Chapitre VIII
Chapitre VIII
Alice ne savait pas vraiment pourquoi il se trouvait ici. À ses côtés, M. Minuscule le fusillait du regard depuis 10 bonnes minutes. Il n'avait apparemment toujours pas digéré la petite perte de sang-froid d'Alice quelques instants plus tôt et lui en voulait toujours.
Au bout de la table, une théière volait toute seule autour d'eux et remplissait des tasses, volantes elles aussi. En fait, pour être plus exacte, l'intégralité de ce qui se trouvait dans cette pièce volait comme par magie. Les fauteuils, la table, les gens, les bibelots, absolument tout. En entrant dans cette pièce, une fois l'incrédulité passée, Alice avait eu un mal fou à attraper son siège pour réussir à s'asseoir. Et une fois cela accompli, il ne l'avait plus quitté.
La table était ronde, et les fauteuils tournaient autour sans interruption, comme dans un manège enchanté. Les tasses semblaient danser et les petits gâteaux jouer à chat entre eux.
Alice n'osa pas les manger.
Au bout d'un moment, il finit tout de même par demander :
– Excusez-moi, mais... Que faisons nous ici ?
Presque aussitôt, le Lièvre s'insurgea, lui criant :
– Petit malotru ! Comment oses-tu interrompre la Reine lorsqu'elle parle ? Les enfants n'ont aucune manière, c'est indécent !
Fronçant les sourcils devant tant de véhémence, Alice regarda la Reine et souffla :
– Excusez-moi, je ne voulais pas vous interrompre. (Le Lièvre renifla avec dédain.) Mais si je peux me permettre, je croyais que votre pays était en danger ? Cela ne vous dérange pas de perdre du temps à boire le thé ?
Le Lièvre s'étouffa et lança sa tasse en l'air, cette dernière se renversant et fit voler le thé qui se suspendit, comme si la gravité n'existait plus, ce qui devait sans doute être le cas dans cette pièce.
– Comment oses....
Alice releva un sourcil.
– J'ai tort ? demanda t-il.
Le Lièvre parut sur le point de lui sauter dessus lorsque le rire cristallin de la Reine résonna dans la pièce.
– Le Chapelier m'avait pourtant prévenu, mais tu es encore plus intéressant que je ne le pensais, déclara t-elle en joignant ses mains sous son menton.
Son regard de glace le transperça et il eut l'impression qu'elle sondait son âme.
– Vous n'êtes pas qu'une gentille petite fille, n'est-ce pas ?
– Bien sûr que non, répondit-elle aussitôt. Si c'était le cas, penses-tu vraiment que qui que ce soit confierait l'avenir du Monde des Merveilles à une candide enfant ? Je sais que tu es intelligent, prouve le moi.
Étrangement, Alice se sentit presque insulté. Venait-elle d'insinuer qu'il agissait bêtement ?
Il soupira, attrapa la tasse de thé qui passa à coté de lui, s'enfonça dans son fauteuil et posa nonchalamment sa joue sur son poing. Il but doucement le thé puis déclara :
– Très bien, quel âge avez-vous ?
Elle sourit.
– Je ne sais plus très bien, 357 ans je crois.
Alice ne fut même pas étonné.
– Pourquoi ne pouvez-vous pas vous débarrasser de votre sœur vous même ? continua t-il. Vous avez des pouvoirs non ?
– C'est vrai, concéda t-elle, j'ai de grands pouvoirs. Autant que ma sœur, et c'est bien cela le problème. La seule chose qui peut nous détruire toutes les deux est en sa possession. Elle ne peut pas l'utiliser ni la détruire, et moi non plus. En fait, personne ne le peut.
Alice haussa un sourcil.
– Très utile, fit-il remarquer. Et quelle est cette chose ?
La Reine eut un sourire mystérieux et murmura :
– L'épée Vorparline.
Un frisson traversa son dos, mais Alice resta impassible.
– Et à quoi servirait une épée que personne ne peut utiliser ?
La Reine ricana, même si Alice eut plutôt l'impression qu'elle venait de pouffer.
– En fait, il y a quand même une personne capable de l'utiliser, répondit-elle.
Nouveau haussement de sourcil.
– Ah ? Très bien alors, allez chercher cette personne et tout sera résolu.
Du coin de sa vision, Alice perçut le chat du Cheshire se poser sur le haut de son fauteuil.
– Quand l'enfant aux cheveux immaculés tombé du ciel trouvera l'épée du crépuscule, le règne de la Reine tyrannique prendra fin sous une ondée de soleil, récita t-il avec une certaine moquerie.
Alice comprit, malheureusement, et grimaça.
– C'est moi, c'est ça ? demanda t-il tout de même.
La Reine et le Chapelier sourirent en même temps et une réponse ne fut pas nécessaire. Oui, c'était lui.
Il soupira, pour ce qui lui sembla être la centième fois de la journée.
– Et comment voulez vous la récupérer ? Vous venez vous même de dire que c'était elle qui l'avait.
Le Chapelier se leva tout à coup, monta sur la table, et s'écria :
– C'est justement la partie la plus importante, petite créature ! L'in-fil-tra-tion !
Alice crut avoir mal entendu.
– L'infiltration ? demanda t-il tout de même.
Le Chapelier lui fit à nouveau un grand sourire. Il regarda la Reine, même sourire. Il regarda le Chat, même sourire – quoiqu'un peu plus fou encore. Il regarda le Loir, même sourire. Puis finalement, il regarda le Lièvre qui lui par contre semblait vouloir l'écarteler vif.
– Vous voulez... entrer dans son château ?
Ils hochèrent tous de la tête en rythme – sauf le Lièvre évidemment – et la Reine se leva pour monter également sur la table.
– C'est sans danger ! promit-elle.
Alice fut sur le point de lui demander comment cela pouvait-il être sans danger lorsque tout le pays semblait être à ce point effrayé par la Reine Rouge. Mais il ne dit rien. Cela n'aurait de toute façon rien changé. Il n'avait pas le choix. Et puis de toute façon, c'était l'unique moyen de rentrer chez lui.
– Vous me renverrez chez moi lorsque tout sera fini ? demanda t-il tout de même.
- Bien sûr, je te donne ma parole.
Il hocha la tête, et accepta finalement, sûr et certain que tout cela n'allait pas être aussi simple qu'ils essayaient de le faire croire.
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