Chapitre 24
Nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres du cartel. Les filles dorment, car elles sont clairement épuisées de la mission ce que je peux comprendre.
Mais moi je ne dors pas. Je n'ai pas dormi une seule seconde. Je n'arrive pas à me remettre de ce qui a pu se passer.
Inaya, qui me menace avec une arme, et qui était prête à m'emmener et à même me torturer pour avoir les informations qu'ils veulent depuis si longtemps.
Et quel culot de me dire que je n'ai pas essayé. J'ai tenté de m'enfuir, mais elle n'a pas su me protéger correctement, en me laissant aller à ma guise à l'extérieur alors qu'elle savait très bien.
Quel culot de me dire que je pourrais essayer de nouveau de m'enfuir. Seulement, les menaces d'Aedan ont été très clairs et je ne prendrai pas de sitôt ce risque. Aucune envie de finir torturée et tuée dans ces cellules miteuses.
Et quel culot de sa part de ne pas m'avoir cherché. C'est une certitude qu'elle se foutait de moi. Elle se doutait pourtant bien que j'allais devoir faire ce qu'ils me disent, et que j'allais être contraite à faire des choses que les supérieurs me demandent.
Oui, je suis dans le même bâtiment que les plus puissants barons de drogues tu pays. Oui, je les côtoies tous les jours et je mange même avec Hadès ou encore Adriel.
Ils m'ont fait du mal quand je suis arrivée ici, car il tentait d'obtenir des informations. Je sais qu'ils me gardent encore sous contrôle au cas où je fasse une connerie, puisqu'ils penchent sur le fait que je veuille encore m'échapper.
Mais ils ne m'ont pas refait de mal depuis. Je suis là pour aider les filles dans leurs missions. Alors à quoi ça sert de vouloir me torturer, tout au plus que je ne sais toujours rien ?
J'ai passé le trajet du retour à pleurer silencieusement. Je n'allais pas réveiller les filles pour leur raconter tout mon désespoir, cela est complètement débile.
Je ne sais pas comment vont réagir Hadès et surtout Aedan. Nous avons en quelque sorte réussit notre mission, puisque nous avons les informations qui étaient demandés par les trois mousquetaires.
Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Comment vont-ils réagir quand nous allons leur dire qu'une organisation anti-cartel était là, et plus précisément celle de ma soeur ? Ils vont croire à une embuscade de ma part, c'est certain.
— Tu ne dors toujours pas ?
Victoria se relève, et tente de s'étirer un maximum. Elle a l'air d'avoir mal au cou. En même temps, il n'y a aucune bonne position dans une voiture, et on finit toujours par être endoloris.
— Je n'ai pas dormi tout court, dis-je en tentant de lui faire un sourire.
Elle voit bien mon état. Elle a vu toute la tristesse dans mon sourire faible. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar.
La seule personne en qui je pouvais encore m'accrocher venait de me planter un couteau dans le dos. Comment allais-je retourner chez moi maintenant ? J'attendais que ça soit elle et son organisation qui le fasse.
Mais maintenant, ils me prennent pour une membre à part entière du cartel, et selon Inaya, j'ai fait mon choix. Mais ce n'est pas le mien, et je n'ai rien pu choisir.
Et merde, si elle avait fait plus attention à ses affaires, elle n'aurait pas fait tombée sa carte d'agent, et nous n'en serions pas là ! Je n'aurai tué personne, je serai avec mes amis à l'université, et je serai toujours en bons termes avec elle.
— Je sais ce que tu ressens, appuie Victoria en posant sa douce main sur mon épaule. Cela n'est clairement pas facile de voir sa soeur retourner sa veste.
— Ce que j'ai peur, c'est de la réaction d'Hadès et Aedan. Comment ils vont réagir quand ils vont apprendre que ma soeur était là, et qu'ils nous ont tendus une embuscade ? Je vais être prise pour la responsable, ils vont me traiter de traître, et me tuer dans les cachots.
— Tu t'imagines trop de choses Nayeli. Il y a certes des chances qu'ils pensent cela mais leurs réactions sera normales. Comment peux-tu justifier que pile à ce moment-là, ta soeur soit ici avec toute son organisation ? Mais nous serons là pour te défendre. Nous n'avons pas passé une minute séparé, et c'est moi qui tenait ton sac quand tu te changeais dans les cabines d'essayages. Tu n'as pas pu la contacter.
Je lui souris, et elle serre plus fort mon épaule. Elles seront là pour me protéger, et elles ont des preuves que je n'ai pas pu l'appeler. Je suis sauvée. Enfin du moins, en partie.
La voiture tourne alors dans le parking principal du cartel, et je respire un bon coup, m'attendant au pire. Ils ont déjà dû être contactés pour avoir toutes les informations.
Il est aux alentours de sept heures du matin, car le chauffeur a voulu rouler doucement. Aedan ne devrait pas tarder à rentrer en Bolivie, puisqu'il était en Argentine pour affaire.
Victoria réveille doucement Cristina, qui commence déjà à marmonner et à gueuler. Je soupire en émettant un petit sourire, et Victoria a dû la lever tellement elle avait la flemme.
Nous montons les escaliers, et des hommes viennent à notre rencontre, nous expliquant qu'Hadès et Aedan nous attendent dans le bureau.
Ma respiration s'accélère, et je sens mon coeur battre plus fort dans ma poitrine. Je crains réellement leurs réactions, et j'ai même peur qu'Aedan aille trop loin.
Cristina le remercie et c'est elle qui entame la marche pour nous diriger vers le bureau. Victoria m'offre un regard de compassion, et je sais qu'elles seront là pour me protéger.
Mais est-ce qu'elles pourront réellement me protéger si Aedan décide d'en faire trop avec moi ? Est-ce qu'elles pourront enfreindre les règles que vient de leur dicter Aedan pour me sauver ? Je ne suis pas sûre.
Nous arrivons devant la porte, et je joins mes mains devant moi, afin de triturer mes doigts. Cela fait longtemps que je n'ai pas coupé mes ongles, faudrait peut-être que je le fasse.
Cristina frappe deux fois contre le battant de la porte, et sans attendre une seule réponse, entre dans la pièce.
La fenêtre est grande ouverte, ce qui permet d'aérer la pièce de si bon matin. Il fait déjà chaud, et un peu d'air frais ne fait pas de mal, dans cette pièce suffocante.
Aedan est là, assis sur son fauteuil, en train de regarder quelques papiers. Quant à Hadès, il est debout derrière lui, et semble regarder le paysage que lui offre la fenêtre.
En entrant, Aedan relève immédiatement les yeux, et je comprends tout de suite qu'il n'a pas l'air très content de nous revoir.
Hadès se retourne et croise mon regard. Le sien est mélangé entre colère et désarroi. Je commence sérieusement à flipper et je crois que ça se voit, vu ma respiration.
— Vous revoilà enfin, j'ai cru attendre.
Voilà la première phrase qu'il prononce. Et cela n'annonce rien de bon. Parce que rien qu'avec sa voix cinglante, je sais qu'on va se prendre une raclée.
— Excuse-nous Aedan. Le chauffeur a décidé de rouler doucement car il y a eu quelques accidents sur la route, et il a jugé ça plus dangereux la nuit.
— Épargne-moi tes excuses Victoria, parce que je n'en ai clairement rien à cirer. En attendant, vous pouvez m'expliquer ce bordel ?
Sans comprendre ce dont il parle, il soupire, et nous balance rageusement un papier de journal, que Cristina s'empresse de récupérer.
Je me dirige rapidement vers celui-ci pour comprendre ce dont il se passe. Le contenu de ce journal me fait froid dans le dos. Bordel, ils ont été rapides.
Cette nuit, aux alentours d'une heure du matin, trois jeunes femmes qui appartiennent au cartel de Caya se situaient dans la boîte de nuit du centre-ville. Trois hommes se sont faits assommés dans les chambres de celle-ci, et déclarent ne pas se souvenir de grand-chose. Une organisation anti-cartel était présente sur les lieux, et a tenté de les arrêter, sans succès. L'enquête s'arrête là, mais l'organisation s'avère avoir une piste qu'il ne souhaite pas divulguer.
Je relève ma tête vers Victoria, qui me semble autant dépitée que moi. Comment est-ce possible ? Ils ont interrogés si vite les trois ennemis, et un article a déjà été rédigé, et il semble déjà avoir été mit à la vente.
Aedan se lève bruyamment, sous le regard mauvais d'Hadès, et s'approche de nous, l'air ravagé.
— Vous comprenez le problème maintenant ? Vous ne pouvez pas être plus discrètes bordel ? C'est votre métier de faire ça ! Comment vous avez-pu vous faire autant remarqué, si bien qu'un journal est déjà sorti, six heures après !
