Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 10 : Mélancolique

Lanaya

— Lana, ne te retourne pas mais y a un mec qui te fixe depuis deux minutes, déclare Angel en découpant minutieusement son pain pour en avoir assez entre son fromage et sa charcuterie.

Ne m'attendant pas à cette déclaration, je m'étouffe avec mes haricots. Le légume s'accroche à mes amygdales, en équilibre précaire entre ma bouche et mon œsophage. Alors que je crache mes poumons sur la table, ma meilleure amie me sert un grand verre d'eau, un petit sourire victorieux sur les lèvres. Je le bois d'une traite tout en la fusillant du regard. Quelle idée de balancer une chose pareille en pleine discussion sur un DS de physique...

Bien évidemment une fois ma respiration soulagée, je ne résiste pas et attrape la cruche pour aller la remplir au distributeur. Une fois près de la machine, je parcours la salle bondée du regard. Quel plaisir de manger à onze heure trente et d'éviter ainsi la file interminable de midi pile. Mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors juste assez pour lire le message qu'Angel m'a envoyé.

Le brun à la table à coté de Raphaël.

Je range mon portable et relève la tête, à sa recherche. Je le repère sans mal à sa chevelure auburn. Elle est marrante, Angel, il y a quatre tables autour de la sienne ! Et pour m'aider, au moins cinq bruns sur les seize personnes y déjeunant. Déçue, j'attends un moment voir si l'un d'eux va relever les yeux dans ma direction. Mais rien.

— Euh excuse-moi mais... je crois que ta carafe est train de déborder, me hèle une fille assise près du distributeur.

Surprise, je me retourne et retiens une fontaine de jurons. Je m'écarte d'un bond en constatant que, non seulement ça déborde, mais qu'en plus, l'eau inonde mon sac en bandoulière. Sac qui contient un joli couteau papillon dissimulé dans sa couture et je doute que ce dernier apprécie l'humidité.

— Merci, lâché-je à la fille tandis que j'éteins la machine et soulève la cruche.

Je la vide un peu dans les grilles posées à cet effet et m'apprête à rejoindre Angel. Concentrée pour ne pas renverser, j'avance sans lâcher la surface d'eau du regard. Je suis avec angoisse les vagues alors qu'elles montent et descendent, dansant tantôt à droite tantôt à gauche, près, bien trop près, du bord. Erreur de débutante. Il faut toujours regarder droit devant soi pour ne pas que ça passe par-dessus bord.

Ce qui devait arriver arriva. Mon champ de vision uniquement réduit au liquide transparent se dandinant et m'hypnotisant par la même occasion, j'entends à peine le « Attention ! » venant de ma droite que je percute quelqu'un de plein fouet. Surprise, j'en lâche ma carafe qui se renverse sur mon chemisier alors que je tombe en arrière, sur les fesses. Des assiettes et verres se brisent dans un millier de tintements aigus. Une violente douleur foudroie le bras avec lequel j'amortis la chute, évitant à mes lombaires une nouvelle séance chez l'ostéopathe.

— Putain... grincé-je en le repliant par réflexe contre ma poitrine.

Mauvaise idée, très mauvaise idée. Le frottement du tissu contre la peau brûlée me rappelle à l'ordre et je secoue le bras pour retirer la sauce bouillante sans y toucher. Mais le mal est fait. Je ferme les yeux, retenant mes larmes, et inspire profondément.

— Ça va ? me demande la blonde que j'ai percutée. Je suis désolée, je ne regardais pas où j'allais.

— T'inquiète, on est deux.

— Il faut que vous alliez à l'infirmerie, intervient Angel qui s'est approchée. Gabrielle, pour tes coupures, dit-elle à la blonde qu'elle semble connaître. Et toi, pour ton bras. Ça risque de cloquer si tu ne fais rien.

Je baisse les yeux vers ma peau rougie qui me fait un mal de chien. Effectivement, ça risque de cloquer. Un surveillant arrive en courant accompagné d'un agent d'entretien. Mieux vaut tard que jamais, j'imagine.

