Chapitre 28 : Introduite
Lanaya
— Bon allez ! s'exclame Juliette en se levant d'un bond. Fixer la mer ne fera pas arriver les Ricains plus vite alors autant s'occuper ! Hale est parti à son entraînement mais Christ' et Eva devrait être sortie de leur cours de maitrise ! Tu vas voir, elles sont trop sympas et...
Le moulin à parole est reparti... Je me relève doucement, observe une dernière fois l'immensité bleu marine avant de suivre la blonde qui a déjà tourné les talons sans cesser de débiter une tonne d'anecdotes à la seconde. Nous refaisons le chemin en sens inverse. Je ponctue ses phrases de quelques hochements de tête et de ok ou eh beh bien placés sans réellement écouter.
Nous arrivons au village où l'animation a gagné en intensité. Les gens se baladent, discutent, rient. Des étals sont sortis et les rayons du soleil pâle caressent les denrées exposées. Mes yeux se posent sur tout ce qui m'entourent enregistrant les détails les plus marquants. Les bâtiments sont bien moins délabrés qu'au Septentrional et l'air privilégie l'iode à la poussière, ce qui est bien plus agréable. La tenue des gens semble moins marquée par le temps également, pour un peu, on se croirait dans un village de campagne moderne, comparable à ceux des Alpes ou du Jura. Mais il y a quand même cette ambiance, cette impression d'être hors du temps qui m'enveloppe. Déjà, il n'y a aucune trace de voitures, ni de quelconques véhicules. En même temps, si comme l'a précisé Juliette, ils ne quittent jamais le camp, cela n'a rien d'étonnant. Et la différence flagrante est que personne n'est plongé sur son téléphone, ne marche dans la rue, écouteurs ou casque sur les oreilles. La technologie semble également bloquée en 1940. Compréhensible également. Difficile de maintenir une telle uchronie si l'informatique, internet et les réseaux venaient s'ajouter à l'équation.
Alors que je suis Juliette, je remarque les regards qui se tournent sur mon passage. J'imaginais y lire de l'animosité, de la peur mais seule la curiosité voire même la compassion sont peintes sur les visages. Je choisis de les ignorer pour me concentrer sur mon observation. Je ne vois toujours aucun militaire.
— Juliette ? Tu as dit que vous étiez le camp avec la plus grande armée, mais je ne vois personne...
La blonde éclate de rire sans s'arrêter.
— C'est normal !
Je fronce les sourcils, attendant qu'elle détaille. Elle me lance une oeillade amusée avant de désigner le sol.
— Ils sont en dessous.
— En dessous ? répété-je.
— On ne te l'a pas expliqué non plus ?
— De quoi ?
Je me force à conserver une voix aimable, mais l'agacement y transparait tout de même. Cette conversation à rallonge commence à me taper sur les nerfs. Juliette est très douée pour donner des détails inutiles mais lorsqu'il s'agit de fournir des précisions utiles, il faut quasiment lui tirer les vers du nez.
— Le camp n'a pas été construit sur une falaise sans raison. Sous nos pieds s'étend un gigantesque réseau de galeries plus ou moins profondes avec des crevasses pour voir la mer. Elles servent de buncker en cas de raid aérien et en temps normal, de QG aux militaires. Pour ce qui est entraînements, ils squattent la plage, on peut les voir du haut de la falaise à certains endroits. On ira si tu veux, c'est impressionnant à observer !
— Comment entre-t-on dans cette armée ? demandé-je en prenant l'air le plus détaché possible.
— Il faut passer des tests quand on est jeune. Si on a la santé, la volonté et surtout la maitrise parfaite de son don quand on en a un, on peut l'intégrer et commencer les entraînements.
— Tout le monde peut donc se soumettre aux tests ? Ou il y a un âge limite ?
— Pas avant 10 ans et pas après 18 car tu es censé d'être spécialisée à ce moment-là, répond Juliette avant de se tourner vers moi. Pourquoi tu serais intéressée ?
Je hausse les épaules, feignant la nonchalance. Evidemment que je serais intéressée. Quitte à être bloquée ici autant en apprendre le plus possible sur le système.
— Laisse tomber, ils prennent rarement de filles...
Je me crispe. Pardon ?
— Et pourquoi ?
Juliette mime une moue dubitative.
— Parce que selon eux, nous n'avons pas le corps fait pour ça.
J'arque un sourcil. Qui a décrété ça exactement ? Je crois que ce monsieur a besoin qu'on lui remette les idées en place et je me porte volontiers volontaire.
— Ne te fâche pas, je ne pense pas que ça soit une pensée vraiment sexiste, ajoute Juliette, qui semble remarquer mon énervement montant. Ils n'ont pas spécialement torts, ce n'est pas pour rien que les Amazones se coupaient un sein pour pouvoir tirer à l'arc.
