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Chapitre 15 : Accueillie

Lanaya

— Lana ?

Je sursaute, mais ne me retourne pas. Le regard figé sur la pierre froide de la stèle, je reste là, à observer l'écriture dorée comme si elle allait me chuchoter le nom de l'assassin de ma mère. Les larmes ont cessé de couler sur mes joues usées par tous les sanglots de ces derniers jours. Le chagrin m'a désertée, je suis comme... comme vide de tous sentiments.

— Lana, il faut que tu te reprennes.

La voix de Lyanna est calme et mesurée, mais je sens la peur qui l'agite. Mes yeux quittent alors enfin le nom de ma mère pour se poser sur l'herbe à mes pieds. Ou plutôt ce qu'il reste de l'herbe qui était à mes pieds. Rabougri et presque entièrement noir, un cercle de plantes carbonisées et de cendres s'est créé autour de moi, s'élargissant de plus en plus, comme une armée progressant sur un champ de bataille.

— Lana... S'il te plaît...

Je soupire. On ne peut donc jamais être tranquille cinq minutes ? À mon grand regret, j'oblige mon énergie à s'effacer pour laisser place à la fraîcheur hivernale. Je caresse, une dernière fois, l'écriture délicate du regard, avant de me redresser difficilement. Je pivote alors pour faire face à Lyanna.

Sa magnifique crinière argenté attachée en queue de cheval haute se balance doucement au rythme du vent matinal. L'Alementa me sourit, visiblement soulagée que j'aie repris le contrôle sans encombre.

— C'est quoi cet endroit ? demandé-je, laissant mon regard dériver, une nouvelle fois, sur les rangées de tombes.

— Un cimetière pour les Alementas nés dans le refuge. Chaque fois que l'un d'eux meurt, où que ce soit dans le monde, une stèle apparaît ici.

Je n'avais jamais entendu parler de tels endroits. L'énergie qui se dégage de ce lieu est douce, un peu mystique. Paradoxal pour un cimetière, censé représenter le froid de la mort.

— Quel Alementa fait apparaître les tombes ?

— Ce n'est pas un Alementa, répond Lyanna, me regardant droit dans les yeux. C'est un Fondamental.

Je me fige. Je m'attendais à beaucoup de réponses. Pas à celle-ci.

— Ce n'est que du folklore, rétorqué-je. Les Fondamentaux sont une légende qui n'a jamais été prouvée.

— Oui, sourit l'Alementa du Vent. Comme la pyrotechnie, la téléportation ou autres pouvoirs fantastiques le sont pour les humains. Vu notre condition, je ne suis pas sûre que nous puissions dire aussi formellement que quelque chose n'existe pas.

Touché. Mais je n'ai pas vraiment envie, à l'heure actuelle, de bouleverser une fois de plus mes croyances avec ce genre de futilité. Après tout, le comment fonctionne cet endroit n'est pas sur ma liste des priorités. Je croise les bras sur ma poitrine, plus pour me donner une contenance que par froid, et dis :

— Je doute que tu sois venue jusqu'ici pour discuter du folklore local. Alors vas-y, je t'écoute.

Lyanna sourit une nouvelle fois, amusée par ma franchise.

— Effectivement, j'ai quelque chose à te proposer. Mais que dirais-tu d'en discuter, au chaud, autour d'une tasse de thé ?

Bon gré, mal gré, je la suis dans la maison et nous rejoignons le salon. Deux personnes nous y attendent. Je reconnais sans mal Cameron, appuyé contre un mur. En revanche, le blond, assis dos à nous sur le canapé, m'est inconnu. Quand il nous entend arriver, ce dernier se retourne. Stupéfaite, je marque un mouvement de recul. Ses yeux... Ils sont presque blancs. Je sais que la couleur des iris d'un Alementa est influencée par la nature de ses dons. Mais blanc... Je n'en avais jamais imaginé de tels. Et ils sont d'autant plus marqués par sa peau métissée. Le rendu est saisissant et presque glauque.

— Je t'avais dit qu'elle ne s'était pas enfuie.

