Chapitre 28
Nayeli
Une semaine plus tard
Nous avons passé la semaine à nous entraîner afin d'être prêts pour cette mission. D'après Cristina, c'est la mission du semestre. Wouah, super.
J'ai fait un sac avec quelques affaires de la chambre, afin d'avoir de quoi m'occuper et pouvoir me changer.
D'après Aedan, nous allons rester qu'une trentaine d'heures, le temps de pouvoir faire sauter ce fameux cartel. Et il nous a explicitement dit que nous pourrions crever facilement.
En parlant de lui, il s'est beaucoup rapproché de moi cette semaine. Ça ne m'a pas forcément dérangé, mais je ne comprends vraiment pas ce qui se passe dans sa tête.
Nous avons passé du temps ensemble, que ça soit avec les autres ou alors tous les deux. Nous avons même fait une balade ensemble dans la forêt, et il m'a expliqué comment le cartel s'était construit.
Est-ce qu'il fait ça pour encore mieux me contrôler ? Je n'en sais rien. Mais rien que de penser à lui ou des moments que nous avons passés ensemble, mon ventre fait des trucs bizarres. Enfin, ce n'est pas dérangeant, mais je ressens des choses.
Il manquait plus que ça bordel. Pourquoi il faut que je commence à éprouver des choses envers un meurtrier ? Certes, il est gentil avec moi, mais il doit l'être avec tous ses hommes, et c'est seulement pour m'encourager à rester.
Mais selon les sources Cristina et Victoria, il ne fait jamais ça, et surtout, il ne prend pas le temps. Elles rêvent de nous voir ensemble.
Beaucoup font circuler cette rumeur. Donc le cartel pense que nous sommes ensemble. Et je n'ai même pas mon mot à dire.
Et ce qui est bizarre, c'est qu'Aedan ne conteste rien. Quelqu'un vient lui dire félicitations pour nous deux, il ne dit rien. Mais qu'est-ce qu'il fout !
Je récupère mon sac dans la chambre, et je quitte de nouveau ce petit cocon que j'ai réussi à m'approprier.
Je retrouve Victoria, et son sourire s'élargit en me voyant. Cela me réchauffe le coeur. Heureusement qu'elles sont là.
— Ça va ?
— Oui, ça va même si je suis assez stressée.
— Ça va le faire Nayeli. On sera là pour te protéger si quelque chose ne va pas, tu le sais bien.
J'opine de la tête, et elle passe son bras sur ma taille pour me rapprocher d'elle avant d'écouter le dernier discours d'Aedan.
En parlant de lui, il arrive avec Hadès et Adriel et monte sur sa mini-estrade. En tout, nous sommes environ une dizaine. Je ne sais pas si cela suffit, mais ce sont eux qui décident, et ils doivent savoir ce qu'ils font.
Hadès se place à côté de lui, car il participe à la mission. Quant à Adriel, il reste sur la terre ferme, car il a décidé de rester ici pour faire continuer les activités du cartel.
— J'espère que votre nuit fut bonne, entame Aedan. Parce que les prochaines risquent d'être mouvementées. Notre avion part dans deux heures. Dépêchons-nous d'y aller.
Cristina nous rejoint rapidement alors que tout le monde commence à suivre Aedan et Hadès. Victoria se fout de sa gueule, pendant que je dis au revoir à Adriel en lui faisant un signe de main en souriant, qu'il me rend.
En sortant dehors, je me rends compte qu'il fait vraiment chaud. Alors qu'il est à peine sept heures du matin. J'ai peut-être pris des vêtements trop chauds.
Nous nous dirigeons vers le parking, où se situent trois voitures de quatre places, puisqu'il y a un chauffeur dans chacune.
Je me dirige vers l'une d'ellse avec Cristina et Victoria, tandis qu'Hadès et Aedan se dirige vers une autre. Ils doivent certainement parler stratégie et vérifier quelques trucs.
Mais alors pourquoi au fond de moi, je suis un peu dégoûtée qu'il ne vienne pas avec moi ?
Chasse ses idées de ton cerveau Nayeli. Il n'a aucun sentiment pour toi, il essaye juste de te rassurer pour éviter que tu stresses. Il ferait ça pour n'importe qui.
Victoria me lance un regard aguicheur et je lève les yeux au ciel avant de rentrer dans la voiture. Elle est vraiment pas possible.
