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Chapitre 23 : Mélancolique

Lanaya

— Tu crois qu'il sera là ? dit Angel pour la vingtième fois depuis qu'elle est montée dans la voiture.

Je manque de me cogner la tête sur le volant. Seulement, j'estime que nous foutre dans le décor n'est pas une solution assez radicale pour la faire taire, alors je me retiens et cingle, le regard noir :

— Pour la vingt et unième fois, Angel, je n'en sais fichtrement rien et je n'en ai rien à foutre. Maintenant, si tu l'ouvres encore une fois pour me poser cette question, je te jure que je te dépose ici et que tu finis à pieds.

Suis-je vraiment honnête ? Je l'ignore. J'ai encore du mal à cerner ce que je ressens vis à vis de ce gars. Je ne l'ai vu qu'une fois après tout. Et pourtant, à cause des élucubrations de ma pire meilleure amie, une partie de moi n'a eu de cesse de chercher ses beaux yeux orageux dans les couloirs du lycée cette semaine. Même moi, je me donne envie de soupirer tellement mon comportement m'agace.

— T'es pas drôle... bougonne-t-elle sans pour autant insister.

J'esquisse un sourire devant sa mine boudeuse. L'avantage d'avoir une amie de 18 ans, c'est qu'elle vous emmène partout. Du moins, tant que vous n'oubliez pas que c'est sa bagnole et donc que c'est elle qui conduit.

— Mais du coup, pourquoi tu t'es habillée comme ça si ce n'est pas pour lui ?

Je vais l'étriper... Je retiens un soupir. Le silence n'aura pas été long, je me disais aussi, c'était trop beau pour être vrai. Concentrée sur ma route, je réponds sans la regarder.

— Est-ce que tu m'as déjà vue en jean à une fête ?

— Non...

— Eh bien voilà.

Angel se renfrogne dans son siège, songeuse. Son expression est partagée entre son envie de bouder et sa curiosité. Je savoure ce nouvel instant de calme qui ne durera de toute manière pas.

— Quand même, tu penses pas qu'il sera là ? Il ne peut pas louper une soirée pareille... Si ça se trouve, vous allez vous tomber dans les bras l'un de l'autre et...

— Angel... sifflé-je, menaçante.

Qu'elle ne vienne pas dire que je ne l'avais pas prévenue. C'est comme le serpent à sonnettes, si tu continues d'avancer alors qu'il te demande d'aller cordialement te faire foutre avec son regard de la mort-qui-tue... C'est à tes risques et périls.

— Ok, ok, ok... Je me tais, promis.

Ben voyons... C'est pas à trois centimètres des crochets du serpent qu'il faut s'arrêter. Deux minutes plus tard, je me gare devant une pharmacie. Je coupe le moteur et commence à farfouiller dans mon sac.

— Pourquoi on s'arrête ? Tu veux acheter des capotes ?

— Non, du doliprane, je réponds en lui tendant un billet de dix euros.

— Y en a pas chez Enzo ?

—J'en sais rien, mais d'expérience, je peux te dire qu'il n'y en a jamais de trop le lendemain.

J'appuie sur un bouton et déverrouille la portière passagère pour lui permettre de quitter l'habitacle. La blonde aux yeux bleu glacé me lance un regard méfiant. Mieux vaut tard que jamais pour se rendre compte que le serpent peut éventuellement mordre.

— Tu ne vas pas partir sans moi quand même ?

— C'est toi qui as l'adresse, je te rappelle. Alors comme je ne compte pas aller faire une balade dans la ville, j'ai plutôt intérêt à t'attendre.

Elle plisse une dernière fois les yeux, l'air de dire « Si tu te casses, je peux t'assurer que tu m'entendras » puis se détourne pour entrer dans la pharmacie.

Je sors alors mon téléphone et retrouve la conversation avec Madelaine qui m'a envoyé l'adresse dans la semaine. Je la rentre dans le GPS. Dix minutes à pieds, cinq en voiture. J'hausse les épaules. Ça lui fera les pieds, sans mauvais jeu de mots. Puis sans une once d'hésitation, je démarre et me tire. Comme il fallait s'y attendre, je ne tarde pas à recevoir un message de ma pire meilleure amie contenant une bordée de mots doux et poétiques. Pas faute de l'avoir prévenue pourtant. Le serpent a mordu. La proie est paralysée.