Mes yeux se posent sur la cigarette allumée que l'Alementa de l'Ombre tient à la main. Je ne peux empêcher un rictus de s'épanouir sur mes lèvres. Ça colle avec le personnage. Le cliché ambulant du mec obscure et dangereux. Lyanna l'ignore superbement et s'avance dans la pièce.

— Lana, je te présente Alex, dit Lyanna en s'asseyant près du blond sur le canapé.

Ce nom me dit quelque chose.

— Tu es celui qui m'a soignée, non ? demandé-je, en me laissant tomber sur un fauteuil.

— C'est ça. Je suis l'Alementa de la Guérison et la Vie, se présente-t-il avec un sourire franc.

Un Double donc... Mais dans ce cas, que fait-il ici ? Cameron est un cas à part, moi de même car je n'appartiens à aucun refuge, mais lui ? Traqués sans relâche car considérés comme dangereux, ces hommes et femmes, n'ont presque aucune chance de passer à travers les mailles du filet. Nés de l'union interdite de deux Alementas Simples, ils incarnent deux dons au lieu d'un seul. Trop puissants, trop susceptibles d'exploser et de perdre le contrôle d'après le Conseil. Ils disent tout faire pour trouver une solution, mais personne n'est dupe. Il les enferme simplement, les laissant dépérir, rongés de l'intérieur ! Les Doubles n'ont aucune liberté et sont sous azalée pour empêcher « les pertes de contrôle ». Cependant la dose est telle que ça les plonge dans une léthargie proche du coma.

Là réside toute la perversité des Anciens. Cette fleur fanée en petite dose a pour effet d'enfermer notre énergie dans notre corps durant un temps. Seulement, comme j'en ai fait l'expérience chez Enzo, dès qu'elle ne fait plus effet, les dons reviennent plus agressifs que jamais. C'est une lame à double tranchant. Les Doubles qui sont en injection continue, ne pourront jamais réutiliser leurs dons sans que ceux-ci n'explosent et les Anciens le savent. L'azalée devient une drogue. En cela, la fanée est bien pire que la fleur en pleine vie qui tue dès qu'elle pénètre l'organisme.

— Comment ce fait-il que tu sois libre ? l'interrogé-je, méfiante.

Il m'adresse un sourire pâle. Quelque chose dans ses yeux me perturbe, quelque chose au-delà de leur blancheur immaculée. Je fronce les sourcils. Il semble regarder légèrement sur ma gauche. Je me retourne. Rien de particulier. Pourtant lorsque je reviens vers lui, ses yeux n'ont pas bougé, comme si je n'avais effectué aucun mouvement.

— Car personne ne le sait. Et j'aimerais autant que ça reste ainsi.

— Tu es aveugle ? le questionné-je, avec j'avoue, peu de tact.

— Oui, répond-t-il, quelque peu étonné, après une hésitation.

J'aurais peut-être dû y aller avec plus de pincettes... J'ouvre la bouche, puis la referme, me ravisant. Commencer la conversation en lui demandant des détails sur le traitement des Doubles dans les refuges n'est pas une bonne idée. D'autant plus que je ne suis pas sûre de vouloir savoir...

— J'ai réussi à noyer le poisson pour le moment, le rassure Lyanna. Au sujet de nos contacts, j'entends.

— Non, tu leur as donné un os à ronger, rectifie Cameron, intervenant pour la première fois depuis le début de la conversation. Tu as beau leur avoir donné une vérité, ça ne les empêchera pas de découvrir la vérité. Ils ne sont pas idiots et finiront par faire les liens.

Très optimiste tout ça, dis donc.

— Merci, Cameron. On peut toujours compter sur toi pour nous remonter le moral, plaisante Alex.

—Je me fiche de votre bon moral, réplique l'Alementa de l'Ombre. Je marchais avec vous pour un objectif particulier, pas pour le plaisir de votre compagnie ou de vous offrir la mienne. C'est aussi simple que ça.

— Tu sais très bien que rien n'est jamais si simple Cameron, soupire Lyanna.

