15 - Les Enfants Terribles
Quelques heures plus tard, une main enfantine aux tâches de rousseur retira avec vigilance le torchon mouillé qui reposait sur le front de Nicolas plissé. Elle posa le dos de sa main sur son front encore chaud. Avec soulagement, elle se rendit compte que la fièvre était tombée. Rêveuse, elle s'attelait à détailler chaque détail de ce visage qu'elle trouvait parfaitement proportionné.
« Arrête de rêvasser ! Il repartira dès qu'il ira mieux.», grogna Anselme en posant un vase d'eau sur la table en renversant quelques gouttes d'eau sur la table.
D'humeur grincheuse, il se hissa sur la commode en bois où la cape de Nicolas y était déposée pendant que Sophie essorait le chiffon plongé dans l'eau glacé du vase.
« Enfin s'il se réveille un jour, continua-t-il sceptique, peut-être qu'il ne devrait pas se réveiller, parce qu's'il tombe sur Aëla, il signe son arrêt de mort. Guillotine ! C'est tout ce qu'il avait sur lui ? lança Anselme en prenant la cape.
Elle s'arrêta un moment pour surveiller son frère qui fouillait sans aucune honte.
« On ne t'a jamais dit de ne pas toucher aux affaires des autres.
― Vis dangereusement, Sophie ! Tu étais d'accord pour le rouler tout à l'heure ! Tu as changé d'avis, peureuse ! Pourquoi ? Quand ?
― Je ne veux tout simplement pas avoir plus d'ennuis. Regarde où cela nous a conduits. Je suis consignée avec toi !
― Dans ce cas-là, il peut être dangereux. Tu connais l'adage prudence est mère de sûreté ! »,lança-t-il malicieusement en jouant des sourcils.
Désabusée par autant de bêtises, Sophie leva les yeux et frappa la main baladeuse avec le torchon, d'un coup sec. Anselme lâcha immédiatement la cape en rognonnant quelques jurons. L'avertissement de sa cadette ne l'empêcha pas de recommencer dès qu'elle eût le dos tourné. Elle soignait le barbu convalescent, avec beaucoup trop d'attention, selon lui.
En sentant le linge humide et froid sur son front, Nicolas revint à lui dans un soubresaut. Il entendait quelques échos de voix. Il tenta de bouger mais une migraine fulgurante matraquait sa tête l'empêchant de bouger. Dans les vapes, il attrapa brutalement la forme obscure qui l'attaquait.
« Où suis-je ? », demanda-t-il brusquement.
Ce dernier parvint à distinguer les traits encore flous d'une fillette penchée sur lui qui avait hoqueté de surprise.
« Lâche-la, immédiatement ! »
Nicolas se releva péniblement et pivota la tête vers la voix hargneuse. Un garçon roux, plus petit que Louis-Auguste, sauta de la commode l'air renfrogné. Il était prêt à lui bondir dessus, comme un chien après son os.
« Qui êtes-vous? Et que fais-je ici ? articula Nicolas difficilement d'une voix pâteuse.
― Ton pire cauchemar, Belle Gueule, dit sérieusement Anselme.
― Anselme ! s'égosilla Sophie pendant que son frère éclatait de rire à s'en taper le bide.
― Si tu voyais ta tête, Belle Gueule ! Détends-toi on est des anges venus te sauver. Cela te convient mieux, Sophie ? »
Pendant que les deux enfants se disputaient, le prince balaya la chambre exiguë en s'adossant contre le bois de lit. Le matelas froid et dur était loin de son confort habituel. La persienne délabrée éclairait la mansarde à la lumière orangée du soleil couchant, laissant transparaître les particules de poussière qui enfumaient la pièce. Une musique paillarde et des cris couvraient de temps à autre les voix des enfants.
Cet endroit correspondait à la parfaite description d'un trou à rat. Il devait partir d'ici au plus vite. Il chaussa avidement ses bottes avec une détermination que les enfants connaissaient que trop bien : l'envie d'en découdre.
« Vous ne devriez pas vous lever, déconseilla Sophie toute gênée. Vous êtes encore faible.
― Tu devrais l'écouter, Belle Gueule. Tu comptes aller où comme ça ? Si Aëla te croise, tu es un homme mort.» finit Anselme en ricanant.
Aëla ? Nicolas fronça des sourcils, perplexe. Il ne comprenait rien. Comment avait-il atterri dans une chambre bien triste et vide où les poutres miteuses manquaient de s'effondrer ?
« La brune aux yeux verts avec laquelle vous vous disputiez, devina Sophie.
― La sauvageonne », murmura Nicolas aigri en se souvenant du baiser très douloureux.
Il passa ses doigts sur sa lèvre tuméfiée.
« Franchement, qui a amené un crétin pareil ?
― Toi, rétorqua Sophie en pointant des yeux Anselme.
