Truc Bizarre n°9
Alicia calme toi.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Tu n'es pas du tout devant Roméo Conta quasiment nu.
- Youhou, maman !
Allez Alica, tu peux le faire. Après tout, il est censé avoir passé neuf mois dans ton ventre et être sorti par ton vagin.
Je sentais mes joues me brûler. L'idée que je puisse baver devant un garçon en slip ne m'était jamais venue à l'esprit. J'étais persuadée que cela ne m'arriverait jamais à moi, Alicia Fromi. Les autres filles pouvaient bien paraitre idiotes devant ces gars torses nus dans les magasines. Moi, je m'affirmais comme différente.
Et comme le dit très bien Oscar Wilde : « Soit toi même, tous les autres sont déjà pris »
Mais il fallait croire qu'Oscar Wilde n'était pas Monsieur-je-ne-me-trompe-jamais. Cet je n'étais pas si differente des autres finalement...
En même temps, on ne peut jamais imaginer notre réaction face à un événement si on l'a pas directement vécu. C'est comme les gens qui se permettent tout le temps de critiquer les autres et de dire « Moi à ta place j'aurais pas fait comme ça...». Ca m'a toujours parut idiot, et en plus il n'y en a jamais un pour rattraper l'autre. Chacun se critique mutuellement alors à ce rythme là on est pas sorti de l'auberge. Évidemment que si on me demandais ce que j'aurais choisis entre faire la grasse mâtinée ou travailler j'aurais choisit la grasse mâtinée. Mais selon le contexte j'aurais pu choisir le travail. Genre si c'est une semaine avant le bac alors là, ouais, plus question de faire le légume jusqu'à treize heures de l'après-midi.
Enfin bref, tout ce petit baratin pour dire que je ne pensais pas réagir comme ça face à Roméo Conta quasiment à poil devant moi.
Le pire, c'est que ce satané Roméo était pas trop mal. Enfin je veux dire, pour un lycéen méprisant qui parle mal à sa maman chérie, il était pas trop mal. Évidemment, je le savais, qu'il était beau. Mais je n'y avais jamais vraiment prêté attention. Ou pas. Je ne sais plus en fait. Je me rappelle de Eléonore (ma meilleure amie, rappelez vous) qui me répétait sans cesse que Roméo était son « crush ». Elle rêvait de lui la nuit, se faisait des tas de film (enfin c'est ce qu'elle me disait, je dis ça je dis rien). Elle clamait qu'elle aimerait bien être sa Juliette (oui, elle était extrêmement douée pour les jeux de mots à l'époque). Moi je ne clamais rien du tout. Parce que même s'il était beau, je n'aimais pas son caractère, que je pourrais presque qualifier de « sauvage » (genre le type de gars pas DU TOUT romantique qui enchaine les petites amies et tu te demandes pourquoi il en garde pas une plus de deux semaines). De toute manière, c'est toujours les gens beaux qui sont les plus idiots. Enfin, d'après moi.
J'ai détourné les yeux de Roméo, en faisant comme si je caressais les vêtements sales avec un intérêt immense. Oh une vielle culotte de ma prof d'anglais, magnifique, et à carreaux en plus.... J'ai lancé d'une voix digne d'une idiote (pendant que je reposais la culotte-sale-et-à-carreaux sur le tas) :
- J'allais me laver.
Non ? Vraiment ? Alicia, tu t'améliores en mensonges !
- Je ne savais pas que tu étais là, ajoutais-je en guise de légitime défense.
Et je levais les bras au dessus de ma tête, comme si je voulais prouver que je ne possédait pas d'objet électronique de type portable.Attention flash info : « Une mère pris en flagrant délit, en train de prendre son fils en photo alors qu'il prenait son bain ».
- Ah. D'accord. Bah, je me lave en premier alors.
Je n'ai pas bougé, j'osais pas me retourner. En plus, si je me retournais avec les joues rouges ça ferait bizarre. On pourrait vraiment me prendre pour une mère psychopathe amoureuse (enfin, je ne suis pas amoureuse de Roméo mais les joues rouges peuvent faire penser à ça si vous voyez ce que je veux dire) de son fils.
- Tu comptes sortir un jour ? il a demandé assez sèchement (ce que je comprends, avoir un peu d'intimité est nécessaire, surtout à notre âge. Souvent les parents ne comprennent pas que leur enfant est devenu un adolescent voir un adulte et que désormais on entre pas pendant qu'ils se douchent pour leur annoncer la grande nouvelle, c'est-à-dire celle que Mamie Pépette la voisine d'en face à adopté un nouveau chat qui s'appelle Antonin).
Je me suis décalée de dos à Roméo en marchant comme un crabe sur une plage, pour éviter de le regarder lui, son torse, ses bras, sa tête et son slip (que je savais rouge ce qui était déjà largement suffisant à mon goût). C'était sans compter le miroir géant qui reflétait Roméo en direct juste en face de moi (qui était le cretin qui avait placé ce miroir juste ici ? Qui était l'abruti qui avait créé les miroirs ?). Je poussai un glapissement ridicule (semblable au cris d'un animal blessé par un chasseur ivre) à la vue de Roméo en train de commencer à enlever son unique vêtement pour rentrer dans la baignoire.