Quelques minutes plus tard, j'arrive devant une vaste propriété, éclairée de mille et une lumières multicolores. La musique me parvient et, sans pouvoir m'en empêcher, je souris. C'est plus fort que moi, j'adore les fêtes. L'ambiance, les sourires tantôt sincères tantôt alcooliques, les cris, les rires. Et l'odeur de sueur, de vomi et de personnes mortes depuis vingt heures, mais ça, c'est une autre histoire.

Je m'appuie contre la voiture et attends Angel qui ne devrait pas tarder à arriver. J'ai compté les jours toute la semaine et rien ne peut, aujourd'hui, me faire désenchanter. Après un mois de voyage pour son boulot, mon père rentrait ce soir. J'ai tellement hâte de le revoir. Il m'a laissé un mois avec ma mère et un mois, seule avec elle, c'est très, très, très long...

— Tu mériterais que je te laisse te débrouiller la prochaine fois que tu as besoin d'argent lorsqu'on va en ville.

— Quelle terrible menace, je tremble de peur... ironisé-je en tournant la tête vers Angel qui vient de débarquer.

— Tu feras moins la maligne quand tu me regarderas manger mon Sunday caramel supplément cacahuètes et que tu seras condamnée à baver devant.

Je lève les yeux au ciel et nous nous dirigeons sans un mot de plus vers la bâtisse. Nous contournons la maison pour gagner le jardin où se trouvait le cœur de la soirée. Le sourire me revient aussitôt en entendant les notes de Human, une de mes chansons préférées – belle ironie de sort, vous ne trouvez pas ? Je ne connais pas personnellement Enzo mais la rumeur de sa fête tourne dans le bahut depuis le début du mois. C'est LA soirée à ne pas manquer. Je regarde Angel et constate que son sourire est le reflet du mien. Elle aussi, elle a vu.

— Prête pour un bière pong ? me demande-t-elle, tout en connaissant parfaitement la réponse.

— C'est parti.

Nous sommes les reines de ce jeu de soirée où il faut lancer une balle dans les verres de l'autre équipe. Si on atteint notre cible, l'adversaire boit le contenu du gobelet touché. Simple comme bonjour. Et également le meilleur moyen de finir déchiré en moins d'une heure mais ça... C'est une autre histoire aussi.

Nous attendons que le quatuor qui jouait termine leur partie et nous prenons la place d'une équipe tandis qu'un duo de filles prend la place en face. Mon esprit ne met pas longtemps à associer un nom aux visages.

— Lolita et Tamara, c'est ça ? m'enquis-je aux deux déjà bien éméchées.

Elles acquiescent en cœur. Les boucles brunes de l'une tombent devant ses grands yeux noisette en suivant le mouvement et elle titube en essayant de les replacer. Angel la rattrape à bout de bras de peur qu'elle ne s'écrase de toutes ses forces au sol, mais son équilibre revient juste à temps. La fille aux cheveux roses s'esclaffe et tend la main pour se rattraper au mur tellement elle rit. Seulement, le rhum ou je-ne-sais-quoi doit lui perturber l'appréciation des distances car le mur le plus proche est à une dizaine de mètres. Une fille qui passait par-là la réceptionne avant que son corps ne bascule définitivement. Son regard se pose sur nous et elle hoche la tête avant de lâcher notre pink girl. D'un signe imperceptible, je lui confirme que nous ferons attention à elles.

— Moi, c'est Tamara, dit la brune en titubant.

— Et moi, Lolita, ajoute celle aux cheveux rose fuchsia. Attends, tu es sûre que c'est pas l'inverse ?

— Je sais pas et on s'en fout, rie son amie. Pour la soirée, tu n'as qu'à m'appeler Gin'.

Les deux éclatent de rire, fières de leur blague. Je regarde Angel, amusée. Heureusement qu'Enzo avait précisé que personne ne repartait sans souffler dans le ballon avant car sinon... Je me promets alors de garder un œil sur les deux filles. En attendant, la victoire ne devrait pas être difficile.