— Vous êtes blessées ? nous questionne le pion tandis que l'agent se penche pour ramasser les débris de verre.

— Un peu mais rien de grave, répond Gabrielle en inspectant ses paumes et genoux quelque peu éraflés.

De mon côté, je secoue la tête en croisant mes bras sur mon chemisier devenu un peu trop transparent à mon goût. Je grimace de douleur au contact du vêtement dont le blanc n'est d'ailleurs plus qu'un vague souvenir. Mais le moment n'est pas réellement adapté pour réfléchir à quelle lessive je vais devoir utiliser.

— Si, Lana, tu dois mettre quelque chose sur ton bras, insiste Angel dont j'avais presque oublié la présence.

— Vous allez à l'infirmerie, nous ordonne le surveillant avant d'ajouter vu que j'ouvre la bouche pour protester, toutes les deux et sans discussion.

Je pousse un soupir et attrape mon sac tandis qu'il aboie aux autres lycéens de retourner au contenu de leur assiette et que ce n'est pas un spectacle. Génial, je vais en entendre parler pendant un moment de cet incident. Et tout ça, c'est la faute d'Angel. Si elle n'avait pas dit qu'un gars me regardait ou si elle avait été un peu plus précise, je ne serais pas allée remplir la carafe. Et accessoirement, je n'aurais pas tâché mon chemisier blanc. Je jette un regard mélancolique à mon assiette et à ma mousse au chocolat avant de sortir en compagnie de Gabrielle.

— Regardez où vous allez la prochaine fois, nous conseille le pion.

Je lève les yeux au ciel. Sans rire ? Je ne réponds rien et prends une bouffée d'air frais une fois dehors. Je m'assoie à la première table que je croise.

— Tu ne vas pas à l'infirmerie ? s'étonne la blonde.

Je secoue la tête, déballant un mensonge tout prêt.

— Non, j'ai ce qu'il faut dans mon sac, lui expliqué-je. J'ai une certaine malchance avec les trucs chauds alors j'ai toujours du brûle-stop au cas où. Mais toi, tu devrais te dépêcher, lui conseillé-je devant le sang qui s'échappait de ses coupures, petites mais nombreuses.

Elle hoche la tête et me salue d'un signe de main avant de filer vers l'infirmerie. Je pose mon sac sur le banc et inspecte les dégâts, aussi bien physiques que vestimentaires. La peau commençait déjà à se soulever signe qu'effectivement, je n'échapperai pas aux cloques. Je sors de ma main indemne la compresse de brûle-stop et l'applique sur la zone écarlate. Je siffle à cause de la douleur heureusement soulagée par le gras.

Côté chemisier, je ne crains en revanche que les dégâts soient plus définitifs. Taché par la sauce qui a profité de l'eau renversée pour joyeusement s'étaler, ça donne une magnifique teinte tantôt rouge tantôt orange plus ou moins délavée en fonction des endroits. On est bien loin du blanc initial que j'appréciais. Et encore j'ai un soutif pâle ce qui me sauve la mise sur le plan transparence. Car de l'eau sur un vêtement blanc, léger qui plus est, fait rarement bon ménage.

Je sursaute, surprise par des éclats de rire soudains. Levant la tête, je vois un duo de gars sortir de la cantine en se bousculant gentiment. L'un blond esquisse un sourire moqueur en articulant quelque chose tandis que son ami, un brun, le pousse en pouffant. Ce dernier croise alors mon regard. Je fronce les sourcils devant la chaleur que dégagent ses prunelles. Après un dernier échange avec son pote, il se dirige vers moi. J'ai soudain un déclic. Il faisait partie si je ne m'abuse des mecs susceptibles de correspondre à la description d'Angel de tout à l'heure et entre parenthèses la raison donc pour laquelle j'en suis là.

— Salut, comment va ton bras ? demande-t-il quand il arrive près de moi.

— Bien, merci.

