Elle alla retrouver Alex et lui demanda :

« Ai-je bien compris ? Tu as dix ans mais seul ton corps te retient de le prouver ? »

À sa grande stupéfaction, elle le vit opiner de nouveau.

« Je vais faire un test, proposa-t-elle. Si tu me comprends, tu devras secouer ta tête en signe de négation. Comme ça, je saurai si tu sais vraiment de quoi je parle.

– Prêt ?

– Alors, je m'appelle Lili et j'ai un handicap qui me paralyse. »

Alex, attentif, fit "Non" de la tête à cette évocation. Quant à Lili, elle exultait. Elle venait de faire une incroyable découverte !

« Tu vas voir ! dit-elle. Je réussirai à faire en sorte que ce corps ne soit plus un boulet pour toi ! Je t'en fais la promesse ! »

Alex tapa dans ses mains, comme pour applaudir cette déclaration.

« Commençons par le commencement. Il faut que tu saches parler. Tu sais produire des sons ? Fais "A" ! »

Et Alex s'appliqua pour répondre à la consigne.

Lili passa en revue tout l'alphabet et vit qu'il n'avait aucun problème de prononciation. Le problème résidait ailleurs. Il ne savait pas comment assembler les sons pour former des mots ! Alors, patiente, elle commença à lui montrer le fonctionnement des lettres, des mots et des phrases. Et Alex, bon élève, l'écoutait attentivement. La journée passa en un éclair et quand la mère de Lili vint la récupérer, elle se promit de revenir le jour suivant, et ainsi de suite.

Les journées passaient, les progrès s'intensifiaient. Bientôt, Alex passa à la construction de phrases. Bientôt, il sut parler comme n'importe quel enfant, même s'il lui arrivait de buter sur certains mots. Puis Lili décida de lui apprendre à lire. Que d'informations à traiter en une seule journée ! Lui qui avait été à ne rien faire pendant dix longues années ! Le mois passa, et la lecture s'améliora. Les histoires pour bébés ne lui suffisaient plus ; il voulait plus ! Quand Lili jugea que son niveau en lecture était assez bon, elle lui apprit les verbes, leur conjugaison, leur temps, leur groupe et leurs terminaisons. Tout ça était un peu difficile au début, mais il s'y habitua.

« Lili ? demanda-t-il un jour.

– Oui, Alex ?

– Pourquoi tu ne veux pas mettre mes parents au courant ?

– Parce qu'il est encore trop tôt ! Je le ferai quand tu auras tout appris ! »

Alex décida alors d'apprendre à marcher.

« Apprends-moi à marcher, s'il te plaît Lili.

– Je ne pense pas pouvoir...

– Pourquoi ?

– Tu oublies mon fauteuil roulant... Je veux bien t'expliquer la théorie, par contre ! Et pour la pratique, il va falloir muscler tes jambes !

– Ça marche ! »

Bien vite, une réelle amitié s'installa entre Lili et Alex.

L'un était le ying, l'autre le yang. Ils s'équilibraient et se complétaient à merveille !