Dix minutes plus tard, nous finissons la partie avec à peine deux verres chacune dans les veines. Heureusement, nous avions eu la bonne idée de substituer la bière par de l'eau pour les verres que Lolita et Tamara – peu importe laquelle est laquelle – ont bu. Déjà trop alcoolisées, elles ne s'en rendent même pas comptes. Deux personnes moins ivres viennent alors s'occuper d'elles, certainement des amis vu leur air mi-lasse, mi-amusé.

— On enquille ? m'interroge Angel, les yeux brillants d'excitation.

— On enquille, confirmé-je.

Nous remplissons de nouveau les verres vides et au moment où je pose le dernier en haut de la pyramide plane, une voix masculine m'interpelle dans mon dos.

— On peut jouer avec vous, Miss Spaghettis ?

Je me fige aussitôt. Il n'en faut pas plus à ces maudits papillons pour s'envoler dans mon ventre et y diffuser une douce fraîcheur. Puis je me retourne lentement sachant pertinemment qui je vais trouver derrière moi. Je pose mes yeux vert clair sur le visage détendu du mec au sweat. Les ombres dansent sur son visage et renvoient une beauté simple mais saisissante. La chaleur est toujours aussi présente dans son regard gris.

— Ah tu vois qu'il est là ! s'exclame ma meilleure amie en arrivant à mes côtés.

Retenez-moi où je l'assomme à coup de cannettes de bières... Un sourire se dessine sur les lèvres du gars-dont-je-ne-connais-toujours-pas-le-prénom. Pour un peu, j'en aurais presque envie de disparaître sous terre. À la place, je me compose le masque d'assurance avec lequel je sais si bien jouer.

— On me cherchait Miss ?

— Ça se pourrait Monsieur Sweat, je lance tout en maudissant ma meilleure amie sur cinq générations. Vous jouez ? j'ajoute à son attention ainsi qu'à celle du blond qui se tient à ses côtés.

— C'est parti.

Les deux équipes étant presque sobres, la partie est beaucoup plus serrée qu'avec les deux filles. Concentrées, nous ne loupons pratiquement aucun tir et il en va de même pour les deux gars.

— Allez Lana... m'encourage Angel tandis qu'ils sont à deux verres contre plus qu'un chez nous.

J'avise la distance et lance ma balle. Elle rebondit et tourne un instant sur le bord du verre avant de tomber dans la bière. Je lâche un cri de joie et tape dans la main d'Angel. Nous sommes à égalité. Plus qu'un verre partout.

De bonne grâce, le blond retire la balle orange et nous fait signe « À votre santé » avant de boire le contenu d'une traite. Monsieur Sweat attrape alors la balle et s'apprête à jouer. S'il réussit son tir, il fait gagner son équipe. Je plisse les yeux, aussi concentrée que si c'était moi qui tirais. Comme si j'allais pouvoir dévier le projectile rien qu'avec ma volonté ou ma force mentale.

Il vise un moment et lance. Je regarde au ralenti la balle rebondir une fois, deux fois et tomber tout doucement, avec la légèreté d'une plume dans le gobelet encore plein. Angel lance un regard de dépit au verre tandis que les deux mecs ont le sourire jusqu'aux oreilles.

— Bravo, mec ! le félicite son ami.

— C'était une belle partie, je confirme. Félicitations, vous méritez votre victoire. Puis j'ajoute : Je m'appelle Lanaya.

Les deux se figent mais d'une manière si imperceptible que je me demande un instant si l'alcool ne me fait pas imaginer des choses. Oui, je sais, c'est pas un prénom courant. Si vous avez des réclamations à faire, je vous donne l'adresse de ma mère. Vous lui direz vous même. Moi, j'ai abandonné depuis qu'avec soulagement et après plusieurs mois de combat acharné, j'ai réussi à faire mon y en attaché lors de l'apprentissage de l'écriture en maternelle.

— Moi, c'est Dante, se présente enfin le brun.

