Jolie Alexie

Une nouvelle lettre pour toi,

Celle qui est ma meilleure amie depuis aussi loin que je m'en souvienne, celle avec qui j'ai fait les quatre cent coups, celle que j'ai défendue et celle qui m'a toujours poussée à donner le plus possible dans chaque chose que je vis. Celle qui m'a fait tomber pour elle, celle qui aveugle à toutes choses qui ne l'intéressaient pas et celle qui a réussi à s'en foutre des autres. Celle qui m'a fait croire que tout est possible et qu'il suffit d'y croire...

Alors ce soir je tente et j'espère, j'y ai passé du temps, de l'espoir et d'innombrables brouillons avant ce final qui me semble si banal pour une personne telle que toi mais je devrai m'en contenter cette fois, je ne trouverai pas la perfection.

Tu m'as foudroyée, je t'ai longtemps observée et je t'ai approchée. Notre amitié a immédiatement pris une profonde et sublime valeur à mes yeux. Ta chevelure folle, parsemée d'or et de miel, aux courtes mèches douces qui caressent parfois la peau satinée de ta nuque, emprisonnant mon regard subjugué, puis ton regard flou, deux perles d'ambre couvertes d'un fin mais permanent voile neigeux, lui-même dissimulé par tes paupières closes suivies de tes gracieux cils blonds. Ces orbes de brume, vides et si expressives, obsessionnelles.

Tu ne m'as donc jamais vue, du moins d'une manière conventionnelle je veux dire... tant de fois tes doigts ont effleuré mon visage pâle tel un fil de soie et survolé les courbes de mon corps, tant de fois tu as humé mon parfum et celui des autres, tant de fois tu as demandé à nous écouter parler, à nous entendre discuter et à te parler pour que l'on te décrive absolument tout ce que l'on voyait, fascinée par les couleurs, la lumière et les ombres, à chacun sa façon de voir.

Moi, je vois, mais le plus souvent, uniquement avec mes pupilles d'orage, hantées d'une sombre clarté. Je regarde avec mon corps qui bouillonne de la magie des sentiments et je vis. Mon cœur pulse à vive allure de ma passion, il gambade follement et dérape brusquement, il va bientôt oser... Mon ventre se serre, il est soudainement envahit de milliers de papillons colorés qui répandent dans mes veines une chaleur grisante, addictive et langoureuse, ces insectes éphémères et puissants qui transportent mes affections. Ma tête est submergée par ces pensées, ces rêves et ces désirs fougueux, ils me tourmentent, m'embarquent et ne me lâchent puis me retournent le cerveau. Mes jambes flageolent et perdent leurs forces en un instant, mes mots se croisent et s'enchâssent sur ma langue et ne peuvent franchirent la barrière de mes lèvres dès que je t'aperçois ou t'entends. Des frissons de bonheur parcourent ma peau nacrée de long en large chaque fois que j'ouïe ta voix ou que tu me frôles. Ces sensations et sentiments me ravagent et me rendent meilleure que je ne le suis et que je ne le serai jamais.

Je suis tombée dans un puits d'amour dont je ne vois toujours pas le fond après toutes ces années, je m'y sens seule et je voudrais t'y entraîner à ma suite. Aujourd'hui, je n'ai que notre amitié et pourtant j'ose espérer pouvoir la garder ou mieux, obtenir ton amour aveugle.

Je t'admire, t'idéalise, te glorifie, t'apprécie... tu me plais, je suis folle de toi, je te désire puis je te veux toute entière, pour moi seule et à jamais. Je peux peut-être t'effrayer en écrivant cela mais je ne fais que coucher des émotions sur une feuille de papier.

Nous avons parlé de tout, sauf de ce sujet que tu évitais avec une habilité déconcertante, comme tu étais douée avec les mots et la langue, tu nous envoutais tous et moi en particulier...

Aujourd'hui, je saisis ma dernière chance, mon ultime espoir de t'avoir, je tente de te convaincre encore une fois de rester ici mais il est tard ce soir... prendras-tu le temps de lire ce feuillet qui sera déposé en haut de la pile de bagages que je t'aiderai à porter jusqu'à l'aéroport dès demain ? Avant que je ne m'envole à mon tour pour fuir, loin, à l'autre bout du monde. Si oui, alors je serai la femme la plus heureuse du monde et je resterai toujours à tes côtés, sinon, la solitude sera ma seule compagne, si un jour tu y penses, je t'attendrai.

Une drôle intrigue, notre intense amitié mutuelle, mon amour croissant et cette passion naissante chez moi... j'ai tout vécu à tes côtés et je veux encore en vivre plus avec toi, ensemble. A toi de décider si ce futur est possible puisque de mon côté, je sais que cette folie me restera à jamais.

Pour toujours,

Lihwen