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Chapitre 12




12.






— T'as vraiment le chic pour nous mettre dans des situations invraisemblables.

Assis à une table de la terrasse de parfaits inconnus, comme à son habitude, Nils fait mine que les contrariétés de Willow ne sont que superficielles. Il sourit néanmoins quand, au lieu de se confondre en excuses auprès de Joyce, Willow la remercie juste très poliment lorsque cette dernière dépose deux verres de soda sous leur nez.

— C'est bien, le nargue-t-il alors que la dame retourne dans la maison. Tu commences à t'y habituer.

— À profiter de la gentillesse des gens sans aucun scrupule ?

Nils soupire.

— À moins te prendre la tête pour les plus petites choses, le corrige-t-il.

Willow marmonne dans sa barbe, à croire que ce blondinet ne l'entendra pas :

— Dis celui qui était au bord de la syncope dans le camion...

Retour à l'envoyeur. S'il était simplement en train de plaisanter, voir Nils littéralement s'étouffer avec sa boisson le surprend. Willow ricane quand ce dernier se tourne pour mourir plus dignement.

Ce qu'il y a d'assez risible dans cette situation, est que Willow voit tout ce qu'il se passe sans en faire la bonne interprétation, ou du moins sans creuser assez loin. La vérité, pour Nils, est qu'il n'est pas ce qu'il y a de plus indifférent aux derniers contacts qu'il y eu entre eux. La proximité des dernières heures, voire des derniers jours ne l'a pas laissé de marbre. Et ça, Nils ne se l'avouera pas.

— Rien à voir, je suis juste super chatouilleux.

En même temps, avec autant de mauvaise foi de sa part, Willow aura bien du mal à comprendre le message par lui-même. Peut-être que l'idée l'avait effleuré, il préfère cependant ne pas s'attarder dessus. Honnêtement, il serait même embêtant que son camarade de voyage développe une sorte de béguin pour lui. Mais encore, il est sûr que ce n'est pas le cas et que Nils n'est juste pas très tactile.

Ils changent rapidement de sujet, et les discussions délicates ne viennent plus sur la table.

Puisque Joyce est occupée, elle ne vient que très peu se mêler à la conversation. Donc en réalité, la petite heure et demie qui passe est plus un instant de relaxation après trop de déplacements sans but.

— Vous avez été sages ?

La ferraille qui claque fait un sacré bruit, Willow et Nils l'ont vu venir depuis une bonne centaine de mètres et se sont dépêchés d'accourir jusqu'au chemin approximativement goudronné. Jerry traîne la remorque jusqu'au garage, depuis laquelle Willow peut voir la Mercedes, l'avant de la carrosserie relevée.

Joyce entend elle aussi le raffut et les rejoint peu de temps après. La journée a encore avancé, il doit être dans les quinze heures et demie, d'ici une trentaine de minutes, il ne fera plus du tout chaud.

Willow ne s'attendait pas à voir la dame avoir des yeux si grands en les posant sur son véhicule.

— C'est à toi ça ?

Willow se mord la joue. Son père comptait de toute façon lui léguer cette voiture quand il aurait eu un véritable travail. Peut-être que Willow a un peu triché dans le protocole, mais il fallait bien faire quelques débordements.

— C'est ma voiture, dit-il avec une simplicité presque surjouée.

— Elle est magnifique, un cabriolet de l'année 1958, 220S, il me semble que c'est la peinture d'origine.

— Ça l'est. C'est pour ça qu'elle fait un peu vieillotte.

Joyce effleure la carrosserie de ses mains, toujours aussi admirative. Quelque chose de plus lourd pèse sur la poitrine de Willow, il se souvient que Byron avait réagi de la même façon la première fois qu'il l'a vue, cette voiture. C'était quand leur groupe d'amis s'était réuni chez Willow une fin d'après-midi, et que le jeune homme, qui avait déjà une grande passion pour les voitures avait aperçu la Mercedes. 

— Tu vas bien ?

Willow se perd trop souvent dans ses souvenirs, ce n'est pas bon signe. Il n'a pas envie de se sentir mal pour des choses qui n'en valent même plus la peine. Comme il ne réagit pas tout de suite, Nils répète sa question en lui secouant le bras, doucement. Mais encore une fois, rien.

Nils fronce les sourcils.

— Willow !

Il abat le plat de sa main contre son omoplate. Il affiche tout à coup une grimace et se cambre en avant.

Avant qu'il n'ait pu l'incendier d'injures, Jerry se place à leurs côtés, un air un peu plus grave sur le visage.

— Dites, les gars, commence-t-il. Je dois parler à ma femme. Si vous pouviez aller dans le salon dix minutes ?

Joyce semble tiquer de la mauvaise façon, son corps pivote pour gravement se retrouver face au sien. Willow pressent la soudaine lourdeur dans l'atmosphère, et malgré l'air toujours nonchalant de Nils, il sait que ce dernier aussi. Alors il tire son camarade par le poignet et ils se retrouvent dans le séjour lumineux de la maison de campagne.

Ils se mettent à regarder aux alentours, l'espace est grand et chaleureux, tout en restant très modeste. Il y a des tableaux accrochés aux murs et des cadres photos. Beaucoup, beaucoup de photos. Nils mord sa joue en imaginant les clichés de lui qui trônent encore sur les étagères de sa maison.

— Ils ont un fils on dirait, remarque Willow en s'avançant vers l'un des clichés.

Nils ne bouge pas beaucoup. Être à l'intérieur le met mal à l'aise.

Mais Willow se décale sur le côté et il parvient à voir la troisième silhouette, plus petite, entre Jerry et Joyce des années auparavant. C'est une photo qui montre un enfant, qui doit avoir entre huit et neuf ans, habillé d'une chemise bleu ciel avec des bretelles extensibles, des cheveux bruns plaqués en arrière et un sourire éclatant. Il se tient le dos droit, les mains sur les genoux, et l'arrière-plan est sobre, jusqu'au mur blanc.

— J'ai une impression de déjà-vu.

Willow a un petit sourire, comme pour taquiner Nils. Ce dernier, pourtant, n'a pas une once de lumière sur le visage.

— Moi aussi.

Ce genre de famille tirée à quatre épingles pour le regard extérieur.

Nils tourne les talons, laissant Willow interdit face à sa réaction. Il le voit ouvrir la porte qui mène à l'arrière-cour.

— Tu vas où ?

— Faire un tour.

À ce stade, Willow ne sait même plus comment l'empêcher de faire ce qui lui passe par la tête, quand bien même cela deviendrait parfois inapproprié. La silhouette de Nils s'avance jusqu'à l'enclos, il s'y accoude et laisse le temps passer en regardant un petit étalon brun. Apparemment, il ne veut juste pas rester à l'intérieur.

Le vent se lève, en une unique bourrasque. Quelque chose claque à l'étage et Willow sursaute, levant les yeux vers l'escalier un peu plus loin. Dehors, Nils reste immobile, et personne n'entre dans la maison.

Le champ de blé s'agite, les nuages tournoient dans le ciel. Le temps sera moins clément dans les prochaines heures, c'est souvent comme ça quand il fait chaud et lourd en début de journée.

Encore un claquement, plus fort. En haut, il y a une fenêtre qui frappe.

Encore et encore, ça claque. Peut-être que le cadre risque de se fêler.

Willow mord sa langue, il se dirige d'un pas silencieux vers le garage, entrouvre la porte pour prévenir l'un des deux adultes.

— Tu sais que ça aurait pu très mal finir.

Mais la voix est tranchante, alors que ce n'est même pas vers lui qu'elle se projette. Willow s'immobilise, main sur la poignée, pendant qu'en ombre chinoise, les propriétaires se font face dans une discussion qui n'a plus rien de léger.

— Tu ne penses même plus à ta santé, tu n'as plus vingt ans Jerry, ce travail te prend toutes tes forces.

En réponse, le ton de Jerry reste bas sans se vouloir menaçant. Au contraire, c'est comme une prière.

— C'est pour ça que j'ai besoin de te le dire, sans eux je ne serai plus là.

Willow s'éloigne, un frisson désagréable lui remonte le long de l'échine. Il n'aime pas l'idée que leur présence crée un différend pareil.

Clac ! Clac ! Clac !

Willow fronce les sourcils, sans y réfléchir, il se dirige de lui-même vers les marches et les monte.

Il essaye de ne pas se montrer trop curieux, alors, il ne retient que le long couloir et les murs tapissés de papier peint crème, une porte au bout de l'allée, une vers le milieu, et une autre proche des escaliers.

Clac ! Clic !

Le bruit est plus sourd, plus proche aussi. Willow ouvre la première porte et se retrouve dans une chambre. Il siffle une petite injure en voyant les feuilles qui volent, surprises par le temps. Par instinct, il tente de les rattraper pour les placer sous la trousse du bureau, refermant sur le chemin les pages d'un livre qui n'arrêtaient pas de se tourner.

Il contourne le lit, qui prend une place conséquente de l'habitacle, mais est rapidement bloqué par l'oriel qui précède la fenêtre. Il suppose qu'il se trouve dans la chambre de leur fils. Malgré tout, Willow s'avance, un genou sur la banquette, veillant à ne pas y mettre ses pieds. Il pose ensuite ses mains sur le cadre de bois, penchant le torse pour pouvoir atteindre en extérieur la fenêtre qui tape avec hargne.

— Aucun de vous ne semble savoir à quoi ressemble un salon.

Willow manque de basculer, ses yeux s'écarquillent quand il se retient de justesse. Un cri lui échappe et la remontrance se mute en rire dans son dos. Il bouge le haut du corps, pour voir Joyce s'avancer au milieu de la pièce.

— Je suis vraiment désolé, la fenêtre elle...

— Je sais, je dis toujours à mon fils de la fermer avant de partir, et cette fois, c'est moi qui oublie.

Elle ne semble pas énervée. Plus énervée, se corrige-t-il. Quand Willow tente de s'éloigner des meubles, elle l'arrête d'un mouvement de la main, et vient s'assoir contre la baie. Timidement, Willow reste à ses côtés.

— Vous allez où ?

— On voyage juste, ce n'est pas vraiment quelque chose de planifié à l'avance.

— Et d'où vous venez ?

Willow ne lui répond pas. Alors qu'il soutient son regard, elle peut quand même voir ses doigts se resserrer sur son débardeur.

Pour elle, ce manque de réponse est une réponse à lui seul.

— Mon mari vient de me raconter les circonstances de votre rencontre, continue-t-elle.

— C'étaient pas de super bonnes circonstances.

— J'ai cru comprendre.

Il y a un silence, un peu pesant même. Et le vent claque toujours, donc Willow a juste l'air idiot d'avoir fait tout ça sans même avoir pu fermer cette fenêtre.

— Ta batterie est défectueuse et tu as des problèmes connectiques.

— C'est mineur comme problèmes ?

— Seulement si ça te dit de finir avec un moteur explosé au milieu du Connecticut.

Willow soupire, passant une main dans ses cheveux tout en baissant la tête.

— Je n'abuserai pas plus, je n'aurai pas de quoi couvrir les réparations.

— J'ai cru comprendre, aussi. Peut-être qu'on peut trouver un compromis.

Elle s'apprête à ajouter quelque chose, mais au lieu de ça elle se retourne vers l'arrière-cour.

— Qu'est-ce qu'il fait ? dit-elle à la place.

Willow se redresse pour suivre son regard et grimace. Comme si les minutes qui viennent de passer n'avaient pas été assez embarrassantes, Nils Miller semble vouloir s'occuper l'esprit autrement qu'en observant des chevaux.

— Excusez-le, je vais le chercher.

— Non, laisse-le.

Willow triture nerveusement ses doigts, pendant que Joyce se contente d'observer le jeune homme discrètement entrer dans la grange restée ouverte. Il soupire de désarroi. Il insiste en essayant de ne pas révéler la raison pour laquelle il a un mauvais pressentiment sur ce que Nils compte faire.

— Vous savez, Nils ne sort pas beaucoup de chez lui, donc il est assez curieux. Peut-être tellement curieux qu'il...

Joyce lâche un rire.

— Qu'il pourrait essayer de me voler ?

Le sang de Willow ne fait qu'un tour, et ses yeux s'arrondissent. Il s'apprête à rétorquer quelque chose pour noyer le poisson, mais elle l'interrompt.

— Je ne m'inquiète pas, termine-t-elle en tournant les talons pour quitter la chambre. C'est lui qui va avoir une sacrée surprise.

À peine a-t-elle prononcé cette phrase qu'un hurlement résonne et fait bondir Willow. Il se tourne en vitesse, juste pour entendre une voix vociférer dans les aigus. Le ricanement machiavélique de Joyce dans les escaliers atteint ses oreilles en même temps, créant un réel contraste de réactions.

— Ton ami vient de faire la connaissance d'Harold.

Quelques secondes plus tard, Nils détale par la grande porte, la terreur dans le regard. Il s'élance tel un forcené vers les champs, alors que dans ses pas cacarde une oie furieuse.

Suivant l'impulsion, toute la ferme s'emballe et les autres volailles mêlent leur cri à la cohue. Nul doute qu'à ce stade, n'importe quel potentiel voleur ne peut que se faire prendre la main dans le sac, c'est une véritable cacophonie. Willow peut voir Nils porter ses mains à ses oreilles alors que sa tignasse disparaît dans les blés, il croit même le voir s'y ramasser.

Puisqu'il a quitté le périmètre à risque, l'oie s'arrête, peste un instant dans le vide, son long cou mimant une ribambelle d'insanités avant qu'elle ne tourne les palmes pour regagner sa petite alcôve.

Le corps penché en avant, Willow ne rate rien du spectacle, médusé par l'organisation chaotique de tous ces animaux, et par l'absurdité de Nils. Le même Nils qui ne tarde pas à sentir son regard dans sa nuque, et qui grimace quand il se retourne pour lui faire face dans la distance. Joyce ouvre la porte d'entrée avec un air fier. Pour la première fois, Nils essuie un échec cuisant qui l'aura tourné en ridicule.

Leurs yeux plantés les uns dans les autres, c'est bien vite que la mine stupéfaite de Willow se mute en un puissant éclat de rire. Son camarade gonfle les joues en le voyant se retenir au cadre pour ne pas s'écrouler par terre. Le rire de Willow, il résonne dans les alentours, si éclatant que Joyce lève les yeux vers lui. Parce qu'à première vue, il semble plutôt discret et avec de bonnes manières, et que ce n'est pas à tous les coups que quelqu'un peut le faire rire comme ça.

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