Roméo se retourna à l'entente de ce cri, perplexe et un peu désorienté par la « folie » de sa mère. Oui parce que moi, j'ai jamais vu ma mère pousser ce genre de glapissement ridicule.
- Tu veux te laver avec moi ou quoi ?
Il n'aurait jamais dû dire ça. Il n'aurait jamais dû dire ça. Il n'aurait jamais dû dire ça.
Mon cerveau s'est transformé en cocotte-minute. J'ai cru que de la fumée allait me sortir de mes oreilles comme une locomotive à vapeur. Mon visage entier me brulait, mon cœur s'est mit à battre de plus en plus fort. Ç'aurait été n'importe quel garçon, la situation aurait été tout aussi gênante. Mais avec lui, cela paraissait soudain mille fois pire. Déjà il me regardait tout nu, je voyais tout mais absolument tout. Je soutenais son regard pour éviter de regarder autre part. De plus, il avait dit la phrase qu'il ne devait pas dire.
Et puis je nous ai vu.
Lui et moi. Nus dans la baignoire. L'un en face de l'autre. Je n'étais pas madame Spigle dans cette vision. J'étais moi-même, c'est-à-dire Alicia Fromi. Et Roméo me parlait, je sentais sa peau contre la mienne et l'odeur délicieuse du savon pour le bain.
Et c'était bien.
- Maman ?
La voix semblait venir de très loin, comme si j'étais au bout d'un long tunnel qui me renvoyait un échos d'un échos.
- Maman ? la voix a réitéré et j'ai secoué doucement ma tête brulante.
J'avais extrêmement chaud et je devais actuellement ressembler à une écrevisse sortant d'un sauna.
Je ne sais pas. Je n'ai pas pu me regarder.
Parce que je suis tombée dans les pommes.
* * *
- Tiens te revoilà. Je t'attendais pas si tôt tout de même. Franchement les ados de nos jours...
- Mmmh...j'ai grommelé tandis que ma vision devenait plus nette malgré des bouts encore flous.
Devenais-je presbyte ? Fort possible vu que Madame Spigle devait avoir une cinquantaine d'années.
- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? Si tu t'évanouis tout le temps on ne va pas s'en sortir.
- Je comprend rien....
- Si tu attendais de recouvrir tes esprits, tu comprendrai sûrement mieux, répondît la voix sarcastiquement.
Ma vision mit une minute encore pour retrouver sa netteté d'antan. Je me suis assise, une main sur mon front qui était encore chaud. J'étais toute barbouillée également. J'ai jeté un coup d'œil autour de moi.
J'étais actuellement dans un salon.
Tout rose pour être précise.
Mais vraiment rose.
Genre rose immonde.
Rose rose rose.
Il y a avait des tas de fauteuils, un gros canapé et plein de petits coussins partout. Un lustre pendouillait au plafond, rose lui aussi comme chaque objet de cette pièce à part moi. Ce salon était à la fois moderne et vieux (le lustre datait du roi Louis XIV comme l'indiquait une étiquette accroché à celui-ci) ce qui faisait un mélange des plus étranges. Le rose me faisait mal aux yeux et me donnait mal à la tête. C'était trop. Mais visiblement ce n'était pas l'avis de la fée, perchée nonchalamment sur accoudoir d'un fauteuil et qui me fixait avec ses yeux...roses. Non mais vous avez déjà vu des yeux roses vous ? C'était la même fée qui m'avait mis dans le corps de Madame Spigle. La même fée vulgaire de la dernière fois. A sa vu mon sang ne fit qu'un tour.
- Vous ! me suis-je écriée en la pointant d'un doigt accusateur et en me relevant tant bien que mal.
- Rebonjour, chantonna-t-elle En faisant tournoyer une mèche de cheveux (rose) entre ses doigts.
Je voulais m'approcher d'elle et lui hurler des tas de choses dégoûtantes à la figure mais j'étais encore trop faible. Au lieu de ça, je me suis passée une main dans mes cheveux qui me retombaient sur le visage. Et j'ai sentit comme un sentiment de soulagement. La colère que j'avais contre cette fée s'est dissipée en un instant. J'ai regardé mes mains comme pour la première fois et je me suis tripotée le reste du corps, action qui aurait pu paraître étrange si elle avait été placé dans un autre contexte, je vous l'accorde. J'étais moi. Je n'étais plus Madame Spigle, j'étais moi ! J'ai poussé un cri de joie qui a résonné dans la pièce.
- Je suis moi, je suis moi !
La fée leva un sourcil (rose) parfaitement épilé :
- Évidemment que tu es toi puisque nous sommes dans ta tête.
- Dans ma tête ?
- Oui, tout cela n'est pas réel. Ca se passe dans ta tête.
- Ma tête n'aurait jamais imaginé un tel salon, cela ne peut pas être dans ma tête.
- Puisque je te dis que c'est ça ! C'est dans ta tête mais c'est mon décors !
