J'ai toujours vu les jeux de société comme un moyen de réunir les gens, et plus particulièrement les familles. Je me souviens qu'on avait un set que l'on sortait tous les soirs. Mon jeu préféré était le Monopoly, oh oui j'adorais envoyer les autres en prison.

Je me souviens très bien de la dernière fois que j'y ai joué. Il neigeait dehors alors on avait tous une tasse de chocolat chaud entre les mains. Je me rappelle bien de chaque détail de la partie : maman ne pouvait pas nous rejoindre à cause du nourrisson pleurnicheur qu'était Abby. Elle m'encourageait donc à battre papa. Lui, ne se laissa pas faire cette nuit là. Oh non, il voulait à tous prix échapper à la vaisselle qui l'aurait attendu sinon. Alors il se battu comme un soldat face à l'ennemi, c'est à dire sans pitié et me forçat à faire de même. Ce fut une belle bataille dont le seul vainqueur ne pouvait être que moi-même. J'étais tellement heureuse ce soir là, non pas parce que mon père a du faire la vaisselle mais parce qu'après tant de mal j'étais sortie vainqueur et que j'avais rendue mes parents fières.
J'avais 8 ans à l'époque et je venais de vivre l'un des derniers beaux moments de ma vie, de famille qui plus est.

Si j'avais su que cette nuit là j'avais joué ma dernière partie de Monopoly, j'aurais tout fait pour faire durer ce moment.

Si j'avais su que je venais de jouer pour la toute dernière fois contre mon père, je l'aurais laissé gagner la partie.

Si j'avais su que le visage de ma mère serait victime de la drogue, je l'aurais regardé elle plutôt que mon plateau de jeu.

Si j'avais su que notre mère ne serait plus jamais la même, qu'elle nous battrai, je l'aurais enlacée et crié à quel point elle ne doit pas lâcher prise, qu'on a besoin d'elle et de ses baisers.

Et si j'avais su que ce serait un cancer qui m'arracherait mon père, j'aurais chéri nos derniers moments.

On peut dire que ma vie a pris un tournant inattendu après sa mort. Depuis jouer à un jeu de société et surtout au Monopoly était devenu impossible pour moi, trop douloureux.

Alors expliquez-moi ce que je fous devant ce set, le pion sur la case prison avec en face de moi une Abby qui éclate de rire?

- Alors comme ça tu étais une pro à ce jeu ? Dommage que je n'en garde aucun souvenir.

- Serais-tu en train de douter de ta grande soeur? Attends que je sorte de prison.

- Tu compte te venger? (à ce moment même la sonnerie du portable d'Abby retenti) oh attends... euh... c'est maman...

- Ne décroche pas!

- Mais... ça fait déjà 3 jours... elle doit s'inquiéter...

- Tu te fous de moi? Tu lui pardonnes déjà ?

- Non, bien-sûr que non... mais...

- Ah non! il n'y a pas de mais qui tienne Abby Clarke. Tu vas déposer ce portable tout de suite.

Elle soupire avant de déposer son portable à terre.

- Très bien, mais si elle vient ici?

- Aucune chance. Tu crois peut-être qu'elle connait mon adresse?

- Elle pourrait avoir des contacts.

- Abby, tu crois quand même pas que l'héroïne et l'herbe ça parle? Parce que je ne lui connais pas d'autres amis.

- Tu as tout à fait raison.

On se met à se moquer d'elle. Ça fait du bien de rigoler avec Abby et surtout rigoler de maman.

On n'a pas encore fini notre partie que c'est au tour de mon téléphone de vibrer. C'est un appel professionnel.

- Le travail, expliquais-je à Abby. Donne-moi deux minutes.

Je me retire dans le balcon où l'air trop frais me donne d'abord une claque. La personne de l'autre côté du fil a l'air paniquée.

- Vous êtes la psychologue en charge d'Adam Lane, Gabby Clarke, n'est-ce-pas?

- Oui, c'est moi. Que se passe-t-il?

- Ça concerne votre patient.

- Est-ce qu'il est encore allé s'immiscer dans une bagarre ?

- Vous devriez plutôt vous demander où est-ce-qu'il est encore allé tout court.

- Pardon? Il s'est vraiment fourré dans la mouise je suppose?

- Oh non, loin de là. C'est plutôt nous tous qui sommes dans la mouise.

- Bon, dites-moi ce qu'il se passe.

- Il s'est évadé.

Il me faut du temps pour avaler ces paroles auxquelles je n'aurais jamais imaginé avoir affaire, j'ai l'impression de rêver, ou de plutôt faire un cauchemar.

