Chapitre 29 : Dépassé
Cameron
Huit heures se sont écoulées depuis que nous sommes rentrés de la mission suicide pour sauver Jack. Depuis que nous avons perdu Lana.
Huit heures durant laquelle j'ai alterné les phases de sommeil et de léthargie plus ou moins comateuses.
Je passe mon visage sous l'eau froide de la douche. Il n'y a pas dix minutes, je me suis réveillé en sueur. La température glaciale de l'eau achève de m'éclaircir l'esprit. Ce n'est pas normal. Je n'ai pas ce genre de réaction d'ordinaire. Je prends bien garde à ne pas mouiller ma hanche encore bandée. Je ne peux pas prendre le risque, même si les facteurs de remplacement ont sûrement fait effet. Je pense, sinon je ne serais plus de ce monde.
Je ferme l'eau et sors de la cabine sans mouvement brusque. Les vertiges font tourner le monde. J'appuie mes paumes sur le bord du lavabo, sans me sécher ni me couvrir, en inspirant profondément. Les maux de crâne ne devraient pas tarder à passer également, il faut juste que l'arpazo que j'ai ingéré en me levant fasse effet.
Je passe une main tremblante dans mes cheveux. Clémence avait raison. Je ne faisais que me leurrer. Quelque chose a changé. L'hémophilie a toujours été une maladie handicapante, mais avec les injections et le stock d'arpazos d'Alex que j'avais subtilisé à diverses personnes avant que le Conseil n'en interdise la vente, je tenais le coup. Cependant voilà plusieurs semaines que je ne contrôle plus rien et ça ne va pas en s'arrangeant. Je fais de plus en plus d'hémorragies spontanées, le moindre coup est dangereux, la moindre éraflure pisse la rage. J'ai plus souffert d'hémarthroses ces derniers temps que des années durant. Comme si la maladie avait pris en ampleur ce qui est normalement impossible.
Je secoue la tête et ferme les yeux alors que la migraine s'éloigne doucement. Je dois me concentrer. Réfléchir n'améliora pas ma santé. Je grince des dents. Nous devons récupérer Lana.
Mon corps jusque-là brûlant se mit à trembler. Je serre la mâchoire pour l'empêcher de claquer et m'empresse de me sécher pour me rhabiller. Dans le miroir, mon regard changeant me dévisage avec mépris. J'effleure ma joue, frappé par la pâleur de ma peau. Un cadavre ambulant. Bouge-toi, Cameron. J'enfile un sweat noir en polaire pour réchauffer ma peau capricieuse à présent glacée.
Personne n'a enfoncé ma porte alors j'imagine que Clémence a dû faire tampon auprès des autres. Je me demande quel mensonge elle a inventé. Rant' redresse la tête lorsque je sors de la salle de bain, la queue battant sa joie sur le parquet. Je le caresse d'une main et déverrouille ma porte de l'autre.
Je traverse le couloir à pas confiant et atteins la cuisine sans croiser personne. Je me fais chauffer de l'eau pour un thé quand une tasse apparait sur ma droite dans une claquement sonore.
— Thé aux épices avec du lait.
Clémence passe délicatement un main dans mon dos et du menton me désigne le salon. J'acquiesce en saisissant ma boisson encore chaude. Je frémis de confort lorsque la chaleur se diffuse dans mes mains engourdies par le froid. J'en savoure une gorgée et me dirige vers ma pièce. Dès mon entrée, je sens la tension et l'angoisse ambiante, qui me fait lever les yeux au ciel. Ca va, il n'y a pas mort d'hommes non plus.
Caleb, Maya, et Alex sont assis sur la grande table à manger. Leurs traits tendus m'indiquent que tout le monde ne s'est pas reposé depuis ce matin. Lyanna appuyée contre le mur m'offre un pâle sourire auquel je ne réponds pas. Mon regard vient se poser sur les trois mousquetaires assis sur le canapé. Yollan, Peter et Nahia. Sophia et Adeline ne sont pas présentes, mais ne sont pas celles qui m'inquiètent les plus. L'expression du Sentimental, ancien membre du Comité, se charge d'animosité.
— C'est pas trop tôt ! lâche-t-il en se levant d'un bond. On peut savoir...
Je ne lui réponds pas. Mes yeux viennent de découvrir deux autres silhouettes, adossés aux murs. Qu'est-ce qu'ils font là, putain...
— Je croyais vous avoir demandé de quitter la région ? demandé-je, la voix aussi froide que mes paumes.
— On devait savoir...
Nath sort de l'ombre et s'avance vers moi suivi de Gabriel. L'arrogance a déserté les traits du premier. Ses cheveux anciennement bleu électrique trop identifiables sont grossièrement devenus blonds grâce à une teinture mal faite, son visage est dépourvu de maquillage et il a troqué ses vêtements blancs pour un jean noir et un sweat gris adapté à une fuite. Seul son regard est toujours azur, mais il a perdu tout lueur de défiance et surtout son étincelle surnaturel. Il en est de même pour Gabriel qui affiche un air aussi perdu que son frère de vie.
Les Sentimentaux ne sont pas des Alementas accomplis. Ils ont les gènes d'Alementa mais développent des dons suite à une émotion ou à un besoin d'émotion fort. C'est pourquoi ils sont plus instables que les Simples ou les Doubles. Ils n'obéissent pas aux mêmes règles. Ils peuvent tous exploser de manière plus ou moins violentes. J'ai déjà vu un Sentimental de l'amour brisé littéralement des cœurs à cause d'une dispute violente avec un proche, celui du calme faire tomber une ville entière dans le coma en perdant pied. Ils sont tous aussi dangereux que nous. Mais là où il est facile de les neutraliser, c'est qu'il suffit de leur détruire ce qui suscite cette émotion, ou au contraire de combler le besoin de ce sentiment pour que leurs dons s'éteignent.
Le Sentimental de Jack, Nath, Gabriel et Camille est né de leur cohésion. Ils ont vécu des épreuves qu'aucun gamin de leur âge ne devrait vivre et ils s'en sont sortis grâce au soutien des uns des autres. Ils sont liés. Mais cette connexion s'est éteinte sur cette route en même temps que Camille. Ils ne sentent plus la présence les uns des autres, ne peuvent plus se localiser, se retrouver. Tout cela est terminé.
Et c'est bien pour ça que je voulais qu'ils quittent la région. Perdus, isolés pour la première fois de leur vie, je ne veux pas qu'ils tentent quelque chose de stupide. Je me masse l'arrête du nez. J'aurais dû me douter qu'ils n'en feraient qu'à leur tête. Comme si j'avais besoin de ça à l'heure actuelle.
— Jack n'était pas à Reims, lâché-je.
Nath recule comme si je lui avais mis une claque. Bien que ça ne soit pas l'envie qui manque pour qu'il cesse d'agir avec ses émotions, je me retiens et développe.
— Il n'y avait aucun Alementa là-bas. Il n'y a jamais eu aucun centre du FSG, aucune torture ou d'Alementas drogués à l'azalée jusqu'à ce que mort s'en suive. Ce n'est qu'une fable que le Conseil a monté de A à Z pour obliger les isolés à rejoindre les camps.
Nahia porte la main à sa bouche, sous le choc alors que Peter encaisse le coup en blêmissant. Les autres ne réagissent pas, je suppose que Caleb a du faire les mêmes déductions lorsqu'il nous a permis d'entrer et a mis les autres au parfum.
— Mais dans ce cas, Jack est... commence Gabriel, la voix étranglée par le mot qu'il ne peut prononcer.
— ... dans un camp, finis-je. Ils doivent avoir un arpazo de la téléportation.
— Les Anciens n'auraient pas cautionné ça !
Je tourne mon regard vers Yollan.
— Le dôme entourant les centres les a laissés passer lorsque j'ai donné mon accord, lui apprend Caleb. Comme l'aurait fait la barrière d'un camp.
— Les énergies sont toujours présentes ce qui signifie que leurs détenteurs sont encore en vie, affirme Lyanna. Elles entrent mais ne sortent pas du bâtiment. La seule solution est la téléportation. Et il a appelé Cameron, le Skaima. Seuls le Conseil et ceux des camps connaissent ce surnom. Ca fait quand même beaucoup de coïncidences.
— Et quelle meilleure solution que d'inventer une traque, un enfermement duquel personne ne revient pour pousser les Alementas dans les camps ? Et ceux qui décideraient de tout de même rester en ville ont une grande chance de se faire chopper par le FSG et donc d'atterrir dans les camps quand même.
