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Truc Bizarre n°10


Bonjour !
Je suis désolée, ça fait longtemps que je n'ai pas posté un chapitre de Alicia mais ne vous inquiétez pas, je n'ai pas chômé 😎😁. Vous avez le droit au plus long chapitre de l'histoire à l'heure actuelle (également le chapitre 10 ! Youpi !) 😊
J'ai hâte de connaître tous vos avis ! J'en dis pas plus, bonne lecture :)
D0mino ^^

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J'avais envie de pleurer. Et de hurler aussi. Et de déchiqueter son fichu canapé en velour rose avec mes dents. Et d'appeler ma maman (qui ne se souvenait plus qu'elle avait une fille) pour qu'elle me console et qu'elle me prépare du riz au lait. Et j'avais envie de tuer cette fée rose horripilante à coup de poignard dans le dos en m'étalant son sang sur mon visage.

Au lieu de ça j'ai dit d'une voix glacial et tranchante comme un couteau bien aiguisé :

- Attendez, qu'est-ce que vous avez dit ?

Mais la fée paraissait habituée à mes crises de colère et mes changements soudain d'humeur. Elle a déclaré légèrement (comme si elle affirmait que un plus un ça fait deux) :

- J'ai dit que tu devras sauter du haut d'un immeuble. Ou d'une tour, enfin de quelque chose de haut quoi.

Je l'ai regardé droit des les yeux pour y trouver un signe qu'elle mentait. Genre des clignements de paupières trop précipités, ou alors un sourire un peu trop crispé. Seulement, je devais en arriver à la vilaine conclusion que soit la fée était une experte en mensonge, soit elle ne mentait pas. Et je penchais plus pour la deuxième option, malheureusement.

- Vous rigolez j'espère !

Oui, je devais toujours essayer  ce type de phrase un peu débile voir sa réaction. Elle m'a regardé, le visage impassible :

- Absolument pas.

Ma mâchoire a faillit se décrocher, à la façon des animaux  dans ces cartoon américain que je regardais quand j'étais petite.

- Il est hors de question que je saute d'un immeuble ! Vous êtes folle ou quoi ?

- Entre toi et moi, c'est toi la plus folle Alicia.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Me suis-je insurgée, les mains sur les hanches et la tête bien droite, pour lui prouver que je n'étais absolument pas folle rien que par ma posture.

- Tu crois que si tu disais à tes amis que tu es en réalité Alicia Fromi et qu'une fée t'as fait changer de corps, les gens te prendrait pour une personne saine d'esprit ?

J'ai grogné et serré les dents. Elle marquait un bon point, j'étais définitivement seule dans ma galère, personne ne pourrait m'aider, pas même Madame Spigle dont l'âme se baladait je ne sais où. J'eus une légère pensée pour elle.

- Alors ? Ai-je questionné méchamment en croisant les bras sur la poitrine, qu'est-ce que je dois faire ?

La fée soupira, visiblement agacée.

- Je te le dis, tu sautes d'en haut d'un immeuble, le plus haut possible serais le mieux.

- Comme ça je meurs et tout cela est réglé ? N'est-ce pas ? J'ai persiflé ironiquement.

Non mais qu'elle arrête avec sa blague débile ! Ce n'était pas drôle, j'en avais plus qu'assez de tout ce bazar bizarre !

- Bon, tu me parais pas très futée alors je vais tout t'expliquer.

Elle paraissait lasse de tout ça mais entre nous, c'était plus à moi d'être énervée qu'elle.

- Ouais. C'est ça...

- Tu t'appelles Alicia Fromi et, actuellement, tu es dans la corps de Madame Spigle, ta prof d'anglais.

- Bravo, belle analyse. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais changé de corps. Heureusement que vous êtes là.

Mon ton était si sarcastique que j'en étais presque fière de moi. J'allais être dans le Guinness Record ! La fée n'a pas répliqué et j'ai rajouté :

- Et d'ailleurs, c'est la faute à qui si tout ça m'arrive ?

Je lui ait asséné un regard lourd de sens pour appuyer ma réplique.

- Je te l'ai dit ! A-t-elle immédiatement rebondit. Les ordres viennent d'en haut...

- Ouais bien évidemment, je suppose que c'est La reine des fées qui t'as ordonné de faire ça. Nan mais vas y dis le ! Maintenant plus rien n'est bizarre à mes yeux.

La fée rose (Il faudrait que je lui demande son nom quand même) à soudain paru mal à l'aise et s'est tordu les mains dans tous le sens. Ses yeux son devenus humides et elle serrait les dents, comme si elle luttait contre elle  même.

- Je ne peux rien dire, je...

Elle tremblait et j'ai eu pitié d'elle.

- Ok laisse tomber, ai-je soupiré comme une bonne âme charitable face à une malheureuse personne. Dis moi plutôt comment faire pour retrouver mon corps.

- Il faut un choc pour que tu retrouves ton corps, a-t-elle expliqué avec un regard plein de gratitude à mon égard. Un choc et du temps pour que l'âme de Madame Spigle revienne dans son corps.

- Mais si elle retrouve son corps, elle va mourir ensuite ! Elle va s'écraser sur le sol ! C'est horrible !

- Non ne t'inquiète pas, je serais là pour empêcher ça.

Étrangement, ça ne m'a pas vraiment rassurée. Ça a même eu l'effet inverse. Elle me paraissait tellement ridicule avec sa passion pour le rose et tout ça. Mais bon, je n'avais pas d'autres choix que de lui faire confiance.

- Et qu'est-ce que vous entendez par « choc » ?

- Ah ça. Forcément si tu te jettes du haut d'un tu vas avoir peur et ça va provoquer un choc psychologique.

J'ai fait la moue, pas très convaincue.

- Et moi dans tout ça ? Parce que c'est cool que ma prof retrouve son corps. Mais moi je veux le mien.

La fée hésita :

- Ça ne va pas te plaire....

- Je suis prête à entendre, j'ai déclaré un peu à contrecœur, les yeux levés vers le plafond (rose fushia).

- Tu vas devoir partir à sa recherche.

- Ah ouais.... et comment vu que je n'aurais pas de corps ? Non mais parce que la théorie c'est cool mais y a la pratique aussi. Après je dis ça je dis rien hein.

- C'est compliqué....

- Oui en effet (ma voix était presque traînante), pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...

Elle a ignorée ma remarque pleine de sarcasme et à poursuivit :

- Tu auras ton corps dans l'autre monde...

- Ah ouais ? Y aura un autre monde ? De mieux en mieux...

Je me découvrais super insolente. D'habitude je n'avais pas l'occasion d'être ainsi. J'étais polie et bien élevée et je n'allais pas faire l'insolente devant des profs. Et avec mes amies je me disputais rarement alors là aussi, je n'avais pas l'occasion. Mais aujourd'hui j'étais déchaînée, pour la première fois je sentais que je pouvait vraiment avoir de la répartie, je pouvais faire de l'ironie et du sarcasme, je pouvais être blessante rien qu'avec des mots sans avoir peur des représailles. Et j'aimais cette sensation.

- Oui, le monde des âmes et des corps perdus.

Je me suis imaginé une rangée de corps avec des étiquettes pendant à leur pied où il était inscrit le nom du propriétaire. Et je voyais dans ma tête  des fantômes  voler par-ci par-là, brandissant des panneaux indiquant le nom de leur corps également. Le même genre de pancarte quand on vient chercher des gens à l'aéroport.

- Donc je vais me la ramener du style « Salut je m'appelle Alicia Fromi, je cherche mon corps, vous l'auriez pas vu par hasard ?»

Pendant un instant j'ai cru que la fée allait me  rire au nez  et me contredire. Sauf que c'était tout le contraire. Elle a tapé des mains avec entrain et elle a dit d'une voix joyeuse :

- Oui c'est exactement ça ! En fait quand tu sauteras de l'immeuble tu te retrouvas dans....

Je n'ai pas pu entendre la fin de la phrase, à mon grand désarroi. J'ai senti une douleur affreuse à ma joue et quand j'ai rouvert les yeux, les visages de Roméo et de mon prétendu mari étaient penchés sur moi. Jean venait visiblement de me mettre une bonne claque pour me réveiller, d'où ma douleur à la joue droite.

