Chapitre 18
Aedan
Je suis absolument crevé. Je n'ai pas dormi de la nuit. Il faut dire que la journée d'hier a été particulièrement mouvementée.
J'ai eu très peur pour la vie de mes hommes. Éric est un détraqué mental, et je sais qu'il aurait été capable de tuer Nayeli ou même Cristina sans une once de pitié.
Un peu comme moi finalement.
Beaucoup de mes hommes me voient comme cela. Un être sanguinaire, qui ne veut juste penser qu'à l'argent et à son cartel. Tuer fait partie de mon quotidien, et je m'y efforce parce que c'est comme cela que marche le cartel.
Mais on ne s'y habituera jamais complètement. Ce n'est pas quelque chose de normal à faire, et surtout, prendre du plaisir. Ôter la vie de quelqu'un n'est pas drôle, sauf quand la personne concernée a été un vrai connard, et qu'il mérite ce châtiment.
Au fond, je crois que très peu de personnes ne me voit pas comme cela. Il y a les deux idiots qui savent tout de moi, et qui me lisent comme dans un livre ouvert, alors que je fais tout pour ne pas l'être.
Mais il y a aussi Esther. Je regrette chaque jour qui passe qu'elle sache tout, comme Hadès et Adriel. Parfois, je me dis que j'ai été un véritable con de tout lui raconter et de balancer cela comme si ce n'étaient pas des informations importantes.
Elle n'est qu'une ancienne Mule. Son travail est de fournir de la drogue dans d'autres pays en l'ayant ingurgité, et c'est tout. Non, en vérité, elle a aussi le rôle d'apprendre le métier aux nouvelles.
Pourtant, plus le temps avance, plus je la sens m'observer. Je sais qu'il se passe quelque chose, Hadès la garde du coin de l'œil depuis maintenant deux ans. Il suit tous ses faits et gestes.
Cette fille est une vraie peste. Elle est capable de tout balancer juste pour me voir sombrer. Et ça, ça lui procurera du plaisir. Parce qu'elle n'attend que ça. Ma chute.
Elle a les morts que je ne sois plus à elle. Elle a les morts que je l'ai quittée alors qu'elle adorait nos parties de jambes en l'air, et qu'elle pouvait se vanter auprès de ses amis de sortir avec un millionnaire dirigeant d'un cartel.
Mais je la remercie tout de même pour une chose. De m'avoir ouvert les yeux. J'avais décidé de faire confiance à une fille, ne l'ayant jamais fait auparavant, et de pouvoir tester cette chose si sérieuse, au lieu de toujours enchaîner les coups d'un soir.
Grâce à elle, je sais que je n'aurais plus jamais à faire confiance à une fille. Car elles détiennent notre cœur dans leurs mains, et peuvent le briser à tout moment. Car même si c'est moi qui l'aie quitté, elle a fait des choses pour que je le fasse.
Elle m'a anéantie ce jour-là. Moins que ce que j'avais pu vivre dans le passé, mais assez pour me toucher profondément, et faire sombrer le dirigeant du cartel de Caya. Je regrette amèrement ces jours où j'étais complètement fou, tentant de la récupérer même après avoir rompu.
J'étais décidément fou. Aucun de mes hommes ne m'avait jamais vu comme ça. Même Hadès et Adriel étaient surpris que je sois affecté par juste une rupture. Mais cette fille était tellement plus.
Mon cœur et mon esprit se sont encore plus assombris depuis ce jour. Je n'ai plus touché à une seule fille depuis deux ans. Certains s'amuseraient à coucher à droite et à gauche pour tenter de nouvelles expériences et tester de nouvelles nanas.
Mais je n'en étais pas capable. Je ne pouvais pas faire cela. Car dès que je voyais une jeune femme, je pensais à elle, à mes mains sur son corps, à ses cris sous mes yeux, et à l'amour qu'elle me portait.
Hadès voulait la virer du cartel, pour éviter que je ne sois écarté du droit chemin. À l'époque, j'ai refusé complet. Je ne pouvais pas l'imaginer loin de moi, et je voulais constamment rester auprès d'elle. Cela me paraissait indispensable.
Une fois, elle a osé sortir avec un autre homme du cartel. C'était un jeune producteur qui avait directement flashé sur elle, et il ne la laissait pas indifférente.
Je l'ai tabassé dès que j'ai su qu'il avait couché avec elle, et que de nombreuses personnes avaient entendu ses cris de plaisir.
Je pense que maintenant, je regrette amèrement de ne pas l'avoir dégagée. Car il me faut une raison valable pour qu'elle ne soit plus dans le cartel, et je n'en ai aucune.
Évidemment, elle est toujours en couple avec ce foutu producteur, qui se prénomme Nickolas. Lui aussi je n'ai pas réussi à trouver de raison valable pour lui botter le cul et le virer de mon cartel. C'est pour cela qu'Hadès les surveille de près. Pour vérifier tous leurs faits et gestes et voir quelque chose qui pourrait me permettre de les virer.
Je sais que je suis passée à autre chose. Les voir ensemble ne m'affecte plus du tout. Je l'ai même déjà entendue gémir sous les coups de rein d'un autre homme, mais honnêtement, je m'en branle.
Mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'elle, elle essaye toujours d'attirer mon attention. Avec ses actions qu'elle a pu faire, en se mettant sexy devant moi. Est-ce qu'elle essaye de me faire craquer ? Est-ce qu'elle essaye de me faire retomber dans ces filets ?
Je ne suis plus le même homme, et je ne fais jamais la même erreur deux fois. Retourner avec son ex est la pire des choses, et elle refera pareil qu'à l'époque. Ça, je ne peux pas l'accepter.
Je me secoue la tête. Pourquoi j'ai repensé à tout cela tout d'un coup ? Ce n'était pas prévu, mais mon cerveau a dû délirer en la voyant se relevait délicatement, mettant en relief ses belles fesses.
Je me frappe la tête contre le bureau. Je suis complètement débile. Il faut sérieusement que j'arrête de penser à cette nana, que je me concentre sur le boulot, et que je trouve un moyen pour qu'elle parte.
— Aedan !
Je me relève rapidement en portant ma main à mon arme calée dans mon pantalon. Soulagé de ne voir qu'Hadès, je soupire et m'affale dans mon fauteuil.
— Tu peux arrêter de débarquer comme ça dans mon bureau ? Tu as de la chance que ça ne soit que toi, sinon je t'aurai déjà foutu dans les cachots pour interruption !
— Interruption de quoi même, tu étais en train de te branler ? s'amuse Hadès. Bah non, donc merde à la fin, il y a plus urgent, je ne vais pas m'amuser à toquer gentiment à ta porte, comme le font tous tes toutous.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive toi aujourd'hui, tu es bien de mauvaise humeur pour parler comme ça. Il faut que tu apprennes à respecter mes hommes Hadès.
— Aedan, quand je reçois des menaces de mort qui indique explicitement qu'ils vont venir me couper la tête, je n'apprécie pas réellement.
Je me relève d'un bond, en écarquillant légèrement les yeux. Mon ami n'a pas l'air rassuré du tout, et il me balance au visage une dizaine de lettres, qui date toutes de ce matin, mais avec des horaires différents.
Je décide d'en prendre une au hasard et de l'ouvrir rapidement pour vérifier l'ampleur des dégâts. Mon expression se fige à l'avancée de ma lecture. J'entends quelqu'un entrer rapidement en faisant claquer la porte.
Les voix d'Hadès et Adriel me parviennent, mais je n'écoute pas, concentré dans ma lecture de la lettre. Ce qui est inscrit me glace le sang, et même si j'essaye de me contenir, je ne peux pas masquer trop mon inquiétude face à mes deux amis.
— Bordel, Aedan ! s'écrit Adriel.
Je lève ma tête calmement vers Adriel, qui est complètement paniqué. Il n'arrive pas à faire preuve de patience et de sang-froid. Il a toujours été comme ça. C'est un garçon très stressé pour tout et rien, et il est toujours inquiet pour tout le monde.
— Nayeli est aussi impliquée !
Je plante mon regard dur dans celui d'Adriel. Ses iris d'une couleur châtain me regardent, exorbités. Je sais qu'il panique, mais je masque la peur qui m'habite. Il est hors de question qu'il touche à Nayeli.
Il me balance, lui aussi, une lettre sur mon bureau, que j'attrape rapidement. En effet, elle aussi contient des menaces de mort, mais cette fois pour Nayeli.
Ils disent clairement qu'ils la retrouveront, qu'ils la violeront fortement devant Hadès, et qu'ils les tueront tous les deux en même temps.
Hadès attrape une chaise à la volée, et s'assoit rageusement dessus. Il ne peut s'empêcher de taper le pied contre le sol, signe de sa nervosité.
— Bordel, mais pourquoi nous deux ? hurle Hadès. Je ne comprends pas, nous n'étions pas les seuls si ? Non pas que je veuille que les autres aient également des menaces de morts, mais je ne vois pas pourquoi nous sommes les deux à avoir reçu ces lettres !
— Pour toi, cela me semble compréhensible, commencé-je calmement pour tenter d'apaiser les deux imbéciles. Tu es le frère de la fille qu'ils voulaient, alors ils veulent te blesser un maximum pour pouvoir la récupérer. Tant que tu es encore en vie, ils ne pourront rien faire.
— Mais pourquoi ? Pourquoi réclamer autant Monica ? Qu'est-ce qu'elle a bon sang !
