Chapitre 14
Aedan
— Ah, vous voilà enfin. J'ai cru que j'allais devoir vous attendre longtemps, et que j'aurai dû m'occuper en allant voir ma petite protégée.
Hadès commence à s'aventurer pour vouloir lui péter la gueule, mais je l'intercepte en posant ma main sur son torse. Il s'arrête immédiatement, mais ne lâche pas du regard l'enfoiré en face de nous.
Cela serait compliqué à gérer. Même si les filles là-haut sont prêtes et n'attendent plus que le signal d'Adriel, je ne sais pas si nous arriverons à garder la situation. Alors, je ne préfère pas prendre de risque.
— Excuse-nous, tu habites dans un véritable bled paumé, nos chauffeurs ont eu dû mal à trouver ton p'tit endroit miteux, répliqué-je.
Je le vois se contenir. Je sais que mes mots sont durs, et qu'il a du mal à les accepter et à les digérer. Mais, il ne peut pas m'attaquer, ou du moins pas encore. Je suis sûr qu'il a préparé un truc derrière son visage, et qu'il attend le moment le plus propice. Enfin, j'imagine.
— Bref, tente-t-il de se contenir. J'ai d'autres affaires à régler si tu le veux bien, alors dépêchons-nous.
— Qu'est-ce que tu veux, sale chien ! rage Hadès.
Je me détourne légèrement pour regarder Hadès dans les yeux, et lui intimer de se calmer. S'il continue à l'insulter et à être aussi désagréable comme il l'est actuellement, cela va être difficile de discuter d'un compromis.
Hadès semble comprendre, et ne dit plus rien, tandis que j'écoute quelques propositions qu'il a à me proposer. Aucune ne sont tentantes, mais je sais que la sœur de mon meilleur ami est en jeu, et je ne peux pas la laisser tomber, surtout pas aux mains de ces tortionnaires.
— Oh, mais non, que suis-je bête, j'ai une bien meilleure proposition !
Il paraît enjoué face à cette proposition, et cela ne me dit rien qui vaille. Je sens la connerie venir très vite, et je ne pourrais pas tout accepter.
— Et si tu me lègues une partie de ton cartel ?
Il révèle ça d'une voix très enthousiaste, comme celle d'un enfant à qui l'on vient d'annoncer que l'on allait lui donner des papillotes. Mon regard s'assombrit immédiatement, et je refuse cette proposition en secouant ma tête.
— Alors là, c'est hors de question. Et puis, quoi encore, tu veux que je te place chef adjoint à la place d'Hadès tant que l'on y est ? Je ne te ferai pas de cadeau, tu vas juste me proposer un truc minime que je veux évaluer. Par la suite tu me rendras Monica, parce que sinon je ne sais pas ce que je vais te faire.
Ce monologue est sorti tout seul, et je sens que ma voix est rauque, implacable, cruel. Je n'hésiterais pas à faire signe à Adriel pour prévenir les filles de tirer. Je n'en ai strictement rien à foutre de voir ces putains d'hommes de mains morts sous mes pieds.
Je le veux lui. Et je l'aurais. Il ne ressortira pas de cette histoire vivant, et je refuse de lui céder la sœur d'Hadès. Non seulement il m'en voudrait énormément, car elle est vraiment très importante pour lui, et qu'il ne survivrait pas sans lui.
Deuxièmement, je la connais personnellement, et elle m'est quelqu'un d'utile lorsqu'il s'agit de stratégie
Elle est très intelligente, et propose toujours des idées que je finis par choisir, tellement elles sont bien pensées et réfléchies. Pourtant, Monica ne fait même pas partie du cartel. Mais elle rend parfois des coups de mains à son frère, et je lui en suis complètement reconnaissant.
— Vous ne pouvez pas tout avoir de nous non plus. Vous n'avez pas assez entre vos mains pour nous dissuader.
Adriel prononce ses paroles avec légèreté, et je sens le regard furieux d'Hadès sur lui. Il sait très bien ce qu'il fait. Il fait croire au mec que Monica n'est pas importante. Alors là, les propositions ne marchent plus et son plan tombe à l'eau.
Je sens Hadès se détendre après avoir compris. Évidemment que Monica est importante pour Adriel aussi, et que jamais, il ne laissera tomber la sœur de son frère.
— Écoutez-moi bien bande d'enculés. Vous allez me léguer une partie de votre cartel, ou je n'hésiterai franchement pas à tirer une balle entre les deux yeux de cette salope, et devant vous !
Lorsqu'il prononce ses paroles, ses hommes de main portent leurs armes à la main, prêts à n'importe quel signe de leur chef de nous abattre. J'ai l'impression de perdre la situation, mais je ne montre rien.
J'ai toujours des plans de secours, et ce n'est pas aujourd'hui que je ne vais plus en avoir. Sans comprendre pourquoi, mon corps commence à avancer vers celui de cet homme avec qu'une seule idée précise et claire dans mon crâne : le réduire en miettes.
Il s'en rend bien compte, car il commence à reculer, essayant de cacher sa peur, et je vois ses hommes pointer toutes leurs armes sur moi. Hadès me ramène directement à ma place initiale, comprenant le danger de la situation.
Le kidnappeur commence à secouer la tête, pour paraître décontracté, mais je sais que c'est pour enlever toute la peur que je lui ai provoquée. Je ne le laisserai jamais gagner. C'est soit lui soit moi.
— Que peux-tu bien faire Aedan ? Tu n'as que quelques hommes derrière toi, et j'en ai beaucoup plus que tu ne le penses, dissimulés. Si tu oses avancer d'un pas, ou même ne serait-ce que me toucher, mes hommes ne feront qu'une bouchée de toi. Et ce ne sont pas tes hommes derrière qui te garantiront ta survie !
Mon coco, si tu crois que je suis venu si peu préparer, tu te fous le doigt dans le cul. J'ai deux snipeuses, qui peuvent vous abattre en l'espace de quelques secondes.
L'homme se retourne, et je glisse un regard discret aux filles. Je ne sais pas comment leur expliquer de tenter d'aller voir plus loin s'il y a d'autres hommes.
Je fais alors un signe de tête vers l'avant, pour essayer de lui expliquer, et par miracle Victoria empoigne le bras de Nayeli, pour lui expliquer rapidement ce qu'elles doivent faire, et elles partent vers l'avant.
Je suis vraiment content d'avoir Victoria. Elle comprend réellement les signaux, et elle devait certainement se douter qu'il y allait avoir plus d'hommes de son côté, mais qui ne sortiraient qu'au moment venu.
Je me reconcentre sur la scène actuelle. Personne ne semble m'avoir vu, hormis mes hommes. J'espère quand même qu'elles reviendront rapidement, car si la situation dégénère au moment où elles ne sont pas là, je perdrai la situation.
L'homme en face de moi se met à rire. Mais pas d'un vrai rire franc. Il rigole sarcastiquement sans que l'on comprenne pourquoi.
Soudain, un hurlement nous parvient. Aucun doute, c'est un hurlement de jeune femme. C'est Monica. Et ça, Hadès l'a très bien compris, puisqu'il s'élance sur l'enfoiré qui a osé la toucher.
Mes hommes sont plus réactifs et je les remercie sincèrement pour ça, puisqu'ils se dépêchent d'attraper Hadès par son t-shirt par-derrière, malgré ses coups et ses cris.
Ce n'est pas le moment de dégénérer. Pas au moment où les filles ne sont pas là, et ne peuvent pas assurer notre sécurité. Cela est trop dangereux.
— Qu'est-ce que ça te fait Hadès hein ? De savoir que ta jeune sœur hurle à la mort, qu'elle ne peut rien faire pour se défendre ? Quelle est enchaînée contre le sol, et que la plupart de mes hommes se soient amusés avec elle ?
— Va te faire foutre. Tu sais quoi, tu ne ressortiras même pas d'ici vivant ! Ni toi, ni tes hommes. Vous allez tous crever Éric !
Il semble écarquiller les yeux, légèrement étonné du ton que prend Hadès, au vu de ses menaces. Ou alors le fait qu'il se souvienne de son prénom, comme nous tous ici.
Ce n'est pas la première fois qu'Éric nous cause des ennuis. J'ai déjà failli maintes et maintes fois lui faire la peau, mais j'étais toujours dans des situations inconfortables qui m'empêchaient de le faire.
Il était dans notre cartel avant, et c'était un plutôt bon acolyte. Il faisait du bon travail, et j'appréciais sa présence. Mais un jour, il a tout balancé à des gens qui deviendront ses hommes de son cartel actuel, et le nôtre a été pris d'assaut.
Énormément d'hommes se sont faits tuer pendant l'affrontement, et nous avons subi de gros dégâts matériels. De plus, ils nous avaient pris plus de trois-cent kilos de cocaïne, ce qui est clairement énorme.
Je lui en veux toujours pour ce qu'il a fait. J'avais vraiment confiance en lui, mais il m'a trahi de la pire des manières. Alors je voulais le torturer et lui donner la mort qu'il mérite, mais il m'a échappé bien trop tôt. Aujourd'hui, j'ai l'occasion de me venger, et de le décimer comme je rêve de le faire depuis trois ans.
— Ne me dit pas que tu es étonné, car on te reconnait Éric, rigolé-je. Parce que là, tu fais réellement pitié. Comment pourrais-je oublier l'homme que j'ai envie d'étriper de mes mains depuis si longtemps ? Tu pensais que l'on avait oublié tous tes actes ? Crois-moi, on doit encore se venger.
— N'importe quoi, vous n'y arriverez même pas. À l'époque, nous n'étions qu'un petit cartel, mais maintenant, nous sommes très puissants, et j'ai de nombreux hommes qui sont bien plus compétents que les tiens. Je te dépasserai un jour, et c'est moi qui tiendrai ta tête dans mes mains, que je montrerai à toute la population bolivienne.
Je rigole vraiment. C'est un vrai rire. Je suis absolument abasourdi par ce qu'il raconte. Il a l'air si déterminé à ce qu'il dit, que j'en ai presque les larmes aux yeux. Qu'est-ce qu'il raconte lui ? Il a oublié qui j'étais, et de quoi j'étais capable ? Il a oublié que j'étais un fin stratège, et que j'ai des snipers qui peuvent à tout moment détruire la vie de tous ses hommes ?
En parlant d'elles, j'espère qu'elles reviendront bientôt. J'aimerais passer à l'acte, ça suffit de discuter, je m'ennuie bien trop. Mais sans elles, je suis voué à l'échec. Si déjà elles arrivent à tuer les soi-disant hommes qui nous attendent derrière, ça sera un gros travail de terminer.
Eric me regarde toujours, et je ne peux m'empêcher de relever le regard avec lui. Il ne peut pas jouer à ce jeu-là. Même dans le cartel il n'osait pas, et il n'osera toujours pas maintenant. Car je sais comment le manipuler, c'est très facile, et je n'ai qu'à claquer des doigts.
J'aperçois légèrement du coin de l'œil des silhouettes qui avancent, et je prie pour que ce soit Victoria et Nayeli. Je ne peux même pas regarder, cela ferait bien trop suspect.
Au lieu de cela, je me retourne suite au tapotement d'Adriel sur mon épaule. Son regard veut tout dire. Elles sont là, et prêtes à l'action. Alors, je n'attends pas une minute de plus, et je regarde mon fameux adversaire.
Les filles savent très bien qu'elles doivent tuer tous ses hommes présents, sauf lui. Il m'est réservé à moi, ou même à Hadès, si l'envie lui prend de se venger correctement pour ma sœur.
J'adresse un dernier regard à Adriel, qui appuie discrètement sur le dispositif dans sa veste. Cela devrait les informer de se tenir prête pour mon signal.
J'ancre profondément mon regard dans celui d'Éric, et je peux sentir la peur et l'incompréhension qui l'habite. Il doit savoir que j'ai plus d'un tour dans mon sac, et que je ne vais pas attendre sagement que quelque chose se passe. J'ai bien d'autres affaires à traiter.
— Maintenant, hurlé-je assez fort pour que les filles entendent.
Mes hommes de mains sortent alors leurs flingues, et tirent directement dans le torse de trois d'entre eux, tandis que deux autres s'écroulent suite à l'impact des balles de mes snipeuses.
La peur et la révélation dans les yeux d'Éric me font kiffer. Il sait très bien ce qu'il vient de se passer. Tous ses hommes qui étaient avec lui sont morts, et il est tout seul à présent.
Il pointe alors son arme sur moi, et je n'esquisse pas un geste. Il serait vraiment capable de tirer ce con, mais je n'ai absolument pas peur.
Son arme virevolte à l'autre bout de nous, et je regarde vers l'endroit où sont les filles, croisant le regard de Nayeli, toute fière. Elle vient de tirer dans le pistolet pour éviter qu'il tire. Je ne peux m'empêcher de faire un petit rictus.
— Tu es tout seul maintenant Éric. Dis-moi ce que tu préfères. Que je te tue ce jour-ci ou que tu relâches tranquillement Monica ?
— Tu fais un peu trop le malin, Aedan Ventura. Sache que mes hommes qui étaient cachés arrivent, et qu'ils sont très nombreux. Vous ne tiendrez pas longtemps !
— Oh, si tu veux mon avis, tu peux les attendre longtemps, réplique Hadès.
Le visage d'Éric déglutit, et je sais qu'il vient de comprendre qu'il a perdu la situation. Il ne sait pas encore ce qu'il s'est réellement passé, mais j'ai été beaucoup plus logique et prudent que lui.
— Tu as très bien compris, souris-je d'un sourire cynique. Mes chères agentes sont allés nous débarrasser de tes misérables hommes. Ça n'a pas dû prendre très longtemps, car elles sont vite revenues nous voir. Alors, que décides-tu ?
— Va te faire foutre, s'exclame-t-il en levant sa jambe dans mon visage, ce qui manque de me faire tomber un peu à la renverse.
Eric s'enfuit, et ferme rapidement les portes derrière lui. J'implore mes hommes de le suivre et de lui faire la fête, tandis que moi je me remets du coup dans la mâchoire.
Je sens alors des pas venir dans ma direction, et je me tourne directement pour éviter une attaque surprise d'un homme d'Éric. Cependant, ce n'est pas l'un d'entre eux que j'aperçois venir vers moi. C'est Nayeli qui s'empresse de regarder mon visage.
— Il y a été fort, mais ton visage n'aura rien, donc tout va bien ! dit-elle calmement.
Je ne comprends rien à la situation, alors je me laisse faire, les bras tombant le long de mon corps. Pourquoi est-elle venue me voir ? Elle est censée assurer son poste avec Victoria, pourquoi s'inquiète-t-elle de moi ?
— Nayeli, retourne près de Victoria, je n'aime pas la savoir seule alors que certains hommes peuvent arriver.
— J'y retourne tout de suite ! Je voulais juste vérifier si ça allait sur ton visage, car vu que tu as manqué de tomber par l'arrière, c'est que le coup n'a pas dû être très gentil.
Je la vois ainsi repartir dans l'autre sens, récupérer son arme en cours de route, et remonter le long de la petite montée afin de reprendre sa position avec Victoria.
Je secoue la tête dans le but d'échapper à la petite douleur que m'ont causé cet enfoiré d'Éric et la situation avec Nayeli. Je me reconcentre sur ma mission actuelle, et décide d'emprunter le chemin que mes hommes viennent de suivre quelques minutes auparavant.
Je les rattrape facilement, car Hadès le tient fermement par-derrière, et lui injure toutes sortes de mots les plus gentils les uns que les autres.
Je m'approche alors rapidement de lui, en posant ma main sur son épaule, et Hadès le lâche. Il s'écroule en se tenant la gorge, manquant d'air. Ce con était en train de l'étouffer, sans même lui avoir demandé où se trouvait sa petite sœur.
— Aedan, ce fils de pute ne veut pas me dire où elle est ! Ça se trouve, elle continue à se faire torturer par des mecs, mais nous ne pouvons rien faire ! Je me déteste d'être impuissant et de ne pas pouvoir veiller sur elle, je vais câbler !
Il prononce ces phrases avec une haine profonde qui vient du cœur. Il frappe violemment un mur derrière, avant de se secouer la main. Cet imbécile vient de se faire mal à la main en frappant, et j'avoue que cela me fait un peu rire.
Je me retourne pour regarder Éric, mais ne le trouve pas. Nous l'avons perdu de vue. Il a profité du petit spectacle pour se barrer de là où nous sommes, avec la malchance que nous avons, il a dû prévenir d'autres hommes.
— Adriel, informe aux filles d'être prêtes. À mon avis, il est parti chercher du renfort, et nous ne serons pas assez nombreux à nous six. Alors un peu d'aide ne sera pas de refus.
Il s'exécute rapidement et explique la situation aux filles, pour qu'elles puissent nous aider dans cette vraie situation de merde.
Nous allons non seulement retrouver Monica, et la ramener à la maison, mais également tuer tous ces chiens qui sont dans ce cartel, et torturer tout gentiment et tout doucement Éric. Je sens que je vais adorer comment cela va se dérouler. Mais pour cela, il faut d'abord réussir à le retrouver et à tuer tous les hommes qui ne vont pas tarder à débarquer.
Nayeli, je ne te fais pas spécialement confiance vu que le coup que tu m'as fait, mais s'il te plaît, aide-nous à nous débarrasser de ces enfoirés.
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