télévision. Il était épuisé. Aujourd'hui, non seulement il avait assuré un cours, mais en plus il avait porté secours à trois civiles qui avaient été pris en otage. Il sentait qu'il avait trop forcé et ça l'énervait. Toshinori sortit son téléphone rouge de la poche de son pantalon. Il le contempla comme s'il venait de le voir pour la première fois. Il n'en revenait toujours pas: il avait eu au téléphone Inko Midoriya, la mère d'Izuku Midoriya et pas pour parler de ce dernier. Après avoir ressenti un profond malaise, Toshinori eut un sourire qui se dessina sur son visage. Ça lui avait fait du bien. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé à quelqu'un sans être tout de suite adulé parce qu'il était le numéro 1 des super-héros. Non, Inko ignorait qui, il était vraiment et elle lui parlait comme elle parlerait à n'importe qui, sans appréhension. Elle s'était confiée sur son quotidien à lui, Toshinori Yagi, pas à All Might. Pour la première fois depuis longtemps, il eut l'impression que c'était plaisant de ne plus être le héros tant admiré. C'est avec ce sentiment qu'il se résolu à rappeler Inko.