[74] Tout de sang vêtu.
Nous grimpons l'immense escalier principal pour monter au premier étage. Erwin nous conduit ensuite le long d'un couloir jusque dans la chambre de Juvia. Mon sang gèle quand je réalise qu'elle est vide.
- Elle s'est peut-être déjà enfuie?, propose Aaliyah. On ne doit pas rester ici nous non plus.
- Comment on peut en être sûr ?, réplique une petite figure baignant dans sa combinaison. Elle est peut-être effrayée quelque part. On ne peut pas l'abandonner.
- On n'a plus le temps, renchérit la voix d'Austin. Je vous signale que les flics sont un étage plus bas.
- C'est de ta faute si elle s'est isolée, le pointé-je. Tu n'as pas le droit de la laisser derrière.
- C'est de ta faute si on se retrouve tous ici, je te signale.
- J'ai fait ce que j'ai pu, okay ? Je ne peux pas tout contrôler !
Tous ces regards inexpressifs qui me fixent me mettent mal à l'aise. Je serre les dents, coupable.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ? On abandonne l'une des nôtres ?
- Va la chercher, réplique Aaliyah. Nous on doit se tirer d'ici.
- On ne peut pas se permettre de se séparer maintenant !
- Ecoute-moi bien, fait-elle en s'approchant dangereusement de moi. J'ai un avenir tout tracé, une entreprise à développer. Je ne te laisserai pas tout ruiner !
Je sais que Gaby ne voudrait pas me laisser derrière, mais au fond je sais qu'Aaliyah a raison. Je refuse de bousiller l'avenir de mes proches. J'en ai déjà assez fait.
- Gaby ?
Elle ne me répond pas. Je me retourne pour réaliser que nous ne sommes plus que six...
- Mais... elle est passée où ?, s'enquiert Chase.
Je grogne sous mon masque. Il ne manquait plus qu'on la perde elle aussi !
- Je vais la chercher.
Je me précipite dans le couloir sans les attendre. Je tourne à droite et descend les escaliers d'un pas pressé. Un bruit sourd me surprend et je m'immobilise net. Mon souffle se coupe à la vue de la porte qui se détache brusquement de son encadrement avant de s'écraser par terre. Discrètement, je fais un puis deux pas en arrière tandis que les policiers se précipitent à l'intérieur. Cependant, il ne faut pas longtemps pour que je devienne leur centre d'attention.
- Adam Lane ! Plus un geste !
Ils dirigent leurs armes dans ma direction, et je suis pris comme un rat. Je ne peux que sourire de panique sous mon masque.
- A genou et retire ce masque ridicule !
Je déglutis en serrant les poings, la sueur perle sur mon front.
- Lève les mains en vitesse !
Je soupire d'accablement avant de lever les mains en l'air, mon cœur battant à tout rompre. Au lieu d'en être satisfaits, les flics blêmissent de surprise. J'arque à peine un sourcil que leurs armes hésitantes pointent par dessus ma tête. Je tourne curieusement la tête pour découvrir derrière moi un spectacle de figures rouges. Ils se dressent là, au sommet des escaliers, les mains levées et la carrure droite. Et alors se dessine sur mes lèvres un sourire délivré. Je tourne la tête en direction des policiers, mon cœur un peu plus léger et les mains toujours levées. Six individus radicalement identiques leur font maintenant obstacle.
- Mais qui sont ces gens ?, déclame Jean-Posey. Où est Adam Lane ?
Je vois une nouvelle silhouette masquée sortir de la cage d'escalier et débarquer comme si de rien n'était. Ca ne peut être que Gaby ! Mes yeux s'écarquillent quand un policier pointe son arme sur elle. Elle a à peine le temps de lever les mains, qu'un coup de feu retentit et s'ensuit d'un énorme éclat de verre. Je dois lever la tête pour comprendre que l'un de nous vient de tirer sur les larges vitraux en double hauteur. Les débris de verre tombent en cascade sur les policiers qui doivent nous oublier un instant pour se couvrir.
C'est ce qui nous donne l'alerte. Sans réfléchir, j'attrape à la volée la main de Gaby et nous enfonce dans le couloir. Je tourne la tête pour m'assurer que les autres sont bien derrière nous. La personne avec la plus grande carrure - que je devine être Erwin - reste pour couvrir nos arrières. Vu sa détermination, je devine que c'est lui qui a fait exploser les vitraux. Il continue de pointer son fusil sur les policier pour les ralentir tandis que j'ouvre la petite porte qui mène au sous-sol.