Je m'aimerais me garder de répliquer mais ma langue n'écoute pas les ordres de mon cerveau.
— Ca ne veut rien dire. Il y a des myriades de manières de se battre. Même les unijambistes réussissent à trouver des parades alors je ne vois pas pourquoi avec une paire de sein et un vagin, nous ne pourrions pas faire de même.
Juliette hausse de nouveau les épaules. Elle doit sentir le terrain miner car elle ne rétorque pas, préférant changer de sujet.
— Et de toute façon, je ne vois pas qui normalement constitué voudrait affronter les foudres de Zayne tous les jours de son existence.
— Zayne ?
— C'est le commandant en charge des armées. Si tu le vois, tu le reconnaîtras tout de suite, crois-moi. Il est assez grand, la trentaine, les cheveux noirs en épis et des yeux d'un gris métal glaçant. Il contrôle le fer. Ses mots sont presque plus craints que ses lames... Mais c'est un excellent professeur.
Ca me rappelle quelqu'un tient...
— Si tu peux l'éviter, franchement fais-le. Et ne lui répète pas ton laïus sur les femmes si tu ne veux pas te le mettre à dos... Et franchement, je te garantis que tu n'as pas envie de ne te le mettre à dos.
C'est donc à lui que l'on doit le discours sur le corps de la femme. J'ai hâte de rencontrer le personnage... Je sens que l'on va bien s'entendre tous les deux... Alors que j'imagine déjà comment lui prouver qu'une fille peut se battre aussi bien qu'un mec, un cri strident me tire de mes pensées. Je claque l'air de mes poignets pour faire glisser mes lames incurvées dans mes paumes. Puis je me rappelle leur absence.
— JULIEEEEEEETTE !
Mes muscles se relâchent quand deux filles s'arrêtent devant nous. Je me retiens de soupirer. Il n'y a pas à crier comme s'il y avait un mort juste pour interpeller une amie. Je détaille les deux hurleuses d'un œil froid. Des jumelles. Une énergie connectée. Des Sentimentales. Je ferme les yeux et me force à me composer une expression aimable. Une des deux tourne un visage radieux vers moi.
— Tiens la Belle aux Bois Dormants s'est réveillée ?
— Il semblerait ! souris-je.
L'une après l'autre, elles se jettent sur moi pour me claquer la bise. Mon corps se crispe. Ah le contact physique des inconnus... Un plaisir.
— Lille, me présenté-je dans un sourire poli.
— Christine, mais tout le monde m'appelle Christ' !
— Et moi, c'est Eva !
Je plisse les yeux à la recherche d'un détail pour les différencier. Mes yeux se posent sur la petite cicatrice sous le lobe d'oreille de Christine. Bingo. Déjà on ne m'aura pas là-dessus.
— Tu es capable de quoi ?
— Je... sens la mort, lâché-je après un instant d'hésitation.
— Oh c'est marrant que tes yeux soient si gris avec un tel Alementa ! s'amuse Eva.
Eh merde, j'avais oublié ce détail... Tu me diras, mieux vaut qu'elle les voit gris que mauves.
— Ils sont couleur fumée, comme la flamme qu'on éteint, la vie qui part en fumée.
C'est la pire explication au monde, se moque une voix ressemblant étrangement à celle de Cameron dans ma tête. Oh la ferme ! Je cligne plusieurs fois des yeux pour me reconcentrer. Pas le moment de devenir schizophrène.
— Et vous ?
— Nous sommes les Sentimentales de la Complicité.
J'arque un sourcil.
— Et concrètement ?
— Nous sommes... commence Christine.
— entièrement connectée
— Nous pensons
— les mêmes choses, ressentons
— les mêmes émotions, c'est trop
— cool, finit Eva.
Je hoche la tête. J'aurais dit flippant, personnellement, mais j'imagine que c'est une manière de voir les choses.
— Hale nous rejoint au QG, ce soir ! Il n'est pas de ronde, annonce Eva.
— Baisse d'un ton... la réprimande aussitôt Juliette en faisant les gros yeux.
— Oh ça va, personne ne nous écoute... Rendez-vous là-bas vers vingt heure ?
Juliette semble hésiter. Son regard passe de moi à ses amies. Je me garde bien de me prononcer et fais mine de m'intéresser à la toiture du toit d'en face. Je me demande quelle marque de brique, c'est...
— Va pour ce soir !
— Génial ! On reprend dans dix minutes, vous venez en cours ?
— Je raccompagne Lille chez les Dulieux, l'infirmière m'a dit qu'elle passerait la voir vers 16 heures. Je n'étais pas sensée la faire sortir de base...
Je fronce les sourcils. Elle ne s'en est pas vantée de ça...
— Vous allez vous faire tuer... pouffe Eva.