— Et moi, Enzo, complète le blond.

À ces mots, Angel retrouve aussitôt le sourire.

— C'est à toi cette magnifique baraque ? s'exclame-t-elle.

— À mes parents plutôt, rit-il. Mais oui, l'idée est la même, je suis chez moi.

La blonde siffle en regardant ce qui l'entoure. Effectivement, la maison est à damner. Plusieurs étages, un grand jardin, plusieurs garages. Je ne sais pas ce que font les parents d'Enzo dans la vie, mais une chose est sûre, ils ne sont pas à plaindre.

— Merci encore pour la dernière fois, dis-je à l'adresse de Dante. Je te rendrais ton sweat la prochaine fois si ça ne t'ennuie pas car je ne l'ai pas sur moi.

— Pas de soucis, t'inquiète, m'assure-t-il, les yeux brillants.

Malgré les plusieurs verres de bières que j'avais bu, je n'en sentais d'ordinaire pas de suite les effets. Il faudra attendre encore une heure pour que je sois à mon apothéose. Maman dit que grâce – ou à cause – de ma génétique bien particulière, je tiens beaucoup mieux l'alcool que la plupart des gens.

Pour avoir bu autant de verres que moi, Angel commencera certainement dans un petit quart d'heure à compter les éléphants roses dans les rosiers du jardin ou à conter fleurette aux tomates du potager. Fan des grands classiques comme Roméo et Juliette, il n'est pas impossible que je la retrouve à réciter sa scène préférée aux lampadaires de la rue. « Ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. ».

— Tu danses ? me propose Dante.

J'acquiesce, le sourire aux lèvres et le suis sur la piste de danse, au milieu de la cohue d'élèves. Je me laisse emporter par la musique et tourne et bouge au rythme de la mélodie, me noyant dans ces yeux anthracites hypnotisants. Le paysage tangue et je ris avec les autres quand Marie tombe dans la piscine illuminée de bleu.

Je m'enivre de cette joie, de ce bonheur. Mon cœur bat à une vitesse folle et ma respiration est haletante. Je fais un pas mais le sol se dérobe sous mes pieds et je m'écroule dans les bras de quelqu'un. L'esprit embrumé par ce que je pense être l'alcool, je n'entends pas Dante m'appeler. Je pose les doigts sur mes tempes et ferme les yeux. Une épée semble prendre un malin plaisir à me transpercer le crâne, encore et encore. La voix stridente de la Reine de Coeur dans Alice au Pays des Merveilles résonne. Son injonction « Qu'on lui coupe la tête ! » m'est apparemment destinée. Le lapin blanc ne peut s'empêcher d'ajouter son grain de sel et m'hurle que je suis en retard. Pour ne rien arranger, un cheval commence à galoper dans mon esprit. J'entends ses sabots frapper le sol et se rapprocher petit à petit. Ce n'est pas normal.

Cette pensée me fait l'effet d'une douche froide et je rouvre brusquement les yeux. Dante me fixe, une lueur inquiète dans le regard. Une chape de plomb m'est tombée sur le cœur. Je suffoque. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Je me dégage de ses bras et titube pour m'éloigner du bruit et du monde. J'ignore les appels de Dante et d'Angel. Il faut que je reprenne mes esprits. Je me fraye un chemin dans la foule et gagne un coin tranquille du jardin, tant bien que mal. Je pose une main sur un arbre, tentant de calmer ma respiration. Dans un haut de cœur, je laisse mon estomac renvoyer les verres de bières et amuse-gueules que j'avais mangé – de la si bonne cuisine, quel gâchis. Je m'effondre de l'autre côté de l'arbre. Le galop du cheval résonne dans ma tête plus proche que jamais.

Les paupières à mi-closes, je distingue vaguement Angel et Dante sortir de la foule et se diriger vers moi. Je pose les mains sur ma tête et me retiens de hurler face à ce capharnaüm dans mon esprit. Des mains me touchent, des voix s'inquiètent. Noir.

Je me réveille plusieurs jours plus tard. Sur un lit d'hôpital. Et la première chose que je vois, c'est les yeux rouges vifs de ma mère.  

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