C'est dingue, quand on y pense.

Que j'écrive et que je publie quelque chose comme le chapitre d'avant.

Que je tienne ce discours au quotidien.

Mais qu'en même temps, je sois incapable de l'appliquer à moi-même.

J'ai du mal à les expliquer.

Ces pensées qui s'accrochent, mes efforts vains pour les repousser.

Je sais qu'elles ont tort.

Je sais que c'est de l'enbyphobie intériosée.

Je sais ça.

Mais je n'arrive pas à m'en défaire.

Je crois être libre puis, soudain, la petite voix reviens.

Perverse, vicieuse, sournoise, elle m'interpelle.

"Mais de toute façon tu fais ça pour te rendre intéressante"

"De toute façon tu resteras toujours [prénom de naissance]"

"Arrête de vouloir te rendre spéciale"

"Tout le monde sait que t'es une fille"

"Ha! Changer de pronoms et de prénom, vraiment? Dans tes rêves!"

"Le pire c'est que tu crois vraiment à tes propres mensonges"

"Tu as besoin d'attention à ce point-là?"

"Tes amis ils acceptent uniquement parce que c'est une phase, tu sais"

"À mon avis ils te voient tous comme une fille"

"Tu passeras jamais pour rien d'autre qu'une fille"

"Tu vois? Même la vendeuse le dit! Mademoiselle"

"C'est des conneries tout ça, arrête d'inventer"

"Et comment la famille va réagir, hein? Tu pourras jamais leur dire et bien fait!"

"Qu'est-ce qui va pas dans ta tête? T'es vraiment cinglée en fait, les autres avaient raison"

"Tu sais que ce serait plus simple de rentrer dans la case qu'on t'a collée, arrête cette tentative de rébellion minable"

"Tu le fais juste pour embêter les gens"

Et ça tourne et ça tourne et ça tourne

Et j'ai juste envie de lui crier d'arrêter

Sauf qu'elle, c'est moi

Mais moi je ne suis pas elle et je veux qu'elle parte

Avec le temps elle s'estompe

Mais, malgré tout, elle revient toujours à la charge

À tous les coups

Inlassable

Haineuse, nasillarde, insupportable

Je dois juste vivre avec

Même si c'est dur

Même si elle sait où frapper

Je peux y arriver

J'ai juste du mal à m'en souvenir parfois