Jean avait le visage soucieux mais quand il m'a vu ouvrir les yeux, il a poussé un soupir de soulagement. Roméo quant à lui a fait un «pfffffff» avant de sortir de la pièce, totalement désintéressé par sa mère allongée sur un sol froid.

- Oh mon Dieu Carmen, tu m'as fait une de ces peurs !

- Je suis désolée, ai-je dit à Jean d'un air véritablement coupable pendant qu'il m'aidait à me redresser.

Un rapide coup d'œil autour de moi me fit comprendre que j'étais toujours dans la salle de bain. Jean me sourit et me prit dans ses bras. Cela était assez malaisant mais ça me fit du bien de voir qu'au moins une personne se souciait de moi (enfin de Madame Spigle mais ça revient au même vu que je suis elle).

- Tu veux aller chez le médecin ? Me questionna-t-il quand il relâcha son étreinte.

- Non c'est bon, bredouillais-je. J'ai juste besoin de repos, aujourd'hui n'est vraiment pas ma journée.

Jean m'a aidé à me mettre debout et m'a gentiment raccompagné jusqu'à la chambre. Nous avons croisé Roméo dans le couloir et Jean lui a adressé un regard de reproche du type « Tu n'as qu'une mère, prends en soin ». Roméo s'est contenté de hausser les épaules d'un air désinvolte avant de retourner faire l'ermite dans sa chambre. Si ça se trouve il avait vraiment un problème psychologique.

Ce gamin, jamais je lui pardonnerais.

* * *

Je n'ai pas dormi, j'ai juste attendu. Longtemps à vrai dire. Au début j'étais toute seule dans le noir. Je faisais en sorte de ne pas m'endormir malgré ma fatigue de la journée et je dois avouer que c'était une véritable lutte. C'était moi contre le sommeil, et, bon dieu, c'était un ennemi digne de ce nom ! Pour m'occuper je me préparai un plan dans ma tête. J'allais essayer de sauter du balcon de l'appartement cette nuit même. Je voulais récupérer mon corps le plus vite possible et en finir avec tout ça. J'ai donc ruminé mon plan pendant pas mal de temps (en vrai je dis ça mais il n'y avait pas grand chose à ruminer à part « ouvrir la fenêtre et sauter»).

Puis le silence s'est installé dans l'appartement. Jean est arrivé dans la chambre et, après s'être changé, il s'est glissé sous les couvertures. Je me suis tournée dos à lui, le plus près du bord que possible (j'étais à la limite de tomber). Il a du comprendre que je ne voulais pas de contact car il ne s'est rien passé et je lui en suis reconnaissante. Ensuite, j'ai attendu qu'il s'endorme. Quand je me suis assurée qu'il dormait comme une masse (je lui ai pincé le bras et il n'a pas vraiment réagit), je me suis extirpée de sous les draps, le plus lentement possible pour ne pas éveiller des soupçons.

Le parquet a grincé sous mes pieds (rhaaaa !) et j'ai entendu Jean se retourner sous la couette. J'ai frémis. Il ne fallait absolument pas qu'il se réveille ! Mon coeur battait la chamade, j'avais la sensation d'être un agent secret. J'ai tendu l'oreille, à l'affût du moindre son. Sauf que tellement concentrée sur les bruits, je n'ai pas fait attention au bureau près de la porte de la chambre. Je me suis pris le coin pointu de l'objet diabolique dans la cuisse et je n'ai pu retenir un cri de douleur. Comme un enchaînement de dominos, tout s'est passé très vites les secondes qui suivirent. Je me suis appuyée sur le mur pour éviter de tomber à cause de la douleur qui me tiraillait encore la jambe. Sauf que j'ai mis ma main pile poile sur l'interrupteur et j'ai juré quand la lumière s'est allumée. Je ne voyais rien, moitié aveuglé par la lumière soudaine et moitié aveuglé par les larmes de douleur qui brillaient au coin de mes yeux. J'ai tapoté un peu partout et j'ai réussit à éteindre la lumière mais mon coude, dans la panique, a malencontreusement rencontré un pot à crayon qui s'est écrasé sur le sol dans un bruit incroyable pour un simple pot en fer. J'ai gémis en me frottant toujours ma cuisse qui me lançait. Saleté de bureau !

- Carmen ?

