[45] J'ai de la merde sur le front.
Isn't it lovely, all alone
N'est-ce pas charmant, tout seul?
Heart made of glass, my mind of stone
Coeur fait en verre, mon esprit de pierre
Tear me to pieces, skin to bone
Déchire-moi en morceaux, de la peau aux os
Hello, welcome home
Bonjour, bienvenu à la maison
- Lovely by Billie Eilish
🎶🎶
Quelle est votre définition de la joie de vivre ? Quoi que puisse être votre réponse, elle se trouvera toujours fort éloignée de ce que je ressens en ce moment-même.
Pour moi la joie de vivre c'est le nom d'une licorne qui me chie dessus en tentant de me faire sourire, malgré la situation. Et vous savez ce que je lui fais à cette licorne ? Je lui arrache ses cornes. Plus de cornes, plus de licorne, plus de joie de vivre. Il reste juste encore sa merde sur mon front. Bordel...
Je suis dans la merde, et pas que celle de la licorne.
Je ne peux pas croire une seule des pensées qui entre dans ma tête, je ne le veux pas. Je ne peux même plus croire aux battements de mon coeur, que je croyais dédiés à cet homme. Pour qui bat-il déjà ? Pourquoi bat-il déjà ?
Mon cœur continuera tout de même à me faire vivre, parce qu'il veut me sentir en vie. Même si je suis touchée et à terre, transpercée par une balle empoisonnée. Une balle qui se logerait au creux de mon coeur, mais qui ne freinerait aucun de ses battements. C'est exactement ce que je suis en train de subir et j'aurai surement préféré que cette balle m'achève.
Je fais un pas en arrière en prenant ma bouche dans ma main, n'empêchant pas les larmes de couler à flot.
Et moi qui croyais que la mort était la dernière des punitions, la fin de nos souffrances. Me voilà à trouver une réponse à la question que beaucoup se posent :
Qu'est-ce-qui est pire que mourir ?
Vivre alors que ce qui est en nous meurt.
Je suis vivante.
Mais je suis morte.
En toute logique, on pourrait même dire que je suis une morte vivante.
Une main agripant mon poignet m'extrait à mes pensées. Il ne faut que quelques secondes à mon cerveau pour tirer la sonnette d'alarme. Et la gifle part d'elle-même. La tête du menteur pivote de presque 90 degrés tellement le coup est violent. Je ne saurais dire ce que cet homme, dont je ne veux plus avoir à prononcer le nom, pense en ce moment même.
Et alors même que la haine, la déception, la colère et le dégoût enveloppent ensemble mon corps pour en faire une armure d'indifférence, il me lance ce regard. Ce regard. Celui qui me brûle les entrailles. Celui qui lui brûle son âme. Celui qui pourrait me faire pleurer de compassion. Parce que je peux ressentir ses maux à travers ce regard. Celui d'un enfant qui éprouve du regret. C'est ce regard là.
Celui de la désolation de Lane.
Et il faut que je détourne le regard pour ne pas faiblir. Ni son regard, ni ses excuses ne feront revenir ma mère. Alors mon pardon n'aurait aucun sens. En fait il n'a pas lieu d'être.
- Gaby... Je...
Ne me parle pas, pas de cette voix aussi faible et brisée. Ne me regarde surtout pas, pas de ce regard empli de désolation. Et ne me touches pas ! Pas de ces gestes perdus dans les tréfonds de ta culpabilité.
Arrêtes ça, ça me donne envie de te prendre dans mes bras pour te réconforter. Mais tu n'es pas la victime, tu es son bourreau. Et là est toute la subtilité de la situation.
- Comment as-tu pu ?
Des larmes naissantes marquent le début de mes pleurs. Et ce garçon, celui qui réalise que je suis en train de me briser intérieurement, avance une main incertaine pour sécher mes larmes. Ce qui réveille mon reflexe qui n'est autre que de rejeter son geste. Il me regarde, ne pouvant plus rien oser. Complètement dubitatif face à ce qui pourrait se passer.
