Chapitre 6 Solitaire
Deux soldats de chaque côté du véhicule menaçaient le caporal de leur Famas.
— Holà, on se calme les gars. Caporal Duclos du SPM, annonça-t-il en levant les bras.
— Charles, demanda le propriétaire de la lampe torche l'aveuglant ?
— Michael ?
Le visiteur descendit de son véhicule pour approcher du légionnaire qui l'agrippa brutalement pour le faire descendre.
— Tu es inconscient, deux équipes sont en entraînement de survie.
Charles connaissait suffisamment le caractère intolérant du légionnaire pour en venir directement sur le sujet.
— J'ai aperçu une voiture non autorisée circulant feux éteins dans la base.
— Un soldat a dû s'égarer et... non, rien, annonça le soldat en secouant négativement la tête.
— Quoi, va au bout de tes pensées !
Le responsable de la sécurité zone hocha le visage sur le coté pour faire signe à son équipier de le suivre.
— Michael, s'exclama Charles en l'empoignant.
Le légionnaire baissa le regard avec amertume en direction de la poigne.
— N'es tu pas responsable de la zone, remarqua Charles ?
— Quitte la zone, Charles.
— T'es sérieux, Michael, on est dans une enceinte militaire, la prochaine ouverture de la base n'est...
Le caporal aperçut avec effroi de petits tremblements dans le coin de l'œil gauche du légionnaire.
— Quittez la zone, caporal Duclos !
— Je connais les sentiments de chacun à mon égard. Dès leur arrivée, le « bleu bites » sont immédiatement mis dans la confidence à mon sujet. Je ne suis pas un ramier°, loin de là. J'exécute mes T.I.G°, tout autant que le reste du casernement. Les règles sont les mêmes pour chacun. Une fermeté personnelle doit être présente chaque jour, nous représentons la nation avec...
— La première ligne de clôtures électrifiées composées de « lames de rasoir », détecteur de choc, le système de vidéosurveillance, les rondiers, le portillon PNG sécurisée, rendent toute intrusion impossible, annonça le légionnaire en balayant du bras devant lui. Aucun véhicule ne peut rouler sans avoir été enregistré au préalable.
Duclos serra les poings de colère.
— Et si j'avais raison ?
— Sur quelle base veux-tu que je te croie, tu es le seul témoin ? De toute manière nous sommes dans la zone d'entraînement d'une superficie de six kilomètres carrés et j'aurais entendu le moteur.
Le sergent-chef avait raison, le hangar de Charles était le dernier avant la forêt, les collines. Et si la voiture ne faisait pas de bruit ? Était-ce un véhicule électrique ? Il avait oublié s'il avait entendu le bruit du moteur ou non ?
— Éloigne-toi de trente mètres, quitte la zone, ordonna le légionnaire en lui tournant le dos.
— Michael, merde, qu'est ce qu'il t'arrive.
— Le première classe Jonas Tomas, tu vois qui c'est, hein. Pour retard après permission, il avait pris quarante-huit heures au gnouf°. Sa cousine avait traversé tout le pays pour rendre visite à sa mère en clinique. Jonas devait l'accueillir quelques jours, mais les clés de son appartement se trouvaient dans son treillis. Il avait demandé à la guérite de la laisser passer pour lui montrer de quelle manière utiliser la clé pour ouvrir la porte. Requête stupide, mais louable. Tu l'as balancé. Résultat, une semaine de trou ainsi que trois semaines sans week-ends.
— Oui, mais...
— Elle venait en pleine journée. Certes, ce n'était pas réglementaire, mais sans risque pour la sécurité de la base.
Le légionnaire pointa sèchement l'horizon. Il entendit le claquement de portières, puis un bruit moteur. Charles se retrouva seul dans la pénombre. Il contournait la portière conducteur lorsqu'il aperçut la silhouette de la voiture inconnue dénuée de tout bruit. Le caporal s'engouffra dans son véhicule pour mettre le contact. Il enclencha la première vitesse pour faire vrombir les chevaux. Un léger impact résonna à l'arrière de sa jeep, suivie aussitôt par des grésillements saccadés de couleurs. Le moteur cala pour ne plus démarrer. On avait bombardé son véhicule tout terrain à l'aide d'impulsions électromagnétiques provoquant l'arrêt du moteur.
— Merde, merde, merde !
Il attrapa son portable pour découvrir qu'il était lui-même hors service.
— Michael, Michael, hurla-t-il en ouvrant la portière.
Personne ne répondit, il n'était plus dans les environs. Il aperçut à l'est une loupiote rouge au sommet d'un poteau. Il se souvint qu'un ancien bâtiment abandonné se trouvait à proximité. Un téléphone d'urgence devait inévitablement être disponible. Le caporal courut dans les fourrés pour repousser la végétation. Il trébucha dans un fossé pour s'égratigner le visage dans les ronces. Charles hésitait à bouger, ce n'était pas des amateurs, mais des professionnels !
Le simple fait de ne pas l'avoir tué démontrait qu'il n'avait aucune importance, même en vie.
Mais, lui non plus n'était pas un amateur, il servait l'armée française.
Il se releva pour prendre la direction du bâtiment abandonné.
Ramier : se dit d'un militaire fainéant, qui cherche à tout éviter aux fins de ne pas être ennuyé.
T.I.G. : travaux d'intérêt général (corvées d'entretien du casernement).
Gnouf : prison militaire.
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