― Bref, tu ne devrais pas parler d'elle comme ça à moins que tu souhaites décorer ton autre joue, persifla Anselme.
― Ce que mon frère voulait dire est, intervint la fillette dans un soupir. Vous vous êtes évanoui au marché alors que des soldats vous poursuivaient et sans son aide ...
― De ce gringalet ? méprisa Nicolas avec un demi-sourire.
― Tu accumules les erreurs, Belle Gueule. Enfin je l'ai fait pour sa bourse. Le fanfaron ne m'intéresse pas du tout.»
Le moustique sourit de toutes ses dents et joua avec la bourse au grand désespoir de Sophie. Nicolas lâcha un grognement bien sauvage et ignora ce moustique roux qui quitta la pièce. Il avait d'autres préoccupations. Il farfouilla ses poches pour tomber sur le papier. Il le déplia et le lut.
Huit heures, ce soir près de l'Orme derrière la place de la grève.
Vous me reconnaîtrez.
Le Héros de Paris, Dorian Blaise .
Il froissa, ravi, le papier dans sa main. Il s'avança chancelant vers Sophie dont des papillons chatouillaient son ventre. Elle le trouvait si majestueux et si élégant.
« Dis-moi ma Jolie, où se trouve la place de la Grève ? interrogea Nicolas mielleusement en déposant sa main sur l'épaule frêle de la fillette.
― Pourquoi ? Vous n'êtes pas totalement remis de vos blessures. Ceci n'est pas prudent, s'inquiéta Sophie.
― Vois-tu, mon frère a des problèmes», s'exposa-t-il embarrassé en passant la main dans ses cheveux.
Prise compassion, la fillette l'observa avec des immenses yeux bleu-vert dont l'un portait une immense tâche marron sur l'iris, et son cœur se comprima.
« Il faut que je l'aide de toute urgence. Je pense que tu peux comprendre, n'est-ce pas ? »
Il se baissa pour scruter les grands yeux naïfs qui l'observaient avec bonté. Il en regrettait presque son mensonge et sa grossière manipulation. Sophie acquiesça et monta sur ses pointes pour lui chuchoter à son oreille, comme un secret. Nicolas remercia en déposant un petit bisou sur la joue de Sophie, rouge pivoine. Cette dernière se décala pour le laisser passer à contrecœur. Elle aussi serait prête à faire n'importe quoi pour son frère quitte à mettre sa vie en danger.
La cape sous le bras, Nicolas ouvrit la porte. Il sursauta de surprise en découvrant le rouquin qui lui barrait le chemin de tout son corps.
« Pas si vite ! »
Méfiant, celui-ci n'avait rien perdu de la discussion. Nicolas grogna pendant que Sophie, contrariée, menaçait silencieusement son frère qui ne prêta guère attention.
Le prince aurait écrasé cette vermine à la voix de crécelle contre le mur sans scrupule, s'il ne devait pas économiser ses forces pour le voleur.
« Comptes-tu nous quitter aussi tôt ? On a à peine fait connaissance. Tu as peut-être eu ma sœur, Belle Gueule mais à d'autres, railla l'adolescent au visage griffé.
― Anselme, ça suffit, réprimanda Sophie en prenant son frère par le bras. Laisse le partir ou tu préfères que je raconte comment tu reluques Pénélope à travers le trou de la serrure pendant son bain, lui chuchota-t-elle.
― Tu n'oserais pas, grommela-t-il en se grattant sa nuque nue.
― Vraiment ? grinça Sophie le visage fermé. Veuillez l'excuser, il a quelques soucis avec les bonnes manières, pivota-t-elle vers Nicolas avec tortillant une mèche de cheveux.
― Pas qu'avec les bonnes manières à mon avis, rajouta Nicolas amèrement.
― Tu préfères défendre ça. Je vois où vont tes priorités, Sophie. Réunion de famille. Toi tu ne fais pas partie de la famille.»
Anselme toisa le grand barbu qui lui emboîtait le pas.
Le rouquin prit sa sœur sous son aile et murmura quelque chose. Les enfants semblaient en pourparlers devant la porte. Il regarda pardessus la mansarde mais la pénombre du crépuscule envahissait la ville. Au bout de quelques minutes, Anselme avec un sourire goguenard se tourna vers Nicolas.
« Tu peux partir mais à une seule condition.
― On ne négocie pas avec les traîtres, déclara froidement Nicolas en croisant les bras.
― Dommage. Bonne chance pour sauver ton frère aussi imaginaire
― Que ton intelligence ? »
Sophie gloussa devant la répartie de Nicolas tandis qu'Anselme grinçait des dents. Il n'appréciait pas cet inconnu et pour la peine, il lui réservait une bonne punition.
« On y va Sophie, le testa Anselme en tournant les talons. Prévenons les gardes, qu'ils viennent le chercher.