- Mademoiselle ? Vous êtes toujours là ?

- Ah ... euh... vous disiez?

- J'ai dit que votre patient s'est évadé.

- Il a quoi?!

- Il s'est sauvé, tiré, barré, dîtes le comme vous le préférez mais il a fait fruut! (il siffle pour reproduire le son des fuites des dessins-animés)

J'ai d'un coup un vertige qui me force à me tenir à la rampe de mon balcon. Alors comme ça Lane est maintenant en cavale? Il a vraiment osé ? Il l'a fait, il a tenu sa promesse. Ce mec est dangereux. Et s'il décidait de me retrouver comme il me l'avait offert?

- Mademoiselle ?

- Oh... excusez-moi, je suis juste un peu choquée.

- Nous le sommes tous. C'est quand même un psychopathe de plus dans les rues.

Je sais déjà qui sera sa première victime. Mais comment va-t-il faire pour me retrouver? Oh, et s'il m'avait déjà oubliée ? Oui, il doit sûrement être trop occupé avec une ou deux filles dans un bar. Je soupire pour calmer mon stress.

- Alors ça veut dire que j'ai perdu mon job?

Oh non, ce serait bien pire que de voir Lane surgir pour m'étranger. J'ai besoin d'argent sinon retour direct en compagnie agréable de maman et son courtois petit-ami. Le ménage et la ceinture m'y attendrons gentiment.

- Ne vous en faites pas, nous vous assignerons un nouveau patient. En attendant nous aurons besoin de votre présence demain pour répondre aux questions des enquêteurs, vous êtes leur meilleur espoir pour retrouver ce fugitif.

- Bien-sûr, je ferais de mon mieux.

- Et si Adam essaye de vous contacter, s'il-vous-plait, mettez-nous au courant.

- Cela va de soit.

- Bien, bonne soirée et à demain.

- Oui, bonne soirée.

Il raccroche et je reste à observer le ciel. Non pas perdue dans mes pensées puisque je n'arrive plus à réfléchir normalement. Je suis plutôt en train de me faire martiriser par le vent froid. Ce dernier fait s'envoler toutes mes pensées en tourbillon dans ma tête jusqu'à ce qu'une migraine apparaisse. Et je me dit une chose:

- Ma vie est vraiment pourrie.

- Alors je viens te dire que 2 minutes c'est pas aussi long et voilà que j'entend ça ?

Abby surgit pour me taquiner, le sourire aux lèvres comme toujours.

- Alors quoi? Tu as été virée ?

- Non je-...

- Ne viens pas me dire que tu as démissionné, c'est pas vraiment la même chose, me coupe-elle.

- C'est rien, juste mon supérieur qui m'a un peu grondé.

Je préfère éviter d'annoncer à une gamine de 15 ans qu'un assassin psychopathe est en liberté et qu'il est pas super ami-ami avec sa soeur.

Elle hausse les épaules et dit:

- Tu as encore l'âge de te faire gronter, toi?

- Tu m'as entendu, ma vie est pourrie.

- Oui, ça m'étonne même plus.

- Bon, au dodo maintenant, j'ai du boulot demain.

- Quoi? Et la partie?

- Disons ex aequo.

- Disons que tu n'assumes pas ta défaite, oui!

Je ne lui répond pas et me dirige vers ma chambre, j'en profite pour libérer mon pion de prison ni vue ni connue.

- C'est illégal ça! se plaint ma soeurette.

Un sourire m'échappe. Je me retrouve rapidement au lit. Par contre je ne m'endors pas à la même vitesse. Heureusement qu'Abby a sa propre chambre sinon elle aurait du me supporter toute la nuit. Je me retourne et me tourne dans mon lit dans toute les positions possibles et imaginables en pensant à Lane et à ce qu'il pourrait me faire. Maintenant qu'Abby vit avec moi, le danger est multiplié par deux. Je dois à tout prit éviter ça.

Le lendemain, je me rend comme prévu au boulot où je me retrouve dans le rôle que j'ai l'habitude de faire subir à Adam Lane : répondre aux questions. Heureusement que moi j'avais droit à une tasse de thé  pour récupérer un peu de salive.

Finalement, je peux enfin rentrer chez moi. On m'a dit de me consacrer à mon nouveau patient et d'oublier Adam Lane. Et dire que j'étais excitée de résoudre l'énigme qu'il est. Je voulais tellement découvrir pourquoi il avait fini avec un TDI. C'est bien pour cela que ma vie ne cesse d'être un condensé de merde crémeuse.

Je rentre dans mon appart et surprend Abby à faire le dîner ce qui me remonte grandement le morale. Je l'attrape et lui fait un câlin en nous balançant de droite à gauche. Elle éclate de rire et se prête à mon jeu. Deux secondes plus tard, on se retrouve toute les deux à terre à rire comme des vaches. C'est dans ces moments là que je commence a apprécier la vie. Ma vie n'est peut-être pas un condensé de merde crémeuse après tout, disons juste un condensé de merde.

- Tu sais, commence Abby. Je ressens des sentiments totalements différents lorsque je fais la cuisine pour toi plutôt que pour maman.

- Dis-moi que tu préfères le faire pour moi.

- Ben... (elle rigole et me rassure aussitôt) évidemment, je ne ressens pas de pression et d'obligation. Là je le fais par plaisir. Je ne savais pas que cuisiner pouvait être aussi chouette.

Abby a préparé un rotti de dinde farci aux pommes de terres et champignons. Eh oui, elle est devenu une professionnelle pour son âge sous la direction de maman.
Et pour la première fois depuis la mort de papa, un repas n'avait jamais été aussi chaleureux.

En fin de journée, on décide de se jeter sur le canapé pour mater un film. On perd 15 minutes comme tout le reste de l'humanité rien qu'en faisant défiler les offres avant de s'arrêter sur "The notebook".

- C'est ton style je suppose? Dis-je sans trop connaître les goûts cinématographiques de ma soeur.

- Quoi? S'étonne-t-elle. Les histoires d'amours à l'eau de rose très peu pour moi, (elle m'arrache littéralement la télécommande des mains et fait défiler les films jusqu'à s'arrêter sur "Ça", un sourire sadique sur les lèvres ) ça c'est mon style. Et quand je dis ça je dis "Ça".

J'avais le sourire aux lèvres au début du film, alors qu'à la fin j'étais pétrifiée. Franchement, il ne me manquait plus que ça. Disons qu'au moins je penserais plus au clown qu'à Lane ce soir.

Abby de son côté a adoré le film. Et moi qui l'a croyais douce et innocente. Je suppose qu'elle a été forgée aux côtés de maman, au point où les films d'horreur passent pour une blague à côté du traitement qu'elle doit subir.

Après ça, Abby s'est rendue dans la salle de bain pour se doucher tandis que je m'assoupie sur le canapé à regarder le plafond en me disant que je ne laisserais plus personne me prendre Abby.

À ce moment un portable se met à sonner, c'est celui d'Abby. Et il ne s'agit de personne d'autre que de maman. Je laisse impassiblement le portable vibrer. Cependant, la sonnerie ne cesse de continuer me sortant ainsi de mes gonds, alors au bout de 3 appels je me décide enfin à décrocher.

- Tu ne vas donc pas comprendre qu'on ne veut plus avoir à faire à toi?

-...(elle reste silencieuse un moment avant de m'appeller d'une voix douce et vibrante) Gaby? C'est toi?

- La seule et l'unique.

- Ecoute Gaby je ... il y a quelque chose que je veux te dire.

- Et ben moi aussi d'ailleurs: j'ai une folle et pas subite envie de te raccrocher au nez.

- Non attends! Je t'en pris!

Sa voix est tellement petite et faible que je me demande bien ce qu'il lui arrive. Et puis je me souviens d'Erwin et de ma demande.

- Est-ce-que tu essayes de me supplier pour que ton mec ne se fasse pas tabasser?

- Quoi?... non... De quoi tu parles? Bon écoutes, je n'ai pas beaucoup de temps et... (elle inspire un bon coup avant de lâcher comme un ballon de baudruche qui se vide d'air:) je te demande pardon.

- Ah c'est la meilleur celle-là. Ben moi j'ai pas envie de te pardonner.

- Je sais que j'ai été horrible et... je tenais à te dire à quel point je ... (elle garde le silence, sa respiration est saccadée et bruyante) arrête je t'en pris! Je ne sais même pas qui tu es ni ce que tu me veux! Je ferais tout ce que tu veux mais lâches ce briquet.

J'arque un sourcil, c'est une blague? Elle est saoule? ou peut-être que sa drogue la fait délirer? Elle m'appellerait donc dans un état loin d'être sobre pour se faire pardonner, quel blague!

- Quelle briquet? Tu te fous de ma gueule? C'est plutôt une brique que je vais lâcher... sur ton crâne et très violemment! je ferais mieux de raccrocher. Bonne soirée!

- Non! Attends, ne raccroche pas je t'en pris. Je suis désolée pour tout ce que je vous ai fait à toi et Abby. Je sais que j'ai été une mère détestable et ... (elle perd ses mots et j'ai l'impression qu'elle renifle à cause de son nez qui doit couler, serait-elle en train de pleurer ?) Je vous aime vraiment, c'est vraiment tard pour le dire mais malgré tout je n'ai jamais cessé de vous aimer.

- Mais bien-sûr !

- Crois moi ou pas, je dis ce que j'ai sur le coeur. Tu dois sûrement me détester mais moi...

- Alors là stop! Est-ce-qu'une mère traiterait sa fille comme de la vermine? Est-ce-qu'elle la battrait?

- Comprends-moi, c'était vraiment dure pour moi depuis que j'ai perdu votre père et...

- Ça l'était également pour nous! Et tu nous a abandonné misérablement au lieu de nous réconforter au moment où on avait le plus besoin de toi. Tu n'as même pas le droit de te considérer comme une mère!

Elle pleure des larmes chaudes je le sais. Mais et moi alors? Mes larmes coulent aussi, jusqu'à en remplir mes yeux d'amertume salée.

C'est la première fois qu'on a une discussion aussi sérieuse. C'est la première fois qu'on amène ce sujet sur la table : c'est la première fois qu'on parle de mon père depuis le drame.

- Gaby, on ne peut pas simplement tourner la page?

- Tu me demandes vraiment une chose pareil? Tu en as du culot!

- Écoutes, si j'ai appelé c'est pour m'excuser parce que sinon il va me- ...

- Tu veux juste récupérer Abby! Jamais je ne te laisserai encore me séparer d'elle!

- Je ne veux pas Abby! Je veux vivre!

- Et ben tu es la seule! On souhaite tous ta mort!

- ...Gaby!

- Crèves et fiches nous la paix!

- Ne dis pas ça ! Il va t'entendre.

- Qui vas m'entendre? Oh et puis je m'en tape! ta drogue te fais bien divaguer, laisse moi au moins participer à ton délire. Hey toi le mec au briquet qui fait peur à cette sorcière! Surtout ne lâche pas le briquet! Mets le feu partout!

- Gaby!!

- Ta gueule putain, lachais-je à mon user les cordes vocales. pourquoi tu me cris encore dessus? Je ne suis plus une enfant! Est-ce que tu sais au moins que j'aurais 23 ans dans 2 mois? Meurs! J'espère que tu auras une mort douloureuse! Meurs, meurs, meurs!!

Un long silence prend place, un silence surprenamment désagréable. Mais ce silence est dérangé par le souffle irrégulier de ma génitrice en larmes.

Soudain une voix inconnue à travers le fil me surprend. C'est une voix grave qui semble dire à ma mère :

- Tu l'as entendue.

Et là elle me raccroche au nez. Alors elle ne délirait pas? Il y avait vraiment quelqu'un chez elle... avec un briquet en plus? Quoi qu'il vienne de se passer, ça fait beaucoup d'événements à emmagasiner, non? Je retire ce que j'ai dit avant, ma vie est un vrai condensé de merde crémeuse ...

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Hellooooo

Ça fait plusieurs jours que j'ai pas publié et je m'en excuse, sorryyyy.

Alors ce chapitre?

Il va arriver quoi à la mère d'après vous?

Qui est l'homme mystère ?( je crois que c'est assez évident ms je demande qd mm😂)

Alors avez-vous remarqué un détail ?

Ouuuuui!

La couverture est différente 😆

J'y ai donné du mien alors vous avez pas intérêt à la critiquer.🙂
Franchement je trouve que j'ai fait du bon travail😚

Eh ben oui, la couverture donne un peu le casting :

la fille du milieu qui n'est autre que romee strijd = gaby

Les 2 mecs sont tony mahfud(😍)

A droite on a adam, élégant et classe 😎

A gauche lane, le mystérieux avec son maquillage de tate langdon qui représente son état d'âme 💀👹

En plus pour les observateurs vous remarquerez que le nom de chacun des mecs apparait au dessus de sa tronche. hasard? ( en fait oui 😂😂)

Et maintenant la question que tout le monde (même moi franchement 🤔😂) se pose : lequel choisira-t-elle. Qui est pour:

Adam?

Lane?

Aucun des deux (mdrr si vous votez je vous tue 😂😂)

Voili voulou.

Petit plus : mdrr j'ai adoré parler de It (ca) mm si j'ai pas vu le film ( me jugez pas je suis sensible) 🤡

Il est un peu long ce commentaire après chapitre mais on s'en fout.
Bref

A bientot pour un nouvelle épisode

Kiss
😘

Ps: le titre de ce chapitre paraît chelou en fait 😆 jsuis une vraie gamine, mais bon il a son sens aussi.