Je fut prise d'un haut le cœur.
- D'ailleurs, rajouta-t-elle malicieuse. Que penses-tu de ce salon ? J'ai mis du temps à l'élaborer. J'ai dû chercher des tas d'objets et les mettre ensemble joliment pour avoir ce rendu, je te dis pas la galère. Et puis y a avait un de ces mondes au supermarché des illusions pour cerveau évanoui, non mais je te jure les gens maintenant....
- Euh.... je ne suis pas une grande fan du rose.... l'ai-je coupé de manière hésitante.
- Humph ! Tant pis pour toi !
- Mais alors quand vous dite que c'est dans ma tête, ai-je repris d'une voix minuscule,vous voulez dire que dans le monde réel je suis encore Madame Spigle ?
- Bien sûr ! L'échange de corps n'a pas encore été prononcé !
La fée n'a pas eu le temps de la voir venir. Ma main (car j'avais retrouvé mes forces) s'est aplatit sur sa joue pour la faire rosir encore plus. Je n'ai même pas eu mal, ça m'a juste fait un bien fou. C'était aussi bon qu'est prendre une bouffe d'oxygène après avoir retenu sa respiration, aussi bon que se remplir le ventre quand on a une faim de loup, aussi bon que martyriser la personne qui a changé votre vie en le pire bazar qu'il puisse exister sur cette terre.
- VOUS ALLEZ ME RENDRE MON CORPS IMMÉDIATEMENT !! J'EN AI ASSEZ DE TOUT CA, JE VEUX ETRE MOI !
- Te rends-tu compte que tu viens de frapper une fée, a sifflé la femme en colère. De quel droit...
- Et vous ! De quel droit m'avez vous mise dans le corps de ma prof d'anglais ?! Ni moi, ni elle, n'avons rien demandé ! Et puis c'est quoi tout ce rose partout ? C'est horrible ! Je déteste le rose ! Je vous déteste vous !
La fée m'a lancé un regard noir (enfin une autre couleur !) et à sauté de l'accoudoir pour se mettre à ma taille, debout. Elle du voleter légèrement pour se mettre à ma hauteur ce qui me fit ricaner méchamment.
- Je ne fais que suivre les ordre, a-t-elle persifflé méchamment. Et moi, j'aime le rose ! Na !
Les larmes me sont soudain montées aux yeux. Alors il y avait bien quelque chose de louche avec cette histoire. Tout ça était plus gros qu'un « simple » changement de corps.
- Les ordres ? Mais de qui ?
- Ca je ne peux pas te le dire, jeune fille.
Elle était devenue bien polie cette fée. Je me suis prise la tête dans les mains et me suis assise sur le canapé en velours rose. Je n'en pouvais plus.
- Par contre je peux te dire comment retrouver ton corps, a-t-elle ajouté d'un ton malicieux.
J'ai relevé la tête brusquement et l'ai empoigné par les épaules :
- C'est vrai ?
Dans ma voix, il y avait tout l'espoir que j'avais qui s'exprimait.
- Oui.
Elle a essayé de se dégager de mon étreinte en battant des ailes mais je la retenais fermement, mes ongles lui rentrant dans les épaules.
- Vrai de vrai ?
- Oui ! S'est-elle agacée en esquissant une grimace de douleur. Mais il faut que tu sois prête à faire ce qu'il faut pour le retrouver, bien entendu.
- Comment ça « prête à tout » ? Vous pouvez pas faire redevenir les choses comme avant en un claquement de doigt magique ?
- Euh.... non. Je suis pas une bonne à tout faire tu sais.
- Ouais mais vous êtes une fée...
Elle a réfléchi comme si elle se rendait compte que ce que je disais était pas si debile. Puis elle a dit :
- Le problème c'est que moi je peux fait l'échange maintenant Mais on ne sait pas ou est ton corps. D'où l'aventure qui t'attend ma chérie.
J'ai gardé le silence, Le cœur battant à tout rompre.
- Alors je répète ma question : jusqu'où es-tu prête à aller pour retrouver ton corps ?
J'ai senti une bouffée d'adrénaline monter en moi. Et l'espoir allait avec.
- Je suis prête à tout pour retrouver mon corps, ai-je affirmé, sûre de moi à cent pour cent.
La fée à regardé ses ongles roses donc le verni s'écaillait un petit peu. Elle a ensuite tourné la tête autour d'elle puis m'a regardé droit dans les yeux, d'un regard très pénétrant d'où s'échappait quelque chose d'étrange.
- Alors es-tu prête à sauter du haut d'un immeuble ?
Mon coeur est tombé dans ma poitrine.
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Bonjour !
Voici donc la suite des aventures d'Alicia qui a retrouvé la fée-plus-très-vulgaire ! J'espère que ce chapitre vous a plus.
Pensez-vous que la fée dit la vérité quand elle parle de sauter d'un immeuble ? Et si oui, Alicia le fera-t-elle ? 😬
A bientôt,
Domino 😘
(Le prochain chapitre est le dixième ! Alléluia ! )
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