Chapitre 14 Excès de zèle
Dans le couloir, le brigadier Lancia patientait soucieux en maintenant la poignet de la porte. Le tremblement des doigts démontrait son inquiétude. Les cris de douleurs provenant de la chambre résonnaient dans le couloir. Jonas hésitait à tourner la poignet, il refusait d'assister à une scène compromettante. Quelles solutions se présentaient à lui ? En avait-il vraiment ?
À l'intérieur de la chambre, le commissaire dévisageait l'homme de main du clan Chiro pleurant de douleur. Trois doigts de sa main gauche avaient été brisés. Il tentait stupidement de les replacer à contorsionnant sa main. Marcello était conscient d'être allé trop loin, d'avoir profité honteusement de son statut de policier. Il avait tenté une première approche en inventant une fausse origine Florentine, d'être fan de Calcio. Il était né à Naples et mourrait à Naples !
La seconde approche en énonçant des aveux familiaux était toute aussi fausse. La photo sur son portable était un lointain cousin Carabinier. Il avait été assassiné hier dans la soirée en mission dans les abords de Naples. La mère du jeune homme avait demandé à Marcello de le venger !
Il n'avait croisé Laura, la mère du carabinier et Sophian, qu'à deux reprises.
Sophian était tout aussi incorruptible que lui, mais cela lui avait fait défaut.
Toute vengeance était proscrite dans la police.
Il ne pouvait décemment pas rendre service à sa lointaine cousine.
Le commissaire gifla Alphonso avant de l'attraper à la gorge.
— Que s'est-il passé au Cimetière de la Fontanelle, réitéra Marcello.
— Je... je l'ignore, je n'ai aucun souvenir !
Marcello ne parvenait pas à définir la réalité dans la réponse. Son regard trahissait une vérité, mais tous les membres de clan savaient mentir.
Le commissaire empoigna sèchement le malade pour le plier sur le côté. L'ancien joueur de Calcio Florentin ne le quitta pas du regard en restant dans la plus grande incompréhension. Le Florentin assistait impuissant à son basculement au-dessus de la barre de maintien. Alphonso hurla de douleur en déboîtant son bras menotté dans la chute. Marcello recula de quelques pas pour contempler avec ravissement le spectacle.
La porte s'ouvrit, le brigadier Lancia pénétra dans la pièce pour dévisager l'homme étendu, le commissaire ne lui prêtant aucune assistance! Les hurlements de douleur du blessé attirèrent son attention. Il se précipita pour rester agenouillé en ne sachant quoi faire, car il n'avait pas la clé des menottes.
— Commissaire ? Que s'est-il passé ? demanda-t-il en tentant maladroitement de relever le bandit.
Alphonso se débattait vainement en hurlant de douleur. La menotte lui bloquait le poignet en lui tranchant les veines, en s'enfonçant dans les muscles. Le docteur fit irruption dans la chambre pour se figer d'indignation en apercevant le blessé au sol.
— Mais, qu'avez-vous fait, commissaire ?
— Je n'y suis pour rien. Il a tenté de m'agresser physiquement avant de trébucher dans le vide.
Le docteur secoua le visage pour l'ignorer aussi vite. Il immobilisa le bras du blessé tout en renseignant le brigadier sur la manière de le relever. Le médecin inocula un tranquillisant au malade pour l'endormir. Le commissaire pointa la sortie en fixant le brigadier.
— Bon, je retourne à ma place, confirma-t-il en quittant la pièce.
Marcello approcha du médecin.
— C'est quoi votre histoire de choc émotionnel pouvant supprimer la mémoire courte de l'événement responsable du coma !
— Certaines situations peuvent être chassées des souvenirs, car trop difficiles à accepter.
Le commissaire secoua le visage en soufflant. Le médecin reprit.
— Le subconscient d'un accidenté de la route peut trouver préférable de chasser tout souvenir. J'ignore ce qu'a pu voir monsieur Di Lyota, mais son esprit a choisi de lui faire oublier.
Le commissaire ne regrettait absolument pas son excès de zèle.
Cela ne devrait cependant plus se reproduire !
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