Je n'ose rien répliquer, et mes deux amies en font autant. Il ne vaut mieux pas répondre, car sinon, je ne sais pas ce qu'il adviendra de nous.
— Vous avez déjà bien de la chance que ces hommes ne se souviennent de pas grand-chose. Ils auraient pu vous décrire, et ils se seraient rendus compte que c'est nous, et se serait vengé !
— Non mais Aedan, je crois que tu n'as pas bien compris.
Hadès s'approche à son tour, et vient aux côtés de son meilleur ami, qui le regarde avec un air interrogateur.
— Ils savent très bien que c'est nous. Réfléchis, les mecs ont lu que trois femmes se sont enfuies et qu'elles appartenaient au cartel de Caya. Ils doivent se douter que c'était elles, ils sont pas si cons.
Aedan semble avoir un éclair de lucidité, et redirige son regard vers nous. Ça y est, je pense que si un regard pouvait tuer, je serai déjà morte depuis longtemps.
— Et puis Nayeli, peux-tu m'expliquer la présence de ta sœur ? enchaîne Hadès.
Je croise le regard enflammé d'Hadès, et je comprends le pétrin dans lequel je suis. Aedan prône sa tête vers celle d'elle de son ami, et semble se contenir, puisqu'il sert les poings.
Son regard déroule doucement vers le mien. Je crois qu'il n'était pas au courant, et il aurait mieux fallu qu'il ne le soit pas. Parce que là, je suis définitivement finie.
— Pardon ?
Ce seul mot me fait frissonner, et je regarde mes pieds, triturant toujours mes mains, qui commence à avoir des rougeurs.
— Nayeli, explique-moi immédiatement.
— Je te jure Aedan, je ne le savais pas.
— Regarde-moi quand tu parles ! crache-t-il.
Mon regard gris rencontre le sien, bleu foncé. Je sais qu'il essaye de se contenir et de ne pas me sauter à la gorge. Je pensais le connaître un peu, finalement, j'en apprends tous les jours sur ce caractère colérique.
— Nous étions prises au piège, alors nous n'avons pas eu le choix de se barrer par la fenêtre. Mais ils étaient là, j'ai reconnu Carlos, le chef de ma soeur. Nous n'avions aucune idée qu'ils savaient notre position, et j'ai été aussi surprise que les filles de les voir ici. Mais je te jure que je ne l'ai pas contactée !
— Elle dit vrai Aedan, tente d'amadouer Victoria. Nous étions avec elle tout le temps, et nous ne l'avons pas lâchés une seconde. Quand elle était aux toilettes, ou encore dans les cabines d'essayages pour la robe, c'est moi qui tenait son sac à main, et le téléphone que vous lui avez donnés était dedans.
Aedan semble se calmer, même si il continue à me regarder, avec qu'une envie : me foutre en l'air.
— Je préfère m'assurer que ce n'est pas le cas. Tu connais les conséquences si cela s'avère faux Nayeli. Je n'hésiterai pas à te descendre sans pitié !
Il s'approche de moi, et lève la main, comme pour me gifler. Je n'ose pas bouger, regardant de près cette main qui va bientôt laisser une marque sur ma joue.
Pourtant, il ne fait rien. Il essaye, mais dans ses yeux brille une lueur d'incapacité.
Il rigole en inspirant bruyamment, et commence à reculer. Sans trop comprendre ce qu'il est en train de faire, je le suis du regard, et il attrape la lambe de son bureau pour la faire valdinguer à travers la pièce.
Je reste calme, étant habituée à ce genre de réactions à cause de mon oncle, qui était souvent comme cela. Au début, j'avais peur quand Aedan le faisait, mais au fil du temps, je sais qu'il ne fait cela que pour se défouler.
Et là je comprends. Il n'a pas voulu me frapper, pour ne pas me faire de mal, et trouve un autre moyen pour calmer sa colère.
Même Hadès ne bouge pas. Depuis le temps qu'ils se connaissent, il doit y être habitué, donc il décide de ne rien faire.
Cinq minutes passent, et certains livres ils sont passés, tellement il déchirait fortement les pages. Hadès le rejoint, et lui frappe le dos pour tenter de le calmer.
— Je préfère ne pas prendre de risques. Je vous crois quand vous dîtes que Nayeli ne l'a pas contactée, mais je veux être sur. Tu passeras un ou deux jours dans les cellules. Emmenez-la.
Des hommes sortent de nulle part, et m'empoignent les avant-bras. Victoria tente de me libérer de leurs poignes mais sans succès.
Je crie de toutes mes forces pour qu'ils me lâchent, je tente de supplier Hadès ou Aedan de m'aider. Je ne veux pas retourner dans ces cellules, elles me rappellent bien trop de souvenirs traumatisants !
Victoria et Cristina me regardent avec un air désolé sur le visage, et je baisse la tête, arrêtant de me débattre. De toute façon, mon sort est fait, et je n'ai pas le choix d'aller là-bas.
Ils me tirent en arrière, ce qui me fait tituber, attirant la colère de Victoria qui leur demande d'être dociles.
Ils n'en ont rien à faire, et continuent leur chemin. Je reconnais parfaitement le couloir qui mène au sous-sol, et ses fameux escaliers que je ne peux plus me voir.
Ils me font descendre sans attendre et se dirige vers une cellule, qui se trouve un peu plus loin que celle d'avant.
En passant dans ce lieu lugubre, je peux apercevoir tous les prisonniers qui sont ici. Sans nourriture, torturés.
Le déclic est immédiat dans ma tête. Certaines personnes sont exactement dans la même situation que moi, et se sont fait enlevés sans rien demander.
Pourquoi m'as-t-on donné une opportunité dans le cartel, afin de ne pas pourrir ici, alors que d'autres rêveraient de le faire aussi ?
Ils sont certainement affamés. Je ne doute pas du fait que plusieurs doivent être des criminels ou des gens qui leur veulent du mal. Mais quand je croise le regard implorant d'un jeune homme, mon coeur se brise.
C'est réellement inhumain. Je ne peux même pas regarder ça. Ils sont là-haut, à fêter les livraisons de drogues, alors que ces gens sont en train de mourir à petit feu.
Les hommes me conduisent dans ma cellule, et me jette à l'intérieur comme un vulgaire déchet. Ils referment rapidement la porte et ne m'adresse même pas l'once d'un regard.
Ils partent, et je me retrouve de nouveau dans la même situation qu'il y a quelques semaines. Sauf que cette fois, je suis libre de mes mouvements.
J'espère secrètement qu'Aedan va se rendre compte de sa connerie et venir me sortir de là au bout de quelques heures. Mais il faut que je me rende à l'évidence : je suis là pour au moins un jour voir plus.
Je m'accroupis au sol contre un mur. Ils sont tous tachés de sang, et rien que d'imaginer ce qui a pu se produire me procure la nausée.
Je replis mes jambes sur moi, et enfouis ma tête à l'intérieur, ne pouvant empêcher quelques larmes de dévaler mes joues.
Je lève la tête après quelques minutes, et je croise le regard du prisonnier d'en face, qui me regarde comme un air de chien battu.
Je m'approche alors de mes barreaux, afin de le voir de plus près, et peut-être entamer une discussion, même si ce n'est clairement pas un lieu approprié.
Dès que je m'approche un peu, il se met à paniquer et recule immédiatement, sans même me laisser le temps de dire quoi que ce soit. Il a l'air vraiment apeuré.
— Hé ne t'en fais pas, je ne peux rien te faire de toute façon.
— Si, tu es amie avec eux. Si ils apprennent que j'ai été trop près de toi, ils vont me trancher la tête ! Comment reverrais-je ma famille après ?
Son ton me brise le coeur. Il a une voix faible, un corps faible, des pensées faibles. Je ne sais pas pourquoi il est là, mais cet homme ne mérite certainement pas ça.
— Peut-être que je suis amie avec eux, mais comme tu peux le voir, je suis en cellule tout comme toi. Et même si je ne l'étais pas, je ne te dénoncerai pas. Je ne suis pas ici de mon plein gré de toute façon.
— Personne ne l'est.
Il clore la discussion sur cette phrase, et part se recroqueviller sur son matelas improvisé de petite paille. Je me demande bien comment il l'a eu.
Je fais de même, et retourne vers mon mur afin de m'y appuyer. Je vais très certainement mal dormir, et me réveiller avec d'énormes douleurs, mais ai-je vraiment le choix ?
Je tente de poser ma tête sur mon bras, pour que cela soit un minimum confortable, et je ferme les yeux, espérant oublier cette journée.
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