Chapitre 16
Je ferme les yeux. Ne voulant plus rien voir du tout. Je sais que mon heure est terminée, et je vais mourir devant toutes ces personnes.
Quelle fin tragique. Je n'aurais pas voulu finir comme ça, et je meurs au bout de la deuxième mission, c'est un peu nul. Je n'ai pas servi à grand-chose, d'autant plus que j'aurais aimé retrouver ma grande sœur.
Une détonation me coupe littéralement le souffle, et je me retrouve basculé en avant violemment. Toujours les yeux fermés, je m'écrase contre le sol en pierre, et je décide de rester par terre.
Des agitations commencent à se faire ressentir et j'entends du mouvement autour de moi. Mais je n'ai toujours pas la force d'ouvrir les yeux. Cette histoire sera sans moi, je n'en peux plus.
Des tapotements sur ma tête et mon épaule me font grogner, et j'ouvre les yeux pour voir apparaître la tête d'Aedan, qui est dur comme la pierre et froid comme la glace.
Il me relève sans un mot, tandis que je me frotte la tête. J'ai eu mal, même si j'ai réceptionné mon corps, et tentait de protéger ma tête.
Je vois alors une scène sanglante qui s'offre à moi. Tout le monde est en train de se battre contre eux, même Adriel, que je ne pensais pas spécialement comme ça. Il est d'ailleurs foutrement bien bâti.
Merde Nayeli, c'est vraiment pas le moment de penser à ça, t'a d'autres chats à fouetter.
Je regarde alors Hadès, qui essaye de tuer Éric de manière sauvage. Il ne le lâche pas des yeux, et je suis persuadée qu'il va le tuer comme il le mérite.
— Comme tu le vois, tout le monde est occupé à les tuer. Si nous nous éclipsons pour aller chercher Monica, je ne suis pas sûr qu'ils le remarquent.
— Mais il y a trois hommes qui protègent encore Monica !
— Je sais, dit-il simplement. Nous allons passer par les détours des bâtiments, et leur tomber dessus, j'en tuerai deux, et toi, tu en tueras un avec ton sniper de loin. Tu me couvriras en quelque sorte.
— Mais ils ne vont pas nous voir partir ? demandé-je d'une petite voix.
— Sans risque, ils sont tournés du côté de Monica si tu regardes.
Je relève alors doucement la tête vers Monica, et croise son regard. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, car je suis sûre qu'elle se souvient également de moi.
En effet, les hommes en question sont tous tournés autour de Monica pour empêcher qu'elle ne fasse de conneries. Sont-ils persuadés qu'ils gagnent le combat derrière ?
Ils sont tout en haut d'une pente. Il suffit donc de contourner, de monter discrètement à leur droite, et de les tuer. Ça paraît si simple. Mais est-ce que je dois me faire du souci ? J'ai Aedan Ventura à côté de moi.
Aedan n'attends pas plus, et m'amène à l'endroit où se trouve encore mon sniper, que je récupère en vitesse. Il me passe rapidement de nouvelles balles, et je suis étonnée de savoir qu'il savait exactement que je n'avais plus de balles.
Je m'arrête quelques instants, et regarde mon engin destructeur. Comment c'est censé fonctionner ce truc ? Je n'ai jamais rechargé de ma vie ! C'est définitif, je suis vraiment la plaie du groupe.
Aedan se retourne pour regarder ce que je fabrique, et me vois bloquée devant mon arme. Il esquisse un petit rictus, ce qui m'étonne fortement et retourne sur ses pas.
Il m'empoigne rapidement l'arme, et fait quelques manipulations que je ne comprends absolument pas. Le plus important, c'est qu'il me rend l'arme rechargée.
— Au fait, termine Aedan. T'es sexy avec une arme dans la main.
Je suis complètement déroutée par la phrase qui vient de sortir de sa bouche ? Il vient réellement de dire ça ? Alors que ses hommes sont en train de se battre ?
Il lève les yeux au ciel devant mon air ébahi, sors son flingue et commence ensuite à tracer sa route. Je le suis pour ne pas le perdre de vue, même si l'arme que je porte est quand même lourde.
Personne n'a l'air d'avoir remarqué notre disparition, hormis nos hommes. Ils sont vraiment trop bêtes, ils ne voient plus le grand Aedan, ni la snipeuse qui l'accompagnait, mais ils s'en foutent.
— Tant mieux pour nous s'ils ne nous ont pas vus partir.
Je m'arrête, mes yeux formant des cercles parfaits. Ce mec lit dans mes pensées ou ça se passe comment ? Je n'ai même pas dit ça à voix haute, j'en suis certaine !
Je me secoue la tête, et décide de me reconcentrer sérieusement sur ma mission. Je n'ai pas le temps de m'arrêter sur toutes les conneries que sort Aedan. On a d'autres moutons à tondre.
Nous arrivons alors au début de la pente, et Aedan me fait signe de ralentir et de la monter accroupie. Ça me fait un mal de chien à mon dos, mais j'obéis quand même. J'ai quatre-vingts ans pour avoir autant mal au dos en m'abaissant ?
Je suis les lignes parfaites d'Aedan, mais la montée est rude, et je vois tous nos hommes se battre avidement. J'essaye de focaliser Victoria, pour voir si tout va bien pour elle. Ça a l'air, vu comment elle vient de trancher le type en deux.
Nous arrivons presque au sommet de la montée. Pour moi, nous l'avons passé tellement lentement, mais Aedan ne présente pas le moindre essoufflemment. Ce mec ne s'arrête jamais.
— Ok Nayeli, commence-t-il tout en chuchotant. Tu vas t'installer ici et tuer l'homme de droite, je me charge des deux autres. À mon signal, tu tires, pas avant, pas après. Compris ?
Je ne réponds même pas, et part me mettre en position là où il m'a dit de me mettre. Je m'allonge complètement afin d'avoir l'œil dans la vision de l'arme. Je sens mes mains moites et mon cœur qui bat la chamade, mais j'essaye de me concentrer le plus possible.
Je remarque alors Aedan qui s'avance prudemment, se saisir de son arme pour viser l'homme de droite. Il attend quelques secondes et appuie sur la détente, ce qui fait tomber l'homme d'un coup.
Les deux hommes n'ont pas le temps de se retourner qu'Aedan me hurle de tirer, et c'est ce que je fais immédiatement. L'homme de droite tombe, et Aedan s'occupe du dernier.
Je me relève rapidement. Je sais que cela n'est pas passé inaperçu. Ils ont dû entendre les détonations venant d'en haut, et peut-être même que des renforts ne vont pas tarder à arriver.
Je récupère l'arme, l'enfile autour de mon cou afin de vite rejoindre Aedan. Ma déduction était juste, puisque tous les ennemis se sont retournés vers nous, même Éric. Nos gars ont fait pareil, ce qui a fait se stopper le combat.
Nous n'avons pas le temps de réagir que les hommes d'Aedan profite de l'effet de surprise pour sauter sur les ennemis. Seulement, Éric commence à se précipiter pour venir à notre rencontre. Et comme je le pensais, sept hommes arrivent également dans notre direction.
Je m'accroche à Aedan. Non sans rire, j'attrape la manche de sa veste que je serre le plus fort possible. On est clairement foutus, ils vont arriver à huit, et ils auront le temps de tirer avant qu'Aedan et moi puissions le faire.
Il se retourne rapidement vers moi, et me saisit les épaules afin de me faire prendre conscience du danger de la situation. Je pense que mon cerveau s'était mis en arrêt pour ne pas avoir à affronter la réalité.
— Nayeli, s'il te plaît, fonce vers Monica. On s'occupe de tout avec les gars, vous ne craignez rien. Ne t'occupe de rien sauf d'elle. Tente de la libérer avec ce que tu as.
— Non mais Aedan, ils arrivent à huit sur nous deux ! Tu ne pourras rien faire, et si je tente d'aller voir Monica, ils n'auront juste qu'à me tirer une balle dans la tête !
Ma voix tremble et trahit ma peur. Je ne le sens pas du tout, et je commence à avoir peur pour ma propre vie. Alors c'est le danger constant du cartel ? Parce que je pense que je le digère plutôt mal.
Aedan me sourit et m'ébouriffe les cheveux. Bon sang, ce n'est absolument pas le moment de montrer des marques d'affection ! D'autant plus qu'il n'en a jamais eu avec moi, c'est vraiment louche.
— Quand je te dis de courir, tu cours d'accord ? Ils sont tous morts là-bas, donc mes hommes vont m'aider à m'en débarrasser. Toi, contente-toi de sauver Monica.
Il se décroche de moi pour faire face à la vague d'hommes qui arrivent. Il se met bien droit, et les attend de pied ferme. Je vois alors Victoria, Hadès, Adriel et les trois hommes les poursuivent doucement derrière.
Mon hypothèse continue. Ils sont réellement trop bêtes. Ils ont sous-estimé les hommes d'Aedan pour penser qu'il n'y a plus personne ?
Aedan me hurle de courir au moment où il sort son flingue et se met à tirer dans le tas. Je ne cherche pas à comprendre et fonce vers la jeune femme qui regarde nos échanges depuis tout à l'heure.
Je suis essoufflée. Pourtant, j'ai une assez bonne endurance, on me l'a souvent répété lors de mes années scolaires. Mais là, avec toute la pression qui redescend, accentué avec ma peur, mes jambes frôlent la crise cardiaque.
J'arrive vers Monica presque en me jetant tellement j'ai couru vite. Je pose mes mains par terre, ce qui me fait assez mal, mais je passe outre la douleur, essayant de récupérer ma respiration.
Quand je relève la tête, je croise ces beaux yeux marron foncé que je regardais fréquemment lors de nos échanges amicaux. Je n'aurais jamais pensé la reconnaître. Néanmoins, elle n'a pas vraiment changé.
Je me mets à genoux pour enlever le tissu qu'elle a entre les dents, pour qu'elle puisse s'exprimer si elle le souhaite, ou pour même me prévenir d'un quelconque danger.
Je la contourne et je m'attaque à ses liens. Je n'arriverai pas à les défaire avec seulement ma pauvre force de pigeon. Il faut que je trouve quelque chose pour défaire les liens.
— Nayeli, là-bas, il y a de quoi les défaire.
Le fait qu'elle ait prononcé mon prénom après tant d'années me fait ramener de lointains souvenirs. Est-ce qu'elle s'en souvient ou a-t-elle entendu Aedan m'appeler par mon prénom ?
Quoi qu'il en soit, elle me montre du doigt une sorte de dague, près du corps des hommes que nous avons tués quelques instants plus tôt. Je m'approche rapidement pour le récupérer, et pour le contempler. Je ne sais pas trop si ça se fait, mais il est plutôt joli.
Je reviens rapidement sur mes pas pour défaire les liens, qui se déchirent en quelques secondes. Monica se frotte immédiatement les poignets.
Elle s'est coupée les cheveux au carré. Mais elle a toujours ces beaux cheveux platines que j'aurais aimé avoir. Et je crois même qu'elle a rajouté une frange rideau. Il ne me semble pas qu'elle avait ça lorsque nous étions au lycée.
Monica me regarde et je me perds dans ses yeux. J'ai l'impression que nous soudons nos âmes, comme si c'était notre manière de nous retrouver. C'est un peu bizarre, surtout dans ces conditions.
Je me réveille rapidement, me rappelant l'état dans lequel je les ai laissés. Je me retourne vivement et vois Aedan abandonner son arme, qui n'a certainement plus de balles, et s'attaquer à mains nues à l'ennemi.
Les scènes qui se présentent devant moi sont celles que je redoutais le plus. Pour moi un cartel, c'est ça. De la violence à longueur de temps, des corps qui s'empilent. Tout ça pour de la drogue.
Mais maintenant je comprends pourquoi ils font cela. Ou du moins, je comprends une partie. Et aujourd'hui, en l'occurence, c'est pour sauver la sœur d'un camarade. Et je n'aurais jamais pensé qu'un cartel puisse faire ça.
— Je ne sais pas quoi faire bordel.
J'ai dû penser à voix haute. Ça m'arrive parfois dans de véritables moments de stress. Je me parle à moi-même. J'espère que Monica ne me prend pas trop pour une dégénérée. Quoique c'est la sœur d'un fou, donc elle doit être habituée.
Je vois alors Hadès qui se précipite vers nous. J'aide Monica à se relever, et je la maintiens avec son bras sur mes épaules, et ma main sur la taille, le temps qu'Hadès arrive.
Mais il n'arrive jamais.
Il s'écroule en plein milieu du chemin, en hurlant. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe lorsque je vois Éric tenir une arme qui était pointée dans la jambe d'Hadès.
Victoria fulmine de rage, pousse un juron, et vient attaquer brutalement Éric.
Monica panique rapidement, et je l'aide à se diriger rapidement vers son frère. Elle s'écroule douloureusement par terre pour vérifier l'état de celui-ci.
Je ne suis d'aucune aide, puisque la sœur douce s'occupe d'un frère fou. Mais je vois que les gars ont l'air en difficulté.
Alors, je cours chercher mon arme. Je n'ai pas complétement récupérée toute mon énergie et mon endurance, mais je mets toute ma force pour parvenir rapidement à mon sniper.
Je m'accroupis, et commence à viser un homme qu'Adriel était en train de tenir en joue. Il voit que je vise son ennemi, alors il le lâche et pile à ce moment-là, je tire, ce qui fait que la balle se loge directement dans son crâne.
Adriel parcourt la scène des yeux avant de les lever vers les miens, avec un regard rempli de fierté. Je souris, même s'il n'a pas dû bien voir, et je continue à le couvrir contre les autres hommes.
Soudain, du coin de l'œil, je vois une silhouette se rapprocher de Monica et d'Hadès. Ils ne sont clairement pas en état de se défendre et si quelqu'un leur tombe dessus, ils ne pourront rien faire.
Je dirige alors mon sniper vers l'abruti qui sort sa dague de sous sa poche. Je respire profondément, tire et bingo, l'homme s'écroule par terre avant d'être arrivé devant Monica, morte de trouille.
Je crois que je commence à ne pas trop mal me débrouiller avec cette arme. Je ne sais juste pas comment recharger. Et là, tout de suite, je ne sais pas combien il me reste de munitions, ni combien Aedan m'en a disposé.
Je me relève brutalement, sans trop comprendre pourquoi, quand je vois le corps d'Aedan tomber à terre. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus.
J'attrape mon sniper et avance un peu plus pour avoir une meilleure vision. Mais je ne peux pas viser dans une descente !
Je cherche une solution, mais j'abandonne l'idée, et décide de tenter l'arme sans avoir à la poser à même le sol. Je m'approche alors de l'homme avec qui Aedan se bat depuis tout à l'heure, qui est un peu trop proche d'Aedan à mon goût.
Il sort un couteau qu'il commence à relever. Mais il n'a pas le temps, car je lui fous un coup de pied dans la tête, ce qui le fait chavirer. Je positionne mon arme. Ce n'est vraiment pas du tout pratique, et Aedan s'en rend bien compte, puisqu'il me tend son flingue.
J'hésite à le prendre. Est-ce que je saurai m'en servir ? Ça se trouve, ça marche de la même manière que mon sniper. J'arrête de réfléchir quand je vois l'homme se relever. J'attrape d'une vive allure l'arme, la positionne et appuie sur la détente sans en savoir plus.
Aedan se relève difficilement, et tente de s'appuyer sur ses bras. J'essaye de l'aider, mais je ne suis pas sûre qu'avec mon petit corps, j'arrive à bien le réceptionner.
Il s'appuie légèrement sur moi, ce qui ne me fait rien ressentir, mais je sais que cela le repose, car il ne bouge plus et pousse un soupir d'aise.
— Je commence à en avoir assez !
Aedan se retourne, ce qui m'oblige à me retourner également. Eric vient de repousser violemment Victoria, qui reste au sol. Je ne peux pas la laisser comme ça, mais Aedan m'en empêche.
— Vous voulez foutre mon cartel en l'air c'est ça ? Vous voulez tuer tous mes hommes qui sont mes acolytes depuis plusieurs années ? Tu cherches quoi bordel Aedan !
— C'est toi qui as cherché la merde depuis le début Éric. Si tu n'avais pas pris Monica en otage, rien de tout cela ne se serait passé, et tu n'aurais pas perdu la moitié de tes hommes !
— Je ne laisserai pas t'en tirer comme ça, prononce-t-il en ressortant son arme et en la pointant vers Victoria qui ne bouge toujours pas.
— Non ! m'exclamé-je en faisant un pas en avant.
J'entends Aedan grommeler, et j'avais oublié l'espace d'une seconde qu'il était toujours accoudé à moi pour pouvoir tenir debout. Mais le mal était fait, Éric m'avait vu, et il allait le faire pour nous procurer du mal.
— Ne fais pas ça, argumente Adriel.
— Vous vous foutez de ma gueule ? ricane Éric. Vous m'avez persécuté tout le long de mon séjour dans votre putain de cartel ! Maintenant, vous me demandez gentiment de la laisser en vie ?
— Nous ne t'avons rien fait Éric, tu es parti en vrille tout seul ! argumente Aedan.
— La ferme, bordel ! dit-il en ajustant son doigt sur la gâchette.
Il s'apprête à tirer. Il s'apprête à tirer sur ma camarade que je commençais à connaître et à bien apprécier. Je ne peux pas laisser faire ça !
Je me retourne pour regarder Aedan, qui pointe son regard vers moi. J'espère qu'il voit bien toute la détresse dans mon regard, et qu'il empêchera la mort de Victoria.
Un hurlement nous parvient, et nous nous reconcentrons sur Éric. Il est à genoux, avec Victoria au-dessus, qui lâche une dague qu'elle lui a plantée dans le flanc droit.
Victoria titube et Adriel est obligé de courir pour éviter qu'elle ne tombe à nouveau contre le bitume. Ma respiration se calme, et je me sens soulagée. Pour le moment.
— Voilà, nous n'aurons plus jamais affaire à lui désormais, me contacte Aedan. Tu peux être soulagée, aucun de nous n'est mort, excepté Hadès qui doit être dans un sale état.
Ce n'est que le début de ma vie ici, mais j'espère sincèrement qu'elle s'arrêtera bientôt. Je n'arriverai pas à supporter une seule mission de plus, sinon mon cœur va implorer une crise cardiaque.
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