— Ca n'a pas de sens ! s'entête Yollan.
Je me retiens de porter ma main à ma hanche qui me lance. Mon regard froid fixe l'expression du Sentimental. Pour quelqu'un en quête de vérité, je le trouve plutôt buté dans les mensonges.
— Si, ça a du sens. Ca en a même tellement que tu préfères t'enfermer dans tes convictions que d'ouvrir les yeux, réplique Nahia en se levant d'un bond. Ouvre les yeux enfin Yollan ! Pas d'avions, pas de nazis, personne ne nous poursuit ! Les Anciens nous ont menti sur toute la ligne ! Pourquoi pas sur ça également ? Tout ce qu'on nous a raconté ne visait qu'à nous enfermer dans les camps et à ce qu'on y reste sans se révolter ! Alors, oui, avouer qu'on avait tort fait mal, renoncer à ce qu'on connait est dur, mais si tu n'acceptes pas d'avancer, ça va finir par te tuer !
— Parce que tu crois qu'être avec lui est mieux ? s'insurge le Sentimental en reculant. Il a tué des centaines de personnes sans états d'âmes !
— Et combien sont morts dans les bombardements fictifs que les Anciens nous ont envoyé ? Combien de tombes innocentes dans le cimetière du camp ? Je n'oublie pas qui il est ni ce qu'il a fait. Je n'ai pas dit que je les suivrais jusqu'à ce que mort s'en suive, mais je veux juste avoir le choix !
Yollan la fusille du regard. Ses yeux vert sont devenus sombres et orageux. Je me redresse imperceptiblement, prêt à dégainer s'il tente quelque chose d'idiot. En attendant, cette mise au point est très divertissante. Le Sentimental cherche du soutien auprès de Peter qui secoue la tête, se rangeant du côté de sa meilleure amie.
— Tout ce que tu cherches, c'est à retrouver ton frère de toute façon, crache-t-il. Tu crois qu'ils vont pouvoir t'aider ? Ils ne sont déjà pas capable de protéger leurs propres alliés !
J'entends Lyanna glapir dans mon dos. J'ignore cette pique et attends de voir la suite. J'attendais cette étincelle, cette erreur qu'il finirait par faire. La colère et la haine peintes sur le visage d'Yollan se tourne alors vers moi. Je lui offre un haussement de sourcil moqueur.
— C'est ça de ne pas être honnête, me moqué-je. Ca finit toujours par se retourner contre vous.
— Parce que tu es honnête, toi ? Tu crois pouvoir cacher tout vos petits secrets éternellement ? Cette maladie qui te ronge et te rend bien plus fragile que tu veux le faire croire ? Tes vertiges, tes migraines ? Les pertes de contrôle dangereuses de Lyanna ? Ses dons que personne ne devrait avoir ? L'immunité de Lana face à nos dons et à l'azalée ? Même l'illusion de Maya ne m'a pas touchée la nuit dernière. Je vois à travers chaque mensonge, chaque omission de vérité.
Lyanna laisse échapper un hoquet de stupeur et je vois Caleb et Maya blêmir. J'esquisse quand à moi un sourire. Lance un hameçon et le poisson mord dedans. Yollan nous fixe avec un mélange de haine et d'arrogance. Sans voir l'expression de choc et de trahison se dessiner sur le visage des deux adolescents. Sans comprendre qu'il vient de se tirer une balle dans le pied.
— Vous faites moins les malins à prés...
Les yeux du Sentimental s'agrandissent d'un coup. Ses mots s'étouffent alors qu'il suffoque, cherchant de l'air. Derrière lui, Nahia serre les poings et il tombe à genoux. À pas lent, les larmes de rage ruisselant sur son visage, elle contourne la table basse pour s'accroupir face à celui qui semble avoir été son mentor.
— Tu savais donc ?
