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Chapitre 2



Lorsque nous entrâmes dans le petit restaurant, encore vide, une clochette tintinnabula. Immédiatement, une petite femme toute ronde d'une cinquantaine d'années émergea de la cuisine. Elle nous accueillit chaleureusement, son visage poupin animé d'un immense sourire.

-Ah ! Bonjour Angel ! s'exclama-t-elle, lorsqu'elle eut reconnu le jeune homme. Qu'est-ce que je peux vous servir ?

-Je voudrais deux cafés s'il te plaît. Et un pain au chocolat pour moi. J'ai une faim de loup !

Elle rit et s'avança vers lui, afin de lui claquer une bise énorme sur la joue.

-Laisse-moi te regarder d'abord. Tu n'aurais pas grandi depuis la dernière fois ?

Je vis nettement le jeune homme lever les yeux au ciel et ouvrir la bouche pour répliquer, mais elle ne lui en laissa pas le temps.

-Tu ne viens plus me voir, lui reprocha-t-elle d'un faux air réprobateur, avant de lui ébouriffer les cheveux.

Inutile de préciser que ce geste lui demandait une sacrée capacité d'élongation, car le jeune homme mesurait bien deux têtes de plus qu'elle. Cette fois, Angel rit franchement.

-Tu rigoles Nina ?! Je suis venu il y a trois jours... Et accessoirement, non, je n'ai pas grandi depuis cette fois-là. Je te rappelle que j'ai 20 ans, pas 15 !

Mais la quinquagénaire ne s'intéressait déjà plus à lui. Elle se glissa jusqu'à moi et me prit les mains.

-Mais qu'avons-nous donc là ? demanda-t-elle de sa voix joyeuse aux accents vifs et sautillants.

Angel se tourna vers nous.

-Ah ! Nina, je te présente Alena. Je l'ai rencontrée sur la plage, et elle avait l'intention de m'étriper. Du coup, pour la calmer, je lui ai proposé un café.

La serveuse me contempla d'un air complice.

-C'est bien, il faut avoir du caractère. Sinon, les hommes s'imaginent qu'ils peuvent faire ce qui leur plaît !

Je ris franchement à sa remarque, tout à fait d'accord avec elle. Je devinais que quelque chose de sous-entendu se cachait derrière ses paroles, mais je ne pus pas approfondir la question, car elle s'était mise à me tourner autour, me scrutant de la tête aux pieds. Je me sentis soudain très gênée, simplement vêtue de mon maillot de bain à peine couvert par le paréo chamarré, et chaussée de mes tongs encore pleines de sable. Angel, qui était revenu vers nous, dû s'ne apercevoir, car il la rabroua gentiment.

-Nina ! Tu ne crois pas qu'elle soit déjà assez embarrassée comme ça ? Il faut vraiment que tu te mettes à l'examiner ?

Celle-ci releva ses grands yeux marrons sur moi.

-Tu es mal à l'aise ? me demanda-t-elle de but en blanc.

Je rougis.

-Euh... Un peu, admis-je.

Elle émit un claquement de langue réprobateur.

-Tu ne devrais pas. Tu es magnifique. Tous les garçons doivent tomber amoureux de toi !

Angel soupira bruyamment en se frappant le front du plat de sa main droite, tandis que je rougissais de plus belle.

-C'est sûr, maintenant, elle va se sentir mieux... grommela-t-il. Décidément, tu ne changeras jamais.

La patronne du bar éclata de rire et s'éloigna de moi, mettant un terme à son examen un peu intrusif.

-Installez-vous ! nous ordonna-t-elle. Mettez-vous où bon vous semble. Vous êtes mes premiers clients, vous avez l'embarras du choix.

Puis elle disparut derrière l'immense comptoir. Tandis qu'Angel me guidait vers une table isolée, prêt d'une fenêtre avec vue sur la mer, je l'entendis s'affairer à la machine à café, à grands renforts de bruits de vaisselle entrechoquée. Il régnait, dans la salle, une ambiance de diner américain des années 70. Nina m'aurait annoncé avoir tenu un motel sur la route 66, ou perdu dans le désert du Texas, que je n'aurais pas été plus surprise que cela. Inconsciemment, je souris, l'impression d'être rentrée à la maison s'emparant de moi. Partout sur les murs, des images de jeunes femmes aux allures de guerrières, en mini-shorts et tatouées, souriaient aux clients de toutes leurs dents blanches. Montées sur des patins à roulettes et couvertes d'ecchymoses, elles sortaient visiblement de matchs de roller-derby qu'elles venaient de remporter.

-Nous avions fière allure, n'est-ce pas ?