Vous ? Comment ça vous ? Je n'ai rien fait moi ! On m'a littéralement kidnappée ! J'ouvre la bouche pour marquer mon désaccord mais Juliette ne m'en donne pas le temps et me tire par la manche. Je ravale mes mots acerbes et m'active derrière elle.
Une dame nous attend devant la porte avec un couple d'une quarantaine d'années. Son visage marqué par le temps est tendu et ses yeux se plissent lorsqu'elle nous voit arriver en courant.
— Eh merde... jure Juliette à voix basse. Prends un air désolé...
Nous ralentissons le pas et du coin de l'œil, je vois Juliette feindre une expression penaude.
— Juliette Marcoski ! Rappelle-moi ce que je t'avais dit ?
— De ne pas la faire sortir mais Anna...
— C'est ma faute, je les interromps en les fixant droit dans les yeux. Je voulais voir où j'étais, j'ai obligé Juliette à me laisser sortir.
— Eh on peut savoir comment ?
J'esquisse un sourire de loup.
— Vous ne voulez pas savoir, croyez-moi. Mais ne la blâmez pas, elle n'a pas eu le choix.
La fameuse Anna nous observe à tour de rôle, comme dubitative. Puis elle soupire et m'indique la porte d'un geste sévère. Je me retiens de lui signaler que je ne suis pas un chien et que je ne fais pas couche-couche panier parce qu'elle le demande. Je fais un pas puis... Et puis merde.
— Vous pouvez vous exprimer vous savez, je suis amnésique, mais pas encore sourde, rétorqué-je, la voix glaciale.
L'infirmière écarquille les yeux face à mon insolence. Je la fixe sans sourciller. Du coin de l'œil, je vois la femme cacher son sourire derrière sa main. Juliette étant derrière moi, je ne peux voir son expression, mais je l'entends tousser de manière gracieuse et discrète comme si elle cherchait à dissimuler un rire grandissant. La tête haute, je passe devant la femme. Sur mon passage, elle m'attrape le bras pour m'obliger à me retourner.
— Vous avez deux secondes pour ôter votre main avant que ça ne dégénère, lâché-je, en fixant ses doigts longs et fins marqués par le temps.
Et l'infirmière doit sentir que je ne plaisante en rien car la tension sur mon biceps disparait et elle marque même un mouvement de recul. Je rentre dans la maison et retrouve sans mal le chemin de la chambre où je me suis réveillée. Je m'assois sur le lit et quelques secondes plus tard, elle pénètre dans la pièce. Son matériel est déjà déballé, prêt à l'utilisation. Je fixe une seconde les scalpels alignés par taille avant de revenir à la femme qui sans un mot, sort un stéthoscope, de quoi mesurer ma pression artérielle et le reste du matériel médical.
— Comment tu te sens ? demande-t-elle d'une voix neutre.
— Bien.
Pour quelqu'un qui a perdu la mémoire, me retiens-je de rétorquer. Je la laisse prendre mon pouls à mon poignet et écouter avec attention mon cœur de son stéthoscope. Je frissonne lorsque le métal froid se pose sur ma peau nue.
— De quoi te souviens-tu ?
Je me crispe. Me voici de retour sur le fil du funambule. Pas trop en dire pour qu'on ne tente plus de tripoter mes souvenirs mais lâcher assez de vérité pour ne pas jouer dans le noir complet et limiter les bourdes.
— Peu de choses... J'ai des images de mes parents... Et surtout d'un bombardement... Ma voix s'étrangle. C'est le seul souvenir clair que j'ai hormis quelques scènes du quotidien avec ma famille...
Je ferme les yeux, faisant mine de retenir mes larmes. Sans rien ajouter, elle me colle une lumière dans chaque yeux puis observe avec attention ma bouche.
— Pas de douleur particulière ? De mal de crâne ?
Je secoue la tête.
— Et ton don ?
Lequel ? la nargue une voix moqueuse. Je ravale mon sarcasme mal placé et lève la main devant moi. Mes lionnes répondent d'un grognement guttural. Elles n'aiment pas non plus cette infirmière. Cette constatation m'arrache un petit sourire. Je hausse les épaules.
— Pas de perte de contrôle.
La femme hoche la tête et note quelques mots en vrac sur sa feuille. Je me tords le cou pour lire discrètement mais ne réussit qu'à distinguer de vagues lignes dignes d'une écriture de médecin.
— Merci pour tout, lâché-je, bon-gré, malgré.
Elle semble surprise mais hoche la tête et replie son matériel de torture. Je veux lui demander où sont passés les armes que j'avais mais je m'abstiens. J'imagine que ça serait une demande bien précise pour qui vient d'affirmer ne pas avoir de souvenirs précis.
— Savez-vous... ce que je vais devenir ici ?
— Tu aurais la réponse à ta question si tu n'étais pas partie de balader ! réplique une voix féminine amusée.