— Pour moi, si. Je suis venu avec vous car cela m'offrait une occasion. Je pourrais très bien reprendre mes activités où je les ai laissées.

J'écoute la conversation sans un mot, mon regard passant de l'un à l'autre, et mon cerveau assemblant les informations les unes après les autres. Alex se lève alors pour s'asseoir près de moi. D'emblée, je suis surprise par l'aisance de sa démarche. Elle n'est pas tâtonnante ou hésitante. Pour tout dire, je n'aurais pas deviné qu'il était aveugle en le croisant juste dans la rue. D'ailleurs, le blond doit sentir ma surprise, car il explique aussitôt.

— On ne s'en rend pas compte, mais notre Alementa dégage de l'énergie. Celle-ci rebondit sur les objets environnants et me revient. C'est comme ça que je me déplace. En fonction du temps qu'elle met à revenir, j'évalue la distance des obstacles.

Je sais que les Alementas capables de percevoir les énergies comme ma mère sont rares. C'est le fruit d'un entraînement régulier depuis le plus jeune âge pour y être assez sensible et plus encore pour savoir l'utiliser à son avantage. Nous en avons passé des heures à nous balader dans des foules pour que je tente de localiser des Alementas. Ma mère me répétait que j'étais douée et pourtant, je n'ai jamais senti Dante... Il devait brider son énergie.

— Un peu comme une chauve-souris en fait, réalisé-je, revenant à l'explication d'Alex.

— Exactement.

— Tu as donc le pouvoir de guérir, mais quel est ton deuxième don ?

Il hésite un instant avant de me répondre.

— Je ne sais pas. Il y a des choses avec lesquelles il vaut mieux éviter de jouer. La Vie en fait partie. Les Alementas comme celui-ci ou celui de la Mort et du Temps sont des dons qu'il vaut mieux garder éteints. On ne sait pas ce qui se passera si on commence à faire mu-muse avec ces choses-là.

Son discours plein de sagesse me rappelle ma mère. Elle aussi pensait qu'il valait mieux garder ses dons pour soi. Ce sont des jeux dangereux, disait-elle. Des jeux qui pourraient détruire le monde au lieu de le préserver. Je suis convaincue qu'elle aurait appuyé les paroles d'Alex.

— C'est un secret qui peut te couter la vie. Pourquoi m'en parler alors que je ne suis qu'une inconnue ?

Il me sourit à nouveau.

— Parce que je veux que tu me fasses confiance. Que tu saches que je ne te vendrais pas au Conseil.

J'ouvre la bouche pour répondre mais on me coupe l'herbe sous le pied.

— Cette petite discussion était des plus passionnants, mais est-ce qu'on pourrait revenir à la mission à présent ?

Inutile de préciser de qui tient-on ces mots...

— Nous avons peut-être perdu un ami, Cameron, souffle Lyanna. Tu ne peux pas t'arrêter deux minutes pour lui ?

L'agacement transparaît dans sa voix bien qu'elle essaye de le contenir. Ses yeux fixent Cameron sans animosité, mais la douceur s'en est envolée. Quant à moi, le verbe perdre me coupe le souffle.

— Non, réplique-t-il, fermement.

— Ose me dire que tu n'avais pas d'affection pour Dante. Ose me dire que tu es allé à son secours uniquement pour les infos qu'il possédait. Ose me regarder dans les yeux, et m'affirmer qu'il n'était pas ton frère au même titre, voire plus encore qu'Enzo.

Au fur et à mesure qu'elle parle, l'Alementa du Vent s'approche de Cameron jusqu'à être à moins de vingt centimètres de lui. Pas un mot plus haut que l'autre, mais dit avec une froideur à toute épreuve qui ne perturbe en rien l'Alementa de l'Ombre. Pas plus que l'impassibilité de ce dernier n'impressionnent Lyanna. C'est pourtant d'un regard glacé qu'il réplique :

— M'arrêter ne le fera pas revenir, pas plus que le pleurer. Alors oui, je préfère continuer comme si de rien n'était plutôt qu'imaginer le pire, ce qui de tout manière ne l'empêchera en rien d'arriver.

