Un an plus tard

Lorsque je lève la tête, c'est un ciel azur qui m'accueille. Doux et éphémère.

- Tu regardes beaucoup le ciel ces temps-ci, fait remarquer Austin. Ne me dis pas qu'il te rappelle une certaine personne ?

Mes joues s'empourprent et je décide alors de baisser les yeux sur le pavé.

- Tu dois trouver ça bête.

- Pas du tout. J'y pense beaucoup aussi. Je n'arrête pas de me demander si Levi a survécu, s'il va bien et ce qu'il fait maintenant.

- Je suis sure qu'il va bien, Austin. Il m'a promis qu'il reviendrait. Alors je vais l'attendre patiemment.

J'ai beaucoup d'espoir. Adam Lane est mort ce jour-là, précipité dans la mer qui aura eu raison de son corps. Elle l'a englouti à jamais, et il ne fera plus de victimes à présent. C'est ce que m'ont affirmé les enquêteurs, m'assurant que je pouvais enfin avoir l'esprit tranquille. Mais ce qu'ils ne savent pas c'est que cette pensée m'effraie. Je pleure tous les soirs dans l'espoir de le retrouver le lendemain.

- Ca aurait été dingue si Levi avait débarqué à l'hôpital pour te surprendre le jour de l'accouchement.

Je soupire face à cette vision rocambolesque. J'aurais aimé qu'il m'accompagne pendant ma grossesse, où du moins qu'il assiste à la naissance de notre fille. J'ai souhaité et espéré jusqu'au moment fatidique. Et puis je me suis rendue à l'évidence. J'ai accepté de garder précieusement le souvenir du premier cri de notre fille pour nous deux.

Je m'accroupis devant la poussette lorsqu'elle commence à pousser des cris.

- Qu'est-ce qu'elle a ?, grimace Austin. Elle veut son biberon ?

Je la prends dans mes bras et ses larmes se transforment en rires lorsque le ciel couvre sa vue. Ses yeux de la même nuance azur pétillent. Son visage joufflue s'illumine et brille comme un éclat de soleil. Ma petite Elane.

- Alors mon petit soleil ? Qu'est-ce qui te rend si joyeuse ?

Elane lève les bras et tente d'attraper le ciel dans ses toutes petites mains.

- Elle veut voler le ciel !, s'écrie Austin. Tel père telle fille,

- Si je pouvais, affirmé-je, je déroberais aussi ce ciel pour leur donner.

- Une vraie famille de voleurs.

J'éclate de rire et Elane m'imite joyeusement.

- Ton papa regarde ce même ciel, quelque part. C'est incroyable, pas vrai Elane ?

Le bambin glousse si fort que j'ai envie de l'étouffer dans mes bras. Elle lève la main et c'est comme si elle m'indiquait un point de l'autre côté du ciel.

- P-papa !

Il faut du temps pour que mon esprit réalise ce qu'il vient de se passer. Austin se met à hurler et c'est là que je réalise que c'est bien réel. Elle vient de parler ! Elle a dit son premier mot ! Papa...

- Désolé Gaby, mais on dirait que Levi te vole la vedette même en son absence.

Mes yeux se mouillent et je dois serrer Elane fort contre moi pour saisir ce moment si précieux.

Levi, toi qui avait si peur que ton souvenir s'évapore. Tu ne seras jamais oublié.

Je ne perds pas de temps et passe un coup de fil à toutes mes connaissances pour leur annoncer la grande nouvelle.

Austin déglutis quand je lui dis que je l'annoncerai directement à Juvia. Après tout, c'est bien pour la rencontrer aujourd'hui que j'ai du le traîner avec moi.

Nous pénétrons dans un vieil immeuble à appartements récemment rénové pour parvenir devant une porte peinte en rose.

- Voilà, on y est.

Le brun prend une grande inspiration avant de tourner les yeux sur moi.

- Qu'est-ce que je lui dit ?

- Rien. Tu n'auras qu'à écouter ce qu'elle a à te dire.

Je sonne à la porte et c'est Raoul qui vient nous ouvrir.

- Vouloir quoi ?

- Tu sais très bien pourquoi je me présente devant ta porte toutes les semaines, Raoul.

Le grand chauve bombe le torse en fusillant le pauvre Austin du regard.

- Lui ?

- Juvia l'a invité. Elle ne te l'a pas dit ?

Raoul garde son regard malaisant sur Austin si longtemps que je m'étonne qu'il n'ait pas pris ses jambes à son cou.

- Juvia dans salon, fait-il en nous cédant enfin le passage.

Nous retrouvons la brunette dans sa chaise roulante en train de regarder une compétition d'athlétisme. Ses yeux sont nostalgiques tandis qu'elle serre ses genoux dans ses mains. Lorsqu'elle nous entend arriver, elle éteint tout de suite la télé.

- Gaby et Elane ! Et... mon Mari ?

- Encore avec ça ?, grogne le brun. Ca fait déjà un an que je t'ai recalée alors-

Austin se tait dès que ses yeux croisent le regard noir de Raoul.

- Ton mari aura bientôt un mari, Juvia.

Austin s'étouffe de mes propos, mais je ne manque pas de lui lancer un regard complice qu'il ignore royalement.

- Pas lui, grogne la brunette. Mari ! Vient voir maman.

Nous nous retournons pour voir un petit chien s'élancer joyeusement sur sa maitresse et lui lécher le bout du nez. Mari, c'est le nom que Juvia a donné au bébé de Cer et Bère après qu'elle l'ait adopté. Ils sont pareil tous les deux, ils ont perdu leurs parents et le monde si particulier qui les couvait. Juvia vit une nouvelle vie, très différente de tout ce qu'elle a connu.

Mari bondit à terre avant de tournoyer autour de la poussette.

- Elane, s'écrie la brunette, vient faire un câlin à tata Juvia !

Je porte l'enfant dans ses bras et elle la câline avec une grande affection. Juvia caresse la touffe blonde du bébé tandis que cette dernière tire sur sa mèche de cheveux rose.

- Devines quoi ? Elane a prononcé son premier mot !

- C'est pas vrai ? Alors, alors... Elle a dit mama ?

- Non. (je secoue la tête en faisant des papouilles à la petite.) Elle a dit papa.

Juvia ne me quitte pas du regard. Ses yeux sont fades et son teint blêmit. Elle serre davantage Elane dans ses bras et se blottit contre elle pour cacher son visage. Je sais à quoi elle pense. Elle m'avait un jour avoué que son premier mot était Pépé, le nom de son père. Le souvenir de Pépito vit encore, mais le regret de n'avoir jamais pu lui dire adieu est immense. Il n'était pas le meilleur des hommes, mais c'était un père aimé.

- Allez Gaby on peut y aller. J'en peux plus de rester à l'intérieur.

Une fois par semaine, Juvia et moi partons nous promener. Aujourd'hui, elle a insisté pour qu'Austin se joigne à nous. Comme il fait particulièrement beau, on a décidé de faire un pique-nique. Abby aurait adoré nous rejoindre, mais elle avait cours. Elle s'est alors amusée à nous concocter des petits en-cas.

L'après-midi s'écoule dans la bonne humeur et les rires. Elane grignote des morceaux de kiwi que je découpe soigneusement. Raoul reste dans son coin, adossé contre un arbre mais toujours en garde si jamais il arrive quelque chose à sa protégée. Il flanche quand Elane lui tend un kiwi avant de détourner le regard. Juvia rit bien fort quand le bébé se dandine jusqu'à lui, et tire sur son pantalon pour attirer son attention. Elle marmonne des propos inintelligible.

- Quoi ?

- Elle veut que tu la portes et en échange elle t'offrira ce petit kiwi.

Le chauve déglutit en plissant les yeux.

- Allez Raoul ! Tu peux le faire.

Il serre les dents comme s'il était face à la plus dure des missions, avant de prendre maladroitement le bébé dans ses bras. Elane s'affale sur son épaule et je serais prête à parier qu'elle s'est déjà endormie.

Juvia tape des mains pour attirer notre attention.

