J'ai pris un coup au coeur
Bonjour,
J'ai tellement réfléchi à la forme de mon histoire que je ne me suis pas rendue compte que je tendais à l'écrire comme j'ai écris et j'écris encore les autres. Pourtant elle est tellement différente, elle est personnelle, alors je vais la raconter comme ça vient, je vais l'écrire simplement, en tentant de faire abstraction de cette pression que je me mets pour rendre le récit agréable.
Je voudrais aussi dire une chose, je suis ouverte à tout commentaire, à toute remarque, je l'ai toujours été sur mes histoires, j'accepte beaucoup de choses plutôt sereinement. Mais là, je lis tous les commentaires avec beaucoup d'appréhension, la boule au ventre, je retiens même mon souffle parfois et c'est très difficile. Je ne demande pas d'arrêter de commenter, vous êtes libres de le faire bien sur, et la majorité sont bienveillants et très gentils, mais d'autres ne le sont pas. Je suis très sensible à ça, c'est fou mais parfois j'aimerai même répondre mais je n'y arrive même pas tellement je suis à fleur de peau et touchée. Enfin bref, ce n'est pas une requête juste une information qui fera peut être son bout de chemin dans l'esprit de certains.
Voilà, sur ces mots je vais poursuivre mon récit, juste moi, en laissant de côté celle qui à écrit Action ou Vérité, l'Emprise, Silas Smith, Aly et Brûlée.
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Est-ce que vous croyez au destin? Moi j'y crois, quand je regarde les événements passés, je me dis que c'est peut être quelque chose que je devais vivre. Par exemple le jour où Adrian est rentré dans le restaurant même où je m'étais arrêtée, si c'est pas le destin qu'est-ce que c'est?
Notre soirée s'était poursuivie silencieusement pour lui et complètement perdue pour moi. Tous ces mots qu'il avait prononcé, il voyait une personne qui n'existait pas ou plutôt que je ne voyais pas. Il l'avait dit avec tellement de certitude que j'avais envie d'y croire, et j'y croyais seulement lorsque je le regardais dans les yeux. C'était fou, ce soir là j'ai pris un coup au coeur et Adrian Petrov en était à l'origine. J'étais rentrée dans la nuit, il m'avait déposé à la maison et caressé la joue un sourire aux lèvres. J'étais restée plantée comme une idiote devant chez moi pendant plusieurs minutes, à me demander si ça m'arrivait vraiment.
Comme prévue, ma mère n'avait même pas relevé mon absence, pourtant elle était encore dans le salon en train de travailler. J'étais montée dans ma chambre et j'avais à peine dormi, rêveuse et transportée par les mots d'un homme que je connaissais à peine.
Le lendemain, nous étions samedi et je me souviens que Lucas rentrait de vacances et avait prévu qu'on se voit. Comme à notre habitude, on s'était retrouvés pour un déjeuner tardif dans la brasserie de son oncle. Il m'avait raconté ses vacances superbes au Brésil, et interrogé sur mon emploi qui se terminait la semaine prochaine.
J'avais répondu vaguement parce que je m'étais rendue compte que seul Adrian avait mon numéro, je n'avais pas le sien. Les questions se bousculaient dans ma tête, est-ce qu'il a juste voulu souffler comme il l'avait dit? Du coup est-ce qu'il voulait me revoir vraiment? Ou alors c'était, comme notre première après midi ensemble, une parenthèse? Je m'étais sentie conne sur le moment, son âge, son emploi, son statut, tout me laissait penser que c'était juste une parenthèse.
- Qu'est-ce que tu as Ambre? m'avait demandé Lucas.
C'était une bonne question, qu'est-ce que j'avais? Le destin avait de nouveau frappé, mon téléphone sonna à ce moment précis et la voix d'Adrian avait calmé ma panique soudaine.
- Ambre, avait-il dit simplement.
C'était fou comme mon prénom sonnait différemment dans sa bouche, en tout cas c'était ce que j'avais ressenti.
- Salut Adrian.
Lucas m'avait regardé curieux et surpris, mais un sourire s'était rapidement dessiné sur ses lèvres. Il avait été celui à qui j'avais confié toutes mes peines, surtout après que Noah m'ait laissé tomber comme une pauvre merde.
- Je ne te dérange pas?
- Non, je suis avec un ami, on déjeune, comment tu vas?
Le silence qui avait suivi, avait duré à peine quelques secondes, assez pour que je le remarque en tout cas et son ton froid m'avait confirmé que ma réponse n'était pas celle qu'il espérait.
- D'accord, rappelle moi quand tu seras libre.
