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Chapitre 28




28.







Il s'en passe des choses quand personne ne sait que tout est compté. Les heures, les minutes, même les secondes.

Quand les visages sourient encore, parce qu'ils ignorent ce qui est sur le point d'arriver.

— Regarde !

— Je vois.

Willow rigole quand Nils bondit, main tendue, en train de pointer le grand phare du doigt. L'odeur de la mer flotte dans la brise, l'iode souffle dans leurs cheveux. Aujourd'hui, le temps est légèrement grisonnant, mais il fait toujours bon, ni trop chaud, ni trop froid.

Après une route d'encore quelques heures en fin de matinée, ils sont arrivés à ce qui était considéré comme leur dernière destination.

Leurs ultimes économies sont réellement sur le point de voler en éclats, juste pour pouvoir profiter d'une dernière nuit sous un toit décent. Pourtant, maintenant, Willow n'est plus tant dans l'angoisse de la suite. Il sait dorénavant que même si niveau confort il pourrait y avoir mieux, dormir à la belle étoile dans sa voiture a un certain degré de magie. Il peut bien s'en accommoder.

Le phare de Portland Head, édifice historique de l'État du Maine, s'élève sous leurs yeux quand ils s'en rapprochent. Enjambées régulières l'un à côté de l'autre, ils aperçoivent quelques autres curieux qui rôdent autour, des appareils photos levés en l'air pour capturer de beaux clichés de la roche et des vagues. Au-delà du phare, il y a la mer déchaînée, qui tourbillonne en siphons asynchrones, telle la gueule béante d'une créature des abysses. C'est terrifiant et pourtant, Willow prend la main de Nils pour l'entraîner avec lui près du bord.

Il peut tout de même sentir sa poigne se tendre, un simple instant. Il tourne la tête pour le regarder, et Nils, il regarde les gens. Il y a des gens ici, qui pourraient avoir un jugement peu avenant s'ils montrent un quelconque signe d'affection en public.

Il ne tenait pas ce même discours quelques jours plus tôt, quand lui et Willow s'enlaçaient sans tabous au beau milieu d'une foule complètement ivre.

Voilà la différence, maintenant, tout le monde est lucide. Quand la nuit leur offre l'euphorie et l'ivresse, le jour, ils sont plus discrets. Nils lui sourit, relâche leur étreinte et le dépasse pour se poster au-dessus des rochers. L'écume s'y forme et s'y immole.

— Tu veux monter maintenant ? lui propose Willow.

Nils observe les alentours, et les familles qui viennent ensemble poser pour des souvenirs qu'ils ramèneront au sein de leur foyer. Willow le voit les regarder, ces gens entourés, longuement, sûrement un peu trop longuement sur l'instant. Le père de famille semble le remarquer, il croise son regard et surpris, Nils se détourne.

Willow pince les lèvres en croyant comprendre, mais avant qu'il ne puisse le rejoindre, il voit l'homme faire quelques pas vers eux avec un sourire.

— Excusez-moi jeune homme, lui dit-il. Je peux vous demander de nous prendre en photo ?

Nils fait volteface, étonné de se faire aborder. Il pensait presque qu'il allait se recevoir une remarque.

— Oui, bien sûr.

Le garçon lui prend l'appareil des mains, il lance un regard entendu à Willow pour le prévenir qu'il revient. Celui-ci sourit juste et hoche la tête, puis il l'observe faire face à la famille étrangère qui se tient en équilibre sous le béton du phare.

— C'est un Leica R ?

L'homme se retourne, il voit Nils lever son appareil photo en l'air pour en analyser tous les angles.

— Tu aimes la photographie ? lui demande-t-il, quand Nils regarde distraitement à travers le viseur.

— Un peu.

Comme d'habitude, il n'est pas du genre à s'étaler avec des inconnus. L'homme répond ensuite par l'affirmative. Willow, un peu plus loin, croit brièvement entendre ce père lui donner quelques directives sur comment prendre de beaux clichés.

Puis Nils se place, attirail en main pendant que le petit monde qui lui fait face décide de l'arrangement spatial de sa progéniture. Un petit bonhomme pose un genou par terre et lève les bras, Willow aperçoit son compagnon esquisser un bref sourire devant le spectacle. Nils dit souvent qu'il déteste les enfants, mais c'est peut-être car ce sont eux qui ont le plus de facilité à fêler sa carapace.

Devant cette image, son cœur se serre. Il ne lui avouera pas, mais il le voit quand même, à la tendresse, la douceur de son expression devant ces inconnus qui explorent le monde ensemble.

Parle-moi, Nils.

Dis-moi que tu penses à tes parents.

T'as pas à te sentir mal parce qu'ils te manquent.

— Allez, leur fait-il en se positionnant de manière à obtenir un rendu correct. À « trois » tout le monde dit « Les asperges ça pue ! ». Un, deux, trois !

— Les asperges ça pue !

Willow lève les yeux au ciel, mais au moins, ça aura fait rire la petite famille.

Nils les salue brièvement, faisant un signe de la main aux garnements avant d'amorcer un pas pour retrouver Willow, resté en retrait jusque-là. C'est alors que la mère l'interpelle, un air intrigué sur le faciès.

— Votre visage m'est familier, j'ai l'impression de vous avoir déjà vu.

Nils semble étonné, il hausse les épaules, ça n'a rien d'hostile, c'est juste pour lui dire que cela serait peu probable. Il le formule même de vive voix, avec une intonation amusée :

— Ça serait peu probable.

Elle n'insiste pas, Nils rejoint finalement Willow.

— Alors, tu veux monter ?

Il répète sa première question.

— On peut monter maintenant ?

Willow lui pointe la porte d'entrée, tout en bas du phare. Il n'y a personne qui en bloque l'accès.

Le regard de Nils se met à scintiller. Même s'il ne sourit pas spécialement, l'idée de bientôt se retrouver plus haut que tout lui provoque un frisson. Il a l'impression que finalement, la quête est accomplie, que ce goût d'inachevé ne sera plus ici. C'était leur premier objectif, gagner ce territoire, et il a tellement hâte de pouvoir en barrer d'autres, beaucoup d'autres, pouvoir se donner d'autres limites, d'autres paysages à atteindre.

Il s'avance, Willow reste derrière lui quand il passe l'entrée vide. Elle donne sur un escalier en colimaçon, un peu étroit et un peu sombre. Nils effleure les murs, sa démarche se fait plus lente. Il se penche en avant et pivote la tête pour tenter d'apercevoir le point culminant. Un filtre de lumière résonne en hauteur, Nils continue de monter. Ses pas font écho sur les parois, c'est comme s'il se trouvait dans le dernier tunnel. Il y a une odeur de renfermé, mêlée à celle plus terreuse de la chaux. Certaines personnes ont même laissé quelques gravures sur les cloisons figées, des souvenirs impérissables que seuls les décennies et l'iode viendront éroder.

Quand Nils foule la dernière marche, son cœur est au bord de l'implosion.

— Wow !

Une bourrasque de vent s'infiltre contre les fenêtres sans vitres, donnant sur l'océan et ses remous. Le ciel clair et grisonnant à la fois, entre les aléas de la tempête et le plus grandiose des défilés de cumulus défile jusqu'à l'infini. Il perçoit la ligne d'horizon, la couleur du vent, l'odeur du jour. Il se tourne, faisant ensuite face au phare, planté ici comme un soldat sans armure, comme un combattant sans défenses. Destiné à observer les navires aller et venir, sa lumière sera leur salut, car l'homme préfèrera faire confiance à une machine qu'à son semblable. La pièce est ronde, plus spacieuse que ce à quoi il s'attendait. Willow arrive, mais lui tourne le dos pour observer l'autre côté de l'endroit. Il ne le montre pas forcément avec le même engouement, mais Willow aussi, est époustouflé par la beauté du paysage.

Nils l'entend même rire.

Ce qu'il y a de plus douloureux, c'est de voir qu'ils sont heureux.

Nils se rapproche du bord, il ne risque pas de tomber, la barrière de béton lui arrive au diaphragme, il doit même se mettre sur la pointe des pieds pour confortablement y poser ses coudes. Ses cheveux voltigent, le vent marin frappe ses joues roses. Il a dans les prunelles la somme de tous les trésors, tous les joyaux, toute la richesse de l'homme qui pensait être destiné à perdre qui il est. Il se penche dans le vide, regarde les gens qui vagabondent comme des petits morceaux d'espérance.

Sa gorge se noue.

Il mord sa lèvre, un sentiment étrange se propage dans son corps. Pas mauvais, pas oppressant, juste quelque chose qui naît, qui s'éveille. Et son cœur bat, c'est une secousse dans le thorax, les émotions viennent et grandissent. Et comme lui, elles deviennent indomptables.

Une main se pose sur sa taille, un corps se presse au sien, lui offrant sa chaleur quand Willow vient observer le monde à ses côtés. Nils ne repousse pas cette attention, car ici, personne ne les regarde. Il fallait viser haut, il fallait devenir les rois. Il se cale entre ses bras quand Willow le serre contre lui. À ses simples gestes, il peut sentir son cœur, qui bat au même rythme que le sien.

Après une minute sans rien dire, bercés uniquement par les sifflements du vent dans l'éther, la voix de Willow effleure son oreille :

— Moi aussi, lui murmure-t-il.

— Quoi donc ?

Il sent son étreinte se raffermir, puis un silence, avant qu'il ne reprenne :

— Je t'aime.

Nils se retourne, prend son visage et l'embrasse.

C'est ça, c'est eux. C'est censé s'écrire avec ces mots et ces lignes. C'est leur histoire. Et un jour, quelqu'un aura le courage d'enfin la raconter, car elle vaut la peine que le monde la connaisse.

C'est ce qu'ils sont, ce qu'ils vivent l'un avec l'autre, avec toutesces aventures et tous ces désaccords. Ils garderont dans leur mémoire tout l'orde l'univers. Et un jour, le monde comprendra que pour un instant, ils auronttrouvé leur bonheur là où personne ne l'espérait.

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