- Si je vous ai réunis ici, c'est pour vous annoncer une grande nouvelle.

Nous tendons tous l'oreille, très curieux.

- Mon mari, je te destitue officiellement de ton titre. Je te plaque.

Le silence plane un instant, avant qu'Austin ne souffle un bon coup. Son expression est pleine de soulagement.

- Tu me laisses enfin tranquille ?, tente-il.

Juvia le juge d'un regard moqueur, avant de lever les yeux au ciel. Elle tend la main très loin pour attraper une couverture rose à paillettes, mais ne parvient pas à l'atteindre. Je me lève aussitôt pour la lui donner et la brune boude en se couvrant bien chaudement.

- Je veux plus de toi, souffle-t-elle.

Je dirais plutôt que c'est depuis qu'elle a vu Austin en bonne compagnie masculine qu'elle s'est rendue à l'évidence. Elle ne peut plus prétendre devenir Juv le bolosse.

- Pour vous dire la vérité. J'ai décidé de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre.

Je me prends le visage dans la main et soupire lourdement. Cette fille est incorrigible.

- Et qui est le malheureux élu ?, demande Austin.

La mine de Juvia devient vite rouge et ses yeux s'illuminent quand elle prend la parole :

- Mon kiné ! C'est un mec très canon ! Il est si gentil aussi ! Quand il me sourit, j'ai tellement de papillons dans l'estomac que j'ai envie de gerber. Et il est très tactile, ce coquin ! Bon, je sais que ça fait parti de son boulot. Mais ça reste très entreprenant de sa part !

Mon regard croise celui de Raoul et je m'étonne qu'il reste si impassible.

- D'ailleurs, j'ai une séance avec lui très bientôt. Il faut que j'y aille.

- On va t'y accompagner, se précipite Austin.

Je l'interroge du regard.

- J'ai besoin de prévenir le pauvre garçon. Il ne sait pas ce qui l'attend.

C'est un jeune homme au sourire ravageur qui nous accueille dans son cabinet. Juvia glousse de joie en voyant son kinésithérapeute s'accroupir pour arriver à son niveau.

- Alors Juvia, comment ça va depuis la dernière fois ?

- Ca fait déjà une semaine et tu me manques déjà beaucoup beaucoup ! On pourrait pas se voir tous les jours ?

Il glousse avant de lui ébouriffer les cheveux.

- J'aimerai beaucoup, mais je suis très occupé avec mes patients. Pourquoi ne pas se voir en dehors des heures de boulot ?

Juvia lui offre un gros sourire et je ne l'ai jamais vu aussi rayonnante depuis le drame qu'est devenu sa vie. Le kiné ne peut s'empêcher de la dévorer du regard. Et je vois même le rouge lui monter aux joues jusqu'aux oreilles. Il passe une main devant son visage pour reprendre contenance.

- Si tu me promets de bien suivre tes exercices, je t'emmènerai voir une compétition. Je sais que tu adores ça.

La brunette bondit presque de plaisir.

- C'est une promesse ?

Il lui tend l'auriculaire.

- C'est promis.

Raoul tousse si bruyamment que nous sursautons tous. Le kiné s'excuse dans un rire gêné avant de se relever pour pousser la chaise roulante à l'intérieur. Austin et moi nous échangeons un regard béat. Ces deux là étaient clairement en train de flirter sous le nez de Raoul.

- Alors Austin, tu ne vas pas prévenir le pauvre kiné ?, gloussé-je.

- Pas la peine. J'ai plutôt l'impression que c'est lui qui va lui courir après.

Après ça, Austin propose de nous raccompagner chez moi. Il est de si bonne humeur depuis que Juvia l'a plaqué.

- Juvia t'étouffait à ce point ?

- Y a pas que ça. Aaliyah m'a proposé de bosser pour elle. Elle m'a offert un poste de technicien en informatique dans son entreprise. Je vais me faire une masse de thune, et légalement ! D'ailleurs, tu savais qu'elle avait proposé à Chase d'emménager avec elle ?

- Aaliyah semble savoir ce qu'elle veut.

- Je parie qu'elle va le prendre comme secrétaire d'ici la fin de l'année; ajoute-t-il.

- Moi je te paris plutôt qu'elle va le demander en mariage d'ici là.

Austin rit à cette idée, mais son expression est douce et heureuse.

- Prépare-toi à recevoir le bouquet, fais-je taquine. Tu seras le prochain.

- Arrête avec ça !

- Pas tant que tu ne me diras pas comment s'est passé ce rancard avec Mikey.

Le brun lève les cieux au ciel.

- Ce n'était pas un rancard, Gaby. Arrête de me lancer ça à tout bout de champ.

- Je veux dire, quand deux hommes qui s'aiment se retrouvent en tête à tête-

- C'était un rendez-vous avec mon psy !

Je lui donne une tape à l'épaule.

- Le psy que tu as choisi, alors que je t'offrais volontiers mes services.

Ses joues rougissent quand il réalise qu'il n'a aucun argument en sa faveur.

- C'était sympa, avoue-t-il. On a parlé de meurtres, de policiers, de balles perdues et de trauma. Le feu, quoi ! Je recommande vivement. La preuve, j'y retourne demain.

Il soupire.

- Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi impliqué dans ma vie. Et les séances passent si vite. Bref, disons que ça fait plaisir de se sentir écouté.

- Et dévoré des yeux aussi.

Austin soupire si bruyamment que je décide de le laisser en paix. Il ne me reprendra plus à le taquiner avant demain, au meilleur des cas. Austin nous dépose chez moi et s'éclipse avant que je ne me remette à parler de Mikey.

Je croise mon voisin Sebastian dans l'ascenseur. Il a emménagé il n'y a pas si longtemps avec sa fille.

- Bonjour Gaby. Belle journée n'est-ce pas ?

- Excellente même. J'étais justement sortie au parc avec Elane et des amis. Je retourne au boulot demain, alors ça m'a fait beaucoup de bien.

Le trentenaire fait coucou à Elane et cette dernière lui répond dans un gros sourire derrière son biberon.

- Si tu veux, je peux venir chercher Elane demain matin. Pas besoin de te fatiguer à la déposer à la crèche.

Sebastian est puériculteur. Quelle a été ma surprise de le retrouver à travailler dans la crèche d'Elane.

- C'est très gentil Sebastian.

- Je t'en pris voyons. Tu as été une merveilleuse voisine, c'est le minimum que je puisse faire.

Nous nous séparons pour retourner dans nos logements respectifs. Lorsque j'entre chez moi, je réalise que nous avons de la visite. C'est Marvin et sa bande d'amis.

- T'as failli mourir, je te signale ! Tu devrais te reposer

Le garçon attrape les mains d'Abby et les serre très fort. Il semble plus effrayé que nécessaire.

- Ca va depuis le temps, lui assure-t-elle. L'opération s'était très bien passée.

- Mais t'as quand même p-p-perdu un rein...

- On peut très bien vivre avec un seul rein. La preuve, regarde comme je déborde d'énergie !

- J'ai juste peur qu'il t'arrive quelque chose. J'ai eu la peur de ma vie quand on m'a dit que t'étais à l'hôpital.

- C'était il y a un an, Marvin !, le gronde Matthew. Tourne la page, mec.

- Ouais, ajoute Mave, laisse la tranquille. Elle te dit qu'elle va bien.

Marvin fusille ses amis du regard avant de leur lancer son majeur sans lâcher les mains d'Abby.

- J'essaie simplement de prendre soin d'elle ! Arrêtez d'être vilain avec moi.

Marvin passe à la maison quasi tous les jours. Parfois accompagné de ses deux acolytes, la plupart du temps il vient seul. En un an, il a précieusement entretenu sa relation avec Abby. Dans ce sens, j'ai l'impression que le gamin qu'il était a pris en maturité. J'attends encore qu'il se confesse. Depuis le temps...

Je sors Elane de sa poussette et les rejoins dans le salon. Abby se précipite lorsqu'elle nous voit arriver.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Marvin veut pas me laisser faire du skate avec Mave et Matthew, boude-t-elle. Il dit que je suis encore trop faible.

- Qu'est-ce que tu vas faire si tu t'évanouis ?, grogne-t-il.

- Les médecins ont dit que j'allais très bien !

- Il faut pas croire tout ce qu'on te dit.

- Marvin ne sois pas étouffant, enfin. Abby connait son corps mieux que quiconque, alors fais lui confiance.

- Exactement !, s'impatiente Matthew. On peut aller au square maintenant ?

Mave tape en cinq avec Matthew et les deux adolescents enfilent leurs vestes avant de faire signe à Abby de les rejoindre. Mais Marvin l'attrape jalousement par le poignet.

- Marvin, tu vas pas encore-

- Laisse les jumeaux partir, grogne-t-il. (Abby arque un sourcil. Le blond se gratte la nuque avant de bafouiller) Tu peux pas comprendre le message ? Je veux passer du temps rien que tous les deux.

Le sourire d'Abby se courbe.

- Pour quoi faire ?, fais-je taquine.

- Pour l'attirer dans l'armoire et lui avouer mes sentiments. Ca sonne bien, non ?

Mave et Matthew éclatent de rire avant de claquer la porte, abandonnant une Abby toute rouge derrière eux.

- Et si on faisait ça dans la cuisine plutôt ?, lui propose-t-elle. C'est mon endroit favori. Tu pourras m'attirer dans le frigo et je te répondrai que c'est réciproque.

Le garçon rougit si fort face à cette réponse que j'ai peur qu'il ne s'évanouisse sur le tapis.

- J-je... si tu veux, j'imagine ?

- Et je pourrais t'apprendre.

Marvin se prend la bouche de stupeur.

- M'apprendre... q-q-quoi ?

- A préparer une jolie tarte au kiwi pour Elane, bien-sûr. A quoi tu pensais ?

- Ah. J-je pensais que tu me laisserais te cuisi-..

- Marvin, l'interpellé-je en croisant les bras. Je suis toujours là.

- Allons faire cette tarte, cheffe ! Même si elle a l'air infecte !

* * *

La vue est splendide. La mer s'étend à perte de vue et je peine à poser mon regard sur un point en particulier. Levi me regarde du coin de l'œil, l'expression indéchiffrable.

- Qu'est-ce que tu fais ?, me demande-t-il.

Je le dévisage.

- Gaby, pourquoi tu me fais ça ?

C'est là que je réalise que mes mains sont sur sa poitrine. Je me retrouve à le pousser dans un mouvement incontrôlé. Son corps se précipite dans une fosse. Je m'effondre par terre et tend la main pour le sauver. Mais les corps mutilés de trois hommes habillés en noir le recueillent et l'entrainent dans des profondeurs inconnues. L'un d'eux, coiffé d'une touffe blanche, me sourit dans un long rictus avant de lever la main dans ma direction. Ses doigts se prennent pour un revolver et il tire sur une gâchette invisible.

Le coup de feu me saisi.

Je me réveille en sursaut, la sueur perlant sur mon front. Je me prends le visage de stupeur.

- Ca va aller. C'était qu'un mauvais rêve.

Ce n'était pas de ma faute. Levi a sauté délibérément pour tous nous sauver. Je le sais. Mais je n'arrive pas à effacer cette scène de mon esprit. Ou du moins à la rendre moins douloureuse. Elle me hante encore et encore.

Je baisse les yeux sur la silhouette somnolente qui serre fort ma taille. Abby a pris l'habitude de dormir avec moi depuis un an. Elle se retourne dans son sommeil, murmure des propos inaudibles. Je me couche, tentant de me rendormir. Mais je me réveille de nouveau en sursaut. Cette fois c'est Abby qui a rêvé.

- Gaby ?

Je tourne les yeux sur son visage mouillé.

- Tu as fait un cauchemar?

Ses doigts tremblent et je me redresse pour la prendre dans mes bras. Je la serre fort au point de ne plus sentir ses tremblements contre ma peau.

- Ca va aller, Abby. Tout va bien. C'était le même rêve ?

- Oui... Sauf que cette fois-ci la balle me tuait pour de vrai.

Vivre avec un rein en moins, et le traumatisme qui va avec n'est cependant pas de tout repos. Abby a la mine sombre, les cernes profondes, les lèvres sèches et les yeux fatigués. Ses cheveux s'hérissent sur son crâne et sa respiration est saccadée.

- Respire, Abby. Inspire. Expire.

Je dois lui rappeler de faire ses exercices de respiration car elle tend à les oublier avec le stress. Abby suit chacune de mes instructions et ses tremblements s'amenuisent peu à peu.

- Tu n'es pas obligée de retourner te coucher. Tu veux faire quelque chose ? Allez viens, on va se rafraichir sur le balcon. Le monde est silencieux et la ville ne circule plus. C'est un moment magique.

- Je préférerai me changer les idées en cuisinant. Ca fonctionne le mieux pour moi.

- Hmm, pourquoi ne pas nous préparer un petit déjeuner digne de ce nom ? Je veux des crêpes, personnellement.

Abby m'offre enfin un petit sourire. Son visage reprend des couleurs et elle sort illico presto du lit pour foncer dans la cuisine.

Je soupire lourdement.

- Abby ! Tu pourrais me préparer une tasse de thé ?

- Tout de suite !

- Tu me trouveras dans le balcon.

Je sors de mon lit pour jeter un coup d'œil à Elane qui ronfle dans son berceau. Je porte un baiser sur son front, soulagée que nos cauchemars ne l'aient pas réveillée.

Je passe devant le tableau, dernière relique de Levi, et mes yeux s'y perdent un instant. C'est fou comme Elane ressemble énormément au bébé illustré. Maintenant, si seulement Levi s'était représenté à nos côtés. Je me sentirais probablement moins triste. Je plisse les yeux et porte ma main sur sa signature d'encre. Mon front rencontre la toile et j'ai soudainement envie de pleurer son absence. Tu me manques, un millier de fois plus qu'hier. Et j'ai peur qu'un jour tu me manques plus que je ne t'ai aimé.

Je récupère mon ordinateur portable, me vêtis d'une grosse veste et vais me réfugier dans le balcon. Je prends une grande bouffée d'air frais.

Je me rappelle comment on s'était posé ici dans le passé quand Levi - Lane à l'époque - avait fait un cauchemar. Je me souviens aussi de la couverture Dora l'exploratrice dans laquelle on s'était blottit contre le froid. La nostalgie me chatouille si fort que je décide de me noyer dans cette même couverture dans l'espoir qu'elle porte encore son odeur.

J'observe la ville somnolente et me perds dans son silence réconfortant. J'ouvre mon ordinateur portable mais mes yeux ont d'abord besoin de s'habituer à la luminosité. Je mets de la musique douce et l'ambiance me plait tout de suite. J'ouvre une page blanche de Word quand Abby débarque avec une tasse de thé en main.

- T'as perdu sommeil toi aussi ? Désolée.

Je secoue la tête en sirotant mon thé.

- Ne t'excuse pas, mes nuits aussi sont mouvementées. Ca s'était calmé, mais voilà que ça me reprend. Je suppose que c'est une bonne occasion pour entamer un projet que j'ai en tête depuis un moment.

- Ah oui ? Qu'est-ce que c'est ?

- Oh et bien... C'est pour Elane.

Abby me souris largement avant de retourner en cuisine. Je respire un bon coup d'air frais et mes doigts commencent sitôt à taper sur le clavier. Après plusieurs minutes. Je change de position pour me mettre plus à l'aise. Je croise les jambes en lorgnant le paragraphe que j'ai déjà tapé. Je grimace, insatisfaite. J'efface tout et recommence.

Une heure s'est déjà écoulée quand Abby revient pour voir comment je me porte.

- La pâte à crêpe est prête. J'ai aussi préparé des croissants. Ils sortent fraichement du four. Tu veux goûter ?

- J'en prendrais bien un. Et tu pourrais me servir une tasse de café, s'il-te-plait ? Je sens que je vais passer la nuit ici.

- Tu as l'air très impliquée. Ca avance bien ?

Je soupire d'exaspération.

- Je ne suis pas du tout inspirée. Je sais ce que je veux faire, mais je ne trouve pas les mots. Je me demande si j'arriverai à lui transmettre ce que j'ai en tête.

- A quoi ça consiste, ton idée ?

- Eh bien tu vois, Levi m'avait demandé de raconter son histoire à notre fille. Mais au lieu d'attendre qu'elle soit grande et mature, je me suis dit qu'elle méritait de connaître l'histoire de son papa dès maintenant.

Abby croise les bras, son regard émeraude scintille.

- C'est adorable. Vous êtes adorables. Mais je ne pense pas que ça soit une histoire pour son âge.

Je glousse avant de me remettre à taper.

- Un conte de fée pour enfant, c'était ça mon idée.

- Dans ce cas, je suis certaine que ça plaira à Levi. C'est de son âge.

Je ris si fort que j'ai peur de réveiller Elane.

- Je lui ferai lire, c'est sûr. Quand il reviendra.

Ma dernière phrase se dérobe sous ma langue et je m'étonne de cette hésitation.

- Il reviendra, affirme Abby.

Ma petite sœur disparait un instant avant de revenir avec un croissant, ma tasse de café et la peluche licorne rapportée par Levi. Elle lance la licorne qui atterrit pile sur mon ordinateur. Je la prends dans mes bras.

- Tu penses qu'il l'a volée ?

Je souris derrière la peluche.

- Probablement...

C'est ce qu'il fait de mieux. Je cligne des yeux, le cœur en aller-retour. Je tape aussitôt trois petits mots sur mon ordinateur, avant de les lorgner enfin convaincue. Le petit voleur.

J'interpelle Abby avant qu'elle ne fasse mine de retourner à l'intérieur.

- Abby, je crois que je viens de trouver un titre pour le conte !

○○○

Hello !

Pdv Gaby aujourd'hui ! On voit enfin ce que sont devenus les autres.

🌞 Juvia a tout perdu, mais Raoul s'occupe bien d'elle. Elle me fait bcp de peine, surtout qu'elle n'a rien demandé. Mais elle sera heureuse avec son kiné, so all is good in the end !

🌞 Austin enfin tranquille hahaha ! Il a pris Mikey comme psy, si c'est pas mignon. On attend le mariage mtn !

🌞 Aaliyah et Chase ca va pas tarder c sûr ! brbrbr lucky Chase

🌞 Abby et Marvin hlfqsjfqsljfqjshqfjjk ils sont précieux.

🌞 les cauchemars :(

🌞 MINI GANE EST NEE ! ET ELLE S'APPELLE ELANE ! Ca se prononce ELEÏNE, comme Lane mais avec un e (au féminin mdr). Je l'ai appellee comme ça pour rappeller l'existance de Levi/Lane, et ce qui est beau c'est qu'Elane veut dire éclat de soleil. Mooooooh

🌞 L'idée du conte de fée ! C'est adorable, vraiment. D'ailleurs je l'ai écrit. OUI OUI J'AI ECRIT LE CONTE LE PETIT VOLEUR ! Vous pourrez le lire dans l'épilogue. J'en suis assez fière. :)

🌞 Sinon, j'ai crée un compte tiktok dédié à l'écriture pour les intéressés ! Vous me retrouverez sous @huryawrites ou avec le lien :
https://vm.tiktok.com/ZM8smKbyL/

On pourra discuter de conseils d'écriture, de mon futur cheminement vers l'édition inshallah, d'AL, de MM, et d'autres projets. Je posterai aussi des poèmes par-ci par-là, des aesthetics de la MemoVerse, et plein d'autres choses chouettes.

Ca sera un super moyen d'interagir avec vous, alors dites-moi quels genres de vidéos vous voudriez y voir. Je suis toute ouïe.

J'ai déjà publié deux vidéos ! Alors n'hésitez pas à me donner vos avis

Voili voilou !

❤ Kissou kissou ❤