- Tu as prévu quelque chose aujourd'hui?
- Je dois te laisser, à plus tard Ambre.
Et il avait raccroché, comme ça, sans prendre la peine de me répondre. J'avais été surprise, je me suis dis qu'il allait peut être mal et que j'avais été égoïste. Ce n'était que le début de notre histoire mais déjà je lui cherchais des excuses et surtout je me rendais responsable de son comportement.
- Qui est Adrian?
Lucas m'avait sorti de mes pensées en me posant cette question.
- C'est un... Je l'ai rencontré au travail.
Je ne l'avais pas défini parce que je ne savais pas ce qu'on était.
- Et? Vous vous êtes vus? Vous êtes sortis ensemble? Raconte moi tout, vu ton regard il a l'air de te plaire, avait lâché mon ami en riant.
Oui il me plaisait, ça je pouvais l'affirmer, mais les circonstances me semblaient malvenues pour parler de mes sentiments, il venait de perdre son père, il avait besoin de soutien, de répit comme il avait dit.
- On s'est vus une fois mais c'était juste comme ça, il vient de perdre son père alors c'est un moment compliqué pour lui. Il n'y a pas grand chose à raconter tu sais.
- Ah merde, et tu penses qu'il a envie d'une relation avec toi? C'est triste et tout ça mais s'il te plait Ambre, ne joue pas à la bonne samaritaine à vouloir l'épauler et l'aider à traverser une épreuve difficile. Tu risques d'être déçue parce qu'il aura pris ce dont il avait besoin en toi et il continuera sa route. Prends ton temps si vraiment il te plait, protège toi, je veux pas que tu souffres...
Les mots de Lucas m'avaient blessé sur le moment, je m'étais dis qu'il me voyait comme une pauvre fille fragile qui allait se jeter corps et âme dans une relation où j'avais plus à perdre qu'à gagner. Aujourd'hui je me rends compte à quel point il me connaissait et pourtant je n'avais rien voulu entendre de ces conseils bienveillants.
- Comment tu peux dire une chose pareille? Il vient de perdre son père Lucas!
- Et je compatis, mais tu as tendance à être attirée par les personnes qui traversent des périodes difficiles, tu sais ce n'est pas parce que tu as dû supporter la dépression de ta mère que tu dois le faire toute ta vie avec les gens. Tu as le droit d'être heureuse, tu as le droit de vouloir être avec quelqu'un de joyeux, quelqu'un qui te fait rire, qui t'emmène danser, qui vit! Tu as le droit et tu le mérite Ambre, on est jeunes, si on ne vit pas maintenant on le fera jamais!
- Pourquoi tu me fréquentes alors si je suis comme tu le dis Lucas? Par pitié?
Ma réponse était pathétique, vraiment, je refusais de croire à ses mots même s'ils avaient fait un bout de chemin vers mon esprit, au fond je savais qu'il avait raison.
- Tu es mon amie depuis l'école primaire, tu crois vraiment que je reste parce que j'ai pitié de toi? C'est n'importe quoi! Je viens de revenir, je suis super content de te revoir tu m'as manqué, alors ne gâchons pas notre journée, deal?
J'avais voulu lui répondre, ce qu'il disait m'avait mise en colère et je me suis rendue compte qu'il avait raison, parce que je ne voulais pas créer de tension entre nous, ni de dispute alors j'avais haussé les épaules et ravalé tout ce que je pensais. Je me souviens de cette journée comme si c'était hier et surtout parce que c'était la dernière journée que je passais avec Lucas sans le savoir. On s'était baladé tout l'après midi, fait du shopping, et avions fini par faire un tour sur la grande roue. C'était notre rituel de fin de vacances d'été depuis trois ans maintenant et surtout nous n'allions plus être dans la même école. Il entrait en première année de droit à Paris 2 Panthéon et cette journée avait un air d'adieu, même si ni lui ni moi ne voulions le reconnaître.
- On profitera à fond de cette dernière semaine et on promet de se voir au moins une fois par semaine Ambre! avait-il lâché lorsque j'arrivais à ma station.
- Arrête! On dirait que l'un de nous va changer de pays, on habite toujours dans la même ville Lucas!
- Oui mais on se le promet quand même, ça va me faire bizarre de plus vous voir chaque matin Eli et toi. Allez appelle ton Adrian, j'ai bien vu que ça t'avait démangé pendant toute la journée!
Et il avait raison, il n'avait pas quitté mon esprit pendant toute cette journée, et j'avais rappelé son numéro avec une pointe de culpabilité. C'était difficile pour moi de me dire que je n'avais pas été présente pour quelqu'un qui venait de perdre son père et qui en souffrait. Maman disait que j'étais emphatique et que c'était ma principale qualité, dans mon cas c'était plus handicapant qu'autre chose. Adrian n'avait pas répondu et j'avais rappelé une seconde fois, sans réfléchir au fait qu'il pourrait me trouver collante ou insistante.
- Bonsoir Ambre, m'avait-il dit d'une voix endormie.
- Je te réveille, je suis désolée, avais-je répondu embarrassée.
- Non, ne t'inquiète pas, je travaillais et je me suis endormi, tu as passé une bonne journée avec ton ami?
- Oui, il revenait du Brésil, je ne l'ai pas vu de l'été.
J'avais ressenti le besoin de me justifier auprès de lui.
- Très bien.
C'était tout ce qu'il m'avait répondu avant qu'un silence ne s'instaure. Pour moi ça confirmait le fait qu'il m'en voulait alors j'ai préféré jouer la carte de la prudence.
- Je vais te laisser, je ne voulais pas te déranger...
- Ok, à plus tard.
Et il avait raccroché, sans me laisser le temps de lui répondre.
- Ambre, qu'est-ce que tu fais? Rentre!
Ma mère m'avait sorti de mes pensées, je ne savais même pas combien de temps j'étais restée devant le portail de la maison.
- Qu'est-ce qu'il se passe? Tu as l'air bouleversée.
Lorsqu'elle m'avait dit ça, j'avais tenté de reprendre un air neutre mais je pensais tellement à l'état d'Adrian que c'était impossible de rester impassible. Alors je ne lui ai pas répondu, je suis montée prendre une douche rapide, me préparer et j'avais pris ma voiture avant de rouler jusque chez lui.
Ça aurait été impossible pour moi de dormir sur ces derniers mots d'Adrian. Est-ce qu'il allait bien? Sa voix endormie me semblait plutôt ivre maintenant que j'y pensais, et je devais m'assurer qu'il allait bien. Le souvenir de maman, gisant sur le sol, arrivant à peine à respirer me hantait encore. C'était le jour des vacances de Noël, j'étais en seconde et le divorce était en cours. Je me souviens, j'avais été surprise d'entendre de la musique de l'extérieur de la maison, c'était les Quatre Saisons de Vivaldi, papa était fan de cette composition. Il était assez tard, j'avais passé la fin de journée avec des amis, et lorsque j'étais arrivée devant la maison, notre voisine me lança un regard mécontent.
- Tu pourrais éteindre cette satanée musique Ambre? Ça fait des heures que ça tourne!
Ca m'avait mis la puce à l'oreille, maman n'était pas de ce genre, alors je suis rentrée à la maison le cœur battant et je l'avais cherché partout, jusqu'à ce que je la trouve, gisant sur le sol de la salle de bain. Comme dans un film, une boîte de médicament et une bouteille d'alcool traînait sur le sol et j'avais cru qu'elle était morte. J'y avais cru et j'étais restée tétanisée pendant de longues minutes avant de remarquer que sa poitrine se soulevait légèrement. J'avais donc appelé une ambulance puis mon père dont les mots m'avaient marqué à vie. Il avait raison sur un point, j'étais tellement sous le choc puis paniquée que je n'arrivais pas à expliquer la situation.
- Ressaisis toi Ambre! avait-il hurlé. Comment veux-tu que je comprenne quoi que ce soit si tu arrives à peine à aligner deux phrases?
- Maman est inconsciente, elle a pris des médicaments et de l'alcool, je viens de la trouver, je...
- Tu viens de la trouver? Il est presque 20h où étais-tu?
- Je suis restée avec Lucas et...
- Tu traînais avec tes amis alors que ta mère était en train d'essayer de mettre fin à ses jours? Est-ce que l'ambulance est arrivée? Dans quel hôpital ils l'emmènent?
- Ils arrivent...
Ses mots avaient été un choc, il m'avait fallu d'à peine quelques secondes pour être submergée par la culpabilité, j'aurais dû rentrer directement après les cours.
- Très bien dis-moi dans quel hôpital ils l'emmènent.
Et il avait raccroché. L'ambulance était arrivée, avait pris le relais et lorsque papa est arrivé à l'hôpital, son regard était sans appel, j'avais vu sa déception et les regrets m'avaient suivi durant de long mois après cet incident. Je m'étais promis de ne plus jamais le décevoir.
J'étais donc devant l'immeuble d'Adrian et je sonnais pour la deuxième fois à l'interphone lorsqu'il avait enfin répondu.
- Qui est-ce?
- C'est Ambre.
Rien, plus de réponse, jusqu'à ce qu'il ouvre la porte et que je monte au cinquième et dernier étage.
- Qu'est-ce que tu fais ici? avait-il lancé surpris mais d'une voix pâteuse.
J'avais raison, il était ivre.
- Je suis venue voir comment tu allais.
- Je vais très bien, je n'ai pas besoin qu'une gamine vienne surveiller mon état Ambre, tu peux t'en aller.
Ses mots m'avaient vexé mais je les ai mis sur le compte de l'alcool. Sans lui répondre, je suis entrée chez lui et je me suis dirigée vers la cuisine. Si j'avais appris une chose pendant la période noire de maman, c'était qu'il fallait manger un bout et boire beaucoup.
- Qu'est-ce que tu fabriques?
Je lui avais servi un grand verre d'eau et ouvert le frigo pour sortir des œufs. Il m'avait regardé surpris, puis perplexe avant de prendre le verre et de le boire d'une traite. J'avais préparé une salade de fruits et des œufs sur le plat et il avait mangé sans rechigner.
- Va prendre une douche Adrian, je vais te préparer une infusion.
- Pourquoi tu fais tout ça?
- Tu as été là pour moi alors je suis là pour toi.
- On est amis alors? Parce que je préfère te prévenir, je n'ai pas d'amis Ambre.
- Il faut un début à tout... Va prendre une douche, ça va te faire du bien.
Je me demande encore comment j'ai pu croire qu'il était ivre, il avait bu certes, mais il n'était pas ivre, loin de là. Le souvenir de ma mère me hantait tellement que je ne voyais rien, rien du jeu qui avait déjà commencé et dont je faisais l'objet.
Il était revenu, les cheveux mouillés, un tee-shirt et un short, sa serviette toujours autour du cou. Il était beau, c'était un homme et je me sentais rougir lorsqu'il m'avait regardé les yeux brillants. Il s'était installé sur le plan de travail pendant que je filtrais l'infusion.
- Tu es belle Ambre, avait-il dit en me dévisageant. C'est la première fois qu'une femme autre que ma mère est dans cette cuisine.
Je lui avais souris sans répondre et tendu une tasse fumante qu'il avait saisi en effleurant mes doigts, me faisant frissonner. Il avait bu quelques gorgées et reposé sa tasse, alors que, pour ne pas avoir à le regarder, j'avais fais la vaisselle et nettoyé la cuisine en lui tournant le dos. Je ne l'avais pas entendu partir de la cuisine, j'avais juste entendu une porte se fermer, me faisant sursauter.
- Adrian?
Il n'était pas dans le salon et ce n'était pas la porte d'entrée qui venait de claquer, alors je m'étais dirigée vers les autres pièces de l'appartement, jusqu'à ce que je le trouve dans une chambre, la sienne, assis sur le balcon.
- Mon père m'a mis une sacrée raclée ici même, avait-il dit en riant. Toute ma vie je lui en ai voulu tu sais et aujourd'hui, j'arrête pas de penser au fait que j'aurais voulu avoir une journée de plus avec lui, juste pour lui cracher toute la rancœur que j'ai envers lui.
- Dis le moi, si ça peut te soulager, dis-le à voix haute.
Ses yeux azurs avaient rencontré les miens, il me regardait comme si j'étais irréelle et j'avais ressenti un malaise. La délicate caresse sur mon visage m'avait fait fermer les yeux et lorsqu'il m'a pris dans ses bras, j'ai d'abord été surprise avant de lui rendre son étreinte. Je me souviens avoir eu des remords durant ce moment, c'était lui qui avait besoin de moi mais son étreinte me faisait peut être plus de bien qu'à lui.
Notre instant avait duré un moment, un long moment et ni l'un, ni l'autre n'avions bougé. Il me caressait les cheveux et je l'avais senti me serrer un peu plus fort. Tout avait changé à cet instant précis, je le savais et lorsqu'il s'était détaché en me regardant de nouveau, j'avais vu dans ses yeux que c'était le cas pour lui aussi.
- Est-ce que tu m'en voudrais si je te disais que je veux vivre quelque chose avec toi Ambre?
Ses mots, c'était tout ce que je voulais entendre, et il y avait tellement de sincérité dans sa voix, je voulais y croire, je ne pouvais qu'y croire. Alors j'avais répondu que non, je ne lui en voudrais pas, au contraire, je me sentais bien avec lui.
À partir de cette soirée, il s'est immiscé dans mon quotidien, doucement, agréablement et amoureusement. J'avais pris un coup au cœur, et ce coup c'était Adrian Petrov qui me l'avait donné.
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