Chapitre 42
Tout s'est enchaîné beaucoup trop vite. Je ne sais pas si mon cerveau est capable de retranscrire tout ce qui a pu se passer.
Des hommes ont foncé sur nous pour nous attaquer, d'un seul coup. Les garçons ont été pris au dépourvu et se sont fait emmener où ils étaient.
Je n'ai rien pu faire, ne pouvant me battre contre ces hommes. Je les ai juste vus attraper les gars pour mettre des droites et les ramener à leur place.
Me voilà de nouveau seule face à Felipe. Quand il y avait Aedan, je me sentais plus forte, plus puissante. Je pouvais lui dire toutes les saletés du monde sans avoir peur des répercussions.
Là, je n'ai plus du tout envie, et j'ai l'impression que ce petit numéro ne lui a pas plu, puisqu'il affiche une mine malsaine, qui est prête à me sauter à la gorge.
Il s'avance doucement vers moi, toujours dans l'unique but de faire durer ce supplice. Je suis tellement mal que je serai capable de me faire pipi dessus. Pas très glamour.
J'entends Aedan se débattre pour pouvoir me rejoindre, mais je ne prête pas forcément attention. Je ne peux plus compter sur eux, pour le moment. Je dois impérativement me débarrasser de cet être abject et l'empêcher de me toucher.
Arrivé à ma hauteur, il place sa main droite sur ma joue, pour sentir ma peau. Mes poils se hérissent de gêne, sans pouvoir contrôler ce qui se passe. Cela me fait beaucoup trop flipper.
J'ai toujours voulu travailler dans des organisations anti-cartel comme Inaya. Mais je ne voulais pas travailler avec elle. Avoir ma propre entreprise était une solution bien trop pertinente.
Je ne m'étais pas autant préparée. Si j'avais fait mon entreprise, je me serais confronté à ce genre de situations, et jamais, je n'y serais arrivée. Je serais déjà morte.
Quelque part, toute cette expérience m'ouvre les yeux. Le rêve de faire ce métier restera un rêve de petite-fille. Je ne veux plus avoir affaire à ce genre de personnes, ou ce genre de situation. Je ne peux pas m'y adapter.
Oui, mais quand viendra le moment de rentrer chez toi, que feras-tu de toutes ces personnes ?
C'est la question qui me tourmente depuis quelques jours. Elle ne faisait que ressurgir dans mon esprit quand je regardais mes amies ou encore Aedan.
J'espère pouvoir un jour rentrer chez moi, revoir ma famille. Je ne veux pas faire ça toute ma vie. Risquer ma vie pour rien, n'est pas mon style.
Mais je suis amoureuse d'Aedan. Et lui, jamais, il ne renoncera à son cartel, ce que je comprends totalement. C'est celui de son père, et il a choisi sa voie.
Mais après ? Je vais devoir me séparer de lui pour que nous fassions route séparée ? Que va-t-il advenir d'Adriel et d'Hadès ? Et surtout, Cristina ? Maintenant que Victoria est partie, elle sera seule, et je ne le supporte pas. J'ai l'impression de les trahir en pensant ça.
Une part de moi se sent légitime de réfléchir à cette question. S'ils pensent me garder jusqu'à la fin de mes jours, ils peuvent s'enlever cette idée de la tête. Car je refuse. Tout bonnement. Mais Aedan m'en voudra.
Choisir entre son amour, quelqu'un que j'affectionne particulièrement, ses amis, son quotidien depuis quelques mois, ou choisir la vie qui m'était destinée, en enlevant ses personnes ?
Une claque me sort de toutes ses questions. J'aurais bien le temps d'y penser plus tard, et je pense qu'avoir une conversation avec Aedan sur ce sujet ne me ferait que du bien, à moi comme à lui.
Felipe vient d'abaisser sa main sur ma joue, pour que je puisse l'écouter. Étant plongée dans mes pensées, je n'ai absolument pas fait attention à tous ces mots qui sortent de sa bouche.
— Tu oses ne pas m'écouter ? me menace-t-il. Arrête de faire la fière, cela risque fortement de m'agacer. Je suis déjà suffisamment gentil avec toi, n'en rajoute pas une couche.
Mon regard dévie vers Aedan, qui est complètement fatigué. Il ne veut pas se battre, ou du moins, plus maintenant, en vue de ses membres lâchés.
Ils regardent tous la scène qui est en train de se dérouler sous leurs yeux. Que dois-je faire ? Plus les minutes avancent, plus mon stress monte et je dois bien être à cent-cinquante battement par minute.
J'entends précisément chaque onomatopée de mon cœur, ce qui me confirme la peur que Felipe me procure. Et il en joue. Il adore même cela.
— À présent, je vais réitérer ma question, puisque Aedan semblait la contester. Nayeli, veux-tu m'épouser ?
— Bien sûr que non ! crache Aedan. Jamais elle ne voudra. Elle sait très bien tout ce que tu as fait subir à ma famille, et elle en vomit chaque nuit.