Je cache de mon mieux les parties transparentes de mon chemisier mais heureusement, son regard reste ancré dans le mien et n'en dérive pas.

— Tu ne comptes pas aller à l'infirmerie, je me trompe ?

— Absolument pas, rétorqué-je, m'attendant presque à des reproches.

Mais il ne dit rien pendant quelques secondes et un silence plane entre nous.

— Tu devrais au moins te changer, tu vas chopper la crève sinon, se contente-t-il d'ajouter.

Je laisse échapper un rire sans joie et amer.

— Ça va sécher, ce n'est que de l'eau. En revanche, je crois que je peux dire adieu à son ancienne couleur immaculée, ironisé-je gentiment moqueuse sans le regarder, les yeux fixés sur deux oiseaux qui se prennent le bec à deux pas.

Ce n'est que lorsque je l'entends bouger que je lâche les merles pour revenir à lui. À lui et à ses beaux yeux anthracites qui me tendent à présent un sweat... Non, pas un sweat, son sweat.

— Tiens, mets ça, me dit-il.

J'hésite. Puis recule finalement en riant.

— C'est gentil mais tu vas avoir froid, le remercié-je en avisant son tee-shirt noir.

— Je ne suis pas frileux. Sérieux, prends-le et va te changer.

Indécise, je le regarde un moment. Il n'y a aucune moquerie ou séduction dans ses yeux, rien qu'une réelle chaleur et une inquiétude sincère. Je tends la main et saisis son vêtement après encore un instant d'hésitation. Je le remercie d'un sourire auquel il répond franchement.

— Merci beaucoup.

Puis du coin de l'œil, je vois Angel sortir – enfin – de la cantine. Le brun dont je ne connais toujours pas le nom doit la remarquer également car il reprend son sac.

— Passe une bonne journée.

— Attends ! m'exclamé-je tandis qu'il s'éloigne. Comment je te le rends ?

Il rit sans se retourner.

— On se recroisera, Miss Spaghetti ! dit-il en rejoignant son pote qui attendait près du bâtiment des générales.

Je serre le sweat dans ma main alors que les deux gars disparaissent à l'intérieur.

— Alors c'était qui ? m'interroge Angel, les yeux brillants lorsque j'arrive près d'elle.

Je lève les yeux au ciel. Pour la personne qui a insisté pour que j'aille à l'infirmerie, mon état de santé n'a plus l'air de l'inquiéter des masses.

— Aucune idée, soufflé-je en regardant une dernière fois là où il a disparu.

Regard qui est malheureusement intercepté – et interprété – par ma formidable – pire – meilleure amie.

— Oh c'est trop mignon ! Tu l'aimes déjà ! On se croirait dans une scène de roman. Vous allez vous revoir, vous déchirer puis vous aimer. Tu vas tomber enceinte et votre relation sera proscrite par vos parents, c'est pourquoi vous fuirez ensemble en chevauchant vos Harley Davidson ! Tu accoucheras ensuite loin de tous ceux qui t'aiment de bébés roux aux yeux gris dont je serai la marraine bien évidemment. Et...

Je l'arrête en éclatant de rire avant qu'elle ne prédise mon décès prématuré et le suicide de mon soi-disant cher et tendre qui ne peut me survivre.

— Tout ça à cause d'un sweat ? lui rappelé-je, hilare.

— Tout ça grâce à un sweat ! corrige Angel, le sourire fier collé aux lèvres.

Je secoue la tête aussi désespérée que pliée. Irrécupérable, cette enfant... Mais la blonde n'a pas terminé. À mon grand dam...

— Toutes les héroïnes de romance ont une meilleure amie qui voit les couples bien avant les deux concernés ! rayonne-t-elle. Tu peux dès à présent me considérer comme telle !

— Bien, Madame la voyante. Sors tes tarots et tes boules de cristal, je te suis toute ouïe. Peut-être devrais-je même t'appeler Irma ?

— Aboule le fric avant tout ! s'exclame-t-elle. C'est 70 euros la séance. Payé à l'avance bien entendu.

