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[82] Aizen

C'est vrai que l'art n'est pas le business le plus florissant, mais mon travail commence doucement à se faire connaitre et apprécier. Ça a commencé quand une passionnée d'art (et grande fan de mes portraits) m'a proposé de me faire connaitre. Elle m'a rapidement mis en contact avec des clients plutôt riches et bien sapés, qui m'ont eux même introduit à des professionnels du domaine.

Après ça, j'ai décidé de me faire connaître dans les réseaux sociaux pour gagner en visibilité.

Les premiers mois, j'ai mis en vente des tableaux de paysages sur Instargram. Je me suis posé sur un rocher au bord de la mer pour dessiner le coucher du soleil. Une autre fois, je suis monté en montagne pour représenter la ville dans sa plus belle vue panoramique.

Mais même comme ça, le compte stagnait et j'en ai eu marre. Alors j'ai commencé à prendre des selfies de moi et mon nombre d'abonnés est vite monté en flèche. Ouais, je profite carrément de mon physique pour mettre en avant mon art !

L'année suivante, j'ai commencé à prendre des commandes personnelles d'abonnés. Des portraits de familles. Des caricatures amusantes. J'étais si débordé de travail que Luis rallait sans cesse de la quantité de tableaux qui parsemaient son salon.

Je gagne même assez pour pouvoir prendre soin de moi en m'offrant des séances chez un psychologue. Je tiens ma promesse à Gaby, mais j'espère néanmoins que dans un futur proche je pourrais remplacer sa voix par celle de mon petit cœur.

Deux ans plus tard, on m'a même permis d'ouvrir une exposition en mon nom.

Voilà l'Art que je veux pratiquer. Pas celui que mon père m'a enseigné mais celui qui m'a sauvé de la solitude. Celui qui m'a fait réaliser ma part d'humanité. Celui qui apporte le sourire aux gens qui ont en besoin. Cet Art qui me donne l'impression d'être utile à autrui. Qui me donne la sensation d'avoir enfin trouvé ma place.

C'est cet Art qui me fait vivre et me donne du sens. Et je veux en faire cadeaux aux gens nécessiteux. Je veux aider les personnes en difficulté. Je veux que mes dessins les bercent et les soulagent. C'est comme ça que je veux purger ma peine.

Cette année, j'ai commencé à contacter des écoles pour enfants en difficultés d'apprentissage, des centres de soins pour personnes à mobilité réduites, des hôpitaux et des maisons de repos.

Aujourd'hui, c'est un orphelinat que je vais visiter. C'est ma première fois dans un tel établissement, alors je suis un peu anxieux. Mais ma détermination ne flanche pas. Qu'on me laisse leur offrir mes dessins et leur dédier des mots que j'aurais voulu entendre à leur âge.

- Les pauvres p'tits, souffle Luis. N'en kidnappe pas en chemin.

J'enfile ma veste et souris de plus belle à mon reflet dans la glace. Quelle classe Levi, quelle beauté. Les gosses vont t'adorer.

- Quoi que, ajoute-t-il, ces gosses pourraient s'avérer plus utiles que toi en cuisine.

- Tu veux que je kidnappe un enfant pour que t'en fasses ta nouvelle boniche ?

L'ancien capitaine pince sa pipe du bout des lèvres en me lançant un regard de fer.

- Surtout pas, p'tit con. J'ai assez à faire avec ta gueule de blobfish. Si tu me ramènes un autre gamin, j'te le ferais payer d'un coup de boule.

Je frictionne mes mains avant d'appliquer du gel sur mes cheveux. Je dois bien arranger mon apparence pour qu'on ne me prenne pas pour un artiste de pacotille, ou un blobfish.

Et c'est sûr qu'ils ont mordu à l'hameçon tellement je fais bonne impression. Les responsables de l'orphelinat me conduisent dans une grande salle d'atelier pleine de bambins et autres créatures répugnantes.

Quand je les vois, je pense a Mini Gane et je me rappelle que je ne connais même pas son nom. Elle doit déjà avoir cinq ans ! Cinq année de sa vie que j'ai perdues !

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions qu'une armada d'enfants fonce sur moi. Je me mets sur la défensive et les repousse tous vaillamment.

- C'est qui le monsieur ?

