Il n'est pas ce que tu crois Ambre
Ce vendredi, c'était mon dernier jour de travail à la boutique, Adrian m'avait déposé après que nous ayons passé encore une soirée entière à discuter ensemble, chez lui. Tout était allé si vite après qu'il m'ait dit qu'il voulait vivre quelque chose avec moi, sans que je m'en aperçoive il s'était immiscé dans mon quotidien, ou alors c'est moi qui l'avais fait? Quoi qu'il en soit, j'aimais sa compagnie et j'avais hâte de finir cette journée et d'aller me préparer pour notre dernière soirée avant son départ le lendemain.
Il avait repris sa place dans l'entreprise de son père, et je savais que je n'étais pas prête de le revoir avant un moment. Son retour en Russie ne semblait pas l'enchanter, mais vu l'importance mondiale de son entreprise et son poids économique, j'avais compris qu'il était obligé d'y aller.
- Ambre, ce soir tu te fais belle et tu viens avec nous! m'avait lancé Samira avec qui je travaillais ce jour là.
La première pensée que j'avais eu avait été "Et ne pas voir Adrian? Jamais!".
- Je suis désolée, on peut reporter, j'ai déjà prévu quelque chose.
- Voir ton homme mystère encore?
Je n'avais rien répondu, je savais qu'elle se doutait de quelque chose, mais je n'avais pas envie d'en discuter, je voulais garder ça pour moi encore quelques temps, en profiter.
- Tant que tu fais attention à toi, c'est tout ce qui m'importe ma belle. Par contre, pour ce soir, arrange toi avec Lou, c'est une soirée d'entreprise et tout le monde doit y aller.
- Je n'étais pas au courant, et je peux vraiment pas y aller...
- Lou est là, bonne chance! avait-elle lâché avant de s'en aller.
- Lou! J'ai prévu autre chose ce soir et je ne savais même pas qu'il y avait une soirée d'entreprise, je peux ne pas venir s'il te plait?
Ma marraine m'avait regardé surprise, comme si mes propos étaient incohérents.
- Qu'est-ce que tu racontes Ambre? On en a parlé lundi et tu m'as dis que tu allais t'occuper de ta tenue toute seule lorsque je t'ai proposé qu'on aille faire du shopping ensemble.
Avais-je réellement dis ça? Je n'en avais aucun souvenir, c'était impossible.
- L'amour te fait perdre la mémoire! avait-elle lancé en riant. J'espère que tu me le présenteras bientôt, sinon pour ce soir, tu as le temps de rentrer chez toi te préparer et je passerai te chercher à 21h. Et non ce n'est pas négociable, beaucoup de clients t'adorent et s'attendent à te voir ce soir, ne me déçois pas Ambre. Tu pourras le voir demain ton chéri, il ne va pas s'envoler!
Et elle était partie, me laissant complètement sans voix, en plein dilemme. Je savais qu'elle m'en voudrait si je ne venais pas, mais elle avait tort, Adrian s'envolait bel et bien le lendemain. J'étais déboussolée, je me rends aujourd'hui que dés le début j'appréhendais ses réactions, j'avais des bouffées de chaleurs lorsque j'ai réalisé qu'il fallait que je l'appelle pour le lui dire. Mes mains étaient moites et les battements de mon coeur s'étaient accélérés alors que j'attendais qu'il décroche mon appel.
- Ambre? Tout va bien?
Lorsqu'il avait prononcé cette phrase, je m'étais souvenue qu'il était en conférence téléphonique toute la journée, et ça m'était complètement sorti de la tête.
- Excuse-moi, j'ai oublié que tu étais occupé toute la journée.
- Ce n'est rien, qu'est-ce qu'il se passe?
J'avais réfléchi à la façon dont j'allais lui dire, en vain.
- Ambre? Dis-moi ce qui ne va pas, avait-il répété d'une voix douce cette fois-ci.
- Je dois aller à une soirée d'entreprise ce soir, j'ai demandé à Lou mais elle refuse que je n'y aille pas. Elle m'en a parlé, mais ça m'est complètement sorti de la tête, je suis désolée...
- Elle t'en a parlé et tu as oublié? Très bien Ambre, je comprends mieux que n'importe qui les obligations professionnelles. Je vais faire préparer le jet et partir dans l'après midi, je te rappellerai peut être plus tard.
Le temps que j'assimile ses mots, il avait raccroché. J'étais restée un long moment, mon téléphone dans la main, tentant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Il allait partir? Comme ça? Sans me dire au revoir? Alors je ne comptais pas pour lui? Du moins pas comme il comptait pour moi, et au moment où j'avais pensé à ça, je m'étais sentie complètement abandonnée. J'avais conscience que c'était disproportionné comme réaction, mais il m'avait donné tellement d'attention que j'avais l'impression que son départ signifiait le départ d'une partie de moi même. Je n'avais jamais ressenti ça, pas même avec Noah, non c'était complètement différent, beaucoup plus intense, profond, vrai, je l'aimais, oui, j'étais amoureuse d'Adrian Petrov. Notre relation n'était pas physique pourtant, nous ne nous étions jamais embrassé, même si je l'avais désiré plusieurs fois, je n'avais pas osé.
- Ambre! Qu'est-ce que tu fais?
Lou m'avait sorti de ma torpeur et je m'étais rendue compte que je tremblais.
- Qu'est-ce que tu as ma puce? Pourquoi tu pleures?
Je pleurais? Oui je pleurais, alors c'était juste une parenthèse, j'étais une parenthèse pour lui? En même temps, c'était logique, Noah m'avait laissé parce que je n'étais pas intéressante, il s'ennuyait avec moi et il avait rencontré une fille solaire, heureuse, pleine de vie, tout mon contraire. Alors un homme comme Adrian? C'était de ma faute... J'avais senti les bras de Lou m'étreindre, et je m'étais effondrée.
- Eh... Ça va aller Ambre, qu'est-ce qui t'arrive? chuchota t-elle en me caressant les cheveux.
- Est-ce que tu trouves que je suis intéressante Lou? Est-ce que tu penses que quelqu'un voudra rester avec moi un jour? Je crois que je ne suffis pas Lou, même maman et papa le pensent, je ne suffis pas...
Réaliser ça à cet instant m'avait fait comprendre pourquoi papa avait décidé de me faire travailler ici. Il pensait que je n'étais pas assez pour entrer en prépa, il pensait qu'il manquait quelque chose et il avait décrété que c'était ça. Je comprenais aussi pourquoi maman n'avait pas pris ma défense, je ne comptais pas assez pour qu'elle s'impose face à papa, alors qu'elle l'avait fait pour que mon frère sorte de désintox.
- Je t'interdis de dire ça Ambre!
Lou me tenait fermement et me regardait sévèrement.
- Bien sur que tu es intéressante! Tu es intelligente, cultivée, généreuse, magnifique, tu as un coeur énorme Ambre, qui ne voudrait pas de toi? Les gens qui te laissent sont les perdants, pas toi! Tu es un diamant brut, ta valeur est inestimable, ne laisse jamais personne te faire croire le contraire tu m'entends? Jamais! Tu es la fille que je rêverai d'avoir, tu fascines tellement de personne mais ton humilité t'empêche de le voir. Ne te sens pas responsable des erreurs de tes parents ma puce, tu ne l'es pas, si tu n'avais pas été là, ta famille ne serait que déchirement, tu es le roc de tout le monde.
Elle avait dit toutes ces choses en me regardant dans les yeux, mais j'avais eu du mal à y croire, elle n'était pas objective et elle voulait me consoler.
- Ce n'est rien, ça va aller, je vais reprendre mon travail, avais-je dis.
- Ambre...
- Ça va Lou, ça va, avais-je répété en souriant.
La journée s'était passée et j'étais dans un état second. Adrian n'avait pas appelé, il était surement parti, et j'étais rentrée chez moi me changer pour la soirée. J'avais eu besoin de me maquiller pour masquer mes cernes et j'avais terminé par une touche de rouge sur mes lèvres encore tremblantes. Lou était déjà à la maison et je l'entendais se disputer avec maman, ce qui m'avait fait descendre rapidement.
- Jamais je n'aurais cru que tu ferais preuve d'aussi de négligence envers ta fille Marianne. Putain mais j'ai l'impression de te voir à son âge quand je discute avec elle et j'espère juste que sa force ne disparaîtra pas comme la tienne! Tu l'as juste abandonné et elle a l'impression de ne plus rien valoir et de ne pas mériter que quelqu'un s'intéresse à elle! Comment tu as pu puiser chez elle tout ce dont tu avais besoin pour te relever de ton divorce? Je n'avais jamais compris à quel point toi et Marco l'aviez fait avant de la voir s'effondrer ce matin!
C'était ce que j'avais entendu avant qu'elles ne se retournent en m'entendant arriver.
- Ambre, tu es prête et magnifique comme toujours. On y va? Mon chauffeur nous attends.
Ma mère ne m'avait pas regardé, elle semblait ailleurs et surtout sous le choc.
- Maman? Ça va? avais-je demandé inquiète.
- Oui, tout va bien ma chérie, va t'amuser, tu es magnifique, avait-elle ajouté en me souriant.
J'hésitais à la laisser seule dans cet état, mais Lou m'avait traîné dehors et poussé dans la voiture avant de prendre la route.
- Je suis désolée pour ce que tu as entendu Ambre, j'espère que tu ne m'en veux pas.
Je n'avais pas répondu, la voiture s'était arrêtée devant un hôtel particulier et j'avais admiré la décoration féerique des lieux. Lou m'avait présenté à plusieurs personne dont je n'avais pas retenu le nom, et j'avais plaqué un sourire sur mes lèvres en serrant des mains et répondant aux questions qu'on me posait.
La soirée était sympa, mais j'étais incapable d'en profiter, Adrian dans mon esprit. Samira me traînait avec elle mais dés que j'en avais eu l'occasion, j'étais allée me réfugier sur la terrasse quasiment vide, et m'installer sur un fauteuil en admirant la vue sur tout Paris.
- Paris est magnifique n'est-ce pas?
Je m'étais retournée et j'avais eu un mouvement de recul lorsque l'une des femmes qui avait accompagné Adrian la première fois que je l'avais vu, s'était installé à mes côtés.
- Comment vas-tu Ambre? avait-elle dit en buvant une gorgée de vin.
Elle avait un accent des pays de l'est, mais je ne savais pas lequel, ni ce qu'elle me voulait.
- Je vais bien merci.
- Et comment va Adrian?
Je l'avais regardé surprise lorsque j'avais entendu sa question.
- Je sais qu'il t'a mis le grappin dessus, ne le nie pas.
- Qu'est-ce que vous voulez?
- Rien, rien qui ne concerne Adrian du moins. Mais je voudrais te prévenir Ambre, sois prudente et si tu le peux, sors de cette relation.
Elle était on ne plus sérieuse, son expression était inquiète et je ne comprenais pas.
- Je connais bien Adrian et je connais aussi ses démons, il n'est pas ce que tu crois Ambre, pas du tout... Il est dangereux, et une fois qu'il t'aura, tu ne pourras plus t'en sortir, tu te sentiras comme dans un tourbillon et il te fera croire que c'est toi le problème.
- Qu'est-ce que vous racontez?
- Je te mets en garde, tu es jeune, belle et innocente, tu es tout ce qu'il aime et tu n'es pas la première à qui...
- Ambre?
Mon coeur s'était arrêté et l'expression de ma voisine était horrifiée.
- Anouchka, je ne savais pas que tu étais encore en France.
- J'ai vu Ambre et je suis venue la saluer, je m'en vais demain, avait-elle répondu. Bonne soirée Ambre, ce fut un plaisir de te revoir.
Et elle était partie, alors que je n'avais pas bougé d'un pouce, me demandant s'il était vraiment là. Je n'avais même pas levé les yeux et j'étais restée immobile, jusqu'à ce que je sente sa main sur mon épaule.
- Je suis désolé, avait-il chuchoté à mon oreille. Est-ce que tu me pardonnes? J'étais en colère, je voulais tellement te voir, je n'aurais pas dû te parler de cette façon et je n'aurais jamais pu partir sans te voir...
Je n'avais pas bougé, et pourtant ses mots étaient tout ce que je voulais entendre. Il s'était assis près de moi et avait pris mon visage en coupe.
- Je suis désolé, parle moi s'il te plait.
J'avais fermé les yeux à son contact, et j'avais laissé tout le bien que ça me faisait agir.
- Tu es d'accord pour qu'on s'en aille? Je ne voudrais pas passer notre dernière soirée entouré de toutes ces personnes. Si tu es d'accord retrouve moi dehors, avait-il ajouté en me lâchant.
Et il était parti, en tout cas lorsque j'avais ouvert les yeux, il n'y avait plus personne. Est-ce que c'était vrai ou j'avais rêvé? Pourtant son odeur flottait toujours dans l'air alors je m'étais presque ruée dehors, ignorant les regards surpris et les mots de Lou. J'étais sortie et je cherchais Adrian du regard, mais je ne le trouvais pas, jusqu'à ce que des appels de phares attirent mon attention. C'était lui, il n'était pas parti, il n'était pas parti alors peut être que finalement je lui suffisais?
J'étais montée dans sa voiture et j'avais laissé mon coeur s'exprimer en l'embrassant pour la première fois. Il ne répondait pas à mon baiser, non il ne répondait pas, il me montrait à quel point je comptais, il me donnait de l'oxygène et j'avais l'impression de respirer pour la première fois. Je ne savais pas comment nous étions arrivés chez lui, j'étais encore sous l'emprise de son baiser, mais lorsqu'il avait fermé la porte de son appartement, son regard me sondait.
Il s'était approché de moi, comme un prédateur, et il avait posé ses lèvres sur les miennes, faisant naître chez moi quelque chose un violent désir.
- Ambre, tu es tellement parfaite, je ne te mérite pas... Tu peux encore partir, tu peux tout arrêter si tu veux, mais il faut que tu le fasses maintenant...
" Il n'est pas ce que tu crois Ambre"
Ces mots avaient résonné dans mon esprit, malgré leurs forces, j'avais décidé des les ignorer, j'avais décidé de les ignorer et j'avais laissé Adrian prendre tout ce qu'il voulait de moi. C'était mon erreur, mon erreur fatale, parce que je n'avais pas su voir l'avertissement voilé dans sa demande, non, j'avais laissé mes sentiments et mes pulsions prendre le dessus et je m'étais donnée à Adrian Petrov, je m'étais donnée entièrement.
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