J'éclate de rire à nouveau. En voilà une qui ne perd pas le nord...

— Eh je te rappelle que l'image qu'il a de moi, actuellement, est une fille louchant sur sa cruche avant de s'étaler comme une crêpe par terre.

— Toutes les grandes histoires d'amour commencent par des scènes du même type. Tu crois que Tessa était à son avantage quand elle est entrée en serviette dans sa chambre pour tomber sur Hardin ?

Je hausse les sourcils que très moyennement convaincue par la comparaison. Dans le genre relation toxique, on ne peut pas faire mieux. Hardin est un connard qui sait qu'il a une belle gueule. Le premier film est à peu près bien, le deuxième en revanche... Disons qu'il est composé d'une succession de ces trois actions dans des ordres diverses : se disputer - coucher ensemble - se réconcilier. Un vrai modèle de vie.

— Tu veux réellement que je te dise ce que j'en pense ? Ou c'est bon, tu as compris à ma tête ?

— N'empêche, je suis sûre que tu vas le revoir et que vous aurez de beaux bébés roux aux yeux gris ! fanfaronne-t-elle.

J'ai alors soupiré tandis qu'elle partait en sautillant vers le CDI, très, très fière de son délire. Et devinez quoi ? Elle avait fichtrement raison – enfin à part pour les bébés roux évidemment.

Je venais de rencontrer Enzo et Dante. Ceux qui deviendront les hommes les plus importants des deux prochaines années de mon existence. Mais à présent, l'un est mort et l'autre a disparu. J'ai l'impression que rien ne pourrait être pire. Pourtant, je sais que l'univers a encore bien plus d'un tour dans son sac que ce soit en joie et en malheur. La vie n'est que la longue attente d'un bonheur qui joue avec nous. Nous sortons des galères avec l'impression que rien ne va et que rien n'ira plus. Puis un rayon de soleil illumine l'avenir avant d'être gâché par une sempiternelle rechute. Et tout recommence dans la même torture infinie, véritable montagne russe émotionnelle.

S'il nous vient l'idée de lâcher, la vie possède deux denrées précieuses que sont l'espoir et les souvenirs. Les souvenirs des moments heureux pour ne pas sombrer dans l'obscurité des mauvais. Puis l'espoir qui achève le travail, avec sa lueur incommensurable qui nous pousse à ne jamais abandonner et à patienter en attendant que la lumière vive revienne. Mais aujourd'hui, je ne vois plus que du noir.

Je serre autour de mon corps, ignorant les protestations de mes blessures récentes, le sweat, son sweat. Celui avec lequel tout a commencé. Dehors, par la vitre de la voiture, le paysage défile, passant de familier à complètement austère et inconnu.

Je jette un coup d'œil à l'homme, conduisant silencieusement, la mâchoire crispée. Ses yeux n'expriment rien d'autre qu'une obscurité infinie et son visage est fermé. Nous n'avons pas décroché un mot si ce n'est un « on se casse » depuis notre départ de l'appartement. J'ai même oublié l'arrogance dont il a fait preuve au téléphone et le regard noir avec lequel je comptais l'accueillir. Comme si ça avait encore de l'importance... Cameron m'a sauvé la vie et je n'ai même pas encore eu le temps de le remercier. Pour l'heure, nous ne sommes que deux humains parmi les milliards qui composent la Terre. Deux jeunes qui ont rencontré la grande Faucheuse, qui ont entendu le sifflement de sa lame alors qu'elle prenait une vie. Lame dont le souffle a frôlé leur tête pour finalement s'éloigner, promettant des retrouvailles prochaines. Se quitter pour mieux se retrouver. Quelle belle blague...

Je ferme les yeux, me coupant de cette réalité qui m'étouffe et me force à ployer sous sa puissance. Quelqu'un a un jour dit que les rêves pouvaient devenir réalité. Je crois que cette personne a omis de préciser qu'il en est de même pour les cauchemars... 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro