Je revoyais ces quelques années. Tous ces moments passés. Ces rires. Ces pleurs. Je revoyais nos choix. Mes décisions. Cette ambiance. Je revoyais son sourire désolé. Ses yeux remplient de larmes. Ses mains tremblantes. Je revoyais le visage fermé de notre directeur. Ses regrets. Sa tension. Je revoyais les autres. Tristes. Inconsolables. Ne comprenant pas. Comme moi. Je revoyais toutes ces images. Enfermé dans mon studio. Dans un noir troublé par l'écran de mon ordinateur.

Il était parti. Rien n'avait pu le retenir. Il nous avait seulement dis au revoir. Adieu. Il n'y avait rien eu de plus. Pas de cérémonie. Pas de salutation officiel. Rien d'autre que sa voix brisé et un silence insupportable. Il ne faisait plus parti de nous.

Et personne ne disait rien. Personne n'interrogeait. Personne n'en parlait. Il n'y avait que ce même silence. Pesant.

Après quelques mois, ils avaient réussi à s'adapter. Combler son vide. Esquiver pendant les interviews. Enterrer le problème. Ils étaient encore impacter par son départ. Cela se sentait. S'entendait. Se voyait. Jisung était moins énergique. Seungmin avait la voix qui tremblait. Hyunjin sortait de la douche avec les yeux rouges. Mais plus personne n'en faisait référence. Il n'existait plus. Il n'avait jamais exister.

Mais cela me torturait. Comment pouvaient-ils l'ignorer. Comment pouvaient-ils passer à autre chose. Alors qu'il avait été notre ami pendant plus d'un an. Alors que nous avions vécu tant de choses ensemble. Alors que quelques jours avant, ils rigolaient avec lui. Il avait été un ami pour eux. Il avait été un frère. Un père. Pourtant, il avait été oublié en quelques mois.

Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas faire comme eux. Le dernier à avoir été choisi. Mais celui que je préférais le plus. Sa chaleur. Son humour. Sa maturité. Il était toujours là pour m'épauler. Même quand cela devenait compliquer. Difficile. Il était le deuxième leader. Le deuxième parent. Il arrivait à les gérer quand je ne le pouvais. Il arrivait à nous aider quand nous étions bloquer. Il trouvait la mélodie. Le pas qu'il fallait.

J'aurais donné n'importe quoi pour avoir de ses conseils à cet instant précis. Pour savoir ce qu'il aurait fait. Sans lui, je n'étais plus capable de les porter. De les amener plus haut. De les conduire jusqu'au sommet. Je n'étais tout simplement plus légitime de cette place. Si les commérages étaient vrais alors je n'aurais jamais du être à leur tête. Si tout cela était vrai, j'aurais seulement échouer du début à la fin. Si ces putains de commentaires ne mentaient pas, j'avais aider un violeur à devenir célèbre. Cependant, je ne voulais les croire. Ce n'était tout simplement impossible. Pas lui. Pas Woojin.

Je ne pouvais m'empêcher de m'interroger. De me remettre en question. De revoir ces années. D'analyser ses gestes. De rectifier mes erreurs en espérant une meilleure fin. Mais j'arrivais toujours à la même conclusion. Ça avait été de ma faute. J'aurais du être plus vigilant. A lui. Aux haters. A tout. J'aurais du être plus attentif. A ses problèmes. A ses émotions. Et j'aurais du le rattraper. Lui demander sa version. Sa vérité.

Aujourd'hui je suis dans ce bureau. L'écran me brûle la rétine. Je suis incapable de décoller mes yeux des théories. Des questions. Des critiques. Des insultes. Le noir m'entoure. Le casque sur mes oreilles me rappelle pourquoi je suis ici. Mais je ne peux pas faire autre chose que lire. A en avoir mal à la tête. A en avoir la bouche salée. A en ne plus manger. Il y a rien d'autre que ces mots dans ma tête. Les mélodies ont disparu. Les paroles ont disparu. Mes doigts tremblent rien qu'à la vue du crayon.

Alors, à défaut de chanter. Je lis. J'essaye de comprendre. A défaut de comprendre. Je cherche. Creuse les recoins du net. Espérant un indice. Sur lui. De lui. Un mot qu'il aurait laisser. Pour nous. Pour moi. Je retrouve ses comptes. Signalés Bannis. J'analyse ses dernières publications. Ne voulant qu'un mot. Qu'un signe. Mais dans cette pénombre, je ne trouvais que le néant. Il n'y avait rien.

Je laissais donc mes larmes prendre le dessus. M'éloignant de cet écran qui me faisait si mal. Je me laissais envahir par les frissons. Me repliant sur ce siège trop grand. La tête dans les genoux. Je savais que les autres allaient s'inquiéter. Quand ils allaient remarquer que j'avais encore ma nuit ici. Quand ils allaient remarquer mon manque de sommeil. Quand ils allaient remarquer que leurs plats étaient intactes. Ce n'était pas à eux de s'en occuper. Mais comment les aider si je ne peux pas régler mes propres problèmes. Comment les soutenir quand je ne peux pas me soutenir moi même. Juste, comment continuer. Comment sortir de cette salle sans que les Stays se rendent compte que quelque chose cloche. Comment me montrer sans avoir honte. Comment supporter toutes ces questions. Comment continuer en l'oubliant.

L'ordinateur s'éteint. M'abandonnant à mes démons. Ces mots pourtant disparus tournent dans la noir. Se modifient. S'adaptent. Pour insulter tout le groupe. Dévoilant les faiblesses de chacun. Nos travers. Nos secrets. Non. Il ne pouvait pas. Il ne ferait rien. Il ne nous détruirait pas. Parce que c'est lui. Parce que c'est Woojin. Parce qu'il fait parti de nous. Parce qu'il ne leur ferait jamais ça. Parce qu'il veut nous protéger. Parce qu'il ne ferait pas ce qu'il a subit. Parce qu'il a disparu.

Dans un demi sommeil, j'entends une porte. Alors j'espère. J'imagine. Je fantasme. Il revient. C'est lui. Il me sauve de tout ça. Il me rassure. Me promet qu'il ne repartira pas. Il m'enlace. Ses bras puissants me soutiennent. Sa peau me réchauffe. Ses larmes se mélangent au mienne. Nous pleurons. Mais nous sommes là. Ensemble.

« Chan. »

Minho. Merde.

Ma vision disparaît. Un frisson glacé me parcours le corps.

Il faut que je me reprenne. Pour eux. Pour lui. Jamais il aurait voulu me voir comme ça. Alors je respire un grand coup. Allume la lumière. Commence à composer. Tout en savant que chaque prod finira à la poubelle.