Pour Adélaïde, il n'y avait pas que le slogan qui était bon à jeter. La société toute entière était malsaine. Elle ressentait un dégoût complet pour ceux qui étaient aux commandes de ce royaume, elle avait du mal à se l'expliquer... Mais elle savait que jamais rien ne changerait dans ce maudit empire. Les gens se laissaient faire sans rien dire ! Les seules questions qu'elle se posait, c'était pourquoi ces gens ne se révoltaient-ils pas ? Que cachaient les membres hauts placés du gouvernement ?

Même à l'école, Adélaïde éprouvait des difficultés à écouter et à se concentrer. Pour elle, les cours ne lui apporteraient jamais rien de bon. En même temps, si les cours étaient tous comme cette propagande, elle n'avait peut-être pas tort. Le pire pour elle, c'était les théories philosophiques sur l'existence humaine et sur le sens de la vie : "Qui sommes-nous, et d'où venons nous ? Pourquoi existons nous ? Où est la place de dieu ? Où est la place de nos dirigeants dans notre vie actuelle ?". Même dans ces théories soit disant philosophiques, on aimait montrer la supériorité du genre humain et de ces quelques hommes. Les pauvres êtres humains en dessous devaient nécessairement accepter d'obéir aux lois et aux exigences de ce qui détenaient ce pouvoir suprême. Adélaïde était révoltée par tout ce cirque. Elle était vue comme la cancre de l'école, celle qui était paresseuse, et qui ne voulait rien faire... Elle préférait encore ne rien faire que d'écouter toutes ce histoires de richesses et d'héritage à dormir debout !

Même dans l'histoire du pays, il n'y avait jamais rien eux de glorieux. On racontait que la royauté il y a plus de mille ans a décidé de scinder son pouvoir en plusieurs parties et de créer des membres de la haute société : les dirigeants. Ces derniers ont obtenus le grade de "Haute Autorité Suprême". Toutes les décisions leur revenaient. Même le droit de vie et de mort sur les individus leur appartenait. Aussi, seule la descendance de ces dirigeants pouvaient prendre la relève après plusieurs années de formation. Jamais personne d'autre n'avait connu ces hautes fonctions. Les gens qui s'enrichissaient étaient les sous-maîtres des dirigeants. Adélaïde les appelait "les larbins de service" car ils devaient faire tout le sale travail ! Pour elle, la richesse ne garantissait rien, bien au contraire...

Un soir en rentrant de l'école, Adélaïde était encore en train de se faire tout un tas de théories farfelues sur ces petits "larbins de service" dans sa tête lorsqu'elle fût interrompue par  une rixe sur la voie publique. Elle avait l'air d'être la seule à voir ce combat entre ces deux mafieux. L'un était habillé de noir de la tête aux pieds, et avait de drôles de bracelets noirs au mains, un peu comme si c'était des talismans. L'autre était vêtu d'un costume de sous-maître (pantalon gris et chemise blanche). Personne à part les dirigeants ne pouvait porter du noir.

Elle se rapprocha et écouta un peu la discussion :

"Où est l'argent que tu me dois ? Tu as voulu cette potion délirante pour ton bien-être, pour tout oublier, alors tu vas me payer maintenant ! "

"Mais je n'ai plus d'argent, je t'ai déjà tout donné pour les autres potions ! Et à chaque fois les prix augmentent et tu me demandes en plus une rente pour être sous-maître. Je n'ai plus rien, tu m'as tout pris. Avance moi et je te payerais le mois prochain"

"Aucune chance que je t'avance de l'argent ! Puisque tu ne peux pas payer, je vais te faire souffrir pour ce manquement ! Je vais te couper un doigt ! Accepte ce deal, et je ne te demanderais plus la somme que tu me dois ! "

"Non ne faites pas ça, s'il vous plait, j'ai besoin de mes doigts pour travailler !"

"OK alors, tu te passeras d'un orteil ! "

"Non, faites pas cela, je ferais tout ce que vous voudrez ! "

"Accroupis toi à terre incapable ! "

Le jeune sous-maître s'agenouilla à terre. Le dirigeant leva son bras, la paume de la main ouverte. De celle-ci jaillit une petite sphère rouge...

Adélaïde ne comprenait pas tout ce qui se jouait sous ses yeux mais elle ne pouvait pas laisser un dirigeant s'en prendre à un homme sans défense. Avant qu'il ne commence à jeter cette boule rouge, Adélaïde s'interposa entre les deux individus. Elle cria "Stop", mais la boule rouge la toucha en pleine poitrine.

Elle tomba à terre. L'avant dernière chose qu'elle entendit avant de sombrer fût la remontrance du dirigeant "Cela te servira de leçon jeune fille ! Ne te mets plus jamais en travers de mon chemin ou de celui de mes amis ! Saches que la prochaine fois ton sort sera bien pire que celui-ci ! Tu as eu le châtiment de cet homme ! Ne crois pas qu'il se souciera de ton état de santé ! Il te laissera agoniser sur le trottoir, sans état d'âme, car tu es une enfant du bas-royaume, autrement dit une moins que rien... Et les gens de votre espèce, nous n'en avons rien à foutre! Dors bien demoiselle et ne parle à personne de ce que tu as vu sinon je te le ferais payer au centuple".

Puis les deux hommes s'en allèrent, chacun de leur côté la laissant inerte sur le trottoir.