Yollan se griffe le coup, ouvrant et fermant la bouche. Son teint vire peu à peu au violet. Je mets mes mains dans les poches. De plus en plus divertissante, cette mise au point. Il n'y a pas plus blessant qu'une confiance piétinée. Nath et Gabriel observe le cadavre sans réagir. Le premier d'un l'air ennuyé et l'autre, une grimace de gène sur les lèvres. La jeune fille relâche un peu la pression sur les fluides et Yollan prend un courte inspiration hachée. Elle lui laisse quelques secondes pour reprendre son souffle. Je vais soupirer, déçu, quand le bruit d'un corps s'affaisse me fait relever les yeux. Le regard vide du Sentimental fixe à présent le plafond.
— Il n'a pas nié, murmure Nahia. Il n'a pas nié et son visage n'était même pas désolé.
Peter se lève, enjambe le cadavre frais et serre sa meilleure amie dans ses bras. Quant à moi, je fais la moue en fixant Yollan. Non seulement, ce n'est pas moi qui l'ait tué, mais en plus on me demande de m'occuper de son cadavre... C'est comme nettoyer les confettis d'une fête à laquelle on n'a pas été invité. Clémence choisit cet instant pour pénétrer dans le salon. Son regard se pose sur le cadavre. Elle fait aussitôt demi-tour sans demander son reste. J'ouvre la bouche pour demander aux deux gosses de ranger leur désordre, mais Caleb me coupe.
— On s'en occupe, Cameron.
J'acquiesce et lui tend les clés de la voiture garée dehors. Il sort déplacer le véhicule tandis que sa soeur s'approche du cadavre. Et d'un problème en moins. Maintenant, nous devons récupérer Lana. Je me tourne vers Lyanna et Alex et d'un signe leur indique la chambre. Il acquiesce sans un mot. Je m'avance vers l'ouverture donnant sur la cuisine et trouve Clémence, une tasse de café à la main.
— Tu peux surveiller que les deux gosses ne font pas de conneries s'il te plait ?
— Pas de conneries du genre casser quelques choses ou pas de conneries du genre tuer quelqu'un ? ironise-t-elle, les yeux fermés.
— Pas de conneries tout court. Mais de toute manière, je pense que ce qui vient de se passer va les calmer pendant un moment. S'il y a un problème, je suis à côté, tu n'as qu'à crier.
Rant apparait alors à mes jambes et se couche à l'entrée du salon. Je le remercie d'un regard. Me voilà déjà plus rassuré, Nahia et Peter ne devraient pas se barrer. Je fais également signe à Nath et Gabriel de bouger dans la chambre. Sur le chemin, je croise Adeline et Sophia qui reviennent de l'extérieur plusieurs sacs de courses à la main. Elles me fixent avec un mélange d'angoisse et d'incompréhension. Je les dépasse sans rien dire. Nahia et Peter leur expliqueront.
Je gagne ma chambre et ferme la porte derrière moi. Alex s'est assis sur le lit avec Lyanna et Nath et Gabriel se sont calés contre un mur. Je saisis une chaise de bureau et me pose à califourchon, face au dossier.
— Ils nous ont fait le topo, commence Gabriel, en désignant les deux Alementas. Tu comptes récupérer Lana, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête sans hésiter. Et démonter le système des camps par la même occasion.
— Face au FSG, elle aurait pu s'en sortir seule. Mais dans un camp, c'est impossible.
— Tu crois qu'ils vont la garder en vie ? demande sombrement Nath. C'est une Double, au courant de leurs magouilles, insensible à l'azalée et de ce que j'ai pu entendre, aux dons des autres. Ils ne peuvent rien contrôler, je ne vois pas pourquoi ils la laisseraient vivre.
— Elle a modifié son apparence avant de pénétrer dans le centre. Avec un peu de chance, personne ne sentira l'arpazo de Caleb sous son énergie à elle. Cela cache la marque des Doubles dans ses yeux. Maintenant, nous allons surveiller les traces de son énergie dans la maison. Lyanna, tu redescends en bas, on ne va pas polluer le deuxième étage de plus d'énergies pour pouvoir garder un œil sur la sienne. Si elle s'éteint, on saura à quoi s'en tenir.
La blonde se mord la lèvre et acquiesce timidement. Alex lui serre la main.
— Elle va s'en sortir, murmure-t-il. Elle est puissante et débrouillarde.
Je me retiens de dire que ça ne suffira pas forcément. Pour le moment, elle est toujours en vie.
— Mais elle connait tout de nous... soupire Gabriel, en passant machinalement la main sur la cicatrice de brûlure que Lana lui a laissé. Elle ne risque pas de...
