7) Ignorer
J'avais pu voir la peur dans ses yeux. La seule émotion qu'il a laissé transparaître. Mais la peur de quoi, cela je n'en étais pas sûr. Les haters. Les medias. Les agences. Moi. Je ne savais pas. Pourtant cette chose le terrifiait. Et je le regardais fuir. Impuissant.
Ses pas résonnaient encore dans la ruelle. Ses mots résonnaient encore dans ma tête. Quelques phrases. Un aveu. Je savais que cela avait été compliqué pour lui. Et malgré cela, il n'avait pas tout dis. Il n'avait pas tout raconter. Il n'avait pas tout révéler. A cause de cette peur oui. Mais peut-être autre chose aussi. Quelque chose que je n'arrivais pas attraper. Mais qui était bien là. Dans un coin de mon esprit. Dans un coin de son esprit.
« Avez vous besoin d'une oreille attentive. »
C'était la serveuse. Une femme sans age. Au regard doux. Mais, pourquoi devoilerai-je mes faiblesse à une inconnue. Pourquoi me mettrai-je en danger comme cela. Pourquoi voudrai-je parler.
Pourtant, quelques minutes après, je lui avais expliqué la situation. Les yeux fixés sur mes mains abîmées. La respiration haletante. Les larmes aux yeux. Je pus enfin mettre des mots sur mes émotions. Bien trop longtemps refoulés. La colère. De ne rien pouvoir faire. La peur. De le perdre pour de bon. La peine. De le voir repartir. La joie. De le savoir pas si loin. La frustration. De ne rien pouvoir dire. De ne rien pouvoir avouer. De ne rien pouvoir partager.
Elle m'écoutait. Ne dit rien. Se contentait de hocher la tête. Même lorsque lorsque j'eus terminé. Mon thé froid. Et la gorge sèche. Elle se contenta d'un dernier sourire et de quelques pièces de monnaies.
Je ne comprenais pas ses intentions. Mais je me sentais mieux. Et pus réfléchir à cette après midi sous la lumière des lampadaires.
Il n'allait pas bien. C'était certain. Ses hésitations. Ses coups d'œil. Ses frissons. Mais aussi et surtout sa peau. Bien trop blanche. Bien trop proche de ses os. Bien trop laissé à l'abandon. Malgré sa grandeur. Il paraissait chétif aujourd'hui. Emmitouflé dans ses vestes. Capuche sur la tête. Ses blagues étaient absentes. Ses moqueries aussi. Il y avait une distance entre nous. Une distance qu'il ne voulait pas réduire.
Malgré cela, il avait accepté. Était venu. M'avait suivie. M'avait fait confiance. Il avait pris ma main. Il avait rigoler. Je ne pouvais croire que ces rires étaient faux. Parce qu'ils m'avaient fait du bien. Parce qu'ils nous avaient fait du bien. Il s'était confié aussi. Un peu. Qu'une toute partie de lui. Mais il m'avait offert de ce nouveau Woojin.
Dans l'ascenseur, je repensais aussi au silence de la femme. Son sourire rassurant. Comme si je trouverai la réponse par moi même. Elle avait été comme une feuille et un stylo. Elle m'avait permis de l'utiliser comme tel. De quoi penser ce que je ressens. De quoi transformer mes pensées en mots. Elle ne jugeait pas. Elle ne critiquait pas. Elle ne conseillait pas. Elle laissait le temps et la volonté faire les choses.
Je souriais en m'assaillant sur le canapé où Jisung m'attendait.
« Alors. »
Je secouais la tête. Alors rien. Je ne savais pas grand chose d'autre. Je ne savais pas ce qu'on était. Je ne savais pas s'il voudrait encore me revoir. Mais le benjamin me rassura. M'encouragea. Me motiva. Comme je l'avais fait avec lui il y a quelques années. Il me dit des mots qui se frayèrent un chemin. Ses paroles se mêlèrent aux silences de la serveuse. J'hésitais. Mais savais ce que je devais faire.
Ils étaient tous autour de moi. Leur chaleur réconfortante. Leurs aides pour écrire le message. Il fut plus long cette fois. Plus personnel. Plus nous. Mais je doutais tout de même. Était-ce une bonne idée. Était-ce ce qu'il voulait. Était-ce juste acceptable. Venant de moi. Venant de nous. Cependant, avant d'avoir pu effacer ne serait-ce qu'une lettre, Changbin l'envoya. Sa main puissante sur mon épaule. Je suis qu'il avait bien fait.
C'est donc plus d'une semaine après notre dernière entrevue que nous nous retrouvions. Seuls. De nouveau. Dans les ruelles de la ville, nous marchions. Je racontais la journée. Ne posais mas trop de questions sur la sienne. Le laissant me donner ce qu'il voulait. Je ne questionnais pas le passé. Laissais le temps faire son travail.
Parce que nous nous rencontrions encore. A de nombreuses semaines d'intervalles. Mais il acceptait de partager quelques heures avec moi. Comme il acceptait de plus en plus de parler par message. Il n'y disait pas garden chose. Pas de bavardage. Pas de prénom. Juste des informations. Des dates. Des heures. Des lieux. Quelques nouvelles de temps en temps. Cependant, le plus important se faisait a l'oral. Lors de nos rencontres mensuelles. Puis hebdomadaire lorsqu'on avait le temps.
Je prenais souvent la parole. Mais il me lâchait toujours quelques nouvelles. Sur ce qu'il est. Sur ce qu'il a été. Il révélait peu à peu ce qui était arrivé. Sans détail. Sans émotion personnelle. Mais peu a peu au clair des parties de notre histoire commune.
Pourtant cela ne me suffisait pas. Il était encore distant. Et je voulais retrouver notre relation d'avant. Fusionnelle. Je voulais retrouver les piques qu'on se lançait. Les blagues qui nous faisaient rire. Les mots qui nous touchaient. Je voulais retrouver les petits flirts. Les remarques déplacées. Les sourires en coins. Je voulais retrouver notre complicité. Notre alchimie. Notre amitié. Mais rien de tout cela n'était possible. Parce qu'il ne le permettait pas.
Malgré cela, j'espérais.
Il laissait de plus en plus ses émotions prendre le dessus. La joie. Quand on se voyait. L'amusement. Quand je me trompais. La déception. Quand je ne pouvais venir. Et surtout, il s'ouvrait de plus en plus. Acceptant le contact. Prenant l'initiative. Et ce jusqu'à m'inviter chez lui.
Certe, ce fut un moyen de répliquer a ma proposition de voir le groupe. Mais il voulut tout de même m'emmener dans son petit appartement. Pour se voir. Pour manger. Pour dormir certains soir. Il m'ouvrait sa porte. Bien que l'intérieur ne soit pas très personnel. Ça m'a touchait qu'il m'accepte a ce point. Qu'il veuille de cette amitié. Qu'il veuille de cette complicité.
J'ignorais encore beaucoup de choses. Mais je savais que je n'étais plus un inconnu pour lui. Et cela me réchauffait le coeur.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro