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Chapitre 15



15.

Août 1980, Ferme de Jerry et Joyce,

Maryland,





— En toute honnêteté, je déteste cette femme.

Nils Miller, dont les bras se balancent d'avant en arrière alors qu'il observe son reflet dans un miroir près de la grange, siffle ces très gentils mots.

— On a compris les trois premières fois, lui répond Willow en lui tendant un seau de légumes bouillis.

— Regarde, elle nous exploite en plus.

— Jusque-là t'as juste fait ta princesse. Et elle ne nous exploite pas, c'est le moins qu'on puisse faire puisqu'elle ne nous fera pas payer les réparations.

Nils le fusille du regard, puis attrape le récipient avant d'en balancer une moitié dans le box de Peggy, la truie de Jerry. Elle grogne et se recule pendant que bougonnant, il verse le reste à son compagnon avec une grimace de dégoût. Les deux cochons se jettent sur la nourriture et le garçon fait un pas en arrière.

— C'est pas un aphrodisiaque, le céleri ? s'insurge-t-il. Je te jure que s'ils se mettent à copuler devant moi je...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase.

— Vous vous en sortez bien les jeunes ?

Joyce revient vers eux et Nils blêmit avant d'aller se cacher dans le dos de Willow. Ce dernier bat des cils avant de rire, la dame se fait suivre de près par Harold.

— Vous l'avez appelé Harold mais c'est une oie, fait remarquer Willow.

— C'est un jar, le corrige-t-elle. Essaye de le faire comprendre à Jerry et il arrêtera de penser qu'« oie » est le terme par défaut.

Harold cacarde en apercevant Nils, qui se ratatine derrière Willow en l'insultant à son tour. Il est dur de savoir si au final, l'animal l'apprécie ou veut le dévorer tout cru.

— Il doit te prendre pour Ashton, rigole Joyce. C'est sûrement à cause de la salopette, c'était celle qu'il utilisait tout le temps quand il travaillait dans la grange.

Nils plisse les yeux. Elle a évoqué le nom de son fils ce matin, juste avant que Jerry ne parte pour le travail. Ils étaient en train de prendre le petit-déjeuner dans une ambiance un peu étrange, car du jour au lendemain, ils s'étaient retrouvés tous les quatre à la même table alors qu'ils étaient encore pratiquement des inconnus.

Puisque les vêtements des deux garçons sont en train de sécher, étendus sur les longs fils en extérieur, pour travailler, il a fallu fouiller dans le placard de leur fils, Ashton.

Nils déteste les salopettes.

Il croise le regard de Willow et toute sa mauvaise humeur lui est déversée au visage.

— Toi, on t'a donné des fringues normales et moi j'ai l'air de sortir de « La Petite Maison dans la prairie ».

Willow prend une grande inspiration, il hausse les épaules, « il râle autant qu'il respire ». Joyce l'a entendu malgré le ton bas qu'il avait pris, alors elle se justifie :

— Mais les autres vêtements sont trop grands pour toi, il te fallait un truc avec des bretelles.

Willow n'a jamais fait de commentaire sur la petitesse de Nils. Il est assez grand en taille, mais pas très large pour autant. Ce côté chétif inviterait à croire qu'il ne serait pas du genre à tant s'imposer pour la moindre contrariété. Les apparences sont trompeuses. S'il devait le comparer à un animal, il serait un furet. Un furet sans tact, impatient, et frôlant l'hyperactivité.

Donc il râle, et il râle. Peut-être qu'un jour il apprendra à ne pas râler à tout bout de champ, mais pour l'instant, c'est raté. C'est à croire que quelque chose le tracasse, et c'est un peu plus flagrant quand il retire trop sèchement la main que Willow pose sur son épaule. Me touche pas, peut-il presque lire sur ses lèvres quand il se tourne.

Willow l'observe, sans comprendre toutes les fluctuations de son humeur, il était déjà dans la lune depuis trois jours, mais depuis hier, cela a pris de nouvelles proportions.

— Tu pourras t'occuper des autres animaux, Willow ? lui demande Joyce.

— Moi ? s'étonne le concerné.

— Lui ? renchérit Nils en faisant volteface, bondissant pourtant en arrière quand il remarque Harold en face de lui. Saleté !