Je me retrouve alors près de la vitre. Au moins, je ne suis pas écrasée entre ces deux folles qui ne vont que me parler d'Aedan.
En parlant de ça, une fois rentrée, elles tournent toutes les deux leurs têtes vers moi, attendant que j'ouvre la bouche. Mais je ne leur ferai pas ce plaisir. Il en est hors de question.
Le trajet passe relativement vite. Les voitures nous amènent à l'aéroport de Tarija, à une heure de Padcaya. Apparemment, il y a une partie réservée aux jets privés, et nous ne ferons pas contrôler là-bas.
Je trouve cela un peu étrange. Peut-être que les gens qui travaillent là-bas n'ont pas conscience de qui nous sommes, où alors ils sont impliqués dans ces histoires ?
Je sais que le cartel possède deux jets privés et que nous allons en utiliser qu'un. Parce que de toute façon, il y a largement la place pour nous tous avec nos affaires.
Connaissant les filles, et ayant vu leurs têtes attristées de me voir dans une autre voiture que celle d'Aedan, elles vont tout faire pour que je sois avec lui lors du voyage.
Nous voilà alors devant l'aéroport. Nous descendons des voitures et Aedan nous conduit, en toute confiance, vers le compartiment des jets privés.
Je ne comprends pas encore bien cette histoire, ni pourquoi ses jets privés se trouvent dans un lieu aussi fréquenté que cet aéroport, mais passons.
Nous passons les contrôles sans aucun problème et des agents nous conduisent devant le jet privé, qui est déjà sur la piste de décollage.
Aedan nous demande une dernière fois si nous avons bien toutes nos affaires. Voyant notre réaction, il conclut directement et rentre dans son jet privé.
Il ne prend même pas la peine de saluer les hôtesses de l'air, qui ne se cachent pas, et qui draguent ouvertement Hadès.
— Arrêtez mesdames, je suis joueur, mais je ne vais pas vous sauter en plein milieu de l'avion.
Tout le monde rigole de sa connerie, et je m'assois à côté des filles, non sans voir leurs agacements. Je ne leur ferais pas ce plaisir de m'asseoir à côté de lui.
En parlant d'Aedan, il ne m'a pas adressé une parole ni même un regard depuis que nous sommes partis. Là encore, il s'est assis à côté d'Hadès et de deux hommes.
Je soupire. Les hommes, je ne les comprendrais jamais. Ça y est, il s'est lassé de moi ?
Je me retiens de me foutre une claque. Non mais ça va pas Nayeli ? Tu es complètement timbré de penser à ça. Et puis, qu'est-ce que t'en as à faire.
Nous avons douze heures de vol d'après ce que j'ai compris. Ce qui est énorme, car finalement nous ne sommes pas si loin. Mais la frontière nous oblige à faire un énorme détour.
Nous allons partir à neuf heures. Je sais qu'au Pérou il y a une heure de moins qu'ici. Par déduction, nous allons arriver à vingt-et-une heures, heure péruvienne.
Je sens que je vais m'ennuyer.
**
Je me fais réveiller par quelqu'un qui me saute dessus. Je lâche un vieux grognement en tentant de me tourner dans mon lit. Mais je suis bloquée par cet énorme boulet.
— Cristina, je te jure que si tu ne bouges pas, c'est moi qui vais t'étouffer.
Je relève la tête et je vois Cristina qui ne bouge pas, et Victoria qui tente de se retenir de rire. Je rigole et me lève, difficilement, pour sauter de nouveau sur elle.
Victoria tente de nous séparer, et je pars dans un fou rire incontrôlable. Cristina arrête en se tenant le ventre.
— C'est pas possible de m'embêter dès le matin, rigolé-je.
Victoria m'explique que les gars nous attendent pour manger le petit-déjeuner en bas. J'acquiesce en me dirigeant vers la salle de bain.
En faisant ma toilette, je repense aux événements récents. Nous sommes arrivés hier soir à vingt-et-une trente. Aedan nous a amenés dans cet hôtel.
Et encore une fois, aucune parole qui me concerne. Il m'évite complètement. Hadès a dû lui retourner le cerveau, c'est une certitude.
Bref, l'accueil nous a donné les clés de notre chambre, et nous sommes partis nous coucher assez rapidement. Les heures de vols nous ont beaucoup fatigués.
