[17] même le diable fut jadis un ange.
Qu'est-ce qui est plus gênant que de vomir sur un mec devant deux autres mecs?
Je promet de ne plus jamais boire. Je ne sais même plus combien de litres j'ai bien pu ingurgiter pour finir dans cet état. Mais heureusement que j'ai récupéré mes esprits, enfin un peu... Parce que je suis encore assez folle pour foncer dans les bras de Lane, et y rester! C'est gênant, d'autant plus que je n'ai jamais autant pué de la gueule.
Il me recule doucement et m'examine.
- Tu devrais te changer. Tes vêtements sont aussi intacte que la gueule du pervers.
Je précipite mon regard vers mon chemisier qui ne peut dorénavant plus être qualifié de tel. La gêne est infinie.
- Je vais m'occuper de ce mec, intervient Chase en agripant le col de l'homme et en le trainant dehors. Il y a des douches dans les chambres, profites-en pour te nettoyer toi et tes vêtements Gaby.
Quand on te conseille de prendre une douche c'est que tu dois vraiment piquer les yeux, et dans le sens le plus péjoratif qui existe. Je rougis tandis que Chase referme la porte derrière lui, me laissant seul en présence de Lane.
- Vas te doucher, fait-il. L'odeur commence à picoter mes narines.
- Tu ne partiras nul part d'accord? On doit parler, tu te souviens?
- J'en sais trop rien.
Je soupire et m'engouffre combien même dans la salle de bain. Je ne l'entend plus, ni lui ni ses remarques. C'est tellement calme que je crois bien qu'il s'est défilé. Tellement calme que je dois me dépêcher de finir cette douche.
Lorsque je sors enfin de la salle de bain je le retrouve miraculeusement. Il est assied sur le lit. Il me présente calmement une tenue de rechange. C'est les vêtements des employés du Lux, je suppose que c'est Chase qui a reussit à se les procurer pour moi.
Je fusille Lane du regard.
- Quoi? Oh ne me dis pas que je dois me tourner pour que tu t'habilles?
- Retournes-toi.
- Je serai presque devin, soupire-t-il en se tournant face au mur.
Je passe mes sous-vêtements sous l'essuie. Puis je me débarrasse de ce dernier pour mettre le haut. Je suis beaucoup plus à l'aise lorsque je me vêti du pantalon de la tenue.
- C'est bon, j'ai fini. Tu peux te retourner.
- Me retourner? Commente-t-il. Pour quoi faire? Voir ta face qui m'insupporte?
Je soupire. Il m'en veut toujours et je n'ai aucun moyen en tête pour me faire pardonner.
- Ecoutes Lane, on pourrait peut-être essayer de-...
- L'iPhone, me coupe-t-il. Tu ne l'as pas n'est-ce-pas ? En fait tu n'as jamais eu l'intention de m'en acheter un.
Cette fois il a prit la peine de se tourner vers moi, pour scruter ma réaction. Lui a l'air attristé. Je me demande bien pourquoi. La dernière fois que je l'ai vu il s'éclatait avec Austin et quelques filles. Et là, il a la mine affreusement dépitée.
Je m'assied en silence à ses côtés.
- Tu es vraiment venu dans un nightclub habillée comme ça ?
- Quoi? Qu'est-ce qu'ils ont mes vêtements ?
- Une chemise et un pantalon, sérieusement ? Tu as vu combien de filles habillées comme ça en arrivant?
- J'ai fait un effort et tu oses te plaindre?
- Tu te ramènes dans un des clubs les plus prestigieux de la ville déguisée comme ça ?
- Mon déguisement est très classe.
- Peut-être pour aller au boulot. Mais un club c'est fait pour oublier le boulot et les problèmes qui vont avec, j'espère ne rien t'apprendre.
Je soupire. C'est pas comme si j'avais quelque chose d'aussi élégant à me mettre. J'ai fait ce que j'ai pu.
- Et dire que ça n'a pas empêché des mecs de t'aborder, continu-t-il. Tu leur a jeté un sort ou quoi?
- Je leur ai jeté mon charme naturel.
Un petit sourire lui échappe. Un sourire qu'il se dépêche d'effacer.
Je pense que des excuses s'imposent. Je ne suis pas douée pour m'excuser mais je vais devoir réunir toute l'éloquence qui se cache au fond de moi.
- Je suis désolée.
- Non jure?
- Écoute, c'est vrai que j'ai dit des choses pas très sympa mais-...
Il se redresse sans me laisser le temps de terminer ma phrase.
- Bon c'est que je m'ennuie pas mal ici. Pas d'à plus pour toi.
- Putain Lane!
Je dois le stopper pour l'empêcher de quitter la chambre. Il sert le poing.
- Ne me touches pas.
Je le regarde droit dans les yeux. Il est tellement difficile de le comprendre. Il se tient en face de moi, de toute sa complexité. Se retirant de mon simple touché comme si j'étais une sorte de poison.
- Je ne voudrais pas que le monstre que je suis te blesse, sert-il les dents sarcastiquement.
- Il faut que tu saches que je ne suis pas du genre à courir après les autres, même si je suis en faute. Mais... mais j'ai envie de te courir après.
- Parce que le danger t'attire?
- Non, tu n'es pas le danger.
- Alors je suis quoi? Gaby, ouvres les yeux, je suis exactement comme tu l'as dit : une ordure.
- C'est faux!
- Je suis un salaud qui a failli laisser ce pervers te faire du mal. Je... n'en avais rien a foutre.
- Mais tu es là ! Et ça suffit pour prouver le contraire. Si tu étais l'enfoiré que tu prétend être tu serais sûrement en bas à te la couler douce. Mais tu es là, en face de moi.
- Pourquoi ? Tu disais que je n'étais qu'un poids pour toi. Alors qu'est-ce que tu me veux?
- Je veux te ramener à la maison.
Il me fixe intensément. Puis se laisse glisser pour s'accroupir au sol. Je m'affaisse à son niveau. Je tente de croiser son regard caché par sa chevelure.
- Je suis un monstre. Ma mère disait pareil.
Alors c'était ça. C'est pour ça qu'il se montre si sensible face à la question. J'ai du lui rappeller de douloureux souvenirs.
- Tu n'es pas un monstre, Lane. Tu es juste perdu. Tu ne sais pas qui tu es et tu te cherches encore. C'est pour ça que l'éventualité que tu sois une ordure te fait peur. Parce que tu ne sais pas encore ce que tu es.
J'éloigne ses cheveux pour libérer son visage que je prend entre mes mains. Et je le remonte lentement vers moi, pour affronter ses yeux interrogateurs.
- Je l'ai appris durant mon cursus. Personne ne nait vilain. Personne ne nait pervers. Personne ne nait narcissique. On le devient tout simplement à causes de circonstances qui nous dépassent.
Il ne semble pas convaincu, comme si mes paroles étaient des mots en l'air dit sur le coup pour le réconforter. Mais c'est faux, c'est réellement ce que je pense. J'inspire, à la recherche d'un nouvel argument. Puis quelque chose me vient en tête.
- Tu sais Lane, je t'ai souvent vu comme le diable.
- Sympa, soupire-t-il. C'est pire que ce que je pensais.
- Mais, je continu d'une voix douce. Même le diable fut à l'origine un ange.
Il remonte enfin son regard vers moi, plus que surpris. Comme si une lueur d'espoir avait trouvé son chemin jusqu'à son coeur.
- Tu n'es pas ce qu'on pourrait qualifier d'ange mais j'espère que le message te parvient.
Un sourire se souligne sur ses lèvres.
- Tu veux vraiment que je squatte à nouveau ton chez-toi?
- L'ambiance n'est plus pareil sans toi.
- Mais je suis toujours fâché contre toi. Tu es une sale peste.
- Tu veux que je te dises? Je suis une sale peste et je me fiche bien de l'avis des autres. Alors fâché ou pas, tu vas rentrer avec moi. De la lasagne t'attend.
- De la lasagne ?!
Il récupère son calme aussitôt et perd donc sa crédibilité par la même occasion. Il immite une mine boudeuse.
- Je t'en voudrais toujours. Parce que personne n'a le droit de m'insulter.
- Je peux me racheter?
- On n'achète pas la fierté d'un homme.
- Tu sais, un petit iPhone par-ci par-là.
- Tu m'as déjà menti une fois, je suis pas con.
- Je n'ai jamais dit que j'avais menti ou que je n'avais pas ton portable. Tu as tout déduit de toi même.
- Attend tu es en train de dire que tu m'as acheté un putain d'iPhone X ?!
- Deuxième poche de ma veste. Il est encore dans son carton. Par contre tu vas devoir me rembourser, j'ai du utiliser mes économies !
Il ne m'écoute même plus. Il a déjà foncé à la recherche de ma veste. Je pensais qu'on ne pouvais pas acheter la fierté d'un homme. Je suppose qu'il y a exception à tout. Et dire que mon portable ne fait même pas la moitié du prix de celui que j'ai acheté pour lane. Il revient surexcité avec le portable désemballé. Il s'exclame :
- Rentrons vite Gaby. J'ai un iPhone presque aussi fabuleux que moi à mettre en charge le plus vite possible.
- Oui ben, ma voiture est dans le futur tu te souviens ? On ne rentrera pas avant que tu ais déversé toutes les larmes de ton corps.
Il me fixe dégoûté.
- J'aurai aimé te faire la gueule plus longtemps. Mais je vais me contenter de ce présent. En échange je nous prépare un chauffeur personnel.
Je rêve ou il ne m'a même pas dit merci? C'est quand même un millier de dollars que j'ai dépensé pour lui. Et il va oser me dire que ça n'a fait qu'alléger légèrement mon porte monnaie.
On a du attendre une petite heure que Chase finisse son service. C'est lui qui nous sert de chauffeur et sa Nissan Qashqai de taxi. Lane s'est assied à ses côtés et Austin et moi niveau passagers.
Austin n'est pas très bavard. Je crois que c'est à cause du vent que je lui ai fait subir. Peut-être qu'il me fait la tête.
En tout cas il a fini par s'endormir avant même qu'on arrive devant mon appartement. Lane est de loin le premier à sortir de la voiture lorsqu'on arrive enfin, il se précipite avec son portable à la main vers l'entrée.
Il fait nuit et par conséquent tout aussi froid. Je me dépêche donc de dire au revoir à Chase.
- On viendra te rendre visite un de ces jours, me propose Chase.
- Avec plaisir. J'ai hâte de mieux faire votre connaissance.
Mon regard se dirige vers Austin que je vois bailler à travers la fenêtre de la Nissan. Je souris amusée par l'image que j'ai à présent de lui.
- Putain Gaby grouilles! Hurle Lane. J'ai un portable à mettre en charge!
Une fois arrivé à mon appartement,
Lane cherche une prise pour charger son portable adoré. Je me dirige vers la chambre d'Abby pour la trouver endormie. Il est déjà bien tard, cependant les restes de lasagnes sont comme prévu dans le frigo. Je les sors et les réchauffe au micro-ondes. Je me met à table avec Lane en face de moi.
Cette ambiance est de retour, celle qui m'avait tant manquée. Il faut dire qu'elle est chaleureuse et énergique, tout ce qu'il faut pour me mettre de bonne humeur.
Enfin, je me met au lit. Toutes les lumières sont éteintes et j'ai du forcer Lane à arrêter la charge du nouveau portable pour éviter tout incident nocturne. Mais surtout pour éviter de le retrouver devant son écran à 4 heures du matin. Il finira sa charge demain.
Je crois bien que je reste une bonne heure à chercher le sommeil avant de me lever pour boire un verre d'eau.
Je reviens de la cuisine, la bouche moins séche quand je retrouve Lane à gigoter dans tous les sens. C'est comme s'il faisait un cauchemar.
C'est la première fois que j'entend quelqu'un parler dans son sommeil. Il semble appeller sa mère, mais d'une manière péjorative. Comme si il arrivait quelque chose à sa maman durant le rêve et que malgré tout ses essais de la secourir restaient vains.
Je m'approche de lui, doucement. Il est en sueurs. Je caresse son front mouillé et tente de le réveiller avec douceur.
- Lane?... Lane réveilles-toi.
Il ouvre les yeux d'un coup comme si je l'avais extrait brutalement à son rêve. Il a du mal à respirer. Sa poitrine se gonfle d'air et se dégonfle irrégulièrement, son soufle aussi est irrégulier.
Il retrouve lentement ses esprits et voit plus clair.
- Gaby?
- Oui c'est moi. Tu as fais un cauchemar?
Il se passe la main dans les cheveux avant de poser à nouveau son regard sur moi.
- Non... non, c'était un souvenir.
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