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Chapitre 19.1

Apéirophobie: peur de l'infini

Joséphine est installée dans le canapé au salon. Ange dort, dans le lit, depuis deux heures. Elle n'a pas eu le cœur de le mettre dans le canapé. Joséphine ne peut pas dormir. Elle a son ordinateur planté sur ses genoux et les yeux rivés sur l'écran. Depuis deux heures, elle recherche des réponses à la même question.

Comment pardonner l'impardonnable ?

Elle a lu des récits d'anciens détenus d'Auschwitz. Des histoires d'autres rescapés. Certains ont réussi à pardonner, d'autres noms. Pour tous, une forme de pardon était cependant nécessaire. La jeune femme se passe la main dans les cheveux.

Comment pardonner ce qui ne peut être pardonné ?

Joséphine continue à regarder l'écran quelques instants. Finit par éteindre l'ordinateur, hésite. Elle reste assise encore un peu dans le canapé, indécise. Ange est dans le lit et elle ne supporte pas l'idée de s'allonger à côté de lui comme si de rien n'était. Comme s'il n'était pas un meurtrier.

Un violeur.

De tous les crimes possibles, l'homme à quelques pas d'elle avait touché aux pires. Et elle, folle qu'elle est, ne peut même pas le haïr. C'est elle-même, plutôt qu'elle déteste pour ne pas parvenir à détester Ange. Pour ne pas être révulsé à l'idée de le toucher. Joséphine se sent monstre elle aussi. Lentement, elle se lève. Comme en transe, elle avance jusqu'à l'entrée, enfile un manteau.

Peut-être que son dilemme vient du fait qu'elle ne peut imaginer Ange en train de commettre un crime. Ange avec sa voix qui trébuche sur les mots et ses mains tremblantes et ses yeux trop tristes pour son beau visage. Joséphine ouvre la porte d'entrée. Hésite à nouveau et retient sa respiration quelques secondes pour être certaine qu'Ange dort réellement.

Lorsqu'elle est à l'extérieur, des fines gouttes de pluie glissent sur son visage et la lune est cachée derrière les nuages. Silencieusement, une ombre dans la nuit, la jeune femme monte dans sa voiture et démarre.

Peut-être qu'elle a besoin de revoir la scène du crime. Pour comprendre. Pour imaginer. Pour juger. Pour pardonner. Joséphine roule lentement. Elle n'est pas très à l'aise, la nuit. On ne prévoit jamais ce qui va sortir des ténèbres. Elle continue cependant à avancer : elle connaît le chemin par cœur. D'habitude, elle l'évite autant qu'elle ne le peut. Joséphine se gare une rue plus loin et reste un instant immobile, installée dans le siège de sa voiture et incapable de bouger. La pluie tambourine de plus en plus fort contre le pare-brise mais finalement la jeune femme ouvre la portière et se force à fermer sa voiture. Elle avance un petit peu, enroule nerveusement ses doigts entre eux. Seuls des lampadaires lugubres éclairent les pavés luisant d'humidité.

Encore quelques pas en avant.

Comment pardonner l'impardonnable au lieu même où l'impardonnable a été commis ?

Elle a emmené son téléphone portable et des écouteurs. Joséphine allume de la musique dans ses oreilles, pour tenter désespérément d'éloigner les bruits de la nuit, les plics des gouttes de pluie qui heurtent le sol, les pas d'un inconnu au loin, le cri d'un oiseau nocturne. Elle allume sa musique, beaucoup trop fort, et agrippe son téléphone comme on agripperait une arme. Elle referme son manteau jusqu'au menton et se cache derrière sa capuche.

Finalement, elle avance jusqu'à la ruelle fatidique. Elle lui paraît un peu plus sombre que les autres, un peu plus lugubre. Les poubelles n'ont pas encore été cherchées et une odeur légère de déchet se mêle aux senteurs de pluie, d'herbe mouillée et de pavé froid. Les talons de la jeune femme claquent contre les pavés. Presque au milieu de la ruelle, entre la maison 40b et 40c, il y a un petit espace entre les maisons, faiblement éclairé. Le cœur de la jeune femme tambourine violemment dans sa poitrine.

Entre les deux murs décrépis, des bouquets de fleurs ont été déposé.

Joséphine, qui pensait que les émotions allaient l'étouffer, reste figée. A par une peur glaciale qui fait trembler ses mains et claquer ses dents, elle a l'impression de ne rien ressentir. Comme si un gouffre de vide s'était ouvert dans son cœur. Sombre et froid. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses doigts lâchent le téléphone qui tombe simplement au sol, emmenant les écouteurs et la musique avec lui. Joséphine est brusquement seule face à la ruelle, accompagnée par les bruits de la nuit. Elle se force à imaginer Inès. Ferme un instant ses yeux nerveux.

Il n'avait pas plu le jour de l'anniversaire et c'était une belle nuit de printemps qui avait suivi aux festivités. La lune avait été haute dans le ciel, un astre serein et luisant à côté duquel un milliard d'étoiles dansaient. Inès avait porté du bleu. Elle avait été maquillée. Toujours jolie, toujours élégante. Elle avait dit au revoir à sa sœur et ses amies et elle avait voulu rentrer. Joséphine se souvient encore de sa voix, une voix de chanteuse accompagnant ses pas dansants lorsqu'elle s'était enfoncée une dernière fois dans la nuit. La jeune femme imagine sa sœur marcher un moment. Fatiguée mais heureuse, le cœur chaud et battant paisiblement.

Et puis brusquement, elle tourne dans cette ruelle. Rien ne semble avoir changé au moment où ses pieds l'entraînent dans une nouvelle rue qui la rapproche de sa maison : et pourtant, rien ne sera plus comme avant.

Si seulement Inès avait tourné une rue plus loin : si seulement elle avait pris un taxi, n'était pas rentrée toute seule. Si seulement Ange n'avait pas été là. Si seulement Ange n'avait pas subi ce qu'il avait subi.

Lentement, le vide en Joséphine se rétracte et une larme roule sur sa joue en se mêlant à la pluie, une goutte un peu plus salée que les autres. Elle s'imagine le regard d'Inès croiser celui d'Ange. Jolie Inès, jolie, charmante, dansante Inès. Inès et ses multiples histoires d'amour et son amour pour les beaux visages. Elle avait dû apercevoir la beauté angélique du jeune homme éclairée par les lampadaires et la lune gracieuse. Les mains de Joséphine tremblent plus fort.

Ange avait dû voir la même chose dans le visage d'Inès. Son bonheur apparent dans ses grands yeux remplis de joie et de rire. Le reflet exact de tout ce qu'il n'avait pas. Quelque part, dans le coin le plus sombre de son cœur, Joséphine comprend la rage qu'il a pu ressentir. La même rage qu'elle avait ressenti elle-même. La jalousie. L'impuissance face à l'injustice du destin. Inès et elle avait les mêmes parents, avaient eu la même éducation : mais à côté de sa sœur, Joséphine avait toujours été invisible. Moins jolie, plus silencieuse, moins gracieuse, moins sociable. Moins bonne à l'école. Moins bonne dans les études. Joséphine avait adoré sa sœur mais un tout petit morceau d'elle-même l'avait haït, elle et le monde qui lui faisait ressentir toutes ses erreurs.

Et Inès était morte.

Et Joséphine s'était détestée elle-même pour avoir pu ressentir une telle colère envers sa sœur qui n'y pouvait pourtant rien.

Une deuxième larme roule sur la joue de la jeune femme.

Inès avait dû s'arrêter une seconde en voyant Ange. Du moins avait-elle dû lui lancer un de ces petits sourires où ses fossettes apparaissaient et ses cils papillonnaient délicatement. Elle avait dû s'arrêter ou le regarder assez longtemps pour qu'il la remarque. Assez longtemps pour réveiller en lui quelque chose de détestable et inhumain.

Joséphine a envie de vomir.

Elle s'imagine à la place d'Inès, pensant seulement lancer un sourire à un étranger au beau visage avant de continuer sa route. Etre brusquement attrapé. Dénudé. Perdre tout contrôle de son corps. L'impuissance. La rage. La peur. L'adrénaline qui fait tourner la tête, les tentatives de défenses qui n'amènent à rien.

Joséphine tombe à genoux. Les larmes roulent continuellement sur ses joues, sans un bruit. Ses cheveux rouges se sont libérés de la capuche et colle à son visage. Elle lève une main tremblante et écarte une mèche. Des cailloux s'enfoncent douloureusement dans la paume de son autre main. Courbée, elle avance dans le petit espace. Les murs délabrés sont s'y proche qu'elle a l'impression qu'ils se referment sur elle.

Claustrophobie.

L'odeur est putride. Une odeur où se mélange humidité et moisissure. Il fait s'y sombre que Joséphine s'imagine voir des ombres bouger. Un tremblement lui glace l'échine.

Achluophobie.

Elle sait exactement où le corps d'Inès était allongé. La tête touchant le mur, les pieds dépassant presque des murs. Les yeux vides, les cheveux encadrant son visage comme un halo. Les mains simplement placé à côté de son corps. Ange l'avait-il placé comme ça ? Etait-ce lui qui s'était arrangé pour qu'elle n'ait pas un air horrifié sur son visage ? Son mascara lui avait pourtant roulé sur les joues : son rouge à lèvre lui donnait une moue boudeuse. Des ongles étaient cassés.

Lentement, Joséphine s'allonge au sol. La lune semble juste en face d'elle. Le vide est à nouveau là. La jeune femme ne bouge pas. Laisse la pluie lui rouler sur le visage. Un Pétale des fleurs posées à côté d'elle tombe au sol. Joséphine pose ses mains le long de son corps.

Comment pardonner l'impardonnable ?

Peut-être que si Inès était passée une heure plus tard, Ange ne lui aurait rien fait.

Pourquoi les êtres humains étaient-ils capables de choses pareilles ? Pourquoi se faisaient-ils tellement de mal ?

Si personne n'avait fait mal à Ange, si Ange ne s'était pas fait mal à lui-même, peut-être n'aurait-il pas fait mal à Inès. Joséphine inspire profondément, cligne des yeux. Aurait-elle réagi différemment si ce n'était pas sa sœur qu'Ange avait tué ? Elle croise ses mains contre son ventre.

Oui.

La réponse est simple. Si la victime d'Ange n'avait pas été Inès, elle ne serait pas là, à réfléchir. Elle aurait jugé Ange mais serait sûrement parvenu à la conclusion qu'il avait été largement puni par la suite des évènements. Elle n'aurait pas excusé ses actes. Ne serait pas simplement passé à autre chose. Mais ce n'aurait pas été son rôle de lui pardonner. Ses actes, aussi détestables qu'ils aient été, ne l'auraient pas concerné directement.

Mais Inès était sa sœur et Joséphine avait l'impression qu'en pardonnant Ange, elle trahissait sa sœur. Allongée sur le sol où Inès a perdu la vie, la jeune femme a cependant une autre certitude : c'est elle qui a le pouvoir de condamner ou non Ange. C'est de son pardon que dépend la suite. Ange a besoin de son pardon pour pouvoir commencer à se reconstruire. Joséphine n'est pourtant pas sûre s'il mérite de se reconstruire alors qu'il a détruit quelqu'un d'autre : mais si lui aussi a besoin d'être reconstruit, c'est qu'un grand morceau de lui a été détruit et torturé à son tour. Un sourire triste apparaît sur le visage de Joséphine.

Elle aussi a besoin de pardonner.

Si elle ne pardonne pas à Ange, elle sera à jamais incapable de passer à autre chose.

Elle a besoin de passer à autre chose.