Je tourne aussitôt mon attention vers l'entrée et rencontre deux yeux remplis de pépites d'or. La femme qui m'a interceptée durant ma fuite et celle que j'ai trouvée à mon réveil vient de rentrer dans la pièce à son tour. Son Sentimentale envahit aussitôt l'air et mes muscles se détendent d'eux-mêmes. Je serre les dents, me forçant à accepter son énergie pour ne pas attirer l'attention. L'infirmière la salue d'un signe de tête que je note crispé avant de lever l'ancre.
— Je peux ? demande-t-elle en désignant de son ongle verni le bout du lit.
J'acquiesce au ralenti et rabats mes jambes en tailleur pour lui laisser la place. Elle s'installe sans brusquerie comme si elle n'osait pas m'approcher. Parfait, je me suis déjà taillée une bonne réputation...
— Alors comme ça, tu menaces tes futurs camarades ?
Le sourire qui transparait dans sa voix m'arrache un rictus également. Je me suis plutôt faite enlevée mais il faut croire que cette version arrange aussi bien Juliette que moi-même alors...
— J'avais besoin de savoir où j'étais...
Je baisse la tête, mimant comme un harassement et une soudaine faiblesse.
— Tu es en sécurité, Lille. C'est tout ce qui compte, ajoute-t-elle doucement en avançant sa main vers la mienne.
Je lui offre un nouveau petit sourire que je veux tremblant, mais qui doit davantage ressembler à une grimace. On ne m'offrira pas la palme de la meilleure comédienne, mais faite que ça fasse l'affaire.
— Que vais-je devenir ici ? murmuré-je.
— D'ordinaire, les enfants se spécialisent dès leur plus jeune âge. Pour les nouveaux venus, on les laisse se diriger vers ce qui leur plait le plus et on avise de la formation dont ils ont besoin.
— C'est fréquent les nouveaux venus ?
Son expression s'assombrit.
— Pas autant qu'on le voudrait... Juliette a du t'expliquer la situation ? (Je hoche la tête) Peu de personnes ont le courage à présent de se dresser contre l'occupant. Les générations actuelles n'ont même plus de passé à comparer, cette France à genoux est tout ce qu'ils ont connu, voire parfois tout ce que leurs parents ont connu. La liberté a disparu il y a bien longtemps, et à présent son souvenir est en train de s'éteindre également.
Joli speech. Qui correspond étrangement bien à leurs actions. Les Anciens formatent le passé des gens et fomentent leur futur. Un futur où la liberté s'arrête à l'Illumarque. La femme secoue la tête et reprend d'un ton plus enjoué.
— Je suis membre du Comité de ce camp. Je représente les Sentimentaux. Et je suis également en quelque sorte la psy de tout le monde ici. Alors si tu as besoin, surtout n'hésite pas à venir me parler. Surtout si quelque chose te revient... J'ignore ce que tu as vécu par le passé, mais il ne vaut mieux pas que tu affrontes ces réminiscences seule.
Ben voyons... Quel altruisme. Je hoche la tête.
— Vous... vous pensez que ça va me revenir ?
— J'en suis sûre. Tu es une battante.
— Merci... Pour tout.
— C'est normal, m'assure-t-elle. Pour en revenir à ta future fonction, il existe diverses branches possibles. La nourriture nous est amenée tous les mois par des contacts extérieurs, mais nous faisons également pas mal de choses nous-même pour ne dépendre qu'un minimum de la ville. Tu peux nous aider à ça si tu te sens la main verte ou d'humeur commerçante. L'argent a cessé d'exister entre nous, mais il faut aimer le contact humain car les gens aiment toujours jacasser ! rit-elle de bon cœur, puis voyant que je ne la suis pas, reprend son énumération. Les écouteurs sont ceux qui se relaient sur la radio pour écouter les nouvelles du monde et à la recherche de message caché de la Résistance. Ca parait assez chiant, mais c'est fondamental. Si tu n'as pas peur du sang, tu peux aussi te former auprès du personnel médical, nous recherchons pas mal de ce côté-là.
J'ouvre la bouche pour demander l'armée, mais m'abstiens. Juliette m'avait l'air honnête, je ne pourrais pas y rentrer avec un simple s'il vous plaît. J'imagine que je pourrais forcer les portes, mais je préfère qu'on m'invite à y entrer. On se méfie moins que quelqu'un qu'on introduit soi-même. Mais honnêtement, je ne me voyais aller nul part d'autre. Je n'avais certainement pas envie d'entendre les gens me raconter leurs anecdotes sur ce merveilleux refuge, leur bonheur ou malheur ridicules dans ce passé tronqué. Ecouter une radio qui le sera tout autant à attendre un message codé qui n'arrivera jamais me tente encore moins.
— Je n'ai pas peur du sang, déclaré-je simplement.
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