Mais il ose oser. C'est un de ses traits.
- Ecoutes Gaby... Je te jure que... C'était pas... Enfin c'était il y a si longtemps et les choses ont changées. J'ai changé !
- C'est dégueulasse, ce que tu as fait c'est...
J'essaie d'articuler mes mots, sans les avaler. Mais c'est tâche difficile, beaucoup trop difficile. Tellement difficile que je sais que je ne parviendrais jamais à terminer cette phrase. Du coup, je vais droit au but :
- Pourquoi ?
Sceptique, nous le sommes tous les deux. Et indignée, je le suis plus que lui.
- Je n'ai aucune excuse.
Je le savais. Et pourtant ça ne m'empêche pas de la sentir passer, cette crispation qui endolorie mon corps.
N'en pouvant plus, je fais ce qu'il y a de mieux à faire. Je fuis. Cette fois je fais demi-tour pour de bon, sans me retourner. Je te fuis. Toi et ton regard meurtri. Et je prie pour que tu ne me poursuive pas. Mais tu es du genre à suivre ton propre instinct.
- Gaby ! Attend ! Je peux tout t'expliquer.
- Il n'y a rien à expliquer ! Laisse-moi !
- Je t'en pris, me supplie-t-il.
- Bordel je viens d'apprendre que tu as butté ma mère ! Tu crois que j'ai encore envie de te voir ?
Le silence, c'est tous ce qu'il reste entre nous. Enfin, avant que je ne claque la porte derrière moi pour me ruer dans les escaliers, les larmes obstruant ma vue.
Je cours encore et encore, laissant à mes jambes le choix de m'emmener où bon leur semble. Et c'est lorsque je me retrouve en face de mon immeuble que je réalise que je ne peux pas rentrer chez moi. Que pourrais-je dire à Abby ? Que le petit ami de sa soeur a tué sa mère ?
Alors je fais ce que je fais le mieux : fuir, encore une fois.
Mes pieds m'emmenent à nouveau à travers la ville. Mes yeux ne s'occupent même pas du paysage qui m'entoure, parce que mon esprit ne parvient plus à se calmer.
Lorsque j'arrive à destination, je me précipite dans l'ascenseur pour monter au dernier étage du palace. Me voilà enfin devant la porte sculptée comme une oeuvre. Je sors mon double des clés et pénètre le penthouse.
Je cherche un signe de vie qui pourrait me réconforter mais tout ce qui m'accueille c'est la solitude. Personne. Personne n'est là.
Aucun son ne me parvient du salon luxueux décoré aussi magnifiquement qu'une galerie d'art. Chacun des vases sont minutieusements posés. Certains sont ornés d'or, à la manière traditionelle des chinois. D'autres ont un style plus exotique et contiennent des tas de fleurs différentes qui les mettent en valeur. Et puis il y a un vase particulier, une jarre en terre cuite peinte et sculpté de la manière la plus artisanale qui soit. Elle n'a pas besoin qu'on l'embellisse, elle est déjà au summum de la beauté. C'est pour ça qu'aucune plante ne l'orne.
Au fond, cette jarre est comme moi : vidée de l'intérieur.
Soudain un son faible me parvient. Je crois qu'il provient de la terrasse. Alors je m'y rend au plus vite. Du vert, beaucoup de verdure. Des fleurs plantées ici et là colorent le tout. Mais il manque quelque chose : une présence humaine.
Je dois endurer cette souffrance toute seule. Mon énergie veut me quitter. Et dire que je n'étais parvenue à convaincre mes jambes de me garder debout que par espoir de la trouver ici. Mais on dirait que je ne suis pas très chanceuse aujourd'hui.
Ou pas ?
J'entend de nouveaux rires, qui me semblent cette fois-ci venus tout droit du petit bar se trouvant derrière la terrasse. Je me force à m'y rendre. Et je les vois, ces deux-là. Aaliyah qui tient à la main un mélange de plusieurs boissons alcoolisées qui ornent le comptoir. Devant ces dernières se trouve d'ailleurs notre fameux barista qui est l'auteur de la boisson que boit mon amie. Chase et Aaliyah rient comme de bon vieux potes. Et je me serais volontiers joint à eux, si je n'avais pas cette subite envie de me laisser tomber au sol. Je parviens à peine à avoir leur attention que mes forces me quittent.
Je me réveille dans un lit king size qui porte l'agréable odeur d'Aaliyah. Une main plus sombre que ma peau agrippe la mienne et je rencontre le visage de ma meilleure amie lorsque je tourne le visage. Elle se gratte les yeux, fatiguée d'avoir autant veillée sur moi, et me sourit tendrement.
- Bien dormi ?
- Pas vraiment...
Je chasse ces pensées morbides qui commencent à infiltrer mon esprit. Le mieux à faire est d'éviter qu'Aaliyah ne force la discution maladroitement. Alors je commence en installant un sujet éloigné de Lane.
- Chase et toi, vous vous voyez souvent ?
- Oh oui un peu. Il vient me porter compagnie de temps en temps, parce que tu me délaisse quand même un peu pour ton casse pied de copain.
Je mord ma lèvre pour ne pas penser à lui.
- Chase est pas trop chiant. Je dirais même que c'est le plus "appréciable" des trois mousquetaires.
Elle ajoute des guillemets au moyen de sa voix et de ses doigts pour parler de Chase.
- Mais bon, il n'en reste pas moins le plus con.
- Hey ! Tu veux bien arrêter de me dénigrer ?
L'arrivée amusante de Chase dans la chambre m'arrache un fin sourire. Aaliyah ajoute à son égard :
- C'est beaucoup trop amusant pour que je m'en prive.
- C'est de la méchanceté gratuite, tente-t-il de se défendre.
- Mais quel fragile ce mec, c'est gentil !
Aaliyah se lève pour tirer les joues du garçon qui plisse les yeux.
- Hein que c'est gentil ? S'amuse-t-elle comme face à un enfant.
Ce dernier tape sa main pour la dégager et prendre une moue boudeuse. Face à cette scène et au sourire sincère de mon amie, je ne peux m'empêcher de demander :
- Vous sortez ensemble ?
Aaliyah est riche c'est vrai. Mais il y a une chose que l'argent ne pourra jamais lui offrir, c'est une compagnie. Une vraie compagnie, pas des gens intéressés par son banquier. Je crois qu'elle a trouvé quelqu'un comme il lui faut, quelqu'un qui sait comment gérer son fort caractère sans la mettre hors d'elle. Quelqu'un qui la comprend. Et qui lui offre de son temps, au final contre rien du tout.
- Quoi ?! Moi avec ce con ?!
Aaliyah s'indigne en fixant Chase quelques secondes. Ce dernier partage son regard et ils se regardent pendant un certain temps avant d'éclater de rire. Je ne sais pas pourquoi, mais je les rejoins dans ce fou rire.
- Aaliyah est beaucoup trop bien pour moi, affirme tristement Chase. Et puis, je ne pense pas être son genre.
- T'es comme un petit chiot, se marre-t-elle. T'es chou.
- On dit pas à un mec qu'il est chou, fis-je comprendre à Aaliyah.
- Mais. C'est vrai regarde son petit minois.
- Aaliyah !
- C'est bon Gaby t'en fais pas, j'ai pris l'habitude.
- Vous me donnez l'impression d'être une vilaine sorcière.
- Tu nous donne aussi cette impression là.
Aaliyah attrape Chase par le bras et le tire vers le bas pour le démonter de ses coups de coudes. Le brun rigole à gorge déployée et se laisse faire un petit moment avant d'attraper les mains de la jeune fille pour tourner la situation à son avantage. Il lui bloque les bras en serrant les siens autour d'elle, la collant ainsi contre son torse. Elle essaye de se détacher de son emprise mais rien n'y fait.
- En fait t'es pas une sorcière, avoue-t-il. T'es une vilaine princesse.
- Ha ? Alors comme ça le chiot serait devenu un homme viril ?