Elle hoche la tête, et ils entendent un moteur strident quand un pick-up s'engage dans leur cour. La femme pivote pour faire signe aux nouveaux arrivants qui progressent jusqu'au garage.

— L'un de vous doit m'assister pour un remplacement de joint de culasse.

— Moi ? s'étonne Nils.

— Lui ?

Ils emploient un ton qui sous-entend qu'Harold serait d'une meilleure aide que lui.

Joyce soupire, elle les regarde tour à tour avant de rire.

— Nils va se faire mâchouiller par Ginevra.

— Qu'est-ce que ma tante a à voir avec ça ?

— Ta famille a des origines galloises ? intervient Willow, incrédule.

— C'était pour déconner, marmonne Nils en levant les yeux au ciel. Et non, ma mère est suédoise.

Ginevra est la jument qu'il observait la veille, et il est vrai que les cheveux blonds du garçon ont l'air très appétissants d'un point de vue herbivore. Concernant les origines de Nils, Willow se souvient qu'un jour, Steve l'a hélé dans les couloirs du lycée en usant d'un nom qui n'était pas le sien pour rigoler.

— Lars Passgård ! s'exclame-t-il.

Il voit le regard de Nils s'agrandir, sa pupille se rétracte sur l'iris clair. Il rétorque, le rose aux joues :

— Ah non, tu vas pas t'y mettre toi aussi !

— Je trouve que y'a un air, mais sans plus.

— Tes potes avaient surtout aucune culture pour me comparer à la première célébrité scandinave qui leur est passée sous le nez.

Ils interceptent le rire de Joyce, assistant à cette petite querelle. Mais à l'instant où ils reportent leur attention sur elle, elle tourne la tête lorsque quelqu'un l'interpelle :

— Joyce ! résonne la voix d'un homme depuis le garage. Je vais y aller.

— Oui j'arrive !

Avant que Nils n'ait pu rétorquer quoi que ce soit, la dame lui prend le bras et le tire à sa suite. Malgré la stupeur, il fait un dernier signe de la main à Willow.

— C'est mieux comme ça ! Les seules choses que je peux pas supporter ce sont les animaux et les gosses !

Et Willow reste là, avant de sursauter quand une poule jaillit d'un tas de foin en caquetant à la mort.







— Et donc, ricane Willow en revenant trente minutes plus tard. Les gosses aussi ?

— Avec tout le respect que je te dois, Fitzgerald, je t'em...

— Nils ! le gronde Joyce en sortant la tête du capot avec un regard sévère.

— ... je t'emmantèle de déjections fécales.

Willow grimace en s'adossant à la porte.

— C'aurait été moins dégueulasse de juste dire « je t'emmerde ».

— Willow ! s'exaspère la mécanicienne en agitant sa clé à molette, une tache noire sur le bout du nez.

Un gargouillis enfantin répond à Willow, il ne vient ni de Joyce, ni de Nils.

Nils réprime un rire vengeur, assis sur une caisse de bois, alors que Willow s'excuse. Ce dernier entre totalement, prévenant Joyce qu'il a fini sa besogne. Il s'approche de lui, étonné de voir la petite fille à couettes qui remue des jambes, calée sur ses genoux.

— D'où elle sort elle ? sourit Willow en se penchant vers l'enfant.

Joyce fait les présentations en gardant les yeux sur son travail.

— C'est Evelyn, elle a un an et son père l'a déposée ici avec sa grande sœur. Elle est en train de lui chauffer à manger dans la cuisine donc elle l'a laissée à Nils en attendant.

— Ce n'est vraiment pas mon jour..., souffle ce dernier.

La petite Evelyn a certainement dû compter parmi les bagages déposés avec la voiture sur laquelle Joyce porte toute son attention. La dame demande un outil à Nils, qui passe un bras autour du ventre de l'enfant pour le garder contre lui, alors qu'il se penche pour attraper une seconde clé de l'autre main. La frange rousse se secoue quand elle se met à rigoler, s'accrochant au biceps du garçon.

— T'aimes pas les enfants, mais tu t'en sors super bien avec, remarque Willow. Ils sont mignons pourtant.

— Ils font peur surtout, tu sais combien de films d'horreur mettent en scène des gosses ? Elle aurait sa place dans l'un d'eux.

Il lève la petite un peu au-dessus de sa tête, et cette dernière sourit de toutes ses rares dents à Willow quand celui-ci se dépêche de foudroyer Nils du regard.

Son camarade grimace, marmonnant « Relax je plaisante... », avant de la reposer sur lui en lui tirant gentiment la joue.

— Elle m'aime bien, partage-t-il avec une moue. Elle me lâche plus.

Bien qu'il puisse se cacher derrière sa sempiternelle mauvaise foi, il n'empêche que Nils sourit quand Evelyn se tourne dans sa petite robe turquoise, posant ses minuscules mains boudinées sur son visage. Elle lâche quelques gargouillis incompréhensibles, montrant qu'elle est contente, et il fait mine de vouloir la mordre. Elle crie, et éclate soudainement de rire. L'image, elle a quelque chose de presque irréel ; avec cette espièglerie ancrée en lui, ce cynisme naturel, mais aussi cette part de vulnérabilité, quelque chose de caché et de bien plus fragile. C'est Nils, quand une barrière tombe et qu'il ne l'a lui-même pas vu s'écrouler, tellement il en a.

Willow regarde. Il regarde et c'est à croire qu'il ne peut pas détourner les yeux. Ce n'est pas la première fois qu'il voit en lui une facette aussi inattendue. Et pourtant, il y a quelque chose de différent.

Puis, elle referme sa paume sur le doigt de Nils, tendant son autre bras dans le vide pour l'agiter. Elle considère Willow, qui incline la tête sur le côté, toujours penché dans leur direction.

Un autre gargouillis se fait directement à son attention. Puisqu'il ne comprend pas grand-chose, il lève la main vers elle. Bingo, elle l'attrape et ses grands yeux se plissent de joie, laissant juste apparaître deux fentes océan.

La voilà aux anges, avec la main de Willow et Nils dans chacune des siennes. Les garçons se regardent un instant, et même s'ils ont envie de sourire, ils sont interrompus par la silhouette qui apparaît à côté d'eux.

— Elle adore faire ça avec maman et papa.

La grande sœur d'Evelyn est revenue. Willow sursaute, avant de se reculer avec un rire nerveux, passant sa main dans sa nuque.

Il salue la jeune fille qui les a rejoints, cette dernière lui sourit pour la forme.

Evelyn est son portrait craché. Elle avance vers Nils et prend sa petite sœur, avant de retourner dans la cuisine pour manger avec elle.

Nils les regarde partir, des fourmillements sous la pulpe des doigts.

C'était étrange.

Il se ressaisit, et tourne la tête vers Willow pour faire n'importe quelle blague, car de toute façon, il est le seul à toujours se faire des idées.

Mais il n'en a pas le temps. Balbutiant quelque chose d'inintelligible, Willow se tourne et quitte la pièce.

Pour la première fois, c'est Nils qui tente d'ignorer le sens d'une phrase parce qu'elle était totalement anodine.

Pour la première fois aussi, c'est bel et bien Willow qui ne peut pas cacher qu'il est déstabilisé par quelque chose.








Le vent de cet après-midi porte avec lui une odeur boisée. Il siffle depuis les prairies et se faufile jusqu'à la maison en contrebas. Pieds sur la terrasse, Willow regarde défiler les mêmes nuages en se demandant si eux, ont un but lorsqu'ils voyagent.

— Ce soir, c'est poulet pané avec de la purée de pommes de terre. Je fais un tour de maison pour voir si ça convient à tout le monde.

Joyce ouvre la porte d'entrée et sa voix surprend Willow. Il pivote pour lui faire face, et si elle n'attendait qu'une approbation de sa part, elle se retrouve nez à nez avec une expression confuse. Silencieux, il ne fait que l'observer.

— Tu n'aimes pas le poulet ?

— Si, j'adore ça, finit-il par déclarer, mais son ton sonne absent.

Elle comprend qu'elle l'a arraché à ses réflexions, ou plutôt, à moitié. Willow est toujours quelque part où les points d'interrogation s'éparpillent et se chevauchent. Chaque question mène à une autre. La naturel avec lequel Joyce l'intègre à la routine de ce foyer lui paraît étrange, et pourtant, elle semble si sincère. Ils sont arrivés hier, sortis du chaos de la terre, comme des rejetés du monde. Ils n'ont pas voulu répondre à ses questions, mêmes les plus légitimes. Ils n'ont pas négocié de compromis pour les réparations, elle est la seule à avoir pris les rênes. Aider à nourrir les animaux et assister Jerry pour des déplacements de cargaisons, pour lui, ce n'est pas assez pour complètement rendre la pareille. Elle s'est décalée de sa propre vie pour les laisser y entrer, alors qu'elle ne sait rien d'eux.

— Pourquoi vous faites tout ça pour nous ?

Joyce fait un pas vers lui. La première fois qu'il l'a vue, il a eu du mal à l'imaginer sourire. Pourtant, son sourire pourrait illuminer toute la ville.

— On n'en a déjà parlé, non ?

— Parce qu'on a aidé Jerry ? tente timidement Willow.

— Vous avez été mis sur le chemin de mon mari et lui avez sauvé la vie. Il ne vous avait pas vus, lorsqu'il s'est arrêté en urgence, il n'a pas su qu'il s'en sortirait. Quand Jerry m'en a parlé, ses mots ont été : « Je pourrais penser qu'ils sont tombés du ciel, et je ne crois pas qu'il y ait besoin de plus que ça. Peut-être qu'eux-mêmes ne comprendront pas à quel point je leur fais confiance, ils sont sûrement trop jeunes pour croire au miracle qu'ils ont créé ».

Nils et lui. Sur cette route isolée. Un miracle.

Willow l'écoute parler, et une fêlure dans sa voix trahit des pensées parasites, plus sombres. Derrière le sourire de Joyce, il y a les réalités potentielles, celles qu'elle a conjecturé en jonglant parmi tous les facteurs de cet unique instant. Scénario A : Pas de Nils et de Willow car la Mercedes parvient à tenir jusqu'au Connecticut. Scénario B : Jerry qui ne s'arrête jamais et meurt les mains sur le volant. Scénario C : Les deux vagabonds sont là, mais ne savent pas du tout quoi faire face à la catastrophe. Scénario D : Le camion de Jerry n'est pas en règle et il n'y a aucun kit de secours. Elle enchaîne les suppositions jusqu'au Scénario Z. Le fait que tous les paramètres étaient là, alignés, mis bout à bout sur la même ligne pour que Jerry survive, relève, selon elle, du miracle.

Et ces deux garçons en sont l'essence même.

— Vous êtes croyante ? demande Willow.

— Je ne crois pas au hasard, et je ne crois pas que Dieu vous ait mis sur notre route de manière aussi magique pour que vous finissiez par nous poignarder dans le dos.

Il trouve qu'elle rayonne. Son visage était plus dur hier, avant que Jerry ne lui raconte l'histoire de leur rencontre. Peut-être que Willow n'a jamais eu conscience de l'impact qu'un petit geste peut avoir sur la vie d'autrui. Alors, il lui sourit, doucement.

— On a juste fait ce qui nous semblait bien, chuchote-t-il.

— Ce n'est pas le moment de me faire vous aimer encore plus, s'esclaffe-t-elle, déjà que ce n'est pas dans mes habitudes.

— Bizarrement, j'arrive bien à l'imaginer.

Ils rient ensemble, et le moment partagé s'ancre dans le cœur de Willow. Il peut même la voir porter sa main à son visage et intercepter une petite larme.

Il n'a pas entendu ses pas, mais Nils apparaît dans l'entrebâillement de la porte et bat des paupières lorsqu'il surprend la scène. Ses yeux passent de Willow à Joyce et ses sourcils se froncent.

— J'ai raté quoi ?

Willow ne sait pas quelle expression il arbore, mais il les sent en lui, ces émotions écorchées. Il pose les mains sur ses hanches et prend une grande inspiration, renversant la tête en arrière. Puis, son sourire revient, parce que la vie lui a semblé tout à coup pleine de sens.

— Vous avez dit quoi de nous, Joyce ? reprend-il alors.

— Que vous êtes un miracle ! rigole-t-elle, les yeux encore larmoyants.

Encore une fois, Nils les observe tour à tour sans comprendre. Willow s'approche et hausse les épaules une fois face à lui.

— Voilà, t'es un miracle, Nils Miller. Et tu vivras avec ce fardeau toute ta vie.

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