Plongée dans la contemplation de ces souvenirs d'hier, aux couleurs passées car par trop exposés à la lumière, je n'avais pas entendu Nina approcher.

Je me retournai et la regardai, étonnée.

-Vous êtes sur les photos ?

-Bien sûr ! sourit-elle.

Elle se contempla de la tête aux pieds d'un air espiègle, et ajouta, faussement attristée :

-Même si j'étais beaucoup plus jeune, à l'époque... Et que j'avais quelques kilos de moins !

Par politesse, je voulus protester, mais elle ne m'en laissa pas le temps, et désigna une jeune femme svelte qui se tenait au centre de l'image.

-C'est moi, là, qui tient le trophée. C'était notre troisième titre de championnes Junior d'Australie, et j'avais à peine ton âge.

Elle se perdit dans ses souvenirs, un sourire nostalgique aux lèvres, tandis que je poussais un sifflement d'admiration. Je ne pus m'empêcher de me comparer, moi, pauvre fille anonyme, à cette femme qui avait mené une vie plutôt trépidante, malgré l'apparente banalité dont elle s'entourait.

-J'étais leur capitaine, souffla-t-elle doucement. Et j'adorais ces filles. Elles avaient un cœur en or et un corps en béton. De vraies athlètes ! Elles m'auraient suivies au bout du monde. Malheureusement, alors que j'étais destinée à une carrière prometteuse, je me suis grièvement blessée au genou droit lors d'une compétition. Une chute qui m'a valu plusieurs mois de rééducation, et une interdiction formelle et définitive de recommencer le roller derby.

Je ressentis son amertume jusqu'au plus profond de moi. Comment aurais-je réagi, à sa place ?

-Oh ! reprit-elle d'un air espiègle, en esquissant un geste désinvolte. Ne fais pas cette tête-là, mon poussin ! Ma vie n'aurait sûrement pas été aussi belle si j'avais continué le sport, crois-moi !

Je la considérai, étonnée. Elle embrassa la salle du restaurant du regard. Un regard empli d'amour.

-J'ai repris ce café, qui appartenait à mes parents, et que j'adorais déjà toute petite. Je me suis mariée, j'ai eu deux enfants magnifiques, et la chance de pouvoir les voir grandir. Pour moi, cette blessure a été une bénédiction, même si, bien sûr, je ne l'ai pas vécu de cette manière sur le moment. Il m'a fallu prendre quelques années de recul, avant de comprendre que le sort m'avait épargné une vie à courir les championnats d'un bout à l'autre du pays, dans un bus au confort rudimentaire. D'autant plus que la carrière d'une joueuse de derby est courte, car cela demande d'être plus qu'en bonne forme physique. Il faut être au top en permanence ! Et, lorsque tout s'arrête, il ne reste rien. Crois-moi, ce tournant m'a rendue bien plus heureuse !

J'étais impressionnée par une telle leçon de vie. Elle avait transformé ce qui aurait pu être une éternelle faiblesse en force, et elle avait, en fin de compte, eu tout ce dont elle avait pu rêver. Voilà qui donnait à réfléchir... Nina me sourit, et je rejoignis Angel, qui était toujours assis à table, tandis qu'elle nous apportait notre commande. Je la remerciai d'un signe de tête amical et elle tourna les talons. Je me retrouvai seule avec Angel, et une certaine gêne s'empara de moi. Je ne le connaissais pas, et je ne savais pas quoi lui dire. Pour me donner une contenance, je trempai les lèvres dans le breuvage, brûlant mais délicieux, et me tournai vers l'extérieur. Par la fenêtre, je pouvais voir le soleil grimper dans le ciel, et la plage, se remplir doucement. Quelques enfants jouaient dans le sable, se poursuivant à grand renforts de cris perçants, tandis que des couples d'amoureux se promenaient main dans la main. Dans le café, les clients les plus matinaux commençaient à affluer. Je jetai un coup d'œil discret au jeune homme installé face à moi qui semblait, lui aussi, absorbé dans la contemplation du spectacle qui se déroulait sous nos yeux. J'en profitai pour le détailler, cachée derrière une mèche épaisse de mes cheveux blonds. Il avait des traits masculins, finement dessinés, et son visage était encadré de boucles brunes aussi brillantes que des fils de soie, ce qui lui donnait un côté rebelle. Lequel lui allait, soit dit en passant, comme un gant. Son nez était droit, sa mâchoire, volontaire, et ses lèvres arboraient en permanence ce qui me semblait être une moue désinvolte. Il était grand et musclé, sans l'être de trop. Juste ce qu'il fallait pour que son corps élancé soit parfaitement proportionné. Un physique très avantageux, en somme, pour un garçon qui semblait en avoir suffisamment conscience pour en jouer. Je souris, amusée. Il avait confiance en lui sans pour autant se prendre réellement au sérieux, et ça me plaisait. Il dû sentir que je l'examinais, car il tourna brusquement la tête vers moi. Précipitamment, je baissai les yeux sur ma tasse. Je ne pouvais pas être certaine qu'il m'ait eue surprise en flagrant délit de contemplation, mais je pris tout de même le parti de détourner son esprit d'une éventuelle image de moi en train de le détailler avec intérêt, afin d'éviter de tourner au rouge pivoine.

-Merci pour le café, dis-je, brisant donc le silence qui s'était installé entre nous et, par la même occasion, mon embarras. C'est vraiment très agréable de se poser un peu. Je trouve que l'on ne prend pas suffisamment le temps de s'asseoir et de profiter.

Il esquissa un sourire, et acquiesça vivement.

-Je suis d'accord. Et puis on ne rencontre pas de nouvelles personnes tous les jours. C'est bien aussi de s'arrêter de courir un instant et de discuter un peu.

Je souris en signe d'assentiment, avant de porter à nouveau la tasse à mes lèvres. L'amère boisson avait un peu refroidi, et ne me brûla cette-fois pas le palais lorsque j'en avalai une gorgée avec délectation.

-Alors, fit soudain Angel, croisant ses bras sur la table. Parle-moi un peu de toi. Quel âge tu as, d'où tu viens, quelle est ta vie, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, si tu as un petit ami...

Je tiquai à ces derniers mots, et le considérai un instant, décontenancée par cette entrée en matière un peu brutale. Son regard franc soutenait le mien sans vergogne, pas du tout gêné de se montrer aussi clair. J'éclatai de rire devant tant d'aplomb.

-Toi, remarquai-je, on peut dire que tu n'y vas pas par quatre chemins !

Sans se départir de son sourire, il haussa les épaules.

-Nous sommes là, à prendre un café, juste toi et moi. Tu m'intéresses, car tu as l'air différente des autres. Et puis, c'est bien connu, qui ne tente rien, n'a rien. Après... Tu n'es pas obligée de répondre, c'est toi qui voit !

Je pouffai à nouveau en levant les yeux au ciel, puis posai mon menton sur mon index, en signe de réflexion.

-Et bien... murmurai-je pour moi-même, cherchant par où commencer. Comme tu le sais, je m'appelle Alena, j'aurai 18 dans quelques mois. Je suis en terminale, et je suis passionnée de surf. J'ai un petit frère, Thomas, qui a 12 ans, et nous vivons tous les deux avec ma mère, dans un immeuble pas très loin d'ici. Mon père est resté à Los Angeles, d'où je viens, et nous avons déménagé ici il y a huit mois, avec ma mère. Mutation professionnelle obligeait. Plus tard, je ne sais pas encore ce que je ferai.

Je marquai une légère pause et sourit, amusée par ce que je m'apprêtais à dire.

-Sinon, non, je n'ai pas de petit ami. J'ai rompu avec mon ex juste avant de venir ici. Ou plutôt... Il a rompu avec moi. Les relations à distance ne sont apparemment pas son fort.

Je levai les yeux au ciel, sentant poindre de nouveau l'agacement que j'avais ressenti à l'annonce de cette nouvelle. Non pas que j'avais été folle amoureuse de lui, cela faisait à peine quatre mois que nous étions ensemble, mais son excuse m'avait semblé vraiment insuffisante, sachant que je rentrerais pratiquement à chaque période de vacances, afin de voir mon père.

Angel hocha la tête d'un air compréhensif.

-Beaucoup de garçons ont un peu de mal avec, disons... Le manque de contacts physiques récurrents.

Je pouffai.

-C'est sûrement ça...

Il me fit un clin d'œil, et esquissa un geste large.

-C'est l'occasion de recommencer une nouvelle vie ! Regarde autour de toi. Les chances de repartir à zéro, ce n'est pas ce qui manque ici, crois-moi.

J'acquiesçai mollement, perdant soudainement mon sourire.

-Tu as sûrement raison... Mais pour être honnête, j'aurais préféré rester à Los Angeles. Ce changement de vie est le synonyme du divorce encore récent de mes parents, et j'ai un peu de mal à l'accepter.

Il y eut un instant de silence, durant lequel je crus que j'en avais trop dit. La gente masculine était connue pour avoir peur que le sexe opposé ne se confie à elle, car parler était synonyme de passage à une étape supérieure. Je me mordis donc l'intérieur de la joue, déjà en proie aux regrets. Mais, contre toute attente, il finit par me répondre, jouant distraitement avec sa tasse de café vide.

-C'est normal que ça te fasse cet effet-là. Tu auras forcément un manque. Moi, je n'ai jamais connu mon père. J'ai grandi seul avec ma mère, et nous avions des difficultés à nous en sortir. Ce n'est pas facile pour une mère seule d'élever un enfant. Elle qui m'avait eu très jeune, et qui n'avait pas la moindre qualification, devait cumuler trois boulots pour m'offrir un cadre de vie décent. Serveuse dans un restaurant le jour, dans un bar la nuit, et de temps en temps à s'improviser garde d'enfants... Elle n'était pas souvent à la maison. Et même si, à présent, j'ai un beau-père avec lequel je m'entends très bien et une demi-sœur aussi insupportable qu'irrésistible, il me manquera toujours quelque chose. Quand tu commences à te poser des questions, sur toi, la vie, les filles... Tu as besoin que ton père soit là pour t'éclairer. Ma mère a essayé de jouer ce rôle, mais ce n'était pas pareil. J'ai plus ou moins dû m'élever tout seul. Et quand est venu le temps de commettre des erreurs...

Il prit une profonde inspiration, comme s'il cherchait à démêler ses pensées. Je devinais, dans son passé, un épisode douloureux, quelque chose qui le tracassait, et qui avait probablement eu de lourdes conséquences.

-Peut-être que...

Il s'interrompit de nouveau, et se mit à jouer nerveusement avec sa cuillère.

-Si j'avais eu un père à ce moment-là...

Il serra convulsivement les mâchoires, le regard sombre. Hésitante, je levai la main, prête à la poser sur la sienne, en signe de sollicitude. Mais il se redressa, retrouvant son sourire.

-Non, rien. Ce n'est pas important.

Je lui rendis gentiment son sourire, comprenant tout à fait que nous n'étions pas suffisamment proches, et que nous ne nous connaissions pas depuis suffisamment longtemps pour qu'il me parle de ce moment de sa vie.

-On y va ? me demanda-t-il finalement, après quelques secondes d'un silence que nous ne savions pas comment briser.

J'acquiesçai en souriant. D'un coup d'œil rapide à l'horloge, je constatai qu'il était prêt de 11h00 du matin. J'allais peut-être rentrer à présent. J'étais partie sans mon téléphone portable, et ma mère allait finir par s'inquiéter si elle ne me voyait pas revenir. Mais, alors que je m'apprêtais à remercier Angel pour le café, une tornade rousse s'engouffra dans le café et se rua sans hésiter en direction de notre table.

-Eh, oh ! pesta Nina, depuis son comptoir. Fais un peu attention Josh, j'ai des clients, moi !

L'intéressé lui envoya un geste obscène en guise de réponse, et la femme leva les yeux au ciel en soupirant.

-Ces jeunes... l'entendis-je grommeler entre ses dents. Ils se croient tout permis aujourd'hui. Il n'y a plus le moindre respect.

Un homme, qui se tenait debout devant le bar, abonda dans son sens, et je ne pus m'empêcher de sourire.

-Je savais que je te trouverais là, gros lourdaud ! s'écria le rouquin qui venait de débarquer sans préavis, forçant Angel à se décaler d'une chaise.

Le jeune homme, sans gêne, qui venait de prendre place face à moi et que je dévisageais à présent d'un air un peu ahuri, posa son menton sur ses mains, et me détailla, dépourvu du moindre complexe.

-Elle est mignonne, dis-donc ! Qui c'est ?

Angel secoua la tête d'un air désolé.

-Lui, c'est Joshua, mon meilleur ami, me le présenta-t-il. Josh, pour les intimes. Il est un peu... Enfin, tu vois, quoi.

Je ris doucement, et ledit Josh envoya une bourrade mécontente à son ami en protestant.

-Commence pas, Angel ! Sinon, quelle opinion tu crois qu'elle va avoir de moi ?!

Stoïquement, ce-dernier répondit que je m'en étais probablement déjà fait ma propre idée, et le rouquin me regarda d'un air catastrophé. Ce qui, soit dit en passant, m'arracha un nouveau sourire amusé. Mais il se reprit bien vite, et me tendit une main joviale, aussi ouverte et franche que l'était l'expression qui animait son visage. Derrière cette apparente nonchalance, je devinais aisément que se cachait un grand cœur. Et l'aisance qui se dégageait de lui contrastait avec l'aura de mystère qui entourait Angel. Ces deux-là avaient l'air d'être aussi semblables que pouvaient l'être le docteur Jekyll et Mister Hyde.

