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Chapitre 18



18.


Août 1980, Ferme de Jerry et Joyce,

Maryland,





— Hey Jerry, c'est qui celui-là ?

Jerry règle les factures depuis le comptoir de l'un des seuls restaurants-bars de la petite ville, le Benny's. Il lève les yeux de ses papiers pour suivre le regard de la gérante. Enfin, il s'agit plutôt de la fille de la gérante, qui tient parfois le commerce quand ses parents ont d'autres choses à faire. Son nom est Mary, c'est une jeune femme avec un tempérament de feu, de grands yeux verts et un petit nez qui aime bien se fourrer dans ce qui ne la regarde pas.

Dehors, en compagnie d'un des travailleurs du village qui assiste Jerry pour ses tournées, une nouvelle tête est comptée dans le bataillon.

— Oh, fait-il en retournant à sa besogne. C'est un gars de passage, il n'est pas là pour longtemps.

— Il s'appelle comment ?

— Willow, je pense qu'il doit avoir à peu près ton âge.

Willow et Kieran – le coup de main bénévole de Jerry – entrent à leur tour dans la bâtisse en traînant avec eux le chariot de marchandises. Jerry travaille dans le ravitaillement de ville en ville, principalement pour ce qui touche aux denrées alimentaires. Malgré son allure parfois négligée, il n'en reste pas moins méticuleux et soigné. Willow salue la jeune fille d'un signe de la tête poli, tandis que Kieran lui fait une poignée de main plus complexe.

— Alors Jolene, la nargue-t-il. Toujours prête à faire péter les pintes ce soir ?

— Pense pas déjà à te bourrer la gueule alors que t'as pas encore fini de bosser, soupire-t-elle.

Willow observe la jeune fille du coin de l'œil. Jolene, comme la femme décrite dans la chanson éponyme de Dolly Parton, une grande demoiselle aux cheveux auburn et au visage séraphin, qui d'après les dires de la chanteuse, pourrait avoir n'importe quel homme à ses pieds. C'est vrai que quitte à lui donner un surnom, celui-ci lui irait bien.

Kieran et Willow ont un peu sympathisé sur les différents trajets, pour faire passer le temps dans le camion de Jerry. Nils est resté à la ferme avec Joyce, ce qui n'a pas spécialement plu à ce dernier qui ne supporte toujours pas les animaux de basse-cour. Cependant, d'après Jerry, il n'aurait pas pu déplacer les caisses de marchandises avec ses petits bras. De mauvaise foi, le garçon avait tenté de lui prouver le contraire, mais avait juste terminé tête la première dans une botte de foin en tentant de soulever un carton.

Kieran prend une impulsion sur ses jambes, se retrouvant assis sur le bar à côté de Mary, il passe son bras autour de ses épaules. Cette dernière lève les yeux au ciel.

— Je te présente la petite princesse du village, Mary Smyth. Elle organise les meilleures soirées et a même une piscine chez elle !

— Je suis plutôt la seule à faire des soirées, corrige-t-elle en le repoussant. Et la seule à avoir une piscine.

— Je m'appelle Willow.

Il se présente par politesse, mais rapidement il se détourne de leur dialogue pour aller échanger deux mots avec Jerry. Mary croit l'entendre demander pour combien de temps ils en ont encore, ce à quoi l'homme répond qu'il s'agit de leur dernière livraison avant de retourner au bercail. La jeune fille reste sûrement un peu trop longtemps à détailler son visage. Ses traits sont forts, mais harmonieux, il est très agréable à regarder, elle ne va pas se mentir.

— T'as vraiment le chic pour flasher dès qu'un nouveau met les pieds ici.

Mary sursaute, Kieran s'est penché à son oreille pour lui souffler cette remarque. Ses sourcils se froncent et elle lui frappe durement l'épaule.

— Arrête de dire de la merde.

— Hé Willow ! ricane-t-il en le hélant.

— Hum ?

Willow lève la tête.

— Tu nous quittes demain, c'est ça ?

— Oui ?

— Ça te dit de venir à la soirée de Mary ? Histoire de marquer le coup.

Elle devient rouge et fusille son ami du regard. Kieran sait très bien qu'elle n'aime pas se montrer désagréable envers les gens, et la possibilité de dire qu'elle ne comptait pas inviter un inconnu lui reste en travers de la gorge. En plus, il est gênant de savoir qu'il cherche à lui arranger un coup qu'elle ne considère même pas. Enfin, qu'elle ne considère pas spécialement.

Semblant lui faciliter la tâche, Willow sourit, visiblement mal à l'aise, avant de répondre.

— Non merci.

