Média : via tumblr → Léandre
Musique de fond : Love in the dark, Adele
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Finalement, et contre toute attente, ma mère était d'accord pour me laisser aller chez Charlie, à la condition que je revienne avant l'heure fatidique de minuit. Merci maman, j'avais vraiment besoin, en plus d'être appelée Alice aux pays des merveilles, de gagner le statut de Cendrillon.

Je décidai d'y aller, mais avec Sam. Charlie éclata de rire quand je lui demandai la permission qu'il vienne.

« C'est parce que t'as peur de te jeter sur moi s'il est pas là pour t'en empêcher, pour empêcher les gars de la soirée de sauter sur toi, pour montrer qu'il est chasse gardée ou pour ne pas qu'il soit jaloux que tu veux qu'il vienne ?
- C'est toi qui es jaloux » j'insinuai avec un sourire taquin.

Je repris.

« Franchement, c'est surtout pour les deux dernières raisons que tu as énoncé. Parce que ton sex-appeal, non merci, puis le mien, n'en parlons même pas. Ah oui, et clairement, si une seule fille s'approche de Sam, elle va se prendre une gifle comme elle n'en aura jamais pris. Genre, même pas elle respire à côté de lui, quoi. »

Il me claqua le dos en se tordant de rire.

« Alice, sincèrement, j'en peux plus de toi. »

J'en profitai pour ajouter :
« D'ailleurs, j'espère qu'on attend pas de moi que je porte une robe, parce que c'est juste mort.
- Clairement Alice, t'es la seule fille sur la planète terre à détester autant les robes, je crois. T'inquiète, tant que tu viens pas en kilt, ça va.
- Hé, je suis pas un homme je te rappelle !
- Désolé, je voulais pas te vexer, ma p'tite Alice. Viens comme tu veux.
- Ah ouais donc je peux venir en maillot de bain ?
- Ce serait encore mieux. »

Charlie via pinterest → Ezra Miller

Il me lança un faux regard pervers.

« Ok, j'abandonne l'idée ! » je m'écriai.

« Dommage. De toute façon j'ai pas de piscine, donc ce serait un peu chaud pour se baigner. »

Il pencha sa tête, des mèches de jais retombant sur son front pâle, et je sentis un rire affleurer ses lèvres lorsqu'il me chuchota à l'oreille :
« Mais on peut tester la baignoire, si tu veux.
- Ça ira très bien comme ça, t'en fais pas.
- Dommage, encore une fois. Bon, sois là à l'heure, et oublie pas ton tchum, comme disent les québécois.
- T'inquiète. Qui est-ce qui vient, déjà ?
- Des potes du Lycée et d'autres que je connais d'ailleurs. 'Va y avoir plein de péripéties et tout, ça va être cool tu verras. C'est juste triste que tu restes pas dormir.
- J'aimerais bien te voir négocier avec ma mère, tiens ! Je suis sûre que t'es à peu près aussi convaincant que les profs lorsqu'ils tentent de nous convaincre de bosser pour le bac. » m'esclaffai-je.

Charlie fit les gros yeux, et m'adressa un beau doigt d'honneur.

« Allez, ciao, Alice au pays des merveilles. À demain.
- À demain, Charlie et la chocolaterie. »

Il rit pour la centième fois.

« Y'a un beau gosse dans nos deux mondes, t'as remarqué ?
- Un beau gosse ?
- Johnny Depp, Alice !
- Ah punaise, comment j'ai fait pour ne pas voir ça avant ? Je crains !
- Je confirme ! » pouffa-t-il.

Je lui lançai regard noir.

« Va te faire, très cher.
- Tu regretteras bien vite ce que tu viens de dire.
- Hum... pourquoi ?
- "Tout vient à point à qui sait attendre ", mon amie.
- J'ai peur, maintenant.
- T'as bien raison ! Quoique tu vas plutôt mourir de plaisir, tu sais.
- Finalement, je ne sais vraiment pas si je vais venir... Même sans dormir chez toi, j'ai peur qu'il m'arrive quelque chose.
- Mais non, Sam-Sam sera là pour te protéger, tu sais.
- Pas faux. Allez, au revoir, et mange pas trop de chocolat, sinon j'ai bien peur de ne pas pouvoir même entrevoir tes abdominaux inexistants.
- C'est hyper méchant. Tu vas souffrir, je te préviens.
- J'ai plus peur, en fait.
- Tant mieux, tu pourras mieux m'apprécier. Allez, à demain. D'ailleurs, dis à Sam que j'ai accepté de le faire rentrer dans ma soirée super sélect', j'ai un peu la flemme de le chercher de partout, là.
- No problem. À demain. »

***

Le lendemain, à la soirée de Charlie, un mal de crâne me prit tellement intensément que des larmes coulèrent sur mes joues. La musique et l'alcool ne faisant pas bon ménage en moi, je quittai le salon de Charlie, traversai la véranda et allai m'installer sur le seul banc de son minuscule jardin. Le soleil était en train de se coucher. Je fermai les yeux, fatiguée, appréciant la caresse d'une légère brise nocturne.

« Salut. »

Sa voix me fit l'effet d'une douche froide. Je me retournai lentement, tremblante. "Putain" était la seule chose qui me vint à l'esprit.

« Bonjour », je lâchai froidement.

Le soleil m'éblouit à ce moment précis, et il me fallut une poignée de secondes pour pouvoir regarder la totalité de son visage. Ses yeux vairons étaient encore plus beaux à la lumière du soleil, et sa peau métisse prenait une couleur mordorée.

« Alice, tu saurais où est passé Noah ?
- Nan.
- T'as l'air énervée.
- Pas du tout », grinçai-je.

Il sourit et quelque chose tressauta dans mon ventre, me remuant toute entière.

« Je te manque, hein ?
- Ça te ferait trop plaisir.
- Ça te ferait surtout trop mal de l'avouer », ronronna-t-il.

Je ricanai.Le son d'un vibreur nous permit d'échapper à un blanc gênant. Il sortit son téléphone de sa poche arrière et répondit à un message tandis que je regardais ailleurs, puis il leva les yeux vers moi.

« Heh bien, c'était un plaisir de te revoir, ma belle. »

Et juste pour me détruire un peu plus, il attrapa mon visage et m'embrassa. Mais je ne ressentais plus rien pour lui. Je ne voyais que Sam, derrière mes paupières fermées. J'ouvris les yeux, et j'allais le repousser, seulement... seulement quelque chose me figea. Et ce ne fut pas de quelconques regrets. Ce fut la douleur sur le visage de Sam qui venait de sortir. Et de voir Léandre poser ses lèvres sur les miennes.

Je finis par envisager de me faire appeler Alice aux pays des emmerdes.