- Allez allez allez, on fonce !
- Au garage !, nous ordonne Erwin en lançant ses clés au premier venu. Je vais rester pour chercher Juvia.
- C'est dangereux ! Tu seras seul face à tous ces policiers, le supplie Abby.
- Je suis sûr qu'elle s'est déjà enfouie, ajoute la voix d'Austin.
- Non, Juvia n'est pas du genre à abandonner les autres, avoue-t-il. Il a dû lui arriver quelque chose.
Je serre fermement la main de Gaby dans la mienne. Elle lève la tête sur moi, et je devine sa panique.
- On va trouver un moyen, lui fais-je. Je te promet qu'on va tous s'en sortir.
Gaby acquiesce au son de ma voix. Elle attrape ma manche pour me traîner dans une direction.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle pointe au loin, en direction de la cellule de Daphné.
- Plus tard Gaby, Daphné n'est pas notre priorité.
Elle secoue la tête, toujours sans un mot. Je tourne la tête en arrière vers la bande.
- Les gars, je crois que Gaby essaie de me montrer quelque chose. C'est ça ?
Elle acquiesce pour seule réponse et je sais que je dois lui faire confiance.
- Erwin, prends les autres avec toi et veille à les protéger. Je te fais confiance.
L'homme secoue cependant la tête.
- Non, je viens avec vous.
- Tu es le plus fort de nous tous et tu sais te servir d'une arme. Les autres ont besoin de toi.
Une autre silhouette s'avance vers moi.
- Je viens aussi, fait Austin.
J'arque un sourcil derrière mon masque.
- Tu n'as pas besoin de-...
- Tu crois que je vais te laisser jouer le héros tout seul ? On va sauver Juvia et tous rentrer sains et saufs.
La grande silhouette d'Erwin nous entoure Austin et moi de ses bras.
- C'est décidé, je vous confie Juvia, fait Erwin. Faites attention à vous.
Il se tourne vers les autres pour leur faire signe de le suivre. Mais une main attrape mon bras, refusant de me laisser partir.
- Non !, fait Abby en larmes. Je ne veux pas que vous partiez. On ne devrait pas se séparer.
J'attrape ses épaules et pose un genou à terre pour arriver à son niveau.
- Tout ira bien je te le promets.
Je lui donne une tape sur la tête et la pousse en arrière pour qu'Erwin l'attrape. Abby se débat et hurle son désaccord dans les bras du grand costaud.
- Non ! Je veux venir aussi ! T'as pas le droit !
J'ignore ses pleurs et lui fait dos pour affronter Gaby.
- Dis-moi où est Juvia, et tu rejoins les autres.
Mais elle secoue la tête et s'aventure dans le couloir sans nous attendre. Je grogne stupéfait avant de tourner la tête vers Erwin et le reste de la bande.
- Allez-y !
Abby crie le nom de sa sœur entre deux sanglots et je n'ai pas le temps de me sentir coupable qu'Austin me tape à l'épaule. Je serre les doigts autour du tableau que je transporte.
- Aaliyah ?
Cette dernière se retourne, curieuse que j'appelle son nom.
- Je sais que je te monte à la tête ces temps-ci, mais j'aimerais te demander quelque chose. Est-ce que tu pourrais... prendre ce tableau et le protéger jusqu'à notre retour ?
La frisée fait quelques pas dans ma direction.
- J'ai peur qu'il ne lui arrive malheur s'il reste avec moi. Je te fais confiance.
Elle lève les bras et je lui tend la toile.
- Tu peux avoir l'esprit tranquille, fait-elle. Mais tu dois protéger Gaby et mini Gane, c'est compris ?
J'acquiesce et la regarde s'éloigner avec le reste de la bande. Austin et moi traversons le couloir pour la énième fois avant de nous arrêter devant la cellule où est postée Gaby. J'arque un sourcil en réalisant que la porte est grande ouverte. A l'intérieur, nous découvrons le corps inerte de Juvia. Je m'accroupis pour la redresser tandis qu'Austin ouvre la bouteille d'eau qui jonche le sol. Il la verse sur le visage de Juvia en lui donnant des petites tapes aux joues pour la réveiller.
- Debout Juvia. Est-ce que ça va ?