Il doit être aux alentours de huit heures. Nous allons passer la journée dehors, à visiter tranquillement, en évitant de nous faire cramer. Puis, nous agirons dans la nuit et reprendrons l'avion vers cinq heures du matin.
Une fois prête, je rejoins les filles qui terminent également de se préparer. Cristina me saute à nouveau dessus, et nous sortons rapidement de la chambre, tandis que Victoria s'occupe de refermer.
Tout le monde est là, nous attendant. Je sens le regard d'Aedan sur moi, mais décide de ne pas y prêter attention. Je ne vais pas gâcher la bonne humeur qui m'abrite. Étrange, quand on sait ce que nous allons faire ce soir.
Avec Cristina qui continue de mettre son bras autour de mes épaules, nous sortons du bâtiment. Hadès aurait trouvé un joli restaurant pour manger le petit-déjeuner.
Après une dizaine de minutes à marcher, nous nous retrouvons devant ce fameux restaurant. Le menu a l'air très appétissant.
Je passe devant avec Cristina pour écouter les indications du serveur qui vient d'arriver. Les escaliers qui nous amènent au restaurant sont en marbre blanc, ce qui nous éblouit à cause du soleil.
Je sens Aedan passer derrière moi et poser sa main dans le creux de mon dos pour m'inciter à monter les marches.
Je ne peux m'empêcher de ressentir un frisson qui me déchire l'échine. Cristina m'amène en haut, et j'ai juste l'impression d'être en vacances avec ma bande de potes.
Tout le long du repas, nous parlons de ce que nous pouvons visiter dans la journée. Il y a de jolis coins, comme le couvent de Santa Catalina, qui me passionne rapidement.
J'ai presque oublié le but de notre venue ici. Surtout depuis qu'Aedan est assis en face de moi. Il a perdu un boulon.
Nous voilà alors à nous séparer en bas de ce restaurant, car les garçons ne sont pas pour aller visiter le couvent. Au final, ça ne nous dérange pas. Une petite journée entre filles, on a déjà connu ça.
Victoria commande rapidement un taxi qui pourra nous emmener sur les lieux. Nous pensons y rester toute la matinée et passer l'après-midi à faire les boutiques. Ils ont de trop belles robes !
Nous nous dirigeons vers une petite place où nous attend le taxi, que Cristina repère facilement. J'ai hâte d'en apprendre un peu plus sur ce couvent.
En attendant celui-ci, Victoria décide de faire passer le temps en nous racontant une petite anecdote.
— Tu sais Nayeli, une fois, je devais faire boire un mec pour avoir des informations, un peu comme nous avons fait, il y a pas longtemps.
Jusque que là, je comprends, et je regarde Cristina qui est morte de rire. Elle doit s'en souvenir, et cela attise ma curiosité.
— Sauf que ce soir-là, j'ai beaucoup trop bu aussi. Et il s'avère que l'homme que je devais faire boire, devait également me faire boire pour avoir des informations sur le cartel de Caya. Au final : personne n'a rien dit car nous étions cuits, et sur les enregistrements, je raconte ma pire expérience sexuelle.
J'explose de rire pendant qu'elle m'explique celle-ci. Cela me fait penser à autre chose et je ne demandais que ça.
Nous nous racontons quelques anecdotes marrantes avant de voir le taxi arriver et de monter dedans.
En mode touristes, avec nos audios-guides et des plans du couvent, nous avons visité cet endroit superbe. J'en ai beaucoup appris sur la religion notamment.
Il doit être treize heures quand nous sortons. Nous tombons sur un petit snack pendant que nous visitons la ville. Elle est gigantesque et bien bâtie. Tous les immeubles sont magnifiques !
— Oh, regardez-moi ces jupes magnifiques ! s'extasie Cristina.
Nous nous regardons avec Victoria, avant d'éclater de rire. Nous essayons de suivre Cristina, qui décide de changer de trottoir sans prévenir.
Cette fille m'épuise vraiment. Mais je suis heureuse d'être ici avec ces filles, et de profiter avant le drame final. Qui commence à m'angoisser petit à petit.
**
La fin de la journée arrive vite. Nous avons passé l'après-midi dans des boutiques et j'ai réussi à décrocher une jolie robe que j'ai décidé de porter directement.
Elle est violette, avec un joli décolleté sur le devant, où se dépose mon collier. De la dentelle s'étale sur toute ma colonne vertébrale, et j'ai relâché mes cheveux qui m'arrivent aux omoplates.