Évidemment avec ce vacarme il était impossible que Jean puisse continuer de dormir. Je ressemblais à un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il m'a regardé de ses yeux ensommeillés :

- Qu'est-ce que tu fabriques ?

- Euh... je vais... aux toilettes, ai-je répondu après quelques phases d'hésitations intenses.

- Je t'accompagne, a-t-il annoncé d'un coup, de but en blanc.

- Hein ? Non non non, c'est pas la peine, ai-je répondu précipitamment.

Il s'est levé du lit et s'est approché de moi. Il m'a regardé (on avait l'impression qu'il m'inspectait  sous toutes les coutures) et a dit :

- Tu parais encore très fatiguée, je ne voudrais pas que tu t'évanouisses à nouveau et que tu te blesses. Je t'accompagne.

- Non ! J'ai crié parce qu'il était en train de gâcher tout mon plan que j'avais minutieusement préparé depuis que je faisais semblant de dormir.

Il m'a regardé les yeux ronds :

- Mais enfin Carmen, ce n'est pas si grave. Je t'emmène juste aux toilettes ne t'inquiète pas.

- Non ! Non non et non ! Ai-je protesté comme l'aurait fait une gamine de six ans si son père lui disait que désormais elle n'avait plus le droit aux histoires du soir. Pas question !

Jean paraissait si abasourdi par mon attitude que je saisis cette chance pour agir. Agrippant le clavier de l'ordinateur (oui, j'avais omis de vous dire qu'il y avait un ordinateur sur le bureau) je lui frappais la tête avec force. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, sa bouche s'ouvrit sous le choc. Pendant un instant où il vacilla en essayant de prononcer le nom de sa femme, j'eus peur de devoir lui assigner un autre coup mais il tomba sur le sol, inconscient. Lentement, l'information « tu viens d'assommer un homme » monta dans mon cerveau. Je n'y croyais pas. Je venais d'assommer quelqu'un avec un clavier d'ordinateur. Oh my god. Je lâchais le clavier épouvantée par mon geste, faisant encore plus de bruit que prévu. Je tremblais de partout. C'était comme si je venais de commettre mon premier meurtre. Mon coeur battait la chamade, conséquence d'un mélange de panique liée à l'idée de sauter du balcon, de tristesse de devoir assommer quelqu'un de gentil comme Jean, de peur de ne jamais retrouver mon corps et de stress de faire échouer mon plan pourtant simple.

Je fixai le corps inerte de Jean d'un air désolée. Puis je me repris en me tapotant les joues et en me disant que c'était pour la bonne cause, que c'était nécessaire si il voulait retrouver sa femme (et moi mon corps au passage). Bientôt, il pourra me remercier pour mon acte de bravoure.

Ayant retrouvé mon énergie, je me précipitai alors vers le salon qui donnait sur le balcon. Celui-ci était plongé dans l'obscurité et j'eus du mal à accéder à la porte fenêtre tant il y avait de choses partout, traînant sur le sol. J'ouvris la porte avec hâte et sorti dehors. L'air froid et surtout la peur me tombèrent dessus comme un seau d'eau. Tout à coup je ne voulais plus vraiment sauter de ce balcon. Je croyais que je pourrais oser mais.... Et si en fait ça ne marchait pas ? Et si la fée mentait ? Mais en même temps je ne voulais pas passer le reste de ma vie dans le corps de ma prof d'anglais. Alors il fallait que je me jette de ce fichu balcon, pour en finir avec tout ça ! Lentement, un peu tremblante et hésitante, je m'avançai vers le muret qui me séparais du vide. En me penchant en avant j'eus un haut le cœur et j'eus soudain envie de prendre mes jambes à mon coup. Mais pour aller où ?

Il y avait une table sur le balcon, avec des chaises. Tirant une de ces chaises en métal un peu rouillées, je grimpai dessus  en maintenant bien mon équilibre, avant de monter sur le muret. Le vent me fouettait les oreilles et j'avais l'impression qu'il me poussait à sauter. C'était terrifiant. Il faisait sombre, et je distinguais en bas toutes les petites lumières qui scintillaient. C'est incroyable comme j'avais l'impression d'être happé par ce vide, comme si il m'appelait tout en m'horrifiant de part son aspect mortel.

Je ne pourrais jamais le faire.

Mais si tu peux le faire.

C'est impossible, c'est de la pure folie.

Tu es déjà en pleine folie Alicia.

Mais c'est du suicide, je vais mourir ! Je vais m'écraser sur le sol sans personne pour se souvenir de mon existence !

Fais confiance à la fée, je suis sûre  qu'elle sait ce qu'elle fait.

Et si c'était une méchante blague ? Qu'elle mentait, que rien de tout ça était vrai ?

Tu préfères finir ta vie dans ce corps et que tout le monde oublie que tu as existé ?

Tout le monde a déjà oublié qui je suis.

Non, il y a toi encore. Et la fée. Allez Alicia. Fait preuve de courage. Je crois en toi. Et comme je suis toi, je crois en moi.

Trop occupé à débattre avec mon double intérieur, je ne me rendis pas compte de la présence humaine derrière moi. Jusqu'à que cette présence parle.

- Maman ? Murmura une voix masculine, lente et hésitante.

Je me suis retournée vers un Roméo  terrifié qui me regardait comme s'il voyait un monstre. Je me rendis compte que je n'aimerais pas me retrouver dans la même situation. On devait se sentir tellement impuissant !

- Maman, a-t-il répété d'une voix blanche (son visage était tout blanc aussi) reviens sur le balcon.

- Je suis désolée,  je ne peux pas, ai-je répliqué d'un air rassurant. Mais ne t'inquiète pas tout va bien se passer.

Le problème c'est que je ne pouvais pas le rassurer avec des « tout va bien » idiots. Moi je savais la vérité, mais pas lui. Pour moi, ce saut serait libérateur, je retrouverais enfin mon corps. Pour Roméo, il y avait juste sa mère qui allait commettre un suicide devant ses yeux sans qu'il ne puisse rien faire. J'eus pitié de lui.

- Donne moi ta main, fut sa seule réponse en me tendant lui-même sa main. Je suis désolé pour tout ce que je t'ai dit, on en parlera après mais s'il te plait ne saute pas.

Sa voix s'est brisé sur les derniers mots. Sa carapace était en train de se fissurer, son masque allait tomber d'un moment à l'autre. Et vous savez combien je suis curieuse, je voulais voir qui était le vrai Roméo Conta. Alors j'ai décidé soudainement de jouer un peu avec lui, de reprendre le rôle de Carmen Spigle pour quelques instants.

- Tu te fiches bien de ta mère, j'ai déclaré en dramatisant ma voix, lui donnant un ton mélodramatique. Tu ne m'aimes pas !

- Si bien sûr que je t'aime, a-t-il poursuivit très lentement, comme si j'étais un animal blessé.

Il avait peur, ses traits étaient déformés par la panique et le désespoir et pourtant il restait encore conscient et continuait de faire en sorte que je revienne. Il tachait de trouver les bons mots, parlant avec le plus de calme possible pour ne pas me brusquer.

- Mais tu ne t'intéresses pas du tout à moi ! Tu te fiches de ce qui peut m'arriver.

Il a hésité, a détourné les yeux tout en s'approchant très très très lentement de moi.

- Ce n'est pas vrai....Je... tu ne veux pas descendre ? A-t-il supplié les yeux humides. S'il-te-plait !

Il a esquissé encore un pas vers moi.

- N'approche pas ! L'ai-je menacé, car il pourrait bien faire échouer mon plan alors que je touchais au but.

Il s'est stoppé net, livide. Ses lèvres tremblaient et le reste de son corps également. J'ai cru que ça y était, qu'il allait s'évanouir. Mais il est resté debout, digne, et a parlé.

- C'est juste...je sais pas Je t'en ai toujours voulu...de...d'avoir divorcé, tu vois.... Et puis tu t'es remarié un an après, comme si tu avais toujours connu Jean. Je me suis dit que....si ça se trouve tu avais trompé papa... Ou alors que tu l'avais jamais aimé... Et j'en voulais à Jean parce que tu étais heureuse avec lui, j'avais l'impression que tu étais plus heureuse avec lui qu'avec papa. Ca me rendait jaloux, je t'en voulais tellement.

Et là, le masque a volé en éclat. Il n'y avait plus de Roméo Conta, le mec arrogant et méprisant qui se moquait de tout le monde. Le mec insolant jusqu'au bout des ongles qui ne parlait pas aux repas en famille, et faisait comme si il se désintéressait totalement de sa mère. Non, maintenant il y a avait le vrai Roméo, celui qui était jaloux à en crever de Jean, le mari qui n'était pas son père et qui avait l'attention de sa mère depuis des années, le garçon qui faisait des bêtises, qui feignait l'ignorance juste pour qu'on fasse attention à lui. Je me suis soudain rendue compte que j'avais été bête. Si Roméo avait changé c'était sûrement à cause de tout ça, de tout ce qui lui était arrivé. Et personne ne s'était jamais posé la question, personne n'avait cherché à comprendre la raison de son comportement. Si ça se trouve, au fond, il était toujours le gentil Roméo que j'avais connu en sixième. Celui qui avait fait un bout de chemin avec moi. Il m'a soudain fait beaucoup de peine et j'ai eu envie de le serrer dans mes bras, tout de suite, pour le consoler. Il paraissait si fragile, si faible, avec sa tête rentrée dans les épaules, son pyjama rayé et ses cheveux tout ébouriffés par le vent.

- Et puis, a-t-il poursuivit, lancé dans sa tirade, il y a avait toutes ces choses que mamie disait à propos de toi, des choses méchantes.... elle disait que c'était de ta faute si papa était triste, que tu lui avais gâché la vie. Au début je lui disais que c'était n'importe quoi, même papa lui disait ! Mais elle a finit par me faire entrer dans la tête que.... je ne sais pas....que c'était toi la coupable dans tout ça. Oh s'il te plait maman ne m'en veut pas je suis désolé, on peut tout recommencer je pourrais apprendre à aimer Jean mais ne fais pas ça !

Il a éclaté en sanglot et j'ai faillit pleurer aussi. Je me sentais coupable. Ce n'était pas à moi d'entendre toutes ces choses, ce n'était pas à moi la personne à qui Roméo devait dire pardon. J'avais poussé cruellement ce garçon à dire tout ce qu'il avait sur le coeur à la mauvaise personne. A une camarde de classe dont il ignorait tout. Je me sentais si coupable que j'en avais mal au coeur.

- Je suis désolée, ai-je soufflé et cette fois c'était un vrai pardon, qui venait du fond du coeur.

Je m'excusais pour toutes les méchancetés que j'avais dites sur lui, je m'excusais pour tous les autres qui n'avaient pas compris sa peine et sa douleur. Je m'excusais pour le rendre si triste, je m'excusais de ne pas être sa mère. Je m'excusais d'être juste Alicia.

- Tout ira bien je te le promets. Tout ira bien, ai-je répété, comme une promesse.

La promesse implicite que je lui ramènerais sa mère.

J'ai tourné la tête vers le vide et, sans plus attendre, j'ai fermé les yeux avant de sauter sans hésiter, sans trembler. Tout s'est passé très vite ensuite. J'ai hurlé et j'ai entendu Roméo hurler plus fort que moi. Son cri a déchiré mes tympans et m'a brisé le coeur. La souffrance qu'il devait ressentir à ce moment là devait être immense. Puis, immédiatement après mon saut, j'ai senti une main chaude entourer mon poignet. Roméo venait de l'agripper avec force pour essayer de me retenir. Seulement le poids de mon corps déjà en train de chuter était trop fort. Roméo est passé par dessus le muret en hurlant. J'ai ouvert les yeux et, malgré le vent, j'ai vu son visage horrifié baigné de larmes. La seule pensée que j'eus alors que nous chutions d'un immeuble à deux heures cinq du matin fut que, par ma faute, Roméo Conta allait mourir.




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Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?
- Comment s'appelle la fée d'après vous ? (Je n'ai pas encore trouvé de nom, toutes les idées sont bonnes a prendre !)
- Que va-t-il se passer pour Roméo et Alicia ?
- Quel est votre passage préféré dans toute l'histoire ?

Au prochain chapitre commence un nouvel arc qu'on pourrait intituler « La quête du corps d'Alicia » XD
A bientôt 😘
D0mino

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