-Je suis enchanté ! déclama-t-il. A qui ai-je l'honneur ? Si j'avais déjà croisé pareil visage par le passé, je m'en souviendrais !

Je rosis sous le compliment, et lui rendis sa poignée de main.

-Alena, répondis-je en me prêtant au jeu de bonne grâce. Enchantée également.

Son visage s'éclaira soudainement, et Angel soupira.

-T'emballe pas, elle n'a que 17 ans.

Moue déçue.

-Vraiment ?

J'acquiesçai, l'air contrit, avec la vague impression d'être vendue sur un marché au poisson. Josh haussa pourtant les épaules.

-Ce n'est pas grave, ce n'est pas une fatalité. Après tout, moi, je ne suis pas majeur depuis très longtemps ! Ça ne nous fait que quatre ans de différence, ce n'est pas insurmontable.

Cette fois, je pouffai carrément.

-N'allons pas trop vite, protestai-je, cherchant à mettre un terme à cette conversation à sens unique quelque peu déroutante. Je crois que nous ne nous connaissons pas encore suffisamment pour envisager quoi que ce soit de cet ordre !

J'avais dit ça en riant, mais, à vrai dire, je ne plaisantai qu'à moitié. Il m'adressa cependant un clin d'œil éloquent.

-Ça, ça peut s'arranger !

Angel m'adressa un regard qui me signifiait que je n'étais pas obligée de lui répondre, et je lui en sus gré. J'ignorai donc l'insistance un peu lourde du jeune homme et me levai, afin de prendre congé du couple atypique. Mais Josh ne l'entendait visiblement pas de cette oreille.

-Quoi... Tu pars déjà ? m'interrogea-t-il d'un air hébété.

Je regardai Angel d'un air ennuyé, et il esquissa un geste d'impuissance. Apparemment, lorsque son ami était parti, on ne l'arrêtait plus.

-Et bien... C'est-à-dire que... tentai-je.

Le nouveau venu se remit alors debout, s'interposant entre moi et la sortie.

-Non non non. Il ne sera pas dit que les australiens se savent pas se montrer accueillants. Car tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ? Je l'entends à ton accent.

Je sentis bien que la question n'admettait aucune réponse, et je gardai donc le silence, sans me départir de mon sourire. Décidément, il n'avait pas froid aux yeux. Et si, d'un côté, ça m'agaçait, de l'autre, je ne pouvais m'empêcher d'admirer son aplomb, et, juste par curiosité, d'avoir envie d'accepter sa proposition. Après tout, c'était les vacances...

-Je vous invite tous les deux à prendre l'apéritif chez moi, continua-t-il. J'ai des bières, du whisky, et sûrement des chips quelque part. J'ai aussi une piscine, et de la musique... Ça sera sympa !

-C'est vrai qu'il est doué pour recevoir ! confirma Angel, en souriant laconiquement. Ça, on ne peut pas le lui retirer.

Je détournai les yeux, perdue dans mes propres réflexions. Je pesai le pour et le contre. Je n'avais pas pour habitude de me rendre chez des inconnus, car j'avais conscience que cela pouvait s'avérer dangereux. Cependant, Nina, la gérante, avait l'air de bien les connaître, et de ne rien avoir à leur reprocher. De plus, ni Angel ni Josh ne m'avaient paru bizarres. Bien que ce-dernier ait un comportement plutôt extravagant. Je relevai donc la tête, et plantai mon regard dans les prunelles vertes d'Angel.

-Tu as un téléphone portable avec toi ?

Il parut surpris par ma question quelque peu soudaine, mais il acquiesça.

-J'en ai besoin pour prévenir ma mère que je ne sais pas quand je rentre, précisai-je.

Il extirpa l'objet d'une poche de son sac à dos, et me le tendit, tandis que Josh m'adressait un regard plein de reconnaissance, à la manière d'un chien à qui l'on vient de donner sa pitance. J'envoyai un rapide texto à ma mère, auquel elle répondit par un simple « ok ». Ou elle était irritée par ma conduite, ou elle n'était pas encore suffisamment réveillée pour réagir. Mais au moins, elle savait à quoi s'en tenir. Je rendis le téléphone (un vieux machin, avec trois lettres sur chaque touche, datant encore du temps où l'on écrivait en langage SMS pour cause de flemme) à son propriétaire, et le remerciai d'un sourire.

-C'est parti ! s'écria Josh, d'une voix un peu trop aiguë pour être masculine, nous entraînant vers la sortie.

-Tu ne sais pas dans quoi tu viens de t'embarquer... me glissa Angel, alors que je passais prêt de lui.

Je pouffai derrière mes cheveux.

-J'en ai une vague idée, si...

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