Des années de dépression, de relations compliquées avec sa famille l'ont peu à peu abîmé. La colère et la tristesse l'ont rongé.

Comment pardonner l'impardonnable ?

Joséphine a passé sa vie à avoir peur. A se cacher, derrière ses cheveux, ses habits, sa sœur, une froideur apparente. Elle se rassoit lentement. Elle ne peut pas simplement pardonner à Ange ce qu'il a fait : mais elle peut consciemment choisir d'essayer d'apprendre à pardonner. Elle peut essayer de se reconstruire avec lui. Son rôle n'est pas de définir qui mérite d'être jugé, qui mérite d'être condamné ou pardonné. Après tout, c'est le mal qui pour beaucoup engendre le mal. Si Ange n'avait pas souffert, il ne serait pas devenu ce qu'il est : devait-elle ainsi en plus de le condamner lui, condamner ses parents, Capucine, les femmes plus âgées avec lesquelles il avait couché ? Et puis peut-être devait-elle condamné les parents de ses parents qui avaient peut-être eux aussi à un moment ou à un autre été cruels avec leurs enfants ?

Le monde n'est pas noir et blanc. Celui qui a commis l'impardonnable a lui peut-être aussi du vécu qu'il ne peut pas pardonner.

Joséphine essuie les larmes qui ont trempé son visage. Elle se relève, les jambes tremblantes. Ramasse son téléphone tombé par terre, le met dans sa poche. Lentement, elle enlève sa capuche et lève son visage vers le ciel. La pluie a cessé de tomber et Joséphine est baignée dans un halo de lumière pâle. Elle attache ses cheveux et lentement, retourne à sa voiture, sans se retourner une seule fois. Joséphine décide, pour elle-même, d'en finir avec la mort d'Inès. Durant les cinq dernières années, elle avait ainsi aussi réduit la vie de sa sœur au moment de sa mort. Joséphine monte dans sa voiture et rentre. 

Bonjour, bonsoir! 

Me revoilà presque un an plus tard. Si vous êtes encore là: merci beaucoup pour votre patience! Je vous promets en tout cas que je vais finir l'histoire, même si je ne peux pas encore exactement vous dire quand. Comme je l'avais déjà évoqué précédemment, je me suis mise dans un dilemme avec cette histoire. Quand j'ai commencé à l'écrire je me suis dit, bon cas classique d'une histoire de rédemption du criminel sauvé par l'amour etc., etc. Mais tout ça s'est un peu compliqué et je me suis rendue compte que dans bon nombre d'histoire, la question du pardon ne joue vraiment pas un très grand rôle ou est du moins très romantisé - tu as décimé ma famille mais je t'aime donc je te pardonne blah blah. 

En écrivant, je me suis rendue compte qu'en fait, ce genre d'histoire sont potentiellement une sorte de danger. Violer et tuer ne sont pas des actes qu'on peut ignorer. Ce sont des crimes punissables, détestables et inhumains. Quand j'écrivais je n'arrêtais pas de me dire: "mais quel message je transmets"? C'est une des raisons pour lesquelles il me faut autant de temps pour écrire. 

J'ai même hésité à mettre fin à l'histoire en me disant que ce qu'à fait Ange est tellement impardonnable que ce n'est pas possible de me mettre à la place de Joséphine et de même essayer de lui pardonner. Mais finalement, j'ai réalisé que j'ai quand même un message à transmettre avec mon histoire. D'une part, que le monde n'est pas manichéen. D'autre part, les conséquences que des actions peuvent avoir sur quelqu'un. Et puis quelque part, aussi nunuche que ça puisse sembler, je veux explorer le pouvoir du pardon et même de l'amour dans la reconstruction de soi. 

Je ne suis pas spécialiste de quoi que ce soit mais j'essaie, comme je peux, de me mettre à la place des personnages. Ce sont après tout eux qui guident l'histoire. 

Après ce long roman, j'espère que cette première moitié de chapitre vous a plu, 

des bisous, 

Blondie  


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