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Epilogue

5 ans plus tard

Quand j'entre, l'odeur de café qui a emplit l'air depuis des années me rappelle les bons souvenirs. La clochette retentit quelques secondes après d'un son que je ne connais que trop bien. 

Derrière le comptoir, deux étudiants s'affairent à prendre les commandes à la hâte, malmenant Bethany qui semble beaucoup trop essoufflée pour son vieil âge.

Je m'installe à une table recluse près de la bibliothèque en bois lisse, pour mieux observer les clients. Tous semblent occupés par des journaux, romans ou discutant gaiement autour d'un bon maté.

- Bonjour ! Que voulez-vous commander ? Me demande un des jeunes au tablier bleu ciel que je ne connais par coeur.

- Un chocolat chaud, s'il vous plait.

Il note rapidement dans son petit calepin avant d'aller prendre une autre commande. Deux jeunes filles brunes gloussent en le voyant arriver vers elles, prêtes à le dévorer tout cru. Qu'elles le fassent après qu'il m'ait servi mon chocolat.

Tout est à sa place : les livres que j'ai rangés il y a quelques années semblent éprouvés par le temps à force d'être lus et relus, quelques machines ont été remplacées par des plus performantes mais la décoration reste la même avec ces tables en bois et ces lumières éclairant le plafond comme des petites étoiles tombant du ciel.

Le seul changement remarquable est sur un pan de mur : un cadre en liège gorgés de photos en tout genre a été installé. On y retrouve des photos d'équipe avec tous les nouveaux employés du café, mais aussi de vieilles photos. Anita trône sur chacune d'entre-elle, le sourire aux lèvres et ses lunettes colorées sur le nez. Chaque commerçant du quartier y a sa place, allant de selfie avec mon ancienne patronne aux prospectus pour la publicité. Je souris en voyant une photo de Greyson et d'Anita tirant la langue tous les deux comme des enfants. Comme quoi, tout peut nous surprendre un jour.

Je reconnais aussi une photo regroupant les danseuses du club avec Anita sur la scène, soufflant un gâteau débordant de bougies.

J'en ai loupé des choses.

- Tenez, me dit le garçon blond en me servant mon chocolat.

Il est un peu maladroit à cause du stress mais je n'y prête pas attention et l'aide avec la tasse pour ne pas qu'il la renverse sur ma robe.

La plupart des gens présents dans le café sont des inconnus même si je reconnais plus ou moins quelques visages et arrière de crânes chauves. Avec le temps, tout le monde change. Les gens meurent et d'autres viennent les remplacer. C'est ainsi.

Je regarde à travers la vitre, curieuse du monde qui parcourt les rues. Il fait beau, c'est vrai, mais dans mon souvenir même avec un temps comme ça il n'y avait pas autant de gens. Les familles qui se promènent main dans la main, les amis s'attaquant à coup de glace dans le nez...

Rien n'a changé hormis la couleur du Milady, passé d'un blanc pétant à un noir sombre faisant ressortir les deux palmiers à son entrée. À cette heure-ci, aucune queue car c'est fermé. Mais un vigile se tient quand même devant, scrutant la foule de passant. Son imposante carrure est impressionnante mais quand on le regarde de plus près, ses cheveux blonds et ses taches de rousseurs me font penser à Michael : dur à l'extérieur mais tendre à l'intérieur — comme un Kinder.

J'imagine Courtney et Harper dans les vestiaires, se préparant pour leur show. L'une très concentrée, faute de perfection et l'autre totalement hystérique de montrer à tout le monde sa nouvelle culotte. Je souris en les imaginant.

- Excusez-moi, je dis au serveur boutonneux qui débarrasse une table près de moi. Vous auriez un papier et un crayon a me prêter ? J'en ai pour une minute.

Celui-ci acquiesce en souriant, heureux de rendre service, puis me tend son carnet et crayon que je lui emprunte en remerciant.

J'écris rapidement un mot sur un des papiers cadrés pour mon ancienne patronne, en buvant d'une traite le chocolat chaud très réussi.

- Tenez, je l'interromps en lui rendant ses affaires. Vous savez si Anita est dans les parages ?

- Elle est toujours propriétaire mais a des gros problèmes de dos. Elle est donc très rarement présente. Mais si vous voulez je peux lui transmettre un mot.

- C'est très gentil mais je pense l'accrocher sur le panneau d'affichage, si ça ne vous dérange pas. J'ai travaillé ici... il y a longtemps.

- Aucun souci ! Je lui dirai la prochaine fois qu'elle viendra.

Je lui souris doucement et me lève, laissant l'argent que je dois sur ma table. J'accroche mon petit mot sur le tableau, entre la photo avec Greyson et une page de journal que je ne connais que trop bien. Je fouille rapidement dans mon sac à main, à la recherche d'une photo au Japon. Quand je la trouve, je souris en voyant mon cliché : moi et mon sac de voyage, faisant un selfie dans les plantations de matcha. Je déloge une punaise et accroche la photo, espérant que ça fasse sourire Anita.

Quand je sors du café, je respire un bon coup et prends sur moi pour traverser la route en me faufilant parmi la foule de touristes. L'agent de sécurité apparaît devant moi, et la ressemblance avec mon ancien ami est tellement frappante que j'hésite pendant quelques instants avant de lui parler.

- Bonjour, je dis au vigile doucement, j'aimerais parler à Greyson.

- Vous êtes ?

- Une vieille amie, si je puis dire.

Alors que vigile inconnu me regarde de haut en bas, une tête blond foncé sort de la porte pour lui parler en même temps que moi.

Ses yeux bleus cernés se posent sur moi, sa mâchoire manquant de se décrocher. Greyson ouvre grand la porte, et me fait signe d'entrer après avoir reprit ses esprits.

Quand il la referme derrière moi pour nous isoler de l'extérieur, il me prend directement dans ses bras. Je lui rends son étreinte, essayant de respirer tandis qu'il me serre un peu plus fort.

- Ça fait combien de temps ? Il me demande en s'écartant, les larmes aux yeux.

- Longtemps, je lui réponds en soupirant.

- Viens avec moi, les filles travaillent toujours ici.

J'hoche simplement la tête et le suis à travers le couloir de graffitis que j'aime tant. De nouvelles fresques ont été ajoutées, recouvrant le plafond qui était trop simple pour le lieu.

Quand on débouche sur la grande salle, je constate que tout est comme avant. Les bars ont été rafraîchis mais les scènes sont les mêmes ainsi que l'emplacement des tables. Tout semble figé, comme si les 5 ans écoulés n'étaient qu'une illusion de mon esprit.

Nous empruntons le couloir menant aux vestiaires et plus on s'approche, plus une petite boule se forme dans ma gorge. Je la contiens pour ne pas me mettre à pleurer, mais quand Courtney sort la première de la pièce en se débattant avec son corsage, l'émotion est trop forte.

Elle se fige en m'apercevant, raide comme un piquet. Ses cheveux ont poussé, lui arrivant en bas du dos tandis que des petites pattes d'oies se sont formés près de ses yeux bridés. Harper sort au même moment, sans comprendre pourquoi son amie s'est figée dans le vide. Mais à mon grand soulagement, sa réaction est tout autre. Elle ouvre grand ses yeux verts en m'apercevant puis se précipite en sprintant pour me prendre dans les bras. J'amortis le choc de mon amie, tellement heureuse de la serrer dans mes bras.

Courtney finit par nous rejoindre, des larmes discrètes coulant sur ses joues. Elle s'écarte au bout de longues minutes en silence pour me laisser de l'espace pendant qu'Harper reste cramponnée comme une moule à son rocher.

- Je t'en veux énormément tu sais, me dit Courtney en séchant ses joues du revers de la main.

- Je sais. Moi aussi.

Un petit blanc s'installe ce qui permet à la moule géante de quitter son rocher.

- Heureusement qu'Instagram existe, continue Courtney, pour qu'on puisse suivre un peu ton tour du monde. Mais ça n'empêche pas que tu aurais pu répondre à nos messages.

- Je le sais bien, je lui réponds en séchant moi aussi les quelques larmes qui se sont échappées. Mais tu comprends aussi pourquoi.

- Vient boire un verre, tout à l'heure, me propose Harper avec son éternel sourire. On prendra une pause pour parler de tout ça. On n'a pas le temps, là, tout de suite, et 5 ans, ça ne se rattrape pas en 5 minutes...

- Je verrai si j'ai le temps, j'ai quelque chose à faire avant.

Tout le monde se tait, sachant pertinemment ce que mes quelques mots veulent dire. C'est Greyson qui est le premier à trouver le courage pour briser ce malaise.

- On se retrouve ce soir, j'espère.

- Moi aussi, je lui réponds dans une ultime étreinte.

Alors comme la dernière fois que je les ai vu, je sors du club sans me retourner, la boule au ventre menaçant d'exploser à chaque pas.

Maintenant que je suis revenue, je ne compte plus les lâcher.

***

Je marche et marche encore, cette boule au ventre me faisant aussi mal qu'elle ne me rappelle la réalité. Quand j'atteins enfin ma destination, j'essaye de ne pas hésiter en poussant le petit portail rouillé par le temps.

Rien ne change en 5 ans.

Même la douleur.