Elle cligne des yeux difficilement, nous regardant à peine. Il faut que je me permette de lui flanquer deux grosses gifles pour la faire enfin réagir. Elle ouvre les yeux sur non pas une mais deux têtes moustachues. Elle nous fixe d'abord calmement le temps de reprendre ses esprits, puis elle m'assène un violent coup de coude au menton. Juvia se met à hurler et à se débattre en frappant dans tous les sens. Austin doit alors retirer son masque pour qu'elle se ressaisisse.
- Oh... mon mari c'est toi ?
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?, fais-je. Et où est Daphné ?
- Ah !, hurle-t-elle. Je la déteste ! Elle a insulté mon mari et je- et je-...
- T'as quoi ?
- J'ai... ouvert sa cellule ?
Je retiens mon souffle à peine quelques secondes.
- T'as quoi ?!
- Je l'ai frappée et elle m'a frappée et on s'est battu ! J'allais gagner ! Elle a triché, cette sale mauvaise joueuse. C'est moi la plus forte !
Je t'entend un gloussement derrière moi.
- Où elle est ?, Austin demande à Juvia. Où est Daphné ?
- Pourquoi tu demandes ?, fait-elle jalouse. C'est moi ta femme !
- Où est Daphné ?, répété-je sérieusement.
Juvia hausse les épaules quand j'entend sursauter Austin derrière moi. Lorsque je me tourne vers lui, je réalise que Gaby a une arme dans les mains. L'arme d'Austin.
- Je t'ai dit de ne pas toucher à ça !, grogné-je.
Un frisson me parcourt quand elle se met à rire en me pointant de l'arme. Et pour la première fois je réalise que son masque est fissuré. Mais qu'est-ce que ?...
- Pauvres cons, souffle-t-elle.
Je reconnaîtrai la merveilleuse voix de Gaby entre milles, non entre cent plutôt. Bon soyons réaliste, je la reconnaîtrai entre dix. Et je peux vous dire que Gaby n'a pas un rire de phoque constipé.
- Mains en l'air !, siffle-t-elle.
- Bon bah, fais-je en levant les mains sur ma tête, on dirait qu'on a retrouvé Daphné.
- Allez, mettez-vous gentiment sur les genoux.
On s'exécute, moi non pas gentiment. Je lui offre mon beau majeur.
- Daphné tu devrais éviter de rire plus que ça... Disons que... Ça te donne un air primitif.
- Glisse ton arme par ici, me crache-t-elle.
- Comment dire... Ca va pas être possible.
Elle s'avance vers moi et me flanque un coup de pied en pleine face qui fait voler mon masque. Elle profite de mon inattention pour s'accaparer de mon arme. Je crache du sang en me maudissant. Daphné observe les deux pistolets qu'elle a maintenant en main.
- Alors Lane, qu'est-ce que ça fait d'être dans cette position ? On rigole moins, hein ?
- Laisse-les partir, soufflé-je. Ils ne t'ont rien fait de mal.
- Baisse la tête.
Je lève les yeux sur elle, et deux soucoupes me regardent de haut.
- Baisse la tête, si tu ne veux pas que je bute la brunette.
- Tu es incapable de tuer.
- Ah oui, tu crois ? (elle lève le masque sur sa tête pour m'offrir un large sourire en coupe.) Regarde ta blondasse par exemple, elle doit servir de bouillie à l'heure qu'il est.
Elle fait un pas de plus, son visage se fondant dans une expression chaotique. Je sens un frisson parcourir mon dos et quelque chose s'effrite en moi.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ?
- Je viens de te le dire.
- Je te jure que s'il lui arrive quelque chose je vais-...
- Tu vas quoi ?, me coupe-t-elle. Tu n'es pas en position de menacer qui que ce soit.
Elle remue l'un des pistolets, nous narguant tous les trois. Je plisse les yeux, reconnaissant ce design familier. C'est un Colt, l'arme favorite de mon père. Une vague de souvenirs malaisants me saisit alors. Daphné me lorgne de haut et je vois le visage de mon père par dessus le sien. Rien n'a changé depuis. Je redeviens le garçon faible, à la merci de son propre père.
- C'est lui ton petit crush ?, lance-t-elle en désignant Austin du bout de son arme.
- Mon mari, la corrige Juvia et elle ne semble plus aussi sûre d'elle.
A ses mots Daphné se noie dans un fou rire.
- On est sorti ensemble à une époque, lui annonce-t-elle. Il peut te paraître mystérieux et beau garçon, mais je te le dis déjà, Austin est vraiment ennuyeux.
- Redis ça et je te rase la tête !, s'insurge la brune.
- Tu veux que je t'explose le cerveau avant pour voir ?