Kieran lui fait une drôle de moue, l'air de dire « Pas drôle » dans un langage muet. Quelques minutes plus tard, les tâches sont terminées et les étagères remplies. Sachant qu'ils en ont fini pour aujourd'hui, Willow est le premier à regagner le véhicule pour rentrer à la ferme.

Mary mord sa joue, et dans un dernier élan de courage, elle contourne le bar pour accourir vers la vitre baissée du camion. Levant le menton, elle tapote la carrosserie et la tête de Willow passe en dehors pour l'observer d'un air surpris.

— T'as eu l'occasion de visiter un peu les environs ?

Willow secoue négativement la tête.

— J'ai...

Il se râcle la gorge avant de reprendre :

On a eu beaucoup de choses à faire depuis qu'on est arrivés dans la ville.

Le regard de Mary change, elle paraît alors embarrassée. Il vient de mettre des mots indirects pour contrer son approche sans se montrer blessant. Ses mots disent qu'il n'est pas seul.

— C'est sympa de m'avoir invité à ta fête, reprend-il avec un sourire. Désolé de pas pouvoir venir, on n'a vraiment pas trop la tête à ça en ce moment.

Kieran n'avait pas tort. En vrai, elle aurait bien aimé l'y voir, à cette soirée. C'est sûrement ce qu'il dégage. Dans un autre univers, peut-être qu'elle aurait eu plus de temps pour le connaître.

— Il y a un événement dans le parc d'à côté, ce soir.

Elle a confié ses mots d'une voix plus petite. Willow papillonne des yeux sans comprendre, elle se râcle la gorge et reprend d'un ton jovial :

— La mairie va projeter un film en plein air et l'entrée est gratuite. Si vous aimez pas les fêtes, c'est quand même un bon plan avant de quitter la ville. Je vous conseille d'y faire un tour ! Et les granités à la cerise de Mama Dionne sont les meilleurs de l'État.

Elle lui fait un clin d'œil et tourne les talons pour regagner son bar, aux côtés de Kieran.

— On te ramène sur le chemin, gamin ? demande Jerry en rejoignant son camion.

— C'est bon pour moi Jerry, lui assure le jeune homme. Je vais me débrouiller.

Le conducteur hoche la tête, leur faisant signe avant de repartir. Depuis la fenêtre, Willow agite lui aussi le bras pour leur accorder un rapide au revoir.

Mary se penche, coudes contre le bar. Elle ne l'aura vu que quelques minutes et l'oubliera peut-être dans quelques jours, ou dans quelques semaines, ou jamais. Elle ne sait pas, il y a juste des gens qui passent comme des poussières et qui pourtant laissent leur empreinte. D'une certaine façon, elle a l'impression que ce garçon en fait partie. Aux côtés de Mary, Kieran se gratte la tête sans vraiment comprendre.

— Cette journée a dû vraiment lui casser les pieds pour qu'il ait autant hâte de repartir chez des quasi-inconnus.

Mais Mary rejoue en boucle cette brève discussion. Elle hausse les épaules.

— Ou alors, il y a quelqu'un qui l'attend là-bas.










De retour à la maison du couple, Willow attend que Jerry ait terminé de se stationner avant de descendre pour faire quelques premiers pas dans le jardin.

— Tout doux bonhomme, ton petit protégé s'est pas fait manger par une chèvre.

— Alors là, on peut pas être sûrs.

Il aperçoit déjà Joyce dans le garage, occupée à rassembler des pièces d'engin alors que le soleil commence déjà à décliner au loin.

— Pourquoi tu n'as pas accepté d'aller à cette fête ? Tu aurais pu amener Nils.

— C'est pas trop son truc.

— Les fêtes ?

— Les gens.

Ce n'est pas quelque chose de nouveau, et ce n'est pas une partie de sa personnalité que Nils a feinté cette fois. Il n'aime pas beaucoup la foule et les gens, qu'il soit dans la peau de l'intello du secondaire ou dans celle de ce rebelle un peu trop insolent.

— C'est pour ça que t'y vas pas ?

— Pas vraiment, j'ai juste pas trop la tête à ça pour le moment.

C'est compréhensible, même s'il n'est pas spécialement enthousiaste à l'idée de rester une troisième soirée dans cette maison comme une loque, il n'a pas non plus envie de se retrouver chez d'autres inconnus juste parce que les choses sont sens-dessus-dessous depuis une semaine.

Ils gagnent la maison et une tignasse blonde se tourne sur leur passage. Nils, assistant Joyce comme il peut, se tend en les voyant revenir.

Il faut dire qu'ils n'ont pas reparlé de ce qu'il s'est passé la nuit précédente, comme si ça n'avait jamais existé. Willow peut voir que Nils tente de garder la tête froide, mais ses mains se joignent dans son dos et il se les triture en pensant avoir son attention sur Joyce. C'est peut-être déstabilisant, de se dire que la personne avec qui il va encore faire un bon bout de chemin est maintenant bien consciente de l'attirance qu'il éprouve à son égard.

Et pourtant, Willow lui a rendu son baiser, totalement, avec peut-être même plus de passion qu'il ne l'aurait pensé. Mais ensuite, au petit matin, il a agi comme si de rien n'était. De son côté à lui, aucun questionnement et aucun malaise, à croire qu'il faisait ça tous les jours, d'embrasser quelqu'un. C'est pour ça que Nils ne sait pas comment agir en sa présence, car Willow, après cette nuit, n'a rien exprimé de différent.

— Cette fois Harold t'a pas pourchassé ? plaisante-t-il.

Et donc Nils ne comprend pas. De toute façon, les relations lui ont toujours échappé. La brève histoire qu'il a eue avec ce vagabond dont il ne connaît même plus le nom, il ne la compte pas comme telle. Il ne sait pas si c'est une sorte de jeu, d'ignorer les choses, faire comme si c'était une sottise.

Si ce qu'ils ont fait était un moment d'égarement, qu'ils l'assument et passent à autre chose. C'est frustrant de se voiler la face, Nils attend juste que Willow lui dise de but en blanc qu'il ne doit rien attendre de lui, qu'il ne se passera rien entre eux.

— Il s'est tenu à carreau bizarrement, réplique-t-il en lui tournant le dos. C'est peut-être toi qui me fous la poisse.

C'est plus sec qu'il ne l'aurait cru, Nils entend l'amertume dans sa propre voix et cette évidence l'embarrasse. Il n'est clairement pas fait pour les histoires. Surtout si c'est pour mettre en avant ce côté si irritable, comme si au quotidien il n'était pas déjà assez dur à supporter.

Willow le regarde juste, une mine légèrement surprise sur le visage. Et Nils s'en va, prétextant aller vérifier le grain de la volaille.













— Qu'est-ce qu'il se passe ?

C'est leur troisième et dernière nuit ici, et quitter ce village dans la tension n'est clairement pas dans les projets de Willow. Il demande des comptes, de la communication, alors qu'avec sa mauvaise foi, Nils est juste adossé au mur dans son pyjama.

— Il se passe rien.

— Pas de ça, Nils. T'as été insupportable pendant tout le repas.

Et Willow se tient face à lui. Il se retient de lui faire une énième fois la morale car il sait très bien qu'il va juste se ramasser une puissante raillerie.

— On fait comme si de rien n'était, non ? Ça en a tout l'air.

Voilà, il le dit. Certes de manière plus sous-entendue que concrète, mais ça suffit à ce que Willow batte des cils avant de percuter. Il ouvre la bouche, Nils fronce le nez car il sait déjà que ce ne sera pas pour lui donner raison.

— Je pige pas, fait Willow en secouant la tête. C'est pour ça que tu fais la gueule ? Parce que je suis pas là à te faire des câlins à tout bout de champ ou à t'embrasser à chaque sortie de couloir ?

Nils serre les dents, il détourne le regard pour le verrouiller sur la fenêtre. Amené de cette façon, il donne l'impression qu'il est celui qui en fait tout un plat. Ses joues prennent même des couleurs car il a du mal à imaginer Willow agir de manière aussi tactile.

— J'en demande pas tant, se défend-il. Juste qu'on assume que c'est arrivé et qu'on laisse ça derrière nous, si ça veut dire qu'on a déconné.

— Putain Nils, grogne Willow en passant une main nerveuse sur son visage. Comment ça, on a déconné ? D'où tu me sors qu'on a déconné ?

— C'est l'impression que tu donnes merde ! Tu agissais tellement naturellement que j'ai cru que j'avais tout halluciné. Pour moi, c'était ta façon de me faire comprendre que c'était une erreur et que y'aura jamais rien entre nous.

Pour Nils, la dernière phrase lui arrache presque la gorge. Elle implicite que d'une certaine manière, Nils a songé à plus, même de manière inconsciente, il a imaginé que ce n'était pas rien.

Et peut-être qu'en voyant cet aspect de l'histoire, Willow a un bref mouvement de recul. Il oublie parfois que Nils est novice dans beaucoup de choses, et qu'il n'aime pas quand une situation nouvelle prend le dessus sur ses émotions. Au fond de lui, Nils n'aime pas perdre le contrôle. Son mécanisme de défense, c'est de se renfermer et de devenir bien plus cinglant avec tout ce qu'il y a autour.

Willow ferme les yeux, il prend une longue inspiration. Et il pense. Il pense. Il répète cette discussion depuis le début.

— On est pas ensemble... toi et moi, lui dit-il très doucement.

Nils mord sa langue, mais au fond, il savait très bien qu'il dirait ça.

— J'ai jamais dit qu'on l'était.

— Mais c'est pas pour ça que j'agis comme ça. C'est pas pour te faire croire que j'en ai rien à faire de toi.

Nils passe une main dans ses cheveux et grogne sous l'embarras, ses joues deviennent de plus en plus rouges.

— Willow ! s'exclame-t-il. J'ai pas dit le contraire, je suis pas en train de te faire croire que t'es un connard sans cœur, juste que... je sais pas... dis-le-moi, dis-le-moi que c'est mort et j'arrête de me faire des films.

Le fait que Nils doive à chaque fois se justifier sur le sens de son comportement le met mal à l'aise. Tout simplement car de ce fait, il est juste en train de reformuler dix mille fois la même vérité : Willow lui plaît. Il lui plaît vraiment.

— Et si j'ai pas envie de dire ça ? Que c'est mort.

Nils fronce les sourcils.

— Alors j'arrive juste pas du tout à te comprendre.

— Ce que t'arrives pas à comprendre, c'est que j'ai passé deux ans de ma vie dans une relation cachée, à toujours faire attention au moindre geste. Ce que t'arrives pas à comprendre, c'est que si toi t'as jamais eu de vraie histoire, moi, ma seule histoire je l'ai vécue en étant obligé de passer pour le bon pote de mon propre mec. Tous les jours.

Willow se rapproche de lui, posant une main sur le mur contre lequel il est adossé. Ce dernier déglutit, l'observant quand son visage se met face au sien.

C'est comme ça qu'il a vécu sa première et seule relation, en cachant ses sentiments. Alors, il n'a pas envie de se dire que les choses se répètent avec Nils. À cause de la mécanique qu'avaient pris ses actions, il s'était mis dans cet état d'esprit où il devait camoufler chaque ressenti qui dépassait un tant soit peu le stade de l'amitié.

Il connaît à peine Nils, Nils le connaît à peine. Ça n'a pas de sens d'avoir une discussion pareille. En plus, sa rupture est encore toute fraîche. Qu'est-ce qui lui passe par la tête ?

— Et voilà que maintenant tu me parles de ton bâtard d'ex.

La colère de Nils n'est pas totalement partie, mais ce qu'il reste, il le réserve à Steve. Un bout d'animosité, de mépris. Il y a des imbéciles sur cette Terre et ils sont plus proches qu'il n'y paraît. Willow secoue la tête, car de toute façon, cette discussion n'ira pas plus loin. Ils ont chacun donné leur version des faits, avec leurs propres arguments. Il n'y a pas de vainqueur, juste deux personnes qui apprennent à grandir ensemble malgré leurs craintes différentes.

À aucun moment, Willow n'a dit qu'il ne s'était rien passé. Qu'entre eux, il n'y avait rien eu.

Alors la dispute est terminée, elle aura ramené un bout de tempête dans la maisonnée. Mais là, elle part et laisse les garçons sur bien trop de mots.

Et trop de vérités.

Willow porte ses mains à son visage. La réaction de Nils ne se fait pas attendre, son corps se détend sous son toucher. D'une certaine façon, il en est même embarrassé, de prendre conscience de la paix qu'il parvient à lui apporter.

— Tu penses que ça me fait pas flipper, moi aussi ? lui chuchote Willow. Y'a une semaine je te connaissais ni d'Eve ni d'Adam, t'es arrivé et t'as juste foutu le bordel.

— C'est pareil pour toi.

C'est tout ce qu'il arrive à lui rétorquer. Tout ce qu'il arrive à convenablement formuler face à sa proximité.

Les yeux de Nils restent plantés dans les siens, ils sentent le souffle de l'autre sur leur visage. Leur cœur bat, à un rythme un peu bancal. Entre les fissures des mots et ce semblant de différend, un soupçon d'adrénaline fait vibrer leur corps.

— Et en réalité j'aimerais bien, continue Willow. Faire comme si de rien n'était. Si je pouvais, je ferais juste en sorte qu'on reprenne la route sans avoir tout ça sur les épaules.

Ça serait trop lourd à porter, ce qui est en train d'éclore, et qui pourrait les sauver comme les détruire. Willow se penche, jusqu'à effleurer ses lèvres des siennes. Nils retient son souffle, se raccrochant à ses bras.

— Mais pendant toute la journée j'avais juste une hâte, revenir ici et t'embrasser.

Et la distance se rompt, Nils fond sur ses lèvres quand Willow pose ses mains sur ses hanches.

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