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Lundi 31 décembre

31 décembre, je me suis réveillé à 3 heures. J'ai pris mon petit-déjeuner dans la foulée. Il est actuellement 6 heures et demi, et je tourne dans la maison comme un lion en cage. Il a neigé cette nuit.

Arthur me rejoint assez rapidement, tout endormi. Il me remarque.

— Tu... Tu as fait le café.

— Tu as vu, je fais des progrès.

Il me rend un sourire, m'ébouriffe plus que je ne le suis déjà, et m'embrasse sur le front.

— Ça fait bizarre, dit-il. Je me rappelle de toi, quand t'es arrivé. Ton air sérieux. T'avais la tête d'un adulte. Quand Célia t'a ramené, quand elle nous a parlé de... De tout, on a pensé que... tu serais un gosse pas facile et... Rah, pourquoi je te raconte tout ça ? C'est bête, c'est de l'histoire ancienne.

— Tu ne veux pas larmoyer en remuant le passé, Arthur.

— T'as raison. Ça me tue, t'as raison.

Puis il me regarde. Il me détaille, comme s'il cherchait à imprimer l'image de moi avec des cernes d'un hectare, une tasse de café à la main, mal coiffé, habillé à l'arrache.

— Hé mais, c'est le t-shirt que t'as eu à ton anniversaire !

— Si tu le dis, commenté-je en vérifiant ses dires. Oui, en effet.

— Tu fais quelque chose de particulier, aujourd'hui ?

— Je traînerai comme une loque à la maison, comme d'habitude un 31 décembre.

Il m'ébouriffe.

— Les habitudes, ça a du bon, ajoute-t-il sans pertinence.

Puis il me prend dans ses bras. Et me lâche, mon téléphone sonne.

Mathis

?

G fait un test de grossess

Plaît-il ?

Jesui enc1te

QUOI ?

Je pâlis. Une vague de stress m'envahit. C'est de moi. Je le sais. Je n'ai pas le droit de détruire sa vie, surtout que nous sommes mineurs et que je vais mourir. Nous sommes techniquement des enfants. Un enfant ne fait pas un autre enfant.

Si je pouvais survivre à aujourd'hui, j'aurais assumé jusqu'au bout. J'aurais assumé. J'aurais essayé d'être quelqu'un de bien, de l'aider, de l'accompagner au centre de planning familial, à l'hôpital, n'importe où pour l'aider.

Mais je ne peux pas.

Parce que j'ai cette puce, et parce que je meurs ce soir.

Mahia. Mahia, lis attentivement. Tu fais ce que tu veux de ce je vais écrire : réfléchis. Tu en fais ce que tu veux, c'est ton corps, c'est ton choix. Moi, je ne serai pas là pour toi demain. Je le sais, c'est comme ça. Je ne veux pas que tu détruises ta vie, Mahia. Je ne veux vraiment pas. Avorte.

Je sai pas

G peur

Je vais venir chez toi, ok ? On va en discuter

Mon téléphone se coupe, plus de batterie. Je pense à le charger... Mais à quoi ça rimerait ? Je fonds en larmes.

— Mathis ? s'étrangle Arthur, la voix inquiète. Mathis, qu'est-ce qu'il y a ?

Il se précipite sur moi, et me prend dans ses bras. Je pleure contre son épaule, et la laine de son pull s'imbibe rapidement de mes sanglots. Il me parle, mais je ne comprends pas ce qu'il dit. Il appelle Jeanne, et elle accoure. L'agitation fait feuler Léon, qui se carapate loin. C'est fou, cette perception des détails.

J'entends Antoine à l'étage, qui s'apprête à descendre.

J'ai besoin de prendre l'air. Le premier bus passe dans peu de temps. Je dois faire un crochet chez Mahia. Tout de suite. Le plus tôt possible. Je prends mon ticket sans regarder le chauffeur antipathique. Le car est vide, je m'installe. Dehors, le monde défile. Tout se mêle dans le mouvement rigide du véhicule. Je remets mes lunettes sur mon nez, descends au troisième arrêt.

La ville bruisse de voitures et de moteurs, sent le fioul et la pisse. Je monte les escaliers, les quatre étages en courant. Je frappe à la porte, Mahia ouvre, pâle comme jamais, le test à la main. Elle me tombe dans les bras.

— Mathis, j'fais quoi ? miaule-t-elle.

Je la serre contre moi, elle fond en larmes. Je l'embrasse, je passe mes mains dans ses cheveux. Qu'elle se calme, qu'elle se calme...

— Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. On va aller au Planning Familial, d'accord ? Il y a des gens qui font des permanences, un médecin... Je te jure que tout va bien se passer, lui répété-je pour l'apaiser. Tout va bien se passer.

Sa main glisse dans la mienne.

— Allons-y, lance-t-elle en enfilant ses chaussures.

Vers midi, je la laisse. Elle est terrifiée, mais elle refuse de le laisser paraître. Elle refuse que je la voie dans de sales états. Elle est fière, Mahia, très fière, monstrueusement fière. Elle m'a embrassé. Un dernier baiser. J'aurais dû le faire durer plus longtemps.

Dans le bus, je regarde les gens. Presque personne. Un Gabriel enragé monte au prochain arrêt. Il montre sa carte de bus, et je comprends à son attitude qu'il ne veut pas qu'on lui parle. Il prend de grandes bouffées de sa cigarette électronique. Le visage rouge de colère, les yeux haineux. Il m'a vu sans me reconnaître. Il descend avant moi, au pole intermodal.

Je rentre à la maison.

— Puis-je faire quelque chose pour aider ?

Antoine finit juste de mettre la table, et Jeanne apporte une casserole tandis qu'Arthur remplit la carafe d'eau.

— Non, tout est prêt, viens à table, souffle ma mère. On mange des spaghettis.

Je prends ma place, mon nuage flotte au-dessus de la table. Antoine ne dit rien. Personne ne parle. On mange en silence.

— Pouvez-vous me raconter... Le jour où je suis arrivé ?

— Jeanne ? Raconte, ma chérie.

— Alors... C'était un 4 février, il y a bientôt huit ans. Il faisait moche, sourit-elle. Célia nous avait appelés la veille, c'était le branle-bas de combat à la maison. Amandine et Florian étaient à l'école, et on attendait. Puis quelqu'un a frappé à la porte. Célia avec un enfant. Elle nous a donné des indications, un dossier entier.

Elle accentue des mots, à côté Arthur se retient de rire à certains détails.

— Et au moment où je me suis présentée, tu m'as craché à la figure, rit-elle. Célia avait viré rouge brique tant elle était gênée. Puis Arthur a essayé de jouer de l'autorité, et t'es parti en courant. On t'a poursuivi dans tout le quartier.

Ils rient. Mais ce sont des rires nostalgiques, des rires face à une anecdote cocasse.

— Pourquoi tu veux savoir tout ça ?

— Je ne sais pas, Jeanne, va savoir...

— Mais avec cette première impression, on était persuadés que t'allais être un môme emmerdant au possible, intervient Arthur. Mais t'étais déjà tellement sérieux...

Ils prennent l'air que prennent, à mon sens, la plupart des parents quand ils abordent l'enfance honteuse de leur progéniture, avec un mélange de fierté et de mélancolie. L'air que prenaient les Wagner quand ils racontaient les frasques de Rita, ou la voix sucrée de Florian quand il parle de petite Clothilde.

Arthur sort du réfrigérateur des yaourts. Je n'en prends pas, je n'en prends jamais.

14 heures 19. Antoine me force à regarder avec lui le dernier JDG. Enfin, me force, je viens avec lui de bonne grâce.

— Dis, Antoine, voudrais-tu faire une grosse, une énorme bêtise ?

— Quoi comme bêtise ?

— Du style à faire quand tu vas crever dans peu de temps.

— Et c'est quoi, la bêtise ?

— Mettre le feu à un lampadaire.

Il esquisse un sourire. Je regarde sous mon lit, je tire une boîte. Tiens, il est encore là, ce paquet de cigarettes ? J'en colle une dans la bouche de mon frère, je m'en mets une au bec, j'allume les deux.

— Nous sommes partenaires du crime, maintenant, Antoine. Garde ta langue.

Il se met à tousser. Oh le con, il a avalé de travers la fumée.

À 16 heures 48, nous fuyons courageusement la furie de Jeanne.

Il est 23 heures 59. Jeanne et Arthur sont sur le point de fondre en larmes. Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir...

La radio crachote le compte à rebours. Je ne sais pas. Tout me crie de vivre. Vivre longtemps, faire quelque chose de grand. Mais ça n'a plus d'importance. Ça n'a plus d'importance, n'est-ce pas ? Plus d'importance, on m'oubliera.

« 10.

9.

8.

7.

6.

5.

4. »

— C'était la plus belle année de ma vie, dis-je en les embrassant. Merci Jeanne, Arthur...

Je les regarde. Je leur souris. J'ai envie de pleurer.

— Je vous aime.

« 3. »

Jeanne fond en larmes. Arthur me prend dans ses bras. Antoine se fige. Une dernière pensée pour le monde.

« 2. »

Une dernière pensée pour ma gueule. J'imagine mon corps dévoré par les vers de terre. Je peine à respirer. Mon cœur s'affole.

« 1. »

Je les regarde une dernière fois. Adi-

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