Chapitre II
Chapitre II
C'était le plus beau port qu'il n'avait jamais vu. Certes, justement, il n'en avait jamais vu, mais même à la télévision, personne n'en avait jamais montré d'aussi magnifique. Les gens souriaient beaucoup, le marché qui se tenait sur les quais était pleins de couleurs vives,mais ce qui choqua Alice, ce fut justement le physique de ces personnes.
Bon au moins maintenant, je suis sûr que je rêve, se dit-il.
Partout autour de lui, des gens ressemblant à la fois à des hommes et à des animaux marchaient tranquillement, rigolaient, marchandaient, et faisaient tout un tas d'autres activités parfaitement normales. Alice resta quelques secondes interdit, la bouche ouverte et les yeux écarquillés.
Quand il fut enfin capable de faire un pas, il entendit une voix lui crier :
–Hey, minus ! Fais un peu attention !
Et quand il comprit que cette voix venait de la minuscule souris blanche habillée d'une petite robe à fleurs qui se trouvait juste à l'endroit où il allait poser son pied, il ne put retenir un cri de surprise.
La souris le regarda méchamment avant de continuer son chemin en grommelant :
– Les jeunes de nos jours, ce qu'ils peuvent être malpolis.
Et Alice se pinça l'avant-bras tellement fort qu'il en saigna. Mais il ne se réveilla pas.
D'accord, très bien.
Soupirant, il continua d'avancer, en faisant cette fois très attention de regarder le sol.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il avait commencé à vagabonder aléatoirement, il dut bien se rendre à l'évidence ; il avait totalement perdu le Chapelier. Ce dernier avait littéralement disparu et Alice était beaucoup trop timide pour demander son chemin à un inconnu (surtout si ce dernier avait une tête de taureau ou de cheval).
Alors qu'il se baladait le long des quais, regardant partout autour de lui pour essayer de retrouver son chemin parmi autant de gens, un rassemblement étrange attira son attention. Sur une place un peu à l'écart, des hommes habillés tout de rouge et de blanc, des gardes si Alice se fiait à ses yeux, encadraient un autre homme. L'un d'entre eux lisait un parchemin :
– Par les pouvoirs qui me sont conférés, je déclare dès à présent cet homme coupable et le condamne ainsi prisonnier de sa Majesté La Reine Rouge !
Et sans plus de cérémonie, sous les cris déchirants d'une femme maintenue par deux autres gardes, ils emmenèrent l'homme dans un carrosse rouge tiré par des chevaux de la même couleur.
Tout cela s'était déroulé en quelques secondes. Alice ne savait pas vraiment comment réagir si bien qu'il fit aussitôt demi-tour pour s'éloigner le plus vite possible, son instinct lui disant qu'il n'était pas en sécurité. Mais à peine se fut-il retourné qu'il rentra dans quelqu'un et s'excusa aussitôt.
Une main se posa sur sa bouche.
– Désolé petit homme, mais nous devons filer rapidement.
Il reconnut la voix du Chapelier et hocha instantanément la tête.
Alorsqu'ils s'éloignaient, le rouquin se retourna soudainement pour lancer un regard inquiet vers le ciel au loin, juste au dessus de l'épaule d'Alice. Quand ce dernier se retourna également, il put apercevoir de sombres nuages menaçants, lançant des éclairs. Mais le plus effrayant, ce fut l'effet vivant que ces derniers semblaientémettre.
Quand ils furent assez éloignés, le rouquin se retourna vers lui, ôta son chapeau et lui fit une révérence. Alice trouvait le fait qu'à 15 ans à peine – il avait apprit son âge sur le bateau – , le Chapelier parle et agisse déjà comme un adulte était assez perturbant et impressionnant à la fois .
– Je suis désolé devous avoir abandonné petite créature, mais j'avais des affaires à régler dans le coin.
Quand il se redressa, Alice lui sourit.
– Ne vous excusez pas,répondit-il, et puis, tutoyez moi. C'est vraiment étrange de voir quelqu'un de plus vieux que moi me vouvoyer.
Ilfit une pause, le temps que le Chapelier hoche la tête avec un sourire.
– Qui étaient ces hommes ? enchaîna t-il. Qu'avait fait cette personne? Qui est la Reine Rouge ?
Pour la première fois depuis leur rencontre, le Chapelier perdit son sourire. Il eut l'air hésitant, puis déclara d'un air las et légèrement triste.
– Tu ne viens vraiment pas d'ici, petit homme. La Reine Rouge est la femme tyrannique qui dirige cet endroit. C'est une sorcière sans cœur qui fait prisonnier toute personne remettant en question son autorité. L'homme que tu as vu devait avoir fait par de ces doutes à Son encontre à quelqu'un l'a finalement dénoncé.
Il chuchotait doucement tout en s'assurant qu'il n'y avait personne au alentour.
– Que deviennent les prisonniers ? demanda Alice d'une voix incertaine.
Le Chapelier lui lança un étrange regard.
– Personne ne le sait, répondit-il simplement.
Et un frisson traversa le blond.
– Comment pouvez-vous savoir que je ne vais pas aller vous dénoncer ? lui demanda Alice .
Après tout, ils s'étaient rencontrés à peine quelques heures plus tôt, rien ne lui prouvait qu'ils pouvaient se faire mutuellement confiance.
Le Chapelier lui fit un grand sourire et posa sa main sur la tête du blond.
– Je ne sais pas, petit homme, je me fie simplement à mon instinct, comme toujours.
Et Alice décida que cela était une réponse acceptable.
Soudain, il fronça les sourcils.
– Pourquoi avons-nous dû fuir ? Techniquement, nous n'avions rien fait de mal.
Une fois de plus, le Chapelier eut l'air mal à l'aise, et Alice finit par se dire qu'en fin de compte, c'était un garçon comme les autres, avec un petit grain de folie en plus.
– Et bien, c'est assez long à expliquer mais pour résumer tout cela, je dirai simplement qu'ils sont sûrement à ma recherche. Et à la tienne.
Alice fronça les sourcils.
– Pourquoi seraient-ils à notre recherche ?
Le Chapelier sourit.
– Cela va être long, marchons un peu veux-tu ?
Et ils sortirent de la ruelle dans laquelle ils s'étaient réfugiés pour aller se mêler à la foule.
Ils marchèrent longtemps, en silence, et Alice s'étonna que la nuit ne fut toujours pas tombée.
Quand finalement, après être sortit de la ville de pêcheurs dans laquelle ils avaient fait escale, ils arrivèrent à la lisière d'une étrange forêt, Alice n'en crut pas ses yeux. Tout d'abord, la limite entre la forêt et la plaine qu'ils venaient de traverser était tellement nette que cela ne pouvait être naturel. Les arbres formaient comme un mur imposant avec en son centre, un espace enforme d'arche qui leur permettait d'entrer. Mais surtout, la couleur de tous ces arbres dont Alice n'arrivait à reconnaître la nature était vraiment étrange. Du rose, du vert pomme, du violet, du bleu, du rouge, et tellement d'autres couleurs. C'était la chose la plus magnifique qu'il n'ait jamais vu.
– Et bien qu'attends-tu ?
Sans s'en rendre compte, Alice s'était stoppé, les yeux écarquillés devant tant de beauté.
Il reprit ses esprits.
– Comment est-ce possible ? souffla t-il.
Et comme si le Chapelier avait parfaitement comprit ce qu'il voulait dire, il lui répondit tout simplement :
– Pourquoi les choses seraient-elles impossibles dans le Pays Des Merveilles ?
Décidément, il avait réponse à tout.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro