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lettre 12

⠀⠀⠀⠀Ma Dorothée,

Du temps a passé depuis que je ne t'ai plus écrit. La raison est bien simple : je n'en ressentais plus le besoin. Réjouis-en-toi plus que de m'en blâmer, puisque cela signifie que je commence à aller mieux. Je crois que deux causes y concouraient : évidemment, ta mort, mais également ta mère persistant à vivre, ta mère qui t'a survécue.

En effet, nous pensons que les parents sont les premiers à partir, du fait de leurs âges plus avancés que celui de leur enfant ; ainsi, que ce soit ce dernier qui passe l'arme à gauche prématurément, cela est un choc. Or, c'était comme si elle avait cherché à ce que ce soit ce qui t'arrive — et c'est effectivement survenu. Alors, je ne pouvais être bien tant qu'elle vivait, car tous ces jours, toutes ces semaines durant lesquelles elle respirait me rappelaient douloureusement tous les mois que tu ne pourras plus vivre, les années qu'elle t'a volées.

Je ne sais toujours pas, à ce jour, ce qui l'a retenue de te suivre dans l'au-delà à l'instant où elle a appris pour ton suicide, étant donné que tu étais tout ce qu'elle avait. C'est presque comme si ta mort ne lui avait pas causé le moindre chagrin, quoi qu'en dise son entourage de son état des dernières semaines.

Enfin, je devais te le dire : elle a eu un enterrement. Pas dans ton cimetière. Ta mère l'a rédigé elle-même avant de décéder, expressément, en guise de pardon, peut-être. De fait, elle fut mise en terre à la fin août, peu avant la rentrée des classes. Je ne m'y suis pas rendue, tu penses ! Je ne sais si j'aurais pu retenir un éclat durant la cérémonie — tu sais comme je suis sujette aux rires nerveux.

Voilà autre chose dont je voulais te faire part : la rentrée. Comme prévu, j'ai fait mon entrée en classe prépa littéraire à Arras. Je m'interroge combien de temps tu m'aurais fait tes yeux penauds à l'entente de cette ville ? Nous aurions été plutôt éloignées puisque tu aurais dû entrer à Douai, pour faire du droit, mais je ne pouvais aller autre part que dans ce lycée qui me propose une spécialité arts plastiques ! C'est merveilleux tout de même, dans le département juste à côté du nôtre.

Par ailleurs, ce n'est pas comme si nous n'étions jamais allées dans le Pas-de-Calais : Douai se situe à un quart d'heure à peine de la frontière entre les deux départements, donc aux alentours de quarante minutes de l'autre ville, et nous sommes allées à la mer maintes fois dans celui-ci.

Cela ne fait qu'une poignée de jours que les cours ont débuté, mais je sens l'atmosphère de la prépa et je l'apprécie. C'est chargé de travail, de culture et de stimulation — pas mal de travail, certes. Mais je me suis assurée de lire tous les ouvrages qui le devaient cet été, malgré le manque de toi qui continue à me titiller parfois, comme un dur pincement au cœur.

Je me suis rendue hors du lycée pour visiter un peu la ville, accompagnée de mes nouvelles connaissances de la classe — je ne saisis pas comment je parviens à me lier d'amitié aussi aisément, je t'assure ! Parmi elles, une fille sortait d'un lycée d'Arras alors elle a fait office de guide touristique pour le reste du groupe. Elle nous a introduits au centre-ville : à la petite rue marchande — j'ai repéré deux librairies sur l'autre trottoir, elles me verront passer et repasser durant les années qui viennent —, aux deux places pavées reliées par un court chemin, c'est-à-dire celle du fameux Beffroi et l'autre, plus petite, mangée en partie par un parking.

Elle nous a présenté de loin le cinéma, bien caché à côté d'un restaurant, quelques cafés recommandés, le burritos, des boulangeries, puis la médiathèque, le musée, les divers parcs, la Citadelle — nous ne sommes pas entrés à l'intérieur car nous étions de plus en plus fatigués.

Mon constat est le suivant : c'est une ville plutôt agréable et jolie. Elle est pleine de toutes sortes de magasins et lieux intéressants que j'ai hâte de découvrir et de me familiariser avec au fil du temps. Pour le moment, cette ville m'est inconnue, mais bientôt, j'y aurais tant vécu, tant expérimenté, tant ressenti, je le crois, qu'elle sera devenue mienne, qu'elle sera nôtre.

Cela m'attriste de commencer cette vie et de la vivre sans toi, Dorothée, cependant, il faut que je reprenne le cours de ma vie. Tu restes dans ma tête, mon cœur, mon corps, mais j'ai besoin de me concentrer sur d'autres choses, de me changer les idées, ou je risque de ne plus pouvoir remonter des eaux noires dans lesquelles le manque de toi m'entraîne.

C'est certainement la dernière lettre que je te rédige. Je ne t'en aurais composé que douze, pour un simple été de deux mois. N'est-ce pas déjà un grand nombre ? J'y ai consigné mes sentiments, mes douleurs, mes songes, mes souvenirs, ma rancœur, ma colère, ma tristesse, tout l'amour que j'avais pour toi. Oh, il est toujours là, mais je le sens qui s'apaise, comme s'il avait compris qu'il devait se faire plus petit pour que je respire à nouveau.

Je pense déjà au moment où je relirai ce paquet de correspondance à sens unique — dans des semaines ? des mois ? années ? —, me remémorerai ta mémoire, mon ange, et ce que nous avons vécu ensemble. Ce seront des pensées chargées de reconnaissance alors, de tendresse et d'affection. Et d'amour aussi, car je t'ai aimée avant tout, et en premier. C'est ce qui prime, qui a toujours primé et ce qui primera jusqu'à la fin.

⠀⠀⠀⠀Repose en paix, Violette.

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