Sa réponse est un peu exagérée, mais j'avoue ne jamais être bien quand j'y repense. L'homme en face de moi a,
cruellement tué toute la famille de mon petit ami, y compris une petite fille, qui avait la vie devant elle.
— Oh, que cela est intéressant, rit Felipe, tout en s'approchant d'Aedan, fermement tenu. Pourtant, elle est en couple avec toi et parais partager des sentiments forts à ton égard. Mais dis-moi, si elle savait ce que toi, tu as fait, est-ce qu'elle resterait tout de même avec toi ?
— Essaye et tu verras. Elle a déjà appris la plupart des choses que j'ai faites. Elle ne les apprécie pas, mais les comprend, et c'est pour cela qu'elle est avec moi. De toute façon, tu ne m'arrives pas à la cheville, Felipe. Tout domaine confondu.
Felipe ne répond rien, et donne un coup de pied dans la jambe d'Aedan, qui se retient de crier. À la place, il arbore un visage sombre. Si ce n'était pas mon copain, cela ferait longtemps que je me serais évanouie.
En s'approchant de moi, je sens des mains fermes m'agrippant les poignets, et me les plaçant derrière mon dos. Je reste abasourdie, en le voyant arriver, sourire aux lèvres.
Je vois du coin de l'œil Cristina, en train de frapper son garde, qui n'a pas l'air de se défendre. Elle veut absolument me rejoindre, et je prierais n'importe quel dieu pour qu'elle me sorte de là.
Felipe place ses mains sur ma taille, et je me retiens de vomir, tellement cette action me dégoûte. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais je ne désire pas qu'il me touche. Plutôt crever.
— Tu as une bonne taille. Parfait pour des bons coups de rein.
Mon cerveau n'a pas dû bien comprendre ce qu'il vient de sortir, mettant un moment pour comprendre ses paroles.
Je relève la tête, plus que paniquée. Il veut passer à l'acte. Je ne sais pas quoi faire pour me défendre, et j'ai peur qu'il arrive à ses fins.
Aedan hurle aussitôt, voulant se débarrasser également de son garde du corps, tandis que Felipe descend pour toucher mes fesses. Ne pouvant remuer avec mes mains, je décide de le faire avec mes pieds.
Prenant une grande inspiration, je balance mes jambes en avant, m'appuyant sur le fait que le mec derrière me tient. Felipe bouscule en arrière, et je me fais rapidement étaler par terre, pour que je ne puisse plus bouger.
— Toujours plus robuste celle-là.
Je vois les quatres qui arrivent à se détacher d'un coup, et qui bondissent vers moi. Ils me séparent du mec qui me tenait et je suis réceptionnée par Cristina.
Elle me pousse au milieu de tous, et me voilà encerclée par mes trois amis et mon copain, qui ne laisseront plus personne m'approcher.
Je me sens respirée à nouveau. Le fait qu'il m'ait touché m'a profondément choquée, et je n'arrive pas à m'en remettre. Comment peut-on faire cela sans avoir honte ?
Je sens la main d'Aedan sur la mienne, et je la serre fort. Je n'imagine même pas comment nous allons bien pouvoir sortir de ce bourbier.
Cristina me regarde avec l'air le plus sérieux au monde. Je ne l'avais jamais vu comme ça. La situation est réellement préoccupante.
La scène dégénère complètement quand tout le monde part d'un coup, me laissant alors seule au milieu. Je me sens très débile.
Cristina est partie à droite et est en train de gérer deux gars à elle toute seule, tandis que les garçons sont partis de l'autre côté, pour gérer sept à huit gars, je ne compte même plus.
Felipe s'amuse en les regardant, et je vois une lueur d'espoir dans ses prunelles. Un espoir que l'un des quatres se prennent un coup et meurt.
Son regard s'accentue sur moi, et son sourire s'efface. Sans réfléchir, je pars vers la droite pour rejoindre mon amie. Victoria s'est déjà sacrifiée, il est hors de question que je laisse Cristina faire le sale boulot toute seule.
Je prends le deuxième mec en lui tirant son polo par devant. Déstabilisé, il réagit assez tard à mon attaque. J'ai le temps de lui administrer quelques coups sur le visage, et un dans les bijoux. Technique toujours approuvée.
Les deux ne se relèvent plus, et je vois Cristina murmurer un « merci ». Je ne réponds pas, mais l'emmène avec moi voir comment se débrouille les trois mousquetaires, même si je ne me fais pas trop de soucis là-dessus.
Ce qui me laisse le plus perplexe dans cette histoire, c'est que Felipe ne bouge pas. Pas à un seul moment, il vient aider ses hommes à nous combattre, pas à un seul moment, il vient pour essayer de prendre Aedan à part pour lui faire la torture qu'il attend depuis si longtemps.
Est-ce un comportement normal ? Il est sûrement en train de réfléchir à un plan, et la suite me fait peur. Nous sommes sur un terrain étranger, sans connaître le monde qu'il peut y avoir derrière. On peut arriver à se défaire de quelques hommes, mais si une dizaine arrivent à nouveau, je ne laisse pas beaucoup d'argent concernant notre survie.
Cristina semble remarquer que je suis pensive, et s'arrête à quelques pas des garçons, qui ont l'air de maîtriser la situation. Une fois qu'ils auront finis, il ne restera plus que Felipe dans la pièce. Sauf s'il décide d'appeler d'autres gars, ce que je soupçonne.
— Felipe n'est pas bête. C'est le mec le plus connu du Mexique. Les gens le craignent autant qu'Aedan en Bolivie. S'il ne fait rien actuellement, ne te laisse pas duper par ce comportement. Il agira tôt ou tard. Nous ne sommes pas sortis de l'auberge, ma grande.
Tous ces mots ne me rassurent guère, mais au moins, ils ont le mérite d'être clairs et de m'informer sur ce qu'il se passe. Je ne pensais pas que le peuple mexicain le connaissait, mais je peux comprendre. Il est tout bonnement effrayant.
— Alors qu'est-ce qu'il va se passer ? Comment allons-nous survivre et rentrer chez nous ? Cristina, nous avons déjà perdu Victoria, je ne veux pas perdre quelqu'un de plus. Une vision d'horreur me suffit, déploré-je.
— Je sais, Nayeli. Ne t'en fais pas, Aedan a appelé des renforts pendant le peu de temps où nous étions à l'extérieur. Ils devraient arriver demain ou au plus tard après-demain. Il faut tenir et ne pas se laisser abattre par cet enfoiré. Cela lui ferait bien trop plaisir.
— Je ne suis pas sûre de pouvoir endurer plus...
Le ton de ma voix craque, mais je ne pleure pas. Je surveille Felipe depuis le début de notre conversation, et Cristina surveille l'entrée de la pièce pour vérifier que personne d'autre n'entre. Il faudrait que je lui demande, à l'occasion, ce qu'il s'est passé après que nous nous sommes faits prendre, et comment ils ont pu être ramenés ici. Mais je sens que j'aurai bien le temps de leur poser toutes mes questions après.
Cristina m'empoigne soudainement et me ramène vers le fond de la pièce, suite au grand bruit sourd qu'a dû provoquer la porte. Ils sont déjà là.
Je me retourne et constate avec effroi qu'une dizaine d'hommes viennent d'entrer dans la pièce, et les trois mousquetaires se retrouvent entre Felipe et eux.
Cristina ne tarde pas à les rejoindre pour leur prêter main forte et je me retrouve de nouveau seule. Tout le monde est devant moi, et je n'ai personne derrière, ce qui est déjà ça. Enfin, je crois.
— C'est bien beau de vous battre, mais à quoi cela vous sert de vous fatiguer, alors que vous n'y arriverez pas ?
Il continue à déblatérer son discours, tandis que je me rapproche de lui par derrière. J'ai repéré un petit couteau, qui pourrait bien me servir.
Je le récupère lentement, à la vue des hommes de Felipe qui ne pipent aucun mot, ce qui me paraît étrange. Ils doivent avoir peur, les pauvres petits.
Je m'approche à pas de loups de Felipe qui n'a pas l'air de m'entendre et qui continue son discours comme il aime les faire.
Aedan me remarque et m'incite du regard à faire ce que j'avais déjà prévu de faire. C'est le moment où jamais de mettre la pression sur son équipe et de pouvoir se barrer d'ici.
Alors, ni une ni deux, je saute sur le cou de Felipe en lui plaçant la dague sur sa pomme d'Adam. Figé, il n'ose pas bouger un cil, mais je sens son rythme cardiaque accéléré.
Cela me procure un sentiment de satisfaction que je n'ai pas le temps de savourer. Le temps est compté et je ne peux pas attendre pour aider mes amis.
— Lâchez-les, ordonné-je.
Tous les membres de Felipe lâchent mes amis, et pour la première fois, j'ai le sentiment d'avoir un pouvoir immense. Tout le monde m'écoute au doigt et à l'œil juste parce que leur chef a un couteau sous la gorge ? Comme c'est jouissif.
Je ne pensais jamais me dire ça un jour. C'était inconcevable. Ôter la vie à un être humain était une idée bien loin de ma vie d'avant, et je ne voulais pas tenter l'expérience.
Pour la première fois, j'ai envie de tuer. Après ce qu'il a fait subir à Aedan, Victoria, à moi, à tout le monde, il mérite le prix à payer.
J'ai une réelle envie de trancher ce cou si délicat, et de le voir inanimé par terre. Mes proches seraient abasourdis d'entendre toutes ces pensées.
Plongée dans mes idées de pouvoir et d'égorgement, je n'entends que trop tard les cris alarmants de Cristina.
Je sens une lourde masse s'abattre sur mon corps, me faisant enlever le couteau de mon otage. Ma tête frappe à nouveau le sol. Je me demande comment elle fait pour être aussi résistante.
Le noir m'envahit petit à petit, et je peux juste entrevoir qu'ils sont à nouveau en train de se battre au prix de notre liberté, alors que je suis en train de me noyer dans les profondeurs de l'inconscient.
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