Il me résiste
Je raccompagne Monsieur Zach jusque chez lui puisque nous avons pris ma voiture pour aller faire les courses et qu'à lui seul, il ne pourrait certainement pas tout porter. Il habite un peu à l'écart de la ville, il n'habite pas au centre où se trouve l'organisation.
Je me demande pourquoi il ne veut pas rester chez lui. C'est un endroit calme et charmant. Je l'aide à monter ses sacs de courses jusque devant sa porte.
- Tu veux entrer ? me propose-t-il.
Je dois avouer que voir l'endroit où vit Monsieur Zach me tenterait bien, savoir où il vit ou bien savoir quelle décoration il a utilisé pour son appartement, mais je ne dois pas y aller.
Je ne sais pas ce qu'il pourrait se passer. Et ne pas avoir le contrôle de la situation me rend folle. De toute manière, il se fait tard et je dois aller travailler tôt demain matin.
- Non merci.
Un silence gênant s'installe entre nous. Je vois bien que Monsieur Zach est hésitant, il ne sait pas trop quoi faire. Il devait s'attendre à ce que j'accepte. Il s'avance vers moi puis s'arrête et recule.
- Bien, à demain alors, me dit-il en me faisant un signe de tête, l'air professionnel.
- À demain, je lui réponds de la même façon.
Et il ferme la porte alors que je redescends à ma voiture. Ma relation avec lui, si on peut appeler ça comme ça, est vraiment compliquée. À un moment on sera extrêmement proche et à un autre moment on parlera comme si nous étions des étrangers.
Pour l'instant j'accepte cette relation car elle me fait ressentir de nouvelles sensations mais pourrais-je l'accepter pendant longtemps ? Agir de deux manières différentes à quelques heures d'intervalle me fatigue mentalement.
Mais c'est une règle de base dans notre métier : ne pas tomber amoureux. Cela ne peut apporter que problème vu les activités que nous faisons. Je pensais que je n'allais jamais transgresser cette règle, mais il se pourrait bien qu'en ce moment, je puisse être en train de la violer.
*****
- Yana, tu es prête pour faire une mission seule ? me demande Monsieur Zach alors que je suis dans son bureau le lendemain. Nous avons eu beaucoup de demandes et le fait qu'hier était férié fait que nous avons des demandes en attente. Même trop. Tu t'en sens capable ?
- Eh bien... Je suppose que oui. Il y a bien un jour où il faut se lancer et apparemment, ça sera aujourd'hui.
Je fais semblant d'être incertaine. Il ne faut pas qu'il sache que je n'attends que ça depuis que je suis arrivée à l'organisation. Je vais pouvoir tuer à ma façon, celle gore et sans pitié. Et pas de pleurs ou de remords après le meurtre.
Je n'aurais pas besoin de faire semblant, de jouer un rôle, mais juste de faire ce pour quoi je suis née. Il me regarde, paraissant indécis sur le fait de me donner une mission qui n'appartienne qu'à moi puis il se décide :
- D'accord. Tiens, c'est le dossier de ta prochaine cible, me dit mon patron en me tendant un dossier. S'il y a un problème, appelle-moi.
Je hoche la tête et je sors du bureau. Je feuillette les pages du dossier en me dirigeant vers les vestiaires pour me changer. C'est un homme de quarante ans. Il a fait des détournements de fonds, et comme tout bon méchant, il croit que les femmes sont des objets. Pourquoi les hommes sont-ils aussi répugnants ?
Je note l'adresse de son domicile, je me change et j'opte pour une robe professionnelle mais qui met bien en valeur mon corps. Je lui ferai croire que je suis une femme qui vient de la part de sa banque. Pour lui, c'est important puisque, s'il fait des détournements de fonds, il faut bien qu'il place l'argent quelque part.
Je monte dans ma voiture et je vais jusqu'à l'adresse indiquée sur le papier. Je ne connais pas ce quartier, ça ne va pas me faciliter la tâche. Au bout d'une demi-heure de route, j'arrive devant une grande maison avec une piscine. Je me gare puis je sonne.
- Bonjour, qui dois-je annoncer ?
- Madame Rafiti, je viens pour voir Monsieur Helson, je remplace la conseillère bancaire, je me présente.
La porte s'ouvre et je marche le long de l'allée. Lorsque j'arrive devant la porte, un major d'homme m'attend puis il m'amène jusqu'au bureau de ma prochaine victime. Il me fait entrer et je vois Monsieur Helson assit devant son bureau, les mains croisées sur le meuble.
Derrière lui il y a une baie vitrée qui donne vue sur la piscine. J'étudie consciencieusement mais discrètement la pièce. Je dois voir quelles sont les possibilités de sorties, quelles armes il pourrait utiliser s'il venait à se défendre. Je note tout dans un coin de ma tête. Je fais l'inventaire de tous les objets.
- Pourquoi ce n'est pas Madame Grimli qui vient s'entretenir avec moi ? me demande-t-il en me fixant, l'air de m'étudier.
- Elle est malade.
-Est-ce que, par hasard, elle aurait parlé ?
Je secoue la tête. Mon cerveau a directement compris. Cette homme abuse de la femme travaillant à la banque. Il me dégoûte. Il me regarde de haut en bas et me dit :
- Ce n'est pas grave, tu feras l'affaire. De quoi veux-tu me parler ?