— Elle ne dira rien, le coupé-je. Et les dons des autres ne fonctionnent pas sur elle, alors pas de soucis à se faire de ce côté-là.
Gabriel lève les mains en signe de capitulation. Je sors un paquet de cigarette et l'observe un instant avant de renoncer.
— Il faut qu'on sache dans quel camp ils ont pu être envoyés, poursuivis-je.
— On a une chance sur trois, lâche Nath en sortant les mains de ses poches pour les réchauffer contre le radiateur. Le Méridional, l'Occidental ou l'Orientale.
— Statistiquement, il y a plus de chance qu'elle soit dans l'Oriental. Nous sommes dans l'est, ça serait logique que les centres du FSG rebascule vers ce camp.
Certes. Mais je n'y crois pas.
— Je ne pense pas pour Lana. C'est trop près d'ici et ils savent qu'elle est avec moi. Ils me craignent assez pour ne pas la placer si proche. Alors soit elle est au Mériodional, le camp le plus loin d'ici, soit elle est dans l'Occidental, le plus militarisé et ils nous y attendent de pieds fermes. Par contre, oui, je pense que Jack est dans l'Oriental s'il est toujours en vie.
Nath serre les poings alors que Gabriel baisse la tête, mais aucun ne rétorque. Ils savent que j'ai raison.
— Donc nous, on a une chance sur deux, résume Alex.
Je hoche la tête. Lyanna soupire et passe les mains sur son visage qui parait d'un coup avoir pris dix ans.
— Et Jack ? On le laisse où il est ? s'agace Nath. Je te rappelle que c'est à cause de toi qu'il...
Je le fusille de mon regard devenu noir comme une nuit sans lune.
— Je sais. Mais s'il est toujours vivant au bout d'une semaine, je ne pense pas qu'il soit le plus urgent. Même si les Anciens ont deviné qu'il était avec nous, ils le considèreront comme un otage assez important pour s'en servir. De plus, il est devenu humain comme vous.
— Mais justement ! explose celui qui a décidé de m'emmerder. Il ne leur est d'aucune utilité ! Rien ne les empêche de le supprimer !
— Nath, les Anciens ne tuent pas délibérément les Alementas et encore moins les humains. Ils préfèrent les avoir sous leur joug pour les premiers et se foutent des seconds. Je suis presque sûr que Jack a eu la mémoire effacé et au pire, vit dans un camp, au mieux, a été relâché dans la nature. Stratégiquement, le tuer n'a aucun sens.
J'articule ça calmement comme si j'expliquais à un enfant l'énormité de la connerie qu'il vient de dire ou faire.
— Ils ont dû deviner que nous venions le chercher, ajoute Alex. Ils ont encore moins de raisons de le tuer à présent et je suis certain qu'ils auront placé Lana dans un camp différent de lui pour nous obliger à diviser nos forces.
Je hoche la tête. Je ne suis pas souvent d'accord avec lui, mais merci, Alex.
— Nous ne sommes pas assez pour mener une attaque sur deux fronts, lâche Lyanna. On ne doit pas se séparer. En plus, nous n'avons qu'un seul membre du Comité pour nous ouvrir les camps.
Lyanna aussi peut désactiver une Illumarque, elle l'a déjà fait. Mais je m'abstiens de fournir cette information. C'est un fait, nous ne sommes pas assez nombreux dans tous les cas. Même si nous nous débrouillons bien en stratégie et en combat, nous ne pouvons pas prétendre à attaquer un camp. Nous avons de la chance avec le Septentrional, ils étaient désorganisés et en position de faiblesse. De plus si elle est dans l'Occidental, toute une armée nous y attend de pied ferme. Je serre les dents. Je suis certain qu'elle est là-bas. Mais il me faut la preuve concrète. Cependant, si j'ai raison, il y a une bonne et deux mauvaises nouvelles. La bonne, c'est que je connais ce camp comme ma poche puisque j'y ai grandi. Les mauvaises sont qu'on m'y connait très bien également et que je sais à quel point il est spécialisé en combat. Pas imprenable car rien n'est imprenable. Mais on n'y va pas sans un excellent plan. Et sans des renforts.
— Je crois qu'il est temps que je recontacte de vieux amis.
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