Oui, parce que j'ai fait un saut chez le coiffeur. Avant, il devait m'arriver vers le creux du dos, mais j'en avais clairement marre. Du coup, mes mèches blondes sont parties, et je suis entièrement châtain à présent.
Nous arrivons devant l'hôtel où nous hébergeons. Les filles ont hâte de voir la tête d'Aedan lorsque je vais arriver. Moi, je pense juste qu'il va s'en foutre.
Pourtant, dès lors que nous arrivons devant, tous les hommes se tournent vers nous. Et comme elles l'avaient prédis, Aedan me scrute de la tête au pied.
Je n'aime pas spécialement ça. On dirait que je suis un simple bout de viande pour ces mâles en chaleur. Faisons abstraction.
Nous nous approchons d'eux, et Hadès nous explique ce qu'il va se passer. Nous allons nous diriger vers le cartel dans cinq minutes. Il faut environ une heure trente pour y arriver, et le temps d'installer nos matériels, il vaut mieux être en avance.
Ils nous donnent tous un sac qui contient des affaires de rechange, et le matériel dont nous aurons besoin : essence, grenades, flingues.
J'attends Cristina qui est en train de ranger son sac, et Aedan s'approche de moi. Même un peu trop.
— Tu comptes y aller dans cette tenue ?
La voix qu'il a utilisé est mielleuse, et je sais qu'il y a énormément de sarcasme dans celle-ci. Il le fait exprès cet imbécile.
— Oui, juste pour te faire tourner la tête, répondis-je, contente de ma réponse.
Il ne répond rien, et je me tourne vers lui. Ce que je viens de dire semble l'interloquer. Je rigole, et le laisse en plan, rejoignant Cristina qui a eu la lâcheté de m'abandonner.
Le trajet se fait dans un bordel absolu. Tout le monde parle, tout le monde vérifie son matériel, tout le monde discute stratégie. Sauf Aedan. Qui refuse de parler à qui que ce soit, ce qui a le do d'énerver Hadès, parce qu'il a besoin d'informations supplémentaires.
Une fois arrivés, nous avons un kilomètre à parcourir avant d'arriver devant le fameux cartel. Je sors de mon sac la tenue qui va me permettre de faire ça.
C'est simplement un short et un t-shirt, et je vois du coin de l'oeil Aedan, qui semble mal à l'aise que je vois ces vêtements.
Je souris intérieurement, contente qu'il ait choisi ses vêtements, et pars me changer juste derrière la voiture avec Cristina.
Une fois cela fait, je reviens et plie ma belle robe avant de la placer dans la voiture. Je remets mon sac sur le dos, et avance en direction d'Hadès qui commande à ses troupes d'aller en avant.
— Aedan, vient avec moi ! ordonne Hadès.
— Pas question, je ferme la marche.
Hadès bougonne, mais n'insiste pas, et Aedan se retrouve à être derrière moi. Je m'arrête, pendant que les filles continuent d'avancer en s'échangeant des stratégies.
Je sens Aedan se heurter dans mon dos, et me demander ce que je fais. Je me retourne vers lui, et il voit à présent comme je suis paniquée.
J'ai préféré le cacher aux filles, qui allaient certainement en faire des tonnes, et demander à Hadès que je ne vienne pas.
Mais Aedan comprend. Je sais qu'il comprend. J'ai juste besoin d'être rassurée. Et quand je vois son sourire, on avance dans la bonne direction.
— J'espère que tes vêtements sont à ta taille, commence-t-il mal à l'aise.
Je lâche un rire, et je me retourne vers la bande qui ne remarque même pas notre absence. Je sens alors Aedan qui se rapproche de moi, pour que je puisse me reposer sur son dos.
— Je vais te protéger Nayeli, ne t'en fais vraiment pas.
Je respire un bon coup, et décide d'avancer, essayant de relativiser un maximum. C'est alors que je sens une enveloppe chaude et protectrice dans ma main.
Mes yeux se tournent vers sa main qui est logée dans la mienne. Il évite mon regard, et je trouve cela encore plus mignon.
Mon sourire n'arrête pas d'être affiché sur mon visage, et je ne peux même pas le contenir.
C'est alors que nous marchons, main dans la main, vers ce cartel qui va brûler d'ici quelque temps. Je n'ai pas envie, mais je me sens plus forte à ses côtés.
Que le spectacle commence.
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