Il prend directement ses aises en me parlant sans aucune retenu dans ses propos. Je n'aurai aucun remord à l'éliminer. Je m'avance pour lui donner un dossier totalement faux que j'ai fait avant de partir en salle informatique. Ça a été rapide à faire. Je recule et me re-poste près de la porte.
- Je dois vous dire que vos chiffres augmentent beaucoup et la banque soupçonne quelque chose de louche et si ça continue, elle arrêtera de garder votre argent pour éviter tout problème avec la justice.
Il se lève d'un coup et frappe sur son bureau en même temps.
- Comment ça elle arrêtera de garder mon argent ?! hurle-t-il. Je la paie bien plus que ce qui est demandé, elle ne peut pas me refuser.
Il fait le tour de son bureau et marche pour s'arrêter devant moi. Il me regarde avec rage. Cet homme est quelqu'un de colérique qui tient à son argent. Il me prend par la gorge et me cogne contre le mur situé derrière moi. Je ne m'attendais clairement pas à cette réaction. Je pensais qu'il allait essayer de profiter de moi pour se défouler, pas essayer de me tuer.
Pour la première fois dans ma carrière, je n'ai pas réussi à anticiper l'action de l'ennemi. Malgré ma surprise, je me reprends rapidement.
J'écarte ses bras et en simultané, je lui donne un coup de pied dans l'entre-jambe, mais ça ne lui fait rien. Je ne comprends pas. Comment peut-il ne pas avoir mal ? Tout homme possède un attribut masculin sensible non ?
Il me regarde encore plus énervé qu'avant et il me gifle. Je reste momentanément interdite. Personne avant n'avait osé ou même pu me frapper en dehors des séances de combats donnés par mon ancienne école.
Je m'étonne à nouveau de ne pas avoir prédit son attaque. Mon adversaire est totalement imprévisible. Il faut donc que je sois plus rapide que lui si je veux le tuer et mener à bien ma mission.
J'enchaîne une série de coups, utilisant principalement mes genoux et mes coudes car ça fait plus mal comme ce sont des parties dures, mais je n'oublie pas mes poings. Je le frappe sauf qu'il riposte. Jamais une de mes cibles ne s'est montrée aussi coriace.
Il arrive à m'atteindre avec ses poings mais je suis tellement concentrée à essayer de le mettre hors portée de nuire que je ne ressens pas la douleur. Je frappe et c'est tout ce qui importe. Je suis à la fois en mode défense et en mode attaque. Ça ne m'est jamais arrivé de ma vie. A l'ordinaire, mes cibles sont terrifiées et c'est moi qui annonce le début de la mission.
Il me donne un grand coup qui me fait passer au travers de la baie vitrée qui vole en mille éclats. Je suis en robe. Des morceaux de verre se plantent dans ma peau mais je n'y fais pas attention. Je dois le tuer.
Il me pousse à terre et s'asseoit au-dessus de moi pour frapper. Il me domine. Je sens des morceaux de verre s'enfoncer dans mon dos mais je tâche d'y faire abstraction. Où a-t-il pu apprendre à se battre comme ça ? Et il fait tout ça parce qu'il pense que sa banque veut arrêter de garder son argent.
J'essaie d'attraper mon couteau qui est dans mon dos, accroché à mon soutien-gorge mais je n'arrive pas à l'atteindre. Je lève d'un coup mon bassin et je pousse de tout mon poids vers la gauche et je me retrouve au-dessus de ma cible. Sous le coup de la vitesse, j'ai pu le faire basculer et reprendre le dessus sur le combat.
Il ne perd pas une minute pour riposter et il me balance en arrière à l'aide de ses pieds et je tombe dans la piscine. L'eau est glacée, ce qui contraste avec la chaleur de mon corps rempli d'adrénaline. Ça me fait un choc brusque.
Alors que j'essaie de remonter à la surface, une main me pousse à rester sous l'eau. Je ne peux pas reprendre ma respiration. Mon ennemi me maintient sous l'eau pour me noyer. Cet homme veut réellement me tuer.
Je nage vers le fond et je me dirige vers le milieu de la piscine, là, il ne pourra pas m'atteindre. Je sors la tête de l'eau et je respire. Ma vision est légèrement trouble comme mon cerveau a manqué d'oxygène pendant quelques instants mais j'arrive à voir Monsieur Helson pointer une arme à feu dans ma direction.
Tuer ou être tué. Voilà ce qu'on m'a enseigné toute mon enfance. J'ai cette phrase en image juste devant moi. Soit je réagis et je le tue, soit je ne fais rien et je meurs. Dans tous les cas il y aura un mort. Mais je dois mener à bien ma mission, coûte que coûte.
Sans même prendre plus le temps de réfléchir, je saisis le couteau dans mon dos et je le lance. Il se plante dans sa gorge au moment où il tire mais la balle est déviée et ne m'atteint pas.
Son corps tombe dans la piscine en faisant des vagues qui m'atteignent puis l'eau commence à se teinter de rouge. Le cadavre flotte, torse tourné vers le fond de la piscine. Je sors du bassin avant d'être tachée par son sang.
Je n'ai jamais rencontré de personne pouvant me tenir aussi longtemps tête. Qui était-il ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro