20 août, du calme... Ne pense plus à rien.

21 août, nous voilà de retour à la maison. Léon est une excellente chose pour lutter contre les chagrins d'amour. 

Mon dieu.

Moi, Mathis Paillon, 15 ans, possédant un casier judiciaire sale.

Moi, Mathis Paillon, ayant manipulé et tué des gens.

Moi, Mathis Paillon, condamné à être cobaye pour mes crimes.

Moi, Mathis Paillon, ado nihiliste, pessimiste, fataliste.

Moi, Mathis Paillon, ne voyant dans l'amour que la façon de coucher plusieurs fois avec un même humain avec garantie de fidélité.

Moi, Mathis Paillon... Atteint d'un chagrin d'amour de vacances à cause de Mathys-Y. Un garçon de passage. Un beau garçon, certes, mais un humain que je ne reverrai jamais, et je le savais très bien avant.

J'attrape mon téléphone.

— Allô Mathis ? Alors, les vacances ?

— Gé-nial.

— Tu prends ta voix sarcastique, tu sais ?

— Oui, Rita, je saaaais. Peux-tu rappliquer avec un pot de glaces et des films à l'eau de rose ? J'ai un chagrin d'amour, je me change en héroïne de romcom.

— Ok, Mathis, rit-elle. J'arrive.

Ah, tiens, le type qui jouait dans Lazy Town, Stefán Karl Stefánsson... Il est mort. Allez savoir pourquoi, cela me fend le cœur.

22 août, réunion du gang. Oui, le gang. Car je suis désolé, mais une réunion de dix adolescents plutôt inoffensifs à première vue formant un groupe hétéroclite, j'appelle ça un gang.

Certes, nous sommes en rase campagne. 

C'est un peu chez Blandine, elle nous a tous invités. 

Et nous sommes dans un champ en face de chez elle, la bergerie et le poulailler. On entend d'ici les ânes. Nous avons monté en arrivant les tentes, préparer pour le feu. Il fait si chaud...

— Allez, faisons des danses paganes pour invoquer les démons ! S'écrie Louna.

— Vous savez qu'askip il y a quelqu'un au lycée qui est wiccan ? Dit Faya. 

— Wiccan ? Traduction, estépé, lance Léo.

— Une personne qui croit en la Wicca. Maintenant, kécécé la Wicca me diriez-vois, sourit-elle. C'est un courant religieux avec un mélange de chamanisme, de druidisme et des mythologies. Et y'a plein de variantes, aussi. Louna, précisions s'il-te-plaît.

— ... Y'a marqué « puits de sciences » sur mon front ?

— Sans vouloir te vexer, dis-je avec précaution, oui.

Cela sonne le départ d'une bataille d'eau : Louna attrape une bouteille et essaye de me la vider sur la tête ; or j'ai certes un corps de lâche je suis plutôt rapide et souple, donc je l'évite, et tente de me venger. Sans que je sache ni trop pourquoi, ni trop comment, tout le monde s'est mis à se mouiller mutuellement. Gabriel et Emmy me prennent en traître, et je reçois sur la figure un demi-litre d'H2O. Blandine contre-attaque avec un seau plein à ras-bord. Léo se défend avec des gobelets en plastique. Faya, alliée à et sur le dos d'Enzo, arrose tout ce qui passe à sa portée. Rita se saisit des bouteilles restantes pour se battre...

...Tant et si bien que, vers 19 heures, nous sommes tous en sous-vêtements et serviettes (que Blandine avait prévu, comme quoi nous sommes prévisibles), grelottants. 

— Payez votre idée de merde, se plaint Emmy.

Nous nous retournons tous, et je lance mon éternel « plaît-il ». Blandine a une réaction autrement plus mature : aller chercher le barbecue pour faire notre repas. Je n'imagine même pas la réaction de ses parents en voyant leur fille débarquer avec les cheveux trempés, en soutien-gorge et culotte. 

Quelle journée. Mais quelle journée.

Enzo va l'aider dès qu'elle apparaît à l'orée du champ. Il lui prend sa glacière. Gabriel y court également, et se retrouve avec la bouteille de gaz. 

— Moi je dis, il y a anguille sous roches, ou plutôt baleine sous gravillons, braille Louna.

— Je ne comprends pas vraiment pourquoi ils sont attirés. C'est une bonne amie, mais en tant que petite-amie...

— Mathis, me coupe Léo, tu es son ex. Tu peux plus comprendre.

23 août, non je ne peux plus comprendre. Gabriel et Enzo ont fait les yeux doux toute la soirée à Blandine. Je ne comprends plus rien. Pourquoi ? Rita me tapote l'épaule pour me montrer la scène : les deux prétendants qui demandent ensemble à leur belle de les accompagner à la soirée de la Maison des Ados pour la fin de l'été.

Elle prend Gabriel.

Enzo change de visage, lui jette un regard haineux.

— Et c'est le début des emmerdes, soupire Louna

24 août, un SMS de Rita.

Et si on y allait aussi, à cette soirée ? :D

'k

Wunderbar :D

Je vais t'écraser les pieds, tu en es consciente

Je sais, je sais, je sais

Donc ça va, on y va ?

Oui

On a la semaine pour s'organiser, mais ouais

— Arthur, Jeanne, puis-je aller à la Maison des Ados le 2 septembre ?

— Tu n'as pas école, le 2 septembre ? demande Jeanne d'un ton suspicieux.

— Moi aussi je veux y aller ! s'écrie Antoine. Papa, maman, s'il-vous-plaît !

— Non, toi, tu es un enfant, dis-je. Alors, puis-je ?

Arthur et Jeanne soupirent de concert, en se regardant, alors qu'Antoine part bouder sur un fauteuil. Arthur cède le premier, sous l'air réprobateur de la reine-mère.

— Tu seras avec qui ? m'interroge-t-il.

— Rita, Blandine, Gabriel... Probablement Faya et son copain, peut-être que Léo et le sien seront là.

— C'est ou...

— On en reparlera, le coupe Jeanne. 

25 août, Jeanne a craqué. Je suis un excellent manipulateur, un manipulateur très auto-satisfait.

Nickel pour la soirée je passerai chez toi

Tu conduis

Parce que tu crois que je te laisserais conduire mon scoot :D

26 août, je me suis réveillé paralysé. Je me suis rendormi, ça ne sert à rien de continuer...