Comme dans chacun de ces endroits, le silence règne. Il est si fort que mon malaise s'agrandit toujours plus — et je ne parle pas de Lena Situation.

Je marche tout droit, mes pas me guidant sans que ma tête ne pense. Ou du moins, elle ne veut pas penser. Je remercie silencieusement Courtney pour son message envoyé plus tôt, m'indiquant le chemin à suivre pour ne pas me perdre. Mais je n'en avais pas réellement besoin, mon cœur le connait par cœur.

Plus mes pas approchent de la destination finale, plus mon cœur tambourine plus fort dans ma poitrine, me rappelant qu'il est déjà brisé en mille morceaux.

J'ai l'impression d'être projetée il y a 5 ans.

Le silence, le noir, la tristesse, les sanglots.

Je chasse ces souvenirs d'un coup de tête, consciente que ressasser n'est pas la solution. Il faut affronter maintenant.

Mais quand j'arrive enfin devant, tout est trop fort dans mon corps et les larmes s'écoulent des mes yeux à une vitesse fulgurante. Je suis incapable de les retenir. Mes gémissements de douleur percent le silence bien installé du lieu, raisonnant entre les pierres moussues. Je dois me reprendre.

C'est dur.

Quand je décide enfin d'affronter son regard, je tombe sur des centaines de fleurs fraîchement posées qui rendent cet endroit atrocement poétique. Du jaune, du vert, du bleu, du rose... Toutes les couleurs que j'aime et qui m'ont tant fait vibrer pendant des années.

Je regarde rapidement ma vieille robe noire et mes baskets assorties ce qui augmente mes sanglots silencieux. Ma joie de vivre est morte ce jour là.

Un petit dessin encadré repose entre les fleurs, représentant une moto et des anges. Signé Roméo. Je lâche un sourire, imaginant que ce petit bout doit maintenant être un adolescent capricieux et mal dans sa peau. Peut-être a-t-il même un copain ou une copine ? Qui sait ?

Mais le plus dur, c'est de remonter les yeux un peu plus haut sur la pierre. Parce que je sais pertinemment ce qui s'y trouve : une photo magnifique de lui, entouré d'un cadre de fleurs que j'ai fabriqué il y a 5 ans.

Quand je trouve le courage, ses yeux bleus aux couleurs de l'océan me transpercent, le corps, le cœur, l'âme. Des photos ont été rajoutées autour, plastifiées pour ne pas craindre la pluie, si bien que c'est la tombe la plus décorée de tous. Je jette un coup d'œil à sa voisine, vide de fleurs et de souvenirs ; la pierre grise et lisse s'est recouverte de végétation, signe que personne ne l'entretient.

Mes larmes redoublent quand je tente de sortir un nouveau cadre de mon sac. Ma vision est trouble mais il faut bien qu'il ne se sente pas seul sous cette pierre froide.

Je sors un nouveau cadre que j'ajoute aux autres, un peu derrière pour ne pas masquer tous les clichés pris de lui.

Je sais que j'aurais dû le faire il y a 5 ans, mais je n'ai pas eu le courage.

À côté des autres photos, les parents de Gareth se retrouvent joint à la famille, leur sourire identique à celui-ci de mon bien-aimé.

- Je suis désolée, je dis entre deux sanglots. Je suis tellement désolée. Ça n'aurait pas dû être toi ce jour là.

Je me risque à déraciner quelques ronces qui encombrent la deuxième tombe. Personne ne mérite d'être seul après la mort. Personne ne mérite d'être abandonné. J'emprunte une fleur parmi les dizaines qui recouvrent la première tombe pour la poser sur son voisin. Un peu de gaieté sur cette pierre stricte, ça ne fait pas de mal.

- Tu aurais dû vivre. C'est injuste putain.

Incapable d'affronter ça, je m'effondre, genoux en sol. Je sais que ceux-ci sont écorchés par le gravier qui recouvre le chemin mais je n'en ai que faire. Mes jambes sont en coton, ma gorge me brûle à force de pleurer et mon cœur plante ses pics dans mon corps.

Je lis brièvement la pierre tombale, espérant que ce n'est qu'un rêve et que je ne me trompe de personne mais rien n'y fait. À droite, le nom de Gareth Davis est affiché en lettres dorées, dans une écriture que Greyson a choisi avec soin pour rendre hommage à son ami. Mais à ma gauche, l'écriture dorée d'un enfant a perdu de son éclat. Roméo avait bien écrit l'épitaphe de son père, mais faute d'entretien, le nom de Thomas Davis perd de ses couleurs.

- Je suis désolée, Agapi Mou, je sanglote. Je pensais refaire ma vie mais je n'ai apporté que des problèmes. Tout ce que je touche se transforme en boue. L'or, ce n'est pas pour moi.

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