― Très bien. Laquelle, morveux ? », s'enquit Nicolas en arquant les sourcils en croisant les bras sur son torse.
Le sourire qui illumina le visage du rouquin excéda Nicolas.
« Tu verras.
― Tu es sûr de toi, là ? murmura Sophie préoccupée.
― Ne t'inquiète pas ! s'exclama Anselme en prenant sa jeune sœur sous son bras. Une fois en bas, tu pourras rejoindre le Mousquetaire. »
Tous les trois se faufilèrent dans le couloir en se cachant de certains clients. Ils se trouvèrent coincés dans un petit escalier tordu en guettant l'occasion parfaite pour s'éclipser.
Avec un sourire, le prince observa les clients chanter, hurler et se divertir dans les bras des femmes dans une ambiance bon enfant.
Une femme, à la chevelure brune et aux yeux félins, qui déposait une bouteille à une table l'observait. Elle se mordit les lèvres comme une invitation. Le séducteur Nicolas y répondit par un clin d'œil. Il était clair que l'on savait se distraire dans cette taverne.
« Tu n'as aucune chance avec elle. Elle vise de plus gros calibres, chuchota Anselme qui se trouvait au-dessus de Nicolas dans les escaliers. Si tu t'avises de fuir, je n'hésiterai pas à te hanter et tu pourrais dire adieu à ta belle gueule d'ange...
―Cela nous fera un premier point commun, se moqua Nicolas en observant la brune se déhancher.
― Je te surveillerai comme mon ombre ! tiqua Anselme avec un regard noir. Quand tu t'y attendras le moins, me voici ! »
Sophie qui avait dévalé les escaliers interrompit la discussion et leur fit un petit signe pour indiquer que la voie était libre. Il se levèrent et à pas de loups, ils descendirent les marches avec moult de précaution. Ils franchirent les portes de derrière pour rejoindre une pièce où étaient stockés du foin et des sacs de blé et de millet.
«Fais attention où tu marches. »
A sa gauche, Nicolas surprit des divers équipements équestres et les hennissements de chevaux l'interpellèrent.
Avec un sourire en coin, Anselme lui jeta une fourche. Nicolas observa ennuyé le jeune rouquin qui lui donnait des ordres.
Était-il un valet ?
Le rouquin s'allongea en sifflotant sur une énorme botte de foin, bienheureux de son coup.
« Qu'attends-tu ? Je pensais que tu étais pressé.», déclara l'enfant terrible en gloussant.
Nicolas grogna simplement puis s'attela véhément à la tâche bien ingrate qui lui était attribuée avec une seule idée en tête, foutre le camp. Cependant, il avait la sensation d'avoir oublié quelque chose ou plutôt quelqu'un.
Léon.
*** ***
Léon secoua avec violence Théophile décoiffé, saoul et avachi dans un fauteuil dans l'antichambre vide où jonchaient des verres, des draps dans tous les sens.
« Monsieur le Comte ! Théophile ! Théophile !
— Doux Jésus ! s'écria Théophile effrayé en voyant la tête de Léon à quelques centimètres de lui. Tu ne ressembles pas à une jeune femme.»
Dans un état second, Théophile repoussa Léon qui l'empoigna.
« Nicolas a disparu.
— Qu'as-tu dit, Léon ? s'interloqua le brun en s'éclaircissant la gorge.
— Nicolas, le prince a disparu ! », s'étrangla Léon perdant tout son flegme.
L'annonce eut l'effet d'une douche froide sur le comte. Comme dessaoulé, il se redressa paniqué avant de rire d'incrédulité.
« Il doit batifoler avec la femme de l'échevin cornu*comme jamais, ce petit galopin. Vois-tu mes cornes* aussi ? »
L'homme de confiance de l'imprudent prince retournait toute la pièce et scrutait chaque recoin jusqu'aux rideaux pour s'assurer que Théophile et lui étaient bien seuls.
« Assez de vos balivernes. dit-il avec sévérité retrouvant son flegme. Cette bague va le conduire à sa perte. Il n'était pas chez elle ! Voici bien trois heures que j'étais posté chez l'échevin...»
Le jeune homme fringant siffla en s'inclinant devant la fougue de son ami. Il se ressaisit quand Léon le fusilla violemment du regard. Le comte invita le valet à poursuivre son discours :
« Un domestique italien eût l'obligeance de m'apprendre que Nicolas avait filé à la française* comme un voyou poursuivi par des gardes! Depuis, je ne sais où il est parti. »
Léon fit les cents pas pour réfléchir pendant que le brun roula du tabac pour encaisser la nouvelle.
« Comment peut-il avoir disparu ? s'interloqua Théophile en mâchant du tabac.
— Évaporé dans la nature ! s'exclama le valet du prince en agitant les mains.Etes-vous devenu subitement sourd ?
