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Chapitre 22 : "Ça progresse"

Média : via tumblr → Alice avec sa mère (Astrid Bergès-Frisbey)
Musique de fond : Alan Turing's Legacy, Alexandre Desplat (BO The Imitation Game)
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« Tu penseras à sortir un peu ?
— Je suis tout à fait capable de m'occuper de moi, merci beaucoup », maugréai-je avec fort mauvaise humeur.

Ma mère leva les yeux au ciel.

« Ça serait bien que tu fasses quelque chose de tes journées au lieu de rester enfermée tout le temps.
—  Sérieux maman, il va falloir un jour m'expliquer le délire des adultes de considérer que jouer au foot est "faire quelque chose" et que lire signifie "ne rien faire". J'embête personne ici, je fais pas de bruit, et je nourris ma culture. »

Ma mère capitula — elle releva simplement les yeux au ciel et marmonna qu'elle se demandait bien ce qu'elle avait pu faire pour avoir une fille qui tentait de l'achever à coup d'argumentation. Elle semblait avoir compris que j'étais un cas désespéré qui resterait toute sa vie aussi blanc qu'une feuille de papier, parce qu'elle sortit de ma chambre sans faire plus de commentaires.

Quand elle eût fermé la porte, je replongeai dans ma lecture. Les lettres, les mots, les phrases se confondaient devant mes yeux jusqu'à ce que je ne les voie plus qu'au travers des images qui se formaient directement dans ma tête. Le récit était tellement prenant que si ma mère n'était pas venue vers midi m'extirper de mon lit, j'en aurais oublié de manger.

Les mots ont ce quelque chose de magique qui nous fait échapper à notre quotidien, et il n'était pas rare que je passe des après-midi entières à dévorer toutes sortes de bouquins. J'avais la chance de lire vite, mais après m'être enfilé quelques livres d'au moins trois cents pages dans l'après-midi, l'aiguille de l'horloge tournait et mes soirées, voire mes nuits, étaient souvent occupées à finir ces livres que je ne pouvais lâcher.

On comprenait mieux les cernes qui ornaient le bas de mes yeux quand on savait que je ne respectais pas (du tout) le strict minimum d'heures de sommeil, surtout que j'étais une grosse dormeuse. Si j'avais pu dormir quatorze heures par jour, je l'aurais fait.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de lire. J'en avais besoin. J'avais tout autant besoin d'être seule avec moi-même, ce qui faisait que ma mère s'inquiétait souvent pour ma santé mentale.

Elle avait tendance à penser que j'étais légèrement asociale. Même si elle savait que j'avais beaucoup d'amis (visez le paradoxe). Tout ça parce que je lui avais dit une fois que non, je n'avais pas envie de voir de gens pendant les vacances, parce que de les voir pendant l'année scolaire était déjà largement suffisant.

***

Je lançai un regard courroucé à l'horloge qui trônait sur le mur gauche de la salle de classe, pressée que le cours prenne fin. Plus que quinze minutes. Allez, seulement trois fois cinq minutes, ce n'est rien, pensai-je, tentant de me rassurer.

Je jetai un coup d'œil furtif à mon carnet de correspondance que j'avais négligemment jeté sur le coin de ma table.
Je pus lire : «10h | Littérature anglaise».

Purée. Comment est-ce que j'allais supporter la présence de Sam à mes côtés sans être déchirée par l'envie de l'embrasser et celle de l'ignorer pour ne pas me faire plus de mal ?

Je me mordillai la lèvre, anxieuse. Je n'avais aucune chance avec lui. Je veux dire, même si ça n'avait pas été Sam, je ne faisais pas partie des belles filles dont tout le monde pouvait tomber amoureux. Je faisais certes partie d'un groupe relativement populaire, si tant est qu'on puisse en parler comme ça dans un pauvre Lycée français.

On n'était pas aux States et je ne faisais pas partie des cheerleaders. Encore heureux, d'ailleurs, parce que toutes les disciplines très misogynement attribuées aux femmes, telles que la danse ou la gym, relevaient de la torture pour moi. Je préférerais de loin le rugby — même si la lecture passait largement au-dessus. Et puis, je n'avais pas qu'eux comme amis, je m'entendais avec tout le monde en général ! J'étais Alice, la fille un peu intello mais cool. Pas belle.

Alice, vous savez, la fille aux valises sous les yeux, et un corps trop maigre avec si peu de formes qu'on aurait pu la confondre avec une planche à repasser.

***

Je m'assis en fermant les yeux de peur de les fixer sur mon voisin.

« Salut. »

Sam était froid, il m'en voulait toujours. Je le savais sans même le regarder.

« Hallo », dis-je en soupirant.

Je finis par rouvrir les yeux. Le cours passa lentement. J'alternais entre avoir les yeux scotchés sur ma feuille à prendre des notes et observer Sam du coin de l'œil. Il passait son temps à regarder par la fenêtre. Le ciel était bleu, les oiseaux de sortie. Tout comme sa mauvaise humeur.

La seule fois où il m'adressa la parole, c'était pour me demander si je pouvais lui prêter un stylo rouge. La petite voix dans ma tête lança avec ironie "ça progresse".

En fait, ça me surprit parce qu'il n'écrivait jamais. Il choisit un papier parmi la multitude de petits bouts qui peuplaient sa trousse, et commença à former des lettres capitales, dont je ne réussis à comprendre le sens, puisqu'elles étaient orientées à mon opposé.

Il mâchouilla mon stylo et je fronçai les sourcils. Ç'avait beau être de la bave Samienne, il m'arrivait aussi de le mastiquer, et je n'avais pas spécialement envie de faire un partage de salive.

Sam finit par apposer un point brutal à la fin de sa phrase. Puis il me fit passer le petit mot qui semblait dégouliner de sang, avec une expression insaisissable sur le visage, les yeux fixés sur le tableau blanc.

T'EN AS PAS MARRE DE ME REGARDER ? JE SAIS QUE JE SUIS BG, MERCI, MAIS JE CROYAIS QUE TU M'AIMAIS PAS.

Hum. Je me retrouvai totalement désemparée, bouche ouverte et joues rougissantes, devant un petit bout de papier. Qu'est-ce que qu'il voulait que je lui réponde ?

"Bien sûr, Sam. Je t'aime, et je te le dis parce que j'adore m'enfoncer en sachant très bien que c'est pas réciproque"

N'importe quoi.

N'importe quoi, vraiment.

Non mais, n'imp-

Quoique. Prise par un accès de colère et d'adrénaline, énervée par cette situation qui stagnait, j'écrivis exactement ce qui venait de me passer par la tête sur le verso du bout de papier qu'il m'avait glissé.

Je le lui tendis et je le regrettai dans la seconde. Pourquoi fallait-il que je fasse toujours des conneries avec les personnes qu'il ne fallait pas ?

Je fermai encore une fois les yeux. Je ne voulais pas voir sa réaction. La cloche sonna au moment parfait, et j'entendis sa chaise qui raclait lorsqu'il se leva. Mon coeur battait tellement fort dans ma poitrine que j'étais persuadée qu'il pouvait l'entendre.

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