Lyanna recule, comme frappée par la violence de ses propos d'un pragmatisme à toute épreuve. Ce qui ne diminue pas pour autant la douleur qu'ils engendrent en mon cœur. Je serre les poings à rentrer mes ongles dans ma peau. Ne pas craquer...

— Tu es impitoyable, murmure-t-elle.

— Tu ne m'apprends vraiment rien. Donc on abandonne ou on poursuit ?

— On a besoin d'être quatre, Cameron, soupire Alex. Trois, ça devient trop risqué et on ne peut pas demander au premier venu de le remplacer.

Un petit silence suit ces paroles. Tous les yeux se tournent vers moi. Je les fixent tour à tour. La voilà, la fameuse contrepartie à leur aide pour sauver Dante.

— Je vous préviens tout de suite, hors de question que je me mêle de quoi que ce soit. Tout ce que je veux, c'est...

—... retrouver Dante et venger ta mère, termine Cameron.

Je pince les lèvres en lui envoyant un regard noir. Je le vois venir et tente de le dissuader de prononcer ces mots qui me poseront devant un dilemme. Autant espérer arrêter une tempête en lui faisant les gros yeux...

— Écoute, tu veux quelque chose, on veut quelque chose. Et les deux sont dans le même optique. Alors je suis sûr qu'on peut trouver un terrain d'entente. Tu ne retrouveras pas Dante sans nous.

Je mords la langue. Mes yeux détaillent leurs traits pleins d'espoir. J'ignore pour quoi ils avaient besoin de Dante, mais ça comptait visiblement pour eux. Je me retiens de refuser d'emblée. Autant écouter ce qu'ils sont à dire avant.

— Et donc que me proposez-vous ? me forcé-je à articuler.

— En fait, avec Alex, on va réfléchir à adapter notre plan mais on aura quand même besoin d'une quatrième personne, m'explique Lyanna, se grattant la nuque visiblement embêtée.

Mais quel plan pour l'amour du ciel ? Je vais poser la question quand Cameron me coupe la parole.

— Je vais t'aider à trouver l'assassin de ta mère et à sauver Dante. Si on arrive à le localiser, j'ai une équipe qui pourrait intervenir. Je ne garantis pas que ça fonctionnera mais cela peut se tenter. Pour ta mère, mes contacts ne seront pas de trop non plus.

Cette fois-ci, je redresse la tête, surprise. Je ne relève même pas son manque d'enthousiasme tant mon cœur s'est accéléré par ce stupide espoir.

— Il m'est redevable de toute façon, poursuit Cameron en soufflant une bouffée de fumée, alors hors de question qu'il meurt avant de s'être acquitté de cette dette. C'est un peu facile de s'échapper comme ça.

Lyanna lui lance un regard dubitatif avant de reprendre.

— Vous prendrez vos dispositions. La Adia ne doit pas vous tomber dessus.

Cameron laisse échapper un ricanement en écrasant son mégot dans une assiette. Sur son expression est tombée un voile obscur.

— Je pense qu'elle a bien compris qu'elle ne faisait pas le poids contre moi. J'aurais pu la tuer si j'en avais envie.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait dans ce cas ? répliqué-je. Elle a tué Enzo. En plus, ça nous aurait épargné des problèmes.

— De une, je n'avais pas envie d'avoir un corps de plus à enterrer et de deux, je respecte son talent.

Je me retiens de lui avouer avoir lancé le carreau empoisonné sur elle avant qu'elle ne disparaisse. Je suis certaine de l'avoir éraflé, son sang et son énergie enduisait la pointe. Si la Adia est un ou une Alementa, elle n'est plus. Et j'ai rarement eu aussi peu de culpabilité à l'idée d'avoir potentiellement pris une vie.

— Cela dit, nous avons besoin de connaître ton deuxième don avant tout chose. Si quelqu'un a tant à cœur de t'avoir avec lui, c'est qu'il y a forcément quelque chose d'intéressant.

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