Juvia serre les poings et sans flancher un seul instant elle soutient le regard de Daphné.
- Tu veux te battre ?, lance Juvia.
- Tu n'aurais pas oublié que tu as déjà perdu contre moi ? Tu veux te faire ratatiner encore une fois ?
- Je n'ai pas perdu ! C'est toi qui as triché !
- C'est pas de ma faute si t'es distraite. La prochaine fois, évite de te retourner quand ton adversaire te dit que ton mari est là. C'est fort probable que ce ne soit pas vrai.
Je vois du coin de l'œil qu'Austin se prend le visage dans la main, sonné par tant de naïveté.
- Qui crois-tu va gagner ?, s'amuse l'asiatique. La fille d'un policier ou celle d'un criminel ?
Juvia crache à ses pieds.
- Je suis la fille de mon père, lui répond-t-elle. Tu ne m'arrêteras pas.
- Oh tu crois ça ? Moi aussi, je suis la fille de mon père. Et le taf du mien est d'arrêter le tiens. J'aime à croire que la chance me sourit, avoue-t-elle en gardant Austin dans le collimateur. Je vais commencer par toi.
- Si tu touches à un cheveux de mon mari je vais te découper en petits cubes et te donner en pâture à Cer et Bère !
- Tu seras trop occupée à chialer comme une veuve, lance-t-elle en me jetant un regard. Tout compte fait, j'adore séparer les gens de leurs êtres chers.
Elle jubile sous nos nez. Ma colère est grandissante, à peine contenue. Daphné fait signe à Austin de se lever. Il me lance un regard accablé avant de s'exécuter.
- Non !, hurle Juvia.
- Oh que si, fait Daphné le doigt sur la gâchette.
- J'ai dis non !
En un battement de cils, Juvia se relève à toute allure et se précipite sur Daphné. La brunette lève une jambe si haut qu'elle parvient à propulser l'arme hors des mains de Daphné. Je retiens mon souffle pendant ce qui me parait être une éternité. L'arme allumée fait feu quand elle entre en collision avec le mur. La détonation nous surprend tous et plus personne n'ose bouger. Heureusement, la balle s'est nichée dans un mur sans blesser personne. Le temps de reprendre mes esprits, Daphné pointe déjà Juvia de son autre arme.
- Plus personne ne bouge ! C'est un ordre !
Je baisse les yeux sur le Colt tombé par terre et je manque d'air quand je vois Austin foncer sans réfléchir récupérer l'arme. Daphné s'élance à son tour et détache alors son attention de Juvia qui en profite pour lui assener un nouveau coup de jambe. Dans tout ce tapage, l'autre pistolet vole dans les airs avant de glisser au sol. Et prises d'une lancée d'adrénaline, les deux filles se précipitent déjà dessus. Juvia est une flèche montante. En quelques pas à peine elle fait déjà de l'ombre à Daphné. Pour rattraper le coup, cette dernière se retrouve alors à tirer les cheveux de la brune. Mais Juvia réagit très vite. Elle fait un quart de tour et enfonce son poing dans le ventre de Daphné.
- Juvia !, lui crié-je. Retiens-la !
Je bondis pour récupérer mon arme, mais un corps tombe inopinément sur moi et nous roulons à terre. Les cheveux de Juvia couvrent mes yeux et quand je les dégage, une arme se retrouve déjà pointée sur nous.
- Bande de connards !, fait Daphné en plaquant ses cheveux en arrière.
- Eloigne-toi d'eux, la menace Austin.
Le Colt est rivé sur elle et la jeune fille fulmine en levant son arme sur lui.
- Teste-moi, déclame-t-elle. Je suis sûre que je tire plus vite que toi.
Juvia se redresse farouche.
- Je t'interdis de menacer mon mari !
La brunette arrive sans prévenir sur Daphné, bloque sa main armée pour lui foutre son poing dans la gueule. Daphné se ressaisit cependant bien trop vite. Elle arrive à se libérer et flanque un violent coup de crosse de pistolet contre la tête de Juvia. Cette dernière se tient la tête douloureusement et ne peut rien faire quand Daphné enroule son bras autour de sa gorge. L'asiatique nous regarde d'un sourire carnassier en pointant Juvia.
- Dépose ton arme, fait-elle à Austin. Maintenant, sinon je lui explose la cervelle.
Il me lance un regard inquisiteur auquel je ne sais quoi répondre. Daphné devient vite anxieuse et perd patience.
- Quoi ? Tu ne m'en crois pas capable ?
- Daphné, fait Austin, je suis sûr que tu ne veux pas devenir ce que ton père s'efforce de combattre, pas vrai ?
Elle répond à la provocation en invitant une balle de plomb dans son épaule. Je retiens mon souffle quand je vois mon meilleur ami s'effondrer par terre et l'arme lui glisser des doigts. Le cri de Juvia me sonne. Je prend une grande inspiration et sans perdre de temps je pars récupérer le Colt avant que Daphné n'en prenne possession.
- Hey ! Pas touche !
Mes doigts tremblent quand le souvenir de mon père me reviens si vif. C'est son arme favorite qui glisse sur ma peau à présent.
- Je ne comprend pas, fais-je affligé. Pourquoi tu ne cours pas te réfugier chez ton père ? Ils sont venus pour toi, alors pourquoi tu risques ta vie comme ça ?
- Je suis là pour venger mes amis, crache-t-elle, que tu as tué. Je vais te faire subir ce que tu m'as infligé ce jour là. Je l'ai juré, j'aurais ta peau.
- Ce n'était pas moi.
- Tu es taré, fait-elle. Je dois me débarrasser de toi, sale monstre.
Je glousse à l'entente de cet surnom qui m'a toujours insurgé. Je ris fort pour ne plus entendre les paroles de Daphné. Pour ne plus entendre la voix de mon père. Tuer. Tuer. Tuer. Pour le plaisir. Je ris tellement fort qu'elle me dévisage, elle et les autres. Je dois me tenir le ventre tellement j'ai des crampes. Mon bas ventre me chatouille et me picote. J'en ai des nausées. Mes doigts sont si chaud, enflammés presque. Tuer. Tuer. Tuer. Pour protéger. Le Colt appelle mon nom. Il me rappelle que tuer est un Art, quel qu'en soit mes intentions.
- Ca t'amuse peut-être ?, s'insurge Daphné. Mais je serais la dernière à rire !
Je jubile sous ses yeux ébahis. Je veux vomir. Mes jambes faiblissent et je tombe à terre. Daphné détone des mots qui m'échappent. Ma tête trouve sa place contre un sol froid et peu invitant. Je frissonne tandis que mes doigts parcourent l'arme à feu. Elle appelle mon nom avec vivacité. Elle me dit que tout ira mieux. Un coup de feu, et tout sera réglé. Mes yeux ne voient dans la pénombre qu'un petit garçon en pleurs. Un petit garçon qui croit avoir tué son chien adoré. Qui se croit tout de sang vêtu.
- Arrête de rire ! Tu me fous la frousse.
Je ris d'autant plus fort quand mes doigts trouvent le verrou et se risquent à enlever la culasse. Je pouffe le plus fort possible pour que Daphné n'entende que ça. Cette fois, je ris pour de vrai quand des cartouches tombent enfin dans la paume de ma main. Le Colt n'appelle plus mon nom, je l'ai mis sous silence.
- Ta gueule, espèce de taré !
Je glisse toutes les cartouches dans la poche de ma combinaison et remet la culasse comme si de rien n'était. Ma voix est en compote quand je me ressaisis finalement. Je lève la tête sur une Daphné mal à l'aise.
- Donne moi ça, bon sang !
Je pointe l'arme vide sur elle en esquissant un sourire.
- Je peux te le donner oui. Tu préfères le pistolet en main ou une balle dans la tête ?
- Fais pas le malin avec moi !
Je lève les mains en guise d'excuses.
- D'accord ! d'accord ! ( je dépose le Colt au sol et le fais glisser dans sa direction d'un petit coup de pied) Contente ?
Elle me considère du regard un sourcil arqué. Elle observe l'arme à ses pieds avec précaution.
- Tu sais Juvia, m'exclamé-je, l'arme que Daphné a en main c'était celle d'Austin. Et je crois bien qu'il l'adorait. Je l'ai même vu l'embrasser.
Ses yeux s'illuminent. Alors que c'était mon arme à la base, bien-sûr elle n'en saura rien.
- Donne... (Juvia attrape la tête de son assaillante et la fait basculer en avant) Donne-moi ça !
Juvia bondit sur son dos et parvient ainsi à l'immobiliser. Ensuite, elle lui arrache avec aise le pistolet. Daphné grogne mais elle parvient tout de même à récupérer mon arme vide. Les deux filles se pointent l'une l'autre et je ne peux que rire intérieurement. Je me redresse nonchalant et m'avance vers elles.
- Reste où tu es !, m'ordonne Daphné.
- Sinon quoi ?
Daphné appuie sur la détente mais rien ne se produit. Et alors qu'elle écarquille les yeux sous mon sourire amusé, Juvia ne la lâche pas du collimateur. L'asiatique me fusille du regard avant de pointer du doigts quelque chose derrière Juvia.
- Oh non !, lâche-t-elle faussement. Ton mari se vide de son sang.
Je veux lui crier de ne pas se retourner mais trop tard. Daphné pousse Juvia et arrive à se sortir de la situation. Elle prend les jambes à son cou et file à toute allure.
- Imbécile !
Juvia m'ignore et se précipite vers Austin.
- Mon mari tu vas bien ?
- Va la rattraper, lui fait-il en se relevant difficilement. T'es la plus rapide ici.
- C'est vrai ? Tu trouves que je suis la plus rapide ?
- Dépêche-toi !, fais-je. On n'a pas le temps là.
- Alors mon mari..., souffle-t-elle en se triturant les doigts. Tu m'offriras un cadeau en échange ?
Austin acquiesce et Juvia crie de joie. Je lui demande de me refiler l'arme avant qu'elle ne parte à la poursuite de l'autre. D'abord, nous essayons de garder le rythme, mais Juvia prend de l'avance et on la perd vite de vue. Je décide alors de ralentir mon rythme pour ne pas perdre Austin.
- Ca va aller ?, lui demandé-je.
- Ca fait vachement mal, avoue-t-il.
- Au moins on a eu la bonne idée de mettre des combinaisons rouges.
Il arque un sourcil.
- Pour que l'ennemi ne nous voit pas saigner, fais-je dans un clin d'œil.
J'entend un cri suivi d'un bruit de chute au loin. Nous échangeons un regard et je fonce sans l'attendre. Plus loin, je découvre que Juvia maintient Daphné au sol.
- Bien joué, Juvia.
Elle se lève pour accourir dans les bras d'Austin. Le pauvre se pince les lèvres de douleur.
- Alors ? Ma surprise ?
Austin déglutit.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Un bisou !
Austin se dégage d'elle et décide de l'ignorer en beauté.
- Où est Gaby ?
- Tu veux m'envoyer la rejoindre ?, crache Daphné, j'adorerais lui porter mauvaise compagnie.
- Dis-moi où elle se trouve, commencé-je.
- Actuellement, elle doit brûler aux Enfers.
- Tu n'as jamais tué, lui confié-je.
- C'est vrai. Disons que je l'ai jetée dans les bras de la Mort, si tu préfères.
Je n'ose pas fermer les yeux de peur de voir ceux de Gaby.
- Je n'allais quand même pas te laisser une chance d'être heureux, pauvre fou. Tu peux toujours te débrouiller pour la rejoindre, si tu vois ce que je veux dire.
Je prend une grande inspiration. Non, elle ment. Gaby ne peut pas partir avant moi.
- C'est Gaby qui voulait te garder en vie. Elle ne te voulait aucun mal. C'est grâce à elle que tu es là.
Daphné hausse les épaules, indifférente.
- C'est une triste vie que d'être impliquée dans la tienne.
- Je ne te crois pas. Gaby est toujours vivante.
- Tu n'as qu'à te donner la mort, et tu sauras la vérité. C'est toi qui l'a tuée, réplique-t-elle.
- Tais-toi !
Si c'est vrai... Et si c'était vrai ? Et si Gaby et l'enfant qu'on n'a même pas encore eu le temps de nommer m'attendaient de l'autre côté ? Qu'est-ce que je fais encore ici ?
Je colle mon pistolet contre sa tempe, et je vois Daphné frissonner. Une larme perle sur sa joue, mais elle reste de marbre.
- N'oublie pas de t'enfoncer une balle dans le crâne quand t'auras fini.
Je respire mécaniquement, un goût de cuivre sur la langue.
- Oui, affirmé-je, c'est déjà prévu.
°°°
Helloww
On se retrouve pour un chapitre mouvementé. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Levi et Austin qui fonçaient droit dans la gueule du loup sans se douter que Gaby est Daphné 😭.
Juvia n'a pas froid aux yeux. Elle fait vraiment tout le boulot, en passant par taper et immobiliser Daphné jusqu'à taper des sprints. 😂
Qu'est-ce que vous pensez que Daphné a fait de Gaby ? 🥲
Allez, c'est tout pour moi. On se retrouve dans une semaine pour la suite !
❤️ Kissou kissou ❤️
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