— Comment ne pas l'être ? Tu ne cesses d'hurler dans mes oreilles comme un crieur de rue, rétorqua Théophile agacé.Ne t'avais-je pas prévenu ? Nicolas n'aurait jamais dû s'y rendre. Cet espion était extrêmement louche. Où se trouve-t-il, maintenant ?
— Il est introuvable, lui aussi.»
Avec un air fou, le valet agrippa le col de la chemise à moitié ouverte de Théophile.
« ... Je l'ai cherché, partout. PARTOUT vous dis-je ! Et si il lui était arrivé quelque chose ? Et si Nicolas avait été enlevé ? Peut-être dort-il paisiblement dans la couche de Séraphine ... ?
— Séraphine ? Séraphine d'Esquieu ? Est-ce donc le nom de la femme de l'échevin ? »
Comme l'évidence même, Léon opina du chef puis gesticula comme une girouette. Le brun passa une main sur sa bouche avec un air grave. Le faquin, le coquin. Il n'avait pas mentionné le nom de la femme et pour cause. La réputation de cette femme n'était plus à refaire dans Paris. Dans quel bourbier s'était-il encore empêtré ?
Séraphine était mêlée à des histoires bien sordides de poison qui lui a fallu la question autrefois. Bien qu'elle fut lavé de tout soupçon, elle n'en restait pas moins dangereuse.
Et, si le prince était tombé dans un traquenard.
Le comte se précipita pour récupérer une épée et s'habilla de son manteau. Il ne pensait qu'à un seul homme capable de les sortir d'une telle situation avec discrétion.
«Nous devons nous hâter, Léon !
— Et où allons-nous ? s'interrogea Léon circonspect.
— Chez Jacques de Berry, seul lui, pourra nous aider, pardieu ! Hâtons-nous !
— Ainsi ? interjeta Léon en haussant les sourcils brunis, accentuant leurs arcs naturels. Personne ne nous prendra au sérieux !»
Le valet pointa le pantalon défroqué, la cravate défaite, la mine couverte de rouge et les boutons manquants sur la chemise laissant transparaître le torse fin de l'atypique comte. Après avoir rajusté ces quelques détails, ce dernier se dirigea vers la porte avec Léon quand trois coups de portes furent frappés.
Les deux jeunes hommes déglutirent et reculèrent précipitamment à l'ouverture des portes. Plusieurs gardes royaux s'y postèrent devant en bloquant l'accès.
«Madame la Reine. Marie-Thérèse d'Autriche, Reine de France, annonça distinctement un page noir.
— Qu'allons-nous faire ? murmura Léon dans sa barbe en s'inclinant devant la Reine.
— Je vois qu'on ne se prive de rien, messieurs, inspecta la Reine avec un léger accent. Où est donc mon merveilleux fils, Nicolas ?
— Je ne sais point mais nous sommes dans le crottin jusqu'au cou. », souffla Théophile de Riaux à Léon en se relevant.
Il dégaina un sourire de circonstance à la petite Reine perchée sur ses talons pour masquer sa gêne.
Cela sentait le crottin à plein fouet pour nos deux jeunes nobles mais savez-vous qui est dans le crottin jusqu'au cou ? Je vous le donne pour mille !
*** ***
Avec la fourche, Nicolas dégoûté décrottait la pièce sans dire un mot jusqu'au petit box de la jument d'Aëla. Il jeta quelques coups d'œil par dessus son épaule. Anselme roupillait tranquillement.
Le prince en profita pour récupérer une épée qui jonchait sous une botte de foin. Il la dégaina puis la glissa rapidement dans sa ceinture. Il prit soin de dissimuler le tout sous sa cape. Anselme qui était plongé dans sommeil profond, bougonna puis se mit à ronfler immédiatement.
Doucement, Nicolas s'approcha de la jolie bête au superbe manteau noir qui se laissa caresser. Il lui chuchota quelques mots à l'oreille de la jument impatiente qui frappait le sol avec ses sabots.
Le prince accrocha sa selle, défit le cordon qu'il la tenait prisonnière et y monta sans trop difficulté.
Les hennissements de Flèche réveillèrent subitement Anselme. Les yeux écarquillés si bien qu'on aurait qu'ils bondissaient hors de leur orbite, le chenapan regarda le barbu galoper au loin.
Blanc comme un linge, le rouquin déglutit péniblement. Il voyait sa courte existence défiler devant ses yeux.
*** ***
Fin du Chapitre 15 ~
Merci d'avoir lu ❤
Il y a eu quelques modifications sur l'appellation du bandit parisien. Son véritable nom est Dorian Blaise* mais la presse et les journalistes de l'époque le surnomment le Robin des Bois français.
Désolée pour les fautes d'orthographe. N'hésitez pas à me les signaler.
Encore quatre chapitres avant la seconde partie.
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