- Tu me trouves viril ?
Aaliyah pouffe de rire obligeant Chase à la libérer. Elle lui fait face et l'examine de la tête aux pieds un long moment avant de souffler :
- Entre le bulldog et le chiot, je préfère le petit chiot.
- C'est un compliment ça ? C'est chelou.
- Mais nan c'est chou.
- Non en fait, t'es chelou.
Aaliyah s'apprête à lui sauter à nouveau dessus quand le son de la sonette résonne dans tout le complexe luxueux.
Aaliyah fronce les sourcils en fixant Chase. Ce dernier se met face à elle et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Elle tente d'ancrer son regard dans les yeux clairs du garçon mais ce dernier ne lui en laisse pas le temps, il sait qu'elle va le contrer. Alors il s'avance vers la porte de la chambre pour la quitter et sans doute ouvrir la porte à notre invité. Pourtant la voix de la brune s'élève.
- Je te jure que si tu lui ouvre la porte c'est toi qui ne la franchira plus jamais !
Chase se retourne, outré par la menace.
- C'est pas à toi, ni à moi de décider pour eux ! Laisses les régler leur problème comme des adultes.
Aaliyah mord ses lèvres en dévisageant son interlocuteur :
- Je l'avais prévenu ! Je lui avais dit que s'il la faisait pleurer je lui réglerais son compte !
Je déglutine sachant pertinemment de quoi ils débattent.
- Je t'en pris Aaliyah.
- Pourquoi tu as été lui dire qu'elle était ici, chez moi ?! Je te faisais confiance !
- Alors continues à croire en moi, je sais ce que je fais.
- S'il entre, tu sors.
- Aaliyah...
- C'est aussi simple que ça.
Il n'a pas lieu d'hésiter, alors Chase la regarde tendrement, comme pour la dernière fois et se retourne pour s'en aller.
- Attend Chase !
Je le retiens de ma voix, et il s'arrête. Les deux me regardent. Ils vont briser leur amitié pour une connerie pareil. Je ne vais pas laisser Aaliyah rejetter la seule personne qui lui offre tous ce qu'il lui manque. Pas à cause de moi ou de Lane.
Je sers le matelas contre moi et leur affirme :
- Je n'ai pas envie de le voir, mais je vais l'affronter. Il le faudra, tôt ou tard. Alors c'est bon, tu peux le laisser venir Aaliyah.
Cette dernière me dévisage douloureusement, mais elle obtempére. Elle se dirige vers la sortie et donc vers Chase et tire ce dernier par le bras pour quitter la pièce.
Il va bientôt arriver, et tout recommencera.
J'ai l'impression qu'ils vont ouvrir les portes au monstre, pour qu'il pénètre dans mon donjon.
Quoiqu'il puisse se passer, je sais que cette discussion sera tellement douloureuse que je vais perdre quelque chose... ou quelqu'un.
○○○
YAAAAAS J'AI FINI DE RÉÉCRIRE CE CHAP! AAAH JE PLEURE DE JOIE ET DE SOULAGEMENT.
donc voilà, je vous présente le chapitre que j'ai "malencontreusement" effacé. Je trouve qu'il est bien mx ainsi, merci ma maladresse mdr ! Et vs comment le trouvez vs ?
Et que pensez vous de la relation entre Aaliyah et Chase ? Friendzone ? Baezone? Chiotzone 😂?
Et la discussion du gane et de ce qui en résultera ? Séparation ou pas? Mdr je sens déjà 2 bih qui me volent mes repliquent répondre : "mais tt façon mini gane is on the way nia nia nia"
am i right ? 😂
Je n'ai AUCUN chapitre de réserve et c la merde, mais je peux déjà vous dire que le prochain chap sera un pdv lane. yeay !
Voili voilou ce sera tout pour moi je vs aimes mes limaces ❤
🙈 Kissou kissou 🙈
Pt msg à mes 2 Kissoutaire qui respectent pas les droits d'auteurs : mini gane is love mini gane is life
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro