Chapitre I : Banquet
-Bien, merci à tous d'avoir accepté ce conseil.
Une voix plate et dénuée de toute émotion s'élève dans ce qui s'apparente à un amphi théâtre.
Il y a près de 50 personnes importantes, et une foule de quelque 800 autres se tient à la droite, observant attentivement la personne drapée dans des tissus fins aux tons neutres, blanc principalement, mais avec des touches de turquoise.
Il s'agit de la dirigeante du royaume des Ielains, ces êtres au savoir infini, la Suprême Leillaura.
Chaque peuple se démarque des autres par une couleur.
Les Dexwos sont ainsi vêtus d'une touche de bleu.
Les Anecs, des métamorphes, portent du vert.
Les Lloennams eux, viennent accompagnés d'une touche de rose, les Kyraims sont en ocre et les Marros, peuple de guerrier, de rouges.
Même le Suprême des Hysrums, des marchants nomades, fait exceptionnellement le déplacement, vêtu de pourpre.
Sont réunis dans cette salle, les peuples les plus puissants de ces terres.
-Camarade, l'heure est grave. Comme vous le savez, un assassin sévit dans nos royaumes. Étant donné que nos peuples réunis ici...
Leillaura fait une pause et désigne d'un geste ample de la main la foule qui incline la tête. En majorité composé de Ielains, et avec peu de Hysrums, les rangs sont assez inégaux.
-Sont les seuls à subir cette attaque, je n'ai pas jugé nécessaire de convoquer le reste des peuples. Mais nous devons agir.
Une Suprême se lève et l'assemblée reconnaît Hisae, la Suprême des Dexwos.
-Un de mes sujets a été assassiné dernièrement. C'était un empathe respectable, et il se portait volontaire pour aider le Commandent général de mes armées.
-Merci Hisae pour cette intervention. Cela prouve l'urgence de la situation. Le meurtrier, qui qu'il soit, monte en grade. Il commence à s'attaquer aux puissants, doucement mais sûrement. Nous devons le coincer et arrêter cette folie. 26 personnes ont déjà fait les frais de sa violence.
Leillaura s'arrête un instant, et des murmures envahissent l'amphi-théâtre. La Ielaine entend les habitants s'exclamer, outrés, choqués, perturbés, et elle commence à songer qu'inviter les citoyens à écouter le débat n'était pas une bonne idée. Il faut à tout prix éviter un mouvement de panique. Son unique but était la mise en garde, pas d'instaurer un climat de terreur.
Elle se racle la gorge et reprend.
-Je lance dès maintenant une chasse au meurtrier. Quel que soit son grade, son peuple, son passé, son apparence, il doit être éliminé au plus vite avant que plus de citoyens ne périssent.
-Et comment comptez-vous vous y prendre Surpême Leillaura ? Car son jugement devra être exectuer non pas par les Ielains exclusivement, mais également tous ceux qui ont subit ces horreurs !
-Suprême Leillaura, pensez-vous qu'il se pourrait que le tueur soit parmi nous ?
-Pour quel crime sera-t-il jugé ?
-N'avez-vous pas peur de déclencher un vent de panique chez les peuples, Suprême ?
-Qu'allons-nous faire en attendant ?
-La Garde Royale ne pourra pas protéger tous les citoyens !
-Si ça se trouve, ces meurtres n'ont pas de liens ! Juste des disputes qui ont mal tourné !
-LA FERME KERRY T'Y CONNAIS RIEN !
-Un peu de respect ! S'outre le Suprême Valurum, des Hyusrums.
-Je suis sûre que ce sont les Rovamus !
-Bah oui bien sûr, et les Fodelins aussi, réplique une voix d'un ton sarcastique.
-La Suprême Akilza tant que t'y es !
-Non ce sont les Onérions !
-Les Aspectrans sont aussi capables de sales coups !
-Vous racontez n'importe quoi, c'est les Némoriens ! Hurle une voix, couvrant les autres.
-Il suffit ! S'écrit le dirigeant des Marros, Siran. Nous ignorons tout de cet individu, et ce n'est pas une raison pour accuser des peuples alors qu'il s'agit une personne isolée !
-Mais reconnaissez que cela pourrait être les Némoriens !
-C'est une possibilité à envisager effectivement, mais cela pourrait tout aussi bien être un Anec, réplique sèchement le Suprême.
L'anec en question se tut et baisse la tête.
-Bien, je pense que la question est réglée. Il nous faut ouvrir l'œil. N'hésitez pas à faire part de vos doutes aux gardes royaux. Un couvre-feu sera également installé à partir de 21 lahms, étant donné que la plupart des crimes se sont déroulés après cet horaire, déclare Leillaura lorsque le calme fut revenu.
La plupart des personnes acquièrent et si certaines ne semblent pas ravies à la perspective d'être épiées ou d'avoir un couvre-feu, ils n'osèrent pas exprimer leur mécontentement à haute voix.
La Suprême parcourut du regard l'assemblée et ses yeux rencontrèrent ceux d'un Ielain aux cheveux blonds et aux yeux tempêtes.
Le jeune Ielain sourit et incline la tête, tentant de garder la face.
Ahereann est un Ielain assez basique, comme la plupart, mais il sait se faire discret et est plutôt aventurier.
D'ailleurs il a très envie d'aller voir les familles de victimes afin d'enquêter un peu, de relier les éléments entre eux.
Loin de lui l'idée de dire que les Judiciaires, les personnes en chargent des grosses affaires judiciaires dont fait partie celle de ce meurtrier, sont incapables.
Seulement, un petit coup de pouce n'est jamais de refus n'est-ce pas ?
Pensivement, il jette un coup d'œil autour de lui.
N'importe qui est suspect techniquement. Le tueur peut très bien être parmi, s'être rendu au Grand Conseil afin de savoir quelles restrictions ou mesure seraient misent en place contre lui.
Son regard balaie l'assemblée et fut attiré par son voisin, un Ielain typique.
Intelligent, mesuré, calme, réfléchi, et posé.
La plupart de ses camarades ressemblent à ça, avec leur air neutre.
Aucun ne semble se demander à quoi ressemble le monde par autre chose que des cartes et des dires, quand lui rêve de l'explorer par ses propres moyens.
Il soupire et se lève alors que l'amphi-théâtre commence à se vider. Il n'a pas entendu la fin du discours mais se doute qu'il s'agissait de remerciements et une invitation à se joindre au buffet.
Le royaume Ezorad est en fête. Depuis près de 12 300 héaps, aucun Grand Conseil n'avait eut lieu. En réalité, après la Némoriex, immense guerre pour chasser les Némoriens, un seul Conseil avait été tenu, afin de faire état des dégâts, des pertes, répartirent les terres de Némoriens, et décidé de nouveaux accords de paix, chaque peuple coupant pont avec les autres.
Alors oui, les Ielains sont fiers d'accueillir ce Grand Conseil, bien que la raison de ce dernier ne soit pas réjouissante.
Ahereann s'en fut, suivant un groupe d'étudiants de 15ᵉ grade.
Dehors avait été sorti de grandes tables, sur lesquels se mélangeait toutes sortes de mets dont le doux fumet attisa les papilles et réveilla les estomacs des convives.
Intrigué, le Ielain observe un Marros entretenir une conversation polie avec une Anec.
En effet, les guerriers ne sont pas spécialement connus pour être sympathique envers les métamorphes.
Il continue son chemin, et attrape au passage une coupe de Lorein, une boisson alcoolisée créer à partir Oellei, un fruit en forme de ballon, et d'une céréale, Taleem.
Aeherenn appuie ensuite son dos contre le tronc d'un Tirm, et un soupire passe la barrière de ses lèvres.
Les débats sont intéressants mais dans une certaine mesure, et la Suprême a été directement au point qui les intéressait, bien qu'elle ait décrite les lieus et le profil des personnes assassinées.
Le jeune Ielain porte sa flûte à ses lèvres et sent le liquide couler le long de sa gorge, provoquant une sensation de brûlure.
Une légère grimace s'affiche sur son visage, disparaissant rapidement.
Du coin de l'œil, il remarque qu'un Dexwo se tient à ses côtés.
Il s'agit d'un homme aux cheveux blonds ou bruns, aux yeux gris, avec une peau bronzée et une silhouette fine mais musclée.
Ahereann se racle la gorge, ne sachant pas vraiment comment s'introduire, mais le Dexwo l'interrompt.
-Cette affaire est étrange... J'ai étudié le profil des victimes, et si au début il ne s'agissait que d'hommes, les femmes commencent également à être victimes.
Un instant, le Ielain en reste coi de stupeur.
-Hum... effectivement... peut être que ces personnes ont des points communs ? Je me demande quels sont les motifs du tueur.
Le Dexwo acquiesce puis se redresse pour faire face à Ahereann, lui tendant sa main.
-Iuero. Enchanté.
Le Ielain sourit et attrape la main de son camarade.
-Ahereann. Tout le plaisir est pour moi.
Durant près d'une demi-lahm les deux continuent à parler, principalement de l'affaire, mais ils élargissent le débat à la haine générale et à la grande guerre.
C'est là que le Marros qu'avait aperçu Ahereann précédement, discutant avec une Anec aux cheveux noirs, s'approcha d'eux.
-On a étudié la Némoriex en cours, mais je ne trouve pas que les récits soient identiques à la réalité. J'ai moi-même fait des recherches sur cette période et après quelques iaols, j'ai découvert que les hybrides étaient assez fréquents en réalité.
Ahereann se retrouve quelque peu désarmé face à l'intervention de ce guerrier aux cheveux noirs en bataille, aux yeux bleus profonds, qui porte une peau bronzée et dont la silhouette, par des heures d'entraînements sans nul doute, se retrouve dessinée et solide.
Iuero lui ne se laisse pas aussi facilement déstabiliser, et se contente de hocher la tête, agréant avec ce que le Marros vient de dire.
-Je dois avouer que la vérité est souvent quelque peu déformée, la mémoire des gens s'efface.
-Peut-être que le meurtrier en a après les hybrides ? Expose Ahereann, après une courte seil de refléxion.
Ses camarades se tournèrent vers lui, visiblement étonnés de sa réflexion.
-En effet, réalise le Dexwo. Je ferais des recherches là-dessus.
Aehreann sourit, fier de lui.
-J'ai oublié de me présenter, je me nomme Néeor Xalkrr, déclare soudainement le Marros.
-Iuero Oiz, Dexwo.
-Ahereann Ealeran, Ielain.
-C'est un plaisir de voir rencontré.
-Tout le plaisir est pour nous, réplique Iuero avec un clin d'oeil.
Néeor répond avec un sourire et lève son verre en direction de l'empathe, avant d'avaler une gorgée du liquide alcoolisé.
Ahereann sent un sourire étiré ses lèvres et il ne le retient pas, ravi d'avoir enfin trouvé des camarades avec qui parler de cette affaire plus que mystérieuse.
-Je n'ai pas moi-même participé à la guerre, mais peut être l'un d'entre vous l'a fait ? Demande Néeor, son regard se tournant vers le Ielain.
Ahereann étouffe un rire.
-Non, je n'étais pas encore né que déjà Némoriex était fêté depuis 10 000 ans. Seuls les plus anciens s'en souviennent.
Le Marros eut un rictus amusé.
-Excusez mon insinuation peu délicate, mais étant donné que votre peuple est connu pour vivre jusqu'à 15 millions d'héap, je me disais...
-Je comprends totalement, il n'y a pas de problème.
Iuero lui ne se priva pas d'en rire, s'attirant des regards orageux d'invités autour d'eux.
L'empathe s'arrêta rapidement, une grimace déformant son rictus.
-Ressentir les émotions des autres ne doit pas être amusant... suppose alors Ahereann.
-Effectivement. Si elles sont mineures, je ne ressens rien, mais quand elles sont fortes, j'en aurais le goût dans la bouche.
-C'est étrange, déclare Néeor pensivement.
Iuero hausse les épaules.
-On finit par s'y habituer on y est préparé dès la naissance.
-Et quelles émotions vous sentez en ce moment même ? Interroge le Marros.
-Il y a un goût pétillant et léger... la joie donc. Mais aussi amer et étrange, la crainte. Et quelque chose plus agressif, plus... dominant. La colère.
Néeor hoche pensivement la tête.
-C'est plutôt logique. Les gens sont heureux d'être ensemble, mais ils ont peur pour leur vie et sont irrités que le tueur soit toujours libre.
-En même temps on ne peut pas faire grand-chose, les Gardes Royaux et les Judiciaires sont sur l'affaire depuis près d'un Aosen.
-Il est là le problème, réplique le guerrier. Ça fait plus d'un Asoen que le tueur sévit, et pourtant on a aucune information sur lui. Que ce soit son genre, son peuple, son âge, ou des informations physiques. Il tue les gens de sang-froid, et d'une manière terriblement efficace.
-J'ai justement fait quelques recherches sur la manière dont sont décédés les victimes, et Néeor à raison. Des coups du lapin, des balles tirées, des armes lancées, c'est toujours précis et mortel sur le coup. Au moins, les victimes ne souffrent pas, ajoute Ahereann.
-C'est bien maigre comme consolation je trouve, déclare Iuero avec une pointe d'ironie.
-Moi également, mais on ne peut pas faire grand-chose de plus, réplique le Ielain.
Néeor, qui n'a plus dit mot depuis un moment, observe attentivement les invités.
Ahereann suit son regard et tombe sur deux Marros qui rabaisse l'Anec avec laquelle Néeor conversait un peu plus tôt.
Iuero retient un soupire en voyant le Marros s'avancer en direction de ses camarades.
Ahereann échange un regard inquiet avec l'empathe, hésitant à intervenir, mais son camarade le dissuade d'un regard.
Néeor peut très bien gérer la situation tout seul, d'ailleurs il le prouve en demandant à ses congénères la raison de cette dispute.
À peine une maol plus tard, les deux Marros arrêtent de faire rouler leurs muscles et s'écartent.
Lorsque le guerrier revient, il est accompagné par l'Anec.
-Je vous présente Keien, déclare-t-il d'un ton neutre, bien que la colère brille dans son regard et tente de transparaître dans sa voix.
Ahereann doit dire qu'il est impressionné par la maîtriser et réserve dont faire preuve son collègue. Habituellement les Marros sont connus pour être des brutes qui préfèrent les muscles au cerveau, l'opposé des Ielains.
L'Anec lève fièrement la tête.
-Je n'avais pas besoin d'être protégée, j'aurais très bien pu m'en sortir toute seule.
Néeor lève les yeux au ciel, mais n'ajoute rien, observant juste la jeune femme repartir vers sa famille.
-Elle aurait pu au moins me remercier, déclare le guerrier en plissant les yeux, un air énervé sur le visage.
Iuero pouffe.
-Visiblement toutes les femmes ne tombent pas sous le charme musclé des Marros, se moque-t-il.
Néeor hausse un sourcil mais son air se fait plus froid.
Aehereaan commence à se dire que cette discussion tourne au vinaigre, et décide d'intervenir.
-Ce n'est pas nécessaire de disputer, après tout, nous sommes entre personnes civilisés, lance-t-il d'un ton ferme qui ne laisse pas la place à la discussion.
Néeor dévisage Iuero froidement encore quelques seils mais finit par soupirer et reculer d'un pas, se passant une main dans les cheveux.
-Soit. Excusez ma réaction disproportionnée.
Iuero sourit, mais plus doucement.
-Ce n'est pas de votre faute, mes blagues peuvent être mal prises.
Ahereann camoufle un soupire de soulagement lorsque les deux camarades se serrent la main.
Peu de temps après, ils discutent tous ensemble de sujets variés.
Finalement l'heure de se coucher vient. Les servants ont mis des heures à préparer le couchage de 300 personnes, et ce n'est pas peu dire, car certains des invités sont de la plus haute importance, tels que les Suprêmes et leur personnel.
Les familles furent les premières à partir, ceux avec des enfants de bas-âge en priorité, les cris des nourrissons leur attirant des regards peu sympathique.
Ahereann pour sa part, à déjà sa chambre au palais. Sa sœur aînée, Leïainne, est Lieutenant, ce qui signifie qu'elle gère les armées et le royaume en cas de décès ou absence du Suprême, jusqu'à son retour ou son replacement.
Dire que Leïainne est tout pour Ahereann serait un véritable euphémisme.
Elle se comporte en seconde mère, étant donné que leur père est mort et que leur mère les a reniées.
Il a également un grand frère, âgé d'un de moins que l'aînée, Iennu. C'est un Ielain doué dans le domaine de l'architecture, mais il n'est pas spécialement présent pour sa famille, avec un fort caractère.
Lorsque Ahereann pousse la porte de la chambre qu'il partage avec la blonde, il ne s'étonne pas de le ne pas la voir. Elle doit avoir beaucoup de travailler ce soir, afin d'assurer la sécurité des invités, et ne se reposera probablement que lorsqu'ils seront partis, voir que le tueur sera sous les barreaux.
Le Ielain doit bien admettre que des fois, le caractère protecteur de sa sœur est une des choses qu'il déteste le plus chez.
Ne vous y méprenez pas hein, Ahereann adore sa sœur de tout son cœur, il aime ses blagues, le son de son rire, son côté compréhensif, chaleureux et protecteur... mais pas quand la sécurité des citoyens l'empêche de passer du temps avec elle.
Un soupir s'échappe de ses lèvres et il finit de se changer avant de s'affaler dans son lit, lessivé par la soirée.
Il ne met que peu de temps avant de trouver le sommeil et de plonger dans un monde empli de rêves.
Et comme il l'avait prédit, lorsque le lendemain il est réveillé la lueur du soleil montant, sa sœur n'est pas de retour.
Il s'habille avec soin, dans le but de faire bonne figure -ne sait-t-on jamais trop à côté de quelle personnalité il pourrait s'asseoir- et tresse rapidement une mèche, qu'il cale par la suite derrière son oreille.
Le Ielain soupire et prend une grande inspiration, vérifiant si son lit est fait.
Sur un grand bureau repose ses affaires de cours d'un côté, et des dossiers administratifs appartenant à sa sœur de l'autre.
Ahereann lisse une dernière fois un pli dans sa tunique et pousse enfin la porte de sa chambre.
Une nouvelle journée, un nouvel emploi du temps chargé.
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C'était le premier chapitre! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
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