— Nous n'en savons pas plus que toi Hadès. Leurs animosités face à ta sœur est puissante, et je ne sais pas ce qu'elle leur a dit ou fait, mais ils la veulent. Ils seront prêts à te tuer pour la récupérer.
— Mais, et pourquoi Nayeli ? s'interroge Adriel qui n'avait pas parlé jusque-là.
— Nayeli est très provocante sans le vouloir. Ils savent très bien qu'elle est nouvelle, et que ce sont ses premières missions. En général, les nouveaux font profil bas, ne demandent rien à personne et font le travail que je leur demande sans sourciller. Mais ce n'est pas Nayeli.
Je marque un temps de pause pour regarder leurs réactions, et également pour réfléchir. Ils veulent la revanche d'Éric. Nous ne savons même pas s'il est vivant ou mort. Je ne sais pas du tout si Victoria l'a bien visé ou non. Dans mes souvenirs, elle ne l'a visé que dans le flanc droit.
— Nayeli provoque, elle sait se battre plutôt bien alors que cela ne fait pas très longtemps qu'elle est là et qu'elle a commencée. Ils ont dû la trouver bien trop audacieuse et provocante. Peut-être qu'ils se disaient qu'elle se la pétait ? Je n'en sais rien. En tout cas, je sais que son comportement ne leur a pas plu. Elle a su tuer un bon nombre d'hommes sans que personnes lui demandent, elle est venue sauver Monica. Ils ont juste la rage.
— Le problème, c'est que Nayeli à beau être provocante sans le savoir, elle est encore nouvelle comme tu dis. C'est quelqu'un de très stressée et elle ne supporte pas ce qu'elle vit dans ce cartel. Malgré ces réflexes qu'elle a un peu perdus en arrivant dans ce cartel tellement elle est bouleversée, Nayeli est fragile, et prendra ces menaces très au sérieux.
— Oui, elle n'est pas du tout habituée à son rôle. Elle n'espère qu'une chose : rentrer chez elle et reprendre le cours de sa vie normal.
J'opine de la tête. Les deux continuent à discuter de l'affaire, pendant que je réfléchis à une éventuelle solution. C'est vrai que Nayeli aura facilement peur de ce que peut faire ces hommes. Si elle se met à dos une centaine d'hommes, il y a de quoi avoir peur. Enfin, pour une recrue comme elle.
— Je vais aller la voir.
Les deux zigotos me regardent étrangement, comme s'ils étaient étonnés de mon comportement. Mais c'est normal pour moi. Je l'ai embarqué dans ce cartel, et je la force à faire un tas de choses qu'elle n'aurait pas fait dans sa vie d'avant. C'est à moi de prendre les responsabilités et de lui annoncer ce qui l'attend.
Je sors de la pièce en ignorant les regards plus que douteux de mes amis, et je fonce vers la chambre de Cristina et Nayeli.
Je sais que Cristina va mieux, elle s'en sort très bien. D'ici à quelques jours, elle sera de nouveau sur pied. Et en ce qui concerne Hadès, il n'a pas l'air de souffrir le martyre, alors que je sais parfaitement que dès qu'il marche, il se tue à ne rien montrer.
Il me fait sourire ce con. Je sais qu'il essaye de bien se faire voir devant les autres, même si personne ne lui en voudra d'avoir mal. Il s'est pris une balle dans le côté droit de sa jambe quand même.
J'arrive rapidement devant la chambre, et par miracle, la porte est ouverte. Cela m'étonne. Nayeli est tellement peureuse qu'elle serait capable de fermer la porte à clé au cas où des personnes rentreraient.
La pièce est dans le noir complet, et j'en conclus qu'elle est encore en train de dormir. Elle était si épuisée de la veille.
Nous avons pris un taxi pour rentrer, car j'avais ordonné aux chauffeurs de ramener tous les autres au cartel. Elle s'était endormie dans le taxi, et je m'étais chargé de la réveiller lorsque nous sommes arrivés.
Elle a beaucoup gueulé, dû au fait que nous avons dû marcher jusqu'au cartel, étant donné que les taxis ne peuvent pas emprunter le petit sentier, réservé aux riverains. Donc, nous.
Je m'approche d'elle, et décide tout d'abord d'y aller en douceur en lui secouant légèrement l'épaule. Elle se met à grogner et à se tourner de l'autre côté. Bon sang, elle va se réveiller avant que je ne perde patience !
Je décide de faire un bruit fracassant pas loin d'elle, afin de la réveiller en beauté. Bingo, cela marche, puisqu'elle se réveille en sursaut, attrapant un couteau sous son lit et en le pointant vers moi.
Elle se détend un peu, mais pas complètement, en me voyant assis sur le bureau de Cristina. Elle s'interroge certainement sur ma venue dans sa chambre, et je ne peux pas lui en vouloir.
— Aedan, dois-je te rappeler que tu es dans la chambre d'une fille et que j'aurai très bien pu dormir toute nue !
— Le spectacle ne m'aurait pas dérangé.
Elle me balance le coussin aussi fort qu'elle le peut avec force de mouette. Je le rattrape facilement puis le pose à côté de moi tandis qu'elle s'étire et se frotte les yeux.
— Que me vaut la visite du grand chef bolivien dans ma chambre ?
Je souris malgré moi, au surnom qu'elle vient de me donner. Cela ne devrait pas me faire d'effet comme cela, car beaucoup me surnomment comme cela, mais venant d'elle cela m'étonne.
Je sais qu'elle a encore une part d'elle qui a peur de moi. Je ne suis pas rien, et je suis connu pour avoir tué des centaines de personnes de mes propres mains. Cependant, ça n'a jamais été des civils. Seulement des connards qui ont cherché la merde.
— Je suis venu te prévenir Nayeli. Quelque chose se trame en ce moment. Alors prépare-toi, car te connaissant un minimum, tu vas prendre peur et vouloir t'enfermer dans la salle de bain.
Elle ramasse sa couverture qu'elle avait jetée un peu avant, pour la rabattre sur elle. Ses doigts la serrent fermement, et je l'entends respirer plus fort. Elle a déjà peur alors que je n'ai rien dit.
— Nayeli, le cartel que nous avons affronté hier ont envoyés des lettres ce matin. Plus précisément, des lettres qui contiennent des menaces de morts. Et ça te concerne avec Hadès.
— Pourquoi ? s'étrangle-t-elle.
Je la vois alors, respirer difficilement et essayer d'avaler sa salive. Elle sait que ce que je dis est très sérieux, et que je ne parle pas de n'importe quel mec.
— Concernant Hadès, c'est parce qu'il est le frère de Monica, et qu'ils veulent à tout prix cette damoiselle. Pour une raison inconnue, je ne sais pas ce qu'elle leur a fait, mais ils veulent la récupérer. Sauf que tant qu'Hadès sera en vie, ils ne pourront pas la récupérer. Quant à toi, je n'ai pas trouvé d'excuse.
— C'est-à-dire qu'ils ont envoyé ces lettres me menaçant moi également, alors qu'il n'y a aucune raison ?
Je m'approche d'elle, afin de m'asseoir avec elle sur le lit. Peut-être que le fait d'être proche d'elle va la rassurer. Raté, puisqu'elle recule jusqu'à ce que son dos soit collé au mur. Je soupire et décide de reprendre :
— Tu sais très bien qu'il ne t'arrivera rien tant que je serai là, je te l'ai dit hier. Mais il faut que je te prévienne, Nayeli, d'être extrêmement prudent. Ces types ne sont pas d'une délicatesse, et ils ont parlé de te violer dans les lettres.
— De mieux en mieux, murmure-t-elle.
Je ne sais pas pourquoi, ni comment cela est possible, mais j'arrive à ressentir la peur immense qui l'abrite. Elle n'a jamais rien demandé à personne, et se retrouve à être la proie d'un cartel dangereux. De quoi flipper.
Je m'approche d'elle, et je sais très bien qu'elle ne peut pas s'enfuir, puisqu'elle est déjà au maximum de son lit. Elle me regarde faire avec les deux yeux ronds comme des soucoupes.
Je passe ma main derrière son dos, afin de le faire décoller du mur et la rapproche d'un coup de moi, ce qui l'a fait basculer sur mon épaule. Je resserre alors ma prise et passe mes bras autour d'elle.
Je n'aime pas forcément faire des câlins. J'en faisais beaucoup à ma mère quand j'étais petit, et le fait d'en refaire me rappelle des souvenirs douloureux. Mais parfois, je dois le faire, car je sais que des personnes en ont besoin. Comme Nayeli à cet instant.
J'aurais pensé qu'elle me rejette, car c'est ce que n'importe quelle fille aurait fait. Mais non. Elle ne m'enlace pas en retour, mais elle pose tout de même sa tête sur mon épaule en soupirant.
Je sais que la situation est dure à vivre pour elle. Je ne connais pas ces émotions qui la submergent, puisque j'ai toujours été habitué à cet environnement et au fait d'avoir des épées au-dessus de nos têtes.
Mais Nayeli est différente. Elle vivait sa vie d'étudiante tranquillement, et n'avait rien demandé à personne. Mais c'est la faute de sa sœur qui est venue foutre la merde dans le cartel. Sans ça, je ne l'aurais jamais vu de ma vie, et elle l'aurait continué paisiblement.
Je la serre plus fort contre moi, ne comprenant pas réellement ce qui m'arrive. Elle me fait venir vers elle, et je ne contrôle pratiquement plus rien. Je veux juste profiter de mon moment avec elle.
— Personne ne te touchera Nayeli, je te le promets, et je te l'ai déjà promis hier.
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