Je prends place sur un pouf et guette leurs gueules joufflues. Certains me dévisagent, d'autres admirent mon visage fabuleux. Les éducateurs leur demandent de prendre sagement un pouf chacun et de venir s'asseoir autour de moi. Ils s'exécutent, mais pas sagement. On se croirait au souk du samedi ! (Celui où ma clientèle est la plus nombreuse, et la plus sauvage.) Enfin, les animateurs me présentent aux enfants. Ils me suivent tous du regard et je décide de m'éclaircir la gorge.

- 'Lut !

Je me pince les lèvres, un peu gêné. Je ne sais vraiment pas parler aux gosses. Les gamins du premier rang gloussent en me pointant du doigt. Je fronce les sourcils. Non mais ça va aller ? Je suis pas un clown non plus !

- T'es qui monsieur ?, demande un petit.

- On m'a déjà présenté, imbécile ! Fallait écouter au lieu de te sucer le pouce !

Les regards globuleux des adultes me sonnent l'alerte et je reprends aussitôt prestance.

- Je m'appelle Levi Clarke. Dans la vie, je suis artiste. Ça veut dire que je dessine beaucoup et que les gens me payent pour ça. Parfois, pas besoin de faire de longues études. Vous comprenez ? Alors soyez comme Levi.

- Moi je sais pas dessiner, boude une fillette.

Je ricane.

- Ma pauvre petite. Dieu t'as pas gâtée du tout.

Elle se met à pleurer sous mes yeux ébahi. Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je m'éclaircis la gorge et essaye de lui rendre le sourire :

- Si tous le monde pouvait dessiner, ma puce, je serais au chômage. C'est comme ça, certains ont du talent et d'autres pas.

- Monsieur t'es méchant !

Je fusille la sale gosse du regard. Je veux lui dire que je comprends pourquoi ses parents l'ont abandonnée, mais une main se pose sur mon épaule. C'est un animateur qui essaye de rattraper ma gourde.

- Alors les enfants et si on dessinait un peu avec monsieur Levi ?

- Moi j'veux pas ! Le monsieur il est vilain. Je l'aime pas.

- T'es bien la seule, lui lancé-je.

L'animateur serre sa poigne et je comprends que j'en fais trop.

- C'est même pas vrai d'abord, intervient un autre enfant. Moi aussi je l'aime pas lui. Il est pas beau.

Je prends l'expression d'un Pikachu surpris. Comment osent-ils ? Agh ! Je déteste les enfants ! (A l'exception de mini Gane, et c'est bien la seule.)

- Essayez de les mettre un peu à l'aise d'accord ?, me chuchote l'animateur. Ils ne vous connaissent pas alors ils sont un peu réticents.

Le personnel distribue des feuilles et des crayons de couleurs à chaque petit, et toute la foule attend que je les anime.

- Alors les enfants, on va commencer par un échauffement. Dessinez un amazone a front bleu sur un pommier entouré de verdure.

Mon sourire diablotin s'accentue quand je vois leur confusion. Je me met à dessiner en détail. J'y mets tout mon talent, hors de question de rater une occasion de les impressionner. Quand mon dessin est achevé, je l'expose aux yeux de tous. Ainsi, ils comprennent notre différence de niveau. Mais les gamins arrivent à la conclusion qu'il suffit de dessiner un oiseau sur un arbre avec beaucoup de vert.

La majorité se met au travail tandis que je passe entre les rangées pour admirer leurs travaux. Ils ont tous le reflexe de reproduire exactement mon dessin. Mais en plus moche. En beaucoup plus moche en fait. C'est affreux ! Qui leur donne le droit de gaspiller du papier comme ça ?

La fille qui disait ne pas savoir dessiner est très concentrée. Lorsqu'elle lève la tête sur moi, elle m'offre un gros sourire.

- Je croyais que tu ne voulais pas dessiner ? Tu vois que je ne suis pas si vilain.

Elle tire la langue et continue son gribouillage. Je regarde par dessus son épaule et retient un gloussement.

- T'avais raison, lui fais-je tout bas. Tu ne sais vraiment pas dessiner.

Les autres enfants ne sont pas plus doués. Leurs oiseaux ressemblent à des cornichons périmés. Leurs arbres à des brocolis difformes. La verdure se compose essentiellement de gribouillages infames. Je me suis efforcé de ne pas exploser de rire à de trop nombreuses reprises.

Lorsqu'ils ont fini, je leur propose un nouvel exercice.

- Nous aimons tous. Que ce soit des jouets, des richesses ou des personnes. J'aimerais que vous dessiniez ce que vous aimeriez avoir.

- Quelque chose à demander au papa Noël ?

- Oui, de ce genre là.

Je me balade pour voir ce qui leur tient à cœur. Certains se représentent avec des pouvoirs magiques, mais j'ai juste l'impression qu'ils aimeraient chier des arc en ciels. Des fillettes souhaitent porter des rideaux de douches en guise de robes, et d'autres préfèrent conduire des haricots géants sur roues. Beaucoup d'enfants se représentent entourés d'une famille. Ceux là me font de la peine.

- Et toi monsieur, demande un garçon aux dents de lapin, c'est quoi que tu voudrais avoir ?

- J'aimerai rejoindre la femme de ma vie et notre fille.

- Ouuuh ! Monsieur t'es marié ?

- Non.

- Mais t'as une fille !

- Et alors ?

- Mais il faut être marié pour avoir des enfants !

- Bien-sûr que non !

- C'est même pas la vérité !, argumente une petite blonde. Ils faut se faire un bisou !

- Mais moi hier j'ai fait un bisou à Brie !, s'indigne une autre. Oh non je vais avoir un bébé !

Leur innocence me pique à vif. J'ai envie de leur expliquer comment ça marche. Mais je me rappelle que les adultes vont me virer si je prends trop mon pied.

Je continue de me souiller les yeux par la simple vue de leurs horribles dessins. Jusqu'à ce que mon attention tombe sur un petit garçon. Il reste immobile comme une statue, sa feuille encore vierge. Je m'arrête pour lui demander :

- Tu veux changer de crayons de couleurs ?

Il sursaute, levant timidement la tête sur moi. Il ne me répond pas, mais ses yeux vert traduisent une gêne naissante.

- Tu n'aimes pas dessiner ?

Je ne reçois toujours aucune réponse, il reste muet et immobile. Mais il ne me quitte plus des yeux. Pas parce que je m'adresse à lui, mais plutôt parce qu'il ne sait pas où les poser. Je m'accroupis pour me mettre à son niveau, et son regard continue de me suivre.

- Alors petit bonhomme, tu t'appelles comment ?

Il rougit et baisse les yeux sur sa feuille. J'attends qu'il se sente prêt à me parler, mais ce moment ne vient pas. J'ébouriffe sa petite touffe brune et le sens trembler à mon contact.

- Si tu ne veux pas parler, tu peux peut-être écrire ?

Il acquiesce puis s'empare d'un crayon gris avant d'écrire son prénom en toutes petites lettres : Aizen.

- Bonjour Aizen. Alors tu ne dessines pas ?

Sa tête s'affaisse sous ma main, alors que je n'y porte aucune pression. En vu de son silence maladif et de sa gêne grandissante, je dégage ma main et choisis de reformuler ma question.

- Tu ne veux pas dessiner ? Tu préfères faire quelque chose d'autre ?

Il ne me donne toujours pas le plaisir d'entendre le doux son de sa voix. Soudain, j'ouvre grand les yeux. Il est muet, c'est évident ! Je rougis de honte. Le pauvre, il a fallu qu'il tombe sur un imbécile comme moi. Voyant que je reste avec Aizen depuis un moment, une femme vient me voir. Il s'agit de la directrice de l'orphelinat, une japonaise du nom de Jia.

- Excusez-le, Aizen est un garçon très timide. Depuis qu'il est arrivé à l'orphelinat, il n'a jamais parlé.

- Il n'est pas muet ?

- Non, il est juste très réservé. Que vouliez-vous lui demander ?

- Eh bien. J'ai demandé aux enfants de dessiner ce qu'ils souhaitent avoir et...

La dame remarque la feuille encore blanche du garçon et ses yeux s'emplissent d'une grande tristesse.

- Oh mais Levi, c'est exactement ce qu'il a fait.

Je baisse les yeux sur le petit garçon et croise son regard atrocement intimidé.

- Tu ne souhaites rien du tout ?

Ses yeux qui devraient être aussi vifs qu'une forêt à l'orée du printemps semblent délavés.

- Aizen, tu veux bien dessiner pour expliquer au monsieur ?

Il me tend alors une feuille dans laquelle il vient de dessiner une femme et un homme qui semblent clairement fâchés.

- Maman et papa m'ont dit de jamais rien demander, interprète Jia. Sinon je suis un vilain garçon.

Mes yeux s'assombrissent en se posant sur cet enfant. Son expression soumise reflète ma propre enfance.

- Quand les activités seront finies, demandé-je à la directrice, vous me laisseriez parler un peu avec lui ?

- bien entendu.

Les enfants continuent à me surprendre et à me chercher des noises tout le reste de la journée. Mais je n'y prête plus vraiment attention. C'est ce garçon qui occupe toutes mes pensées à présent.

Finalement, les enfants s'en vont et Jia vient me retrouver en compagnie d'Aizen. Elle tient le petit par la main avec une tendresse excessive, comme s'il était fait de porcelaine. Elle caresse les joues du garçon et lui demande :

- Dis tu veux bien prendre la pastelle et te dessiner avec ta maman et ton papa ?

Le petit ne se fait pas prier et obéit tout de suite. Il s'assoit autour d'une table et on ne l'entend déjà plus respirer. Jia s'adosse au mur et me demande :

- Pourquoi vous intéressez-vous à lui ?

- J'ai l'impression qu'il lui est arrivé beaucoup de choses avant qu'il n'atterrisse ici. Il vivait encore avec ses parents ? Son mutisme est lié à eux, c'est ça ?

Elle soupire lourdement, son regard décrivant les gestes du garçon.

- Aizen a mené une vie difficile jusqu'ici. C'est un garçon renfermé et timide. Mais il est si gentil et obéissant. Quand il est arrivé à l'orphelinat, son corps était plein de bleus et de traces de coups de ceinture. Il ne parle jamais. Et je ne l'ai jamais vu pleurer. Je crois qu'il garde toutes ses émotions en lui, qu'elles soient bonnes ou, le plus souvent, mauvaises.

- Comment étaient ses parents ?

- Je ne sais pas grand chose à leur sujet. Aizen a été placé dans cet orphelinat par le juge, il y a quelques années. Mais je sais qu'ils n'étaient pas des personnes respectables, et qu'ils le négligeaient. Oh que dis-je, ils abusaient de lui. C'est pour ça qu'il est si docile. Heureusement, ils croulent aujourd'hui en prison.

La femme se pince les lèvres en jouant avec ses doigts.

- Je n'ose imaginer ce qu'il a vécu avec eux. On a essayé de le placer en famille d'accueil à plusieurs reprises. Mais même s'il est sage, il est difficile à gérer. C'est comme si personne ne voulait de ce petit bout de chou. Je crois qu'il a perdu espoir, lui aussi.

Elle tourne un regard impuissant sur moi.

- Aizen a beaucoup de lacunes. Quand il est arrivé, il ne savait ni lire ni écrire. Il semblerait d'ailleurs qu'il n'ait jamais été à l'école. Il apprend encore difficilement, il a besoin de temps. Pour tout vous dire, il ne sait qu'écrire son prénom. Il a déjà sept ans, mais beaucoup de retard à rattraper.

- Il m'a pourtant l'air d'être un garçon intelligent.

- Ah ça je n'en doute pas ! Il a besoin de s'adapter, voilà tout. L'autre problème est son mutisme maladif. C'est difficile à gérer. On ne sait jamais ce qui va mal avec lui. Comme je vous l'ai dit, il refoule sans cesse ses émotions. Il s'isole aussi énormément, et ne joue jamais avec les autres enfants.

Je lance un regard en direction d'Aizen. Il est tout petit et si frêle. Même sa façon de s'asseoir sur un tabouret est maladroite. Cependant, c'est un enfant doué dans le jeu de s'effacer. Je suis sûr qu'il gagne tout le temps au cache-cache. Je me pince les lèvres. Oui, les autres enfants doivent carrément oublier qu'il existe et partir sans lui.

Je demande à m'entretenir avec l'enfant et Jia me le confie pour que nous nous retrouvions plus que tous les deux.

- Ca te dirait de te promener avec moi ?

Il n'ose même plus me regarder.

- Aizen, il faut que tu regardes les gens quand ils te parlent.

Toujours rien, si ce n'est ses joues qui rougissent. Je soupire avant de lui attraper les joues.

- Zézette, je t'ordonne de me regarder !

Il lève aussitôt la tête et j'éclate de rire.

- Ça te dirait qu'on aille se promener tous les deux ?

Aizen ne cligne pas une seule fois des yeux. On dirait qu'il fait de son mieux pour ne pas lâcher mon regard. A tel point que ses yeux se mouillent.

- Je t'ordonne de te détendre.

Je glousse quand il se laisse enfin cligner des yeux. Je n'aime pourtant pas comment Aizen fonctionne. Des ordres suffisent à le contrôler.

Il marche derrière moi et je dois constamment regarder par-dessus mon épaule pour m'assurer qu'il ne s'est pas égaré. Je l'aide à s'assoir sur un banc lorsque nous arrivons dans le jardin.

- Aizen, je remarque que t'es très obéissant. À ton âge j'étais comme ça aussi. J'avais la peur constante qu'on me rejette. J'avais peur de mon père, alors je lui obéissais pour lui plaire. Et ma mère, c'était la même chose.

Je jette un coup d'œil pour le découvrir en train de suivre une fourmi des yeux.

- Hey la Zézette ! Ecoute-moi quand je te parle !

Il obéit aussitôt en se triturant nerveusement les doigts. Je soupire, peu fier de moi. Je ne devrais pas user de la force avec lui.

- Je ne voulais pas te brusquer. Pardon.

Il m'offre un petit sourire et j'en suis tout ému.

- Donc, je disais que j'étais comme toi. Ensuite je me suis rebellé et ma vie est devenue beaucoup plus facile...

Le voilà à jouer avec une fleur maintenant ! Je la lui arrache des mains, effroyablement frustré.

- Mais d'où tu la sors, ta fleur ? T'es censé me regarder ! Admire ma beauté !

Je reprends contenance quand des adultes passent devant nous en me jugeant du regard.

- Aizen, si je t'emmerde dis le moi.

Puis je me rappelle :

- Ah mais oui, monsieur ne veut pas parler !

Je glousse et le regrette aussitôt. Le pauvre garçon serre les lèvres pour ne pas pleurer.

- Excuse-moi, je ne suis vraiment pas doué avec les enfants.

Depuis que je l'ai rencontré, je ne cesse de le mettre mal à l'aise. Je ne sais même pas comment être gentil avec lui, c'est barbant. Mais je veux persévérer. J'essaye d'imaginer ce que ferait Gaby à ma place. Je prends doucement les mains du garçon dans les miennes et les masse de mes pouces.

- Je te promets que je ne veux que ton bien. Je vais t'apprendre à te rebeller ! Ta vie n'en deviendra que plus belle.

Je lâche ses mains et lui donne une tape à l'épaule.

- Première leçon : tu vas aller dans la salle d'atelier et faire le p'tit fou. Balance les tables et jette toi sur une pile de poufs !

Son regard décontenancé me prouve qu'il sait très bien ce que cela implique. Je prend sa main pour le traîner dans l'atelier.

- Allez, fais tout ce que tu veux ! Cet espace t'appartient !

Il reste immobile, le regard perdu sur un point invisible.

- Allez Zézette fonces !

Aizen me jette un coup d'œil affolé, et je lui accorde ma bénédiction. Il attrape alors un pouf et le place sur un autre pouf. Je le regarde faire avec amusement jusqu'à ce que je comprenne ce qu'il se passe. Il est en train de ranger la salle ! Je soupire lourdement et fonce comme un taureau sur sa pile de poufs. Je fais le grand plongeon et ruine tout son travail.

- Arrête de ranger ! Je te demande de faire l'inverse !

Son mutisme est si toxique qu'Aizen n'arrive pas à me dire qu'il ne veut pas faire ça. Piqué par mes paroles, le pauvre garçon se dirige contre sa volonté vers la pile de dessins réalisés ce matin et les jette à terre. Je vois à son expression qu'il ne le veut pas. Seulement il ne peut pas s'opposer à ma volonté. Pourquoi ?

Maman et papa m'ont dit de jamais rien demander. Sinon je suis un vilain garçon.

Cette phrase me revient en sursaut. Et je réalise mon erreur. Je pensais l'aider à se rebeller, mais je l'ai plutôt enchaîné à mes paroles. Je ramasse les feuilles et les pose sur la table.

- Tu es un bon garçon, Aizen. Si tu penses que je suis vilain, tu as le droit de partir. Je ne te dérangerai plus.

Il reste là à me regarder béat, ne sachant pas trop comment réagir. Je m'assois à ses pieds et soupire.

- Tu as le droit de demander ce que tu veux et d'avoir des souhaits. Tes parents n'étaient pas un bon modèle. Je ne suis pas un bon modèle. Alors j'aimerais que tu fasses tes propres choix.

Il baisse les yeux.

- Dis-moi, tu me trouves ennuyeux ?

Ses yeux me lancent un bref regard. Je poursuis :

- Si tu me trouves embêtant, hausse la tête. Sinon secoue-la. J'aimerais savoir ce que tu penses de moi.

Il se triture les doigts sans pour autant me répondre. Je commence déjà à en être offensé.

- Je suis chiant c'est ça ?, soupiré-je théâtralement. Alors c'était donc vrai ? La vérité sort de la bouche des enfants, et aujourd'hui j'apprends que je suis chiant.

Sitôt qu'il voit ma fausse mine attristée et blessée, Aizen se met à secouer vigoureusement la tête. J'éclate aussitôt de rire avant de le prendre dans mes bras.

- Merci pour ton honnêteté, p'tit muet.

Après ça, je retourne auprès des adultes qui m'invitent à découvrir l'exposition des dessins faits plus tôt dans la journée. Ils sont affichés sur les murs des couloirs, libres à la vue de tous. Les enfants présentent fièrement leurs réalisations, s'attendant à mes louanges. Je mens quand je dis qu'ils ont du talent et je me retiens sans relâche de lâcher des vilaines répliques.

Lorsque je tombe sur un dessin d'Aizen, c'est avec surprise que je réalise à quel point nous sommes pareil lui et moi. Non, il dessine comme une merde. Mais son dessin semble porter une signification particulière à mes yeux.

- Oh !, fait remarquer Jia. Monsieur Levi, vous semblez très intéressé par Aizen à ce que je vois.

- C'est ce dessin, il...

- C'est un joli dessin. Aizen devait être très attaché à ses parents, malgré tout ce qu'ils lui ont fait...

Des couleurs vives, des traits précis, des expressions joyeuses. Des sourires aussi haut qu'un croissant de lune. Je vois deux personnages soignés. Une mère rayonnante et à sa gauche un père au sourire affectueux. Devant eux, il y a juste un petit garçon. Il a le visage neutre, sans aucune expression. On a effacé ses émotions, jusque dans la représentation qu'il a de lui-même. Dans le dessin, il est presque invisible. Aizen est le simple résultat de traits noirs sur fond blanc. C'est comme si sa présence servait à mettre en avant celle de ses parents. Il a le corps raide, tandis qu'eux suivent une émulsion de courbes.

Mon esprit divague et je me retrouve vite à chercher le garçon du regard.

J'ai envie d'arracher ce dessin et de le brûler. J'ai envie d'engueuler la directrice pour la réveiller. Elle ne le voit pas ? Aizen est encore prisonnier de son passé. Il utilisait sa propre existence pour servir celle de ses parents. Et il ne le voit pas, il ne le sait pas. Car tout ça était normal à ses yeux.

Quand je remarque la main que les parents portent à chacune des épaules d'Aizen, je n'y vois pas une forme d'affection. J'y vois une marque de soumission, un geste d'oppression. Reste en place. Fais ce qu'on te dit. Obéis.

Maman et papa m'ont dit de jamais rien demander. Sinon je suis un vilain garçon.

Je serre les dents dans la réalisation. Ils ont effacé son identité pour lui en forger une facile à manipuler. Ils l'ont modelé comme ils le souhaitaient. Et pour qu'il ne se rebelle jamais, ils lui ont effacé sa voix.

Je me reconnais en lui. Je vois en Aizen, l'enfant que j'étais. Celui qui me criait "ne m'efface plus". Gaby a été là pour m'aider dans les moments difficiles. Mais Aizen, a-t-il seulement une personne comme ça à ses côtés ? Qui le sauvera ?

Je me tourne vers la directrice. Une détermination nouvelle s'est emparée de moi.

- Ce gamin, confiez-le moi.

- Pardon ?

S'ils ont tenté de l'effacer, je le teinterai de couleurs. Je lui donnerai l'amour que je désirais étant enfant. Pour lui, je serai le parent que je n'ai pas eu la chance d'avoir. Oui, j'en fais mon affaire.

- L'abus parental, je m'y connais. Alors je veux l'adopter et devenir son super papa ! Je vais lui donner tout l'amour du monde.

Jia se prend la bouche, son regard déviant derrière moi. Lorsque je me retourne, je vois Aizen sourire pour la toute première fois. Ce n'est pas un sourire de bonheur, mais celui d'un espoir éphémère. Il se pince les lèvres et serre son pantalon dans ses petites mains. Je viens jusqu'à lui pour le prendre dans mes bras, mais le garçon dissimule son visage pour que je ne le regarde pas dans les yeux.

- Je ne te laisserai pas revenir ici, je te le promets. Toi et moi, c'est pour la vie.

J'attrape ses joues pour rencontrer son regard vert qui se mouille.

- Tu veux bien me laisser être ton papa ?

Jia s'accroupit à côté de nous pour guetter la réaction du petit. Elle ne le quitte pas des yeux, comme si elle attendait ce moment depuis toujours.

- Tu as le droit d'avoir des envies, Aizen. Si tu veux qu'on devienne une famille, tu peux me le faire savoir.

Aizen se met aussitôt à pleurnicher. Il pleure tout ce qui était coincé au fond de son cœur. J'entends pour la toute première fois le doux son de sa voix sous la forme de sanglots. Sa voix résonne encore dans mes oreilles quand il m'enveloppe timidement dans ses bras. Je le serre en retour, et je n'arrive déjà plus à retenir mes larmes.

- Merci Aizen, lui soufflé-je finalement. Tu es un bon garçon.

○○○

Hello !

comment vous allez ?

Nouveau chapitre, nouveau personnage !!! Ahhh je l'attendais avec impatience ce chapitre.

Déjà, plusieurs années se sont écoulées. Levi et Luis ne s'en sortent pas trop mal et en plus de ça ils ne meurent pas de faim !!! L'art de Levi se fait doucement connaître Youhouuuh ! Luis reste toujours le bon vieux radin qu'il est, et Levi son gagne pain. Mais maintenant un nouveau personnage se rajoute à la petite famille ! 😭❤

Et il ne s'agit de nulle autre que mon précieux Aizen 🤗 Il est si adorable. Je l'adore 😭 (Par contre le cap' va pas être content en voyant Levi débarquer avec un orphelin...) Est ce que vous vous attendiez à un tel développement ? LEVI DADDY JDLZBFBDKSKDB Meme s'il n'a pas pu etre là pour Elane (elle va penser qu'il est parti acheter du lait sans jms revenir 😂😂😂) Levi va devoir endosser le rôle de papa dans tous les cas.

Dans ce chapitre Aizen me donne envie de pleurer, mon pauvre bébé. Ses parents étaient des brigands et des ordures qui l'ont traité comme une merde. Levi s'est vu en lui, alors il a pas voulu abandonner Aizen à l'orphelinat. C'est le début d'une grande responsabilité qui on espère fera mûrir notre vilain artiste.

Et dire qu'il est nul avec les enfants 💀💆‍♀️. Y a qu'à regarder cmt il a traité les gosses de l'orphelinat sans aucun tact. Ca va être la jungle d'élever Aizen, mais on va bien en rigoler.

Sinon pour info, Aizen est l'un si pas LE personnage principal de Memento Mori ! C'est donc pour ça qu'AL est si important pour la MemoVerse (même si on y voit pas de fantasy ou de pouvoirs magiques). AL est donc à considérer comme le prequel de MM. Je peux déjà vous le dire, la raison pour laquelle Levi a survécu à la mort. L'univers à comploté pour le faire parvenir jusqu'à... TATATA ROULEMENT DE TAMBOURS !!! Jusqu'à Aizen bien entendu ! Sans ça, il ne l'aurait pas sorti de l'orphelinat et MM n'aurait pas lieu. Alors Merci Levi pour tous ces efforts.

Du coup oui on reverra certains personnages de AL dans MM !!! Elane fait bien-sûr partie de l'aventure.

En parlant de la MemoVerse, j'ai fait un truc super chouette sur Tiktok ! C'est des vidéos qui vous disent à quelle espèce vous appartenez en fonction de votre signe du zodiaque ! Il y a 4 grandes espèces. Je vous invite à aller y jeter un coup d'ailleurs, ca me ferait très plaisir. @huryawrites ou :

https://vm.tiktok.com/ZM8nJXMdh/

On se retrouve pour le prochain